Quid des moyens fournis à l'Ukraine ?
Général Thierry Burkhard. - Les armées fournissent du matériel répondant d'abord au besoin des forces armées ukrainiennes : des équipements individuels du combattant, des armements pour assurer leur défense et les munitions associées.
Nous sommes renseignés sur ce sujet.
Général Thierry Burkhard. - Mais surtout, la France offre des capacités opérationnelles, et pas seulement du matériel. Nous aidons le partenaire à mettre en place un maintien en condition opérationnelle (MCO) durable, en lien avec les industriels. Nous avons également mis en place des hotlines pour permettre aux Ukrainiens de s'approprier rapidement et durablement les équipements cédés. Nous nous impliquons aussi dans la mission européenne d'assistance militaire, avec un important volet « formation et entraînement».
Est-il vrai que la France est treizième ou quatorzième parmi les donateurs d'armement ?
Général Thierry Burkhard. - De manière générale, je ne crois pas qu'il faille s'engager dans une comparaison entre alliés. Il faut aussi rester prudent sur la typologie des classements, qui n'intègrent pas toujours les efforts réalisés sous chapeau européen. (Cas des contributions au FEP).
Il faut reconnaître que certains pays ont fait des efforts considérables. Nous ne sommes pas tous partis de la même ligne de départ. Il y a ceux qui disposaient de matériels déjà en service dans l'armée ukrainienne (« ex-pacte de Varsovie »), donc directement utilisable. Il y a aussi d'autres qui disposaient de stocks d'équipements anciens déjà remplacés, ce qui n'était pas notre cas. En France, lorsqu'un matériel est remplacé, il n'est pas conservé, mais est préférentiellement cédé à des pays partenaires.
Nous avons donc pris sur nos stocks d'emploi et non sur des réserves pour répondre rapidement aux besoins ukrainiens. Il en va de même pour les munitions. Ce qui compte, c'est la complémentarité et la cohérence d'ensemble, dans la durée.
Tout cela a des conséquences sur la préparation de la LPM, car ce que nous avons donné était inattendu il y a huit mois et nous devrons reconstituer nos stocks.
Général Thierry Burkhard. - Nous devons avoir une vision dynamique sur ce sujet : les équipements ont une durée de vie donnée et nous devons prendre en considération leur date de remplacement.
Nous allons, par exemple, donner des missiles Crotale ; ceux-ci allaient de toute façon être en remplacement n'est-ce pas ?
Général Thierry Burkhard. - Oui
Merci infiniment pour ces explications, je vous renouvelle notre totale solidarité et notre engagement auprès des forces armées. Nous avons respect, confiance et amitié pour nos militaires et singulièrement ceux qui participent à des opérations extérieures et des missions de paix.
Dans le cadre de la LPM, je souhaite que nous jouions cartes sur table, car notre but est de vous aider. Nous ne savons pas quelle sera la situation en 2025 ou 2030, et il est important que nous ne fassions pas de mauvais choix, car les investissements sur les forces armées se font sur le temps long.