Intervention de Hugues Saury

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 19 octobre 2022 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2023 — Audition du général d'armée pierre schill chef d'état-major de l'armée de terre

Photo de Hugues SauryHugues Saury :

L'armée de Terre réalise un effort de commande militaire avec 18 chars LECLERC rénovés en 2023. Des véhicules blindés de combat de l'infanterie (VBCI) et un escadron de chars LECLERC de Mourmelon sont en cours de déploiement en Roumanie, et le 12e régiment de cuirassiers d'Olivet s'apprête à vivre une année peu ordinaire. Combien de chars LECLERC lui seront-ils confiés et quelle sera la participation du régiment aux déploiements en Europe de l'Est ?

Général Pierre Schill. - La guerre en Ukraine marque un changement profond. Nous disposons d'atouts pour l'adaptation : le premier est la force humaine de nos armées. L'armée française est une armée d'emploi. La concordance entre nos ambitions et nos moyens est structurante pour cette force, qu'il faudra ménager et consolider. Cela passe par le double axe du durcissement de la préparation opérationnelle des hommes et de la prise en compte des contraintes opérationnelles liées à l'exercice du métier et notamment, les impératifs familiaux.

Le deuxième atout fondamental est le style de commandement et la formation des cadres. Ils sont basés sur la prise d'initiative à tous les niveaux, qui prouve son efficacité opérationnelle en Ukraine : nous devons capitaliser dessus.

Un troisième atout est notre système régimentaire. Nos régiments, unités territorialisées d'un millier d'hommes autour d'un chef de corps, sont un creuset de l'efficacité de nos militaires du rang à consolider.

Quatrième atout, la modernisation, avec le programme SCORPION, est engagée autour de la colonne vertébrale de la connectivité et du combat collaboratif.

La consolidation de ces atouts ne nous dispense pas de certaines adaptations, dont en premier lieu l'organisation d'un commandement capable d'appréhender l'hybridité des nouveaux domaines de lutte et de combat, y compris de haute intensité. L'amont, avec l'idée de gagner la guerre avant la guerre, comporte une dimension d'influence et de communication opérationnelle.

En deuxième lieu, nous faisons face au défi de la réactivité. C'est un impératif de bonne gestion, mais aussi d'employabilité opérationnelle des équipements : il faut assurer la disponibilité du carburant, des munitions et des pièces de rechange nécessaires à l'entraînement et à l'engagement en opération.

En troisième lieu, nous devons veiller à l'équilibre et à l'adaptation de nos capacités. Monsieur Perrin, notre armée de Terre est orientée sur la manoeuvre et a des capacités puissantes de combat d'infanterie et de cavalerie. Il est primordial de les compléter par des capacités d'environnement.

Pour ce faire, nous devons agir sur trois axes principaux.

Tout d'abord, le champ de bataille peut devenir transparent en fonction des moyens en notre possession..

Ensuite, dès lors que la transparence est acquise, l'enjeu est celui de la létalité. Dès que l'information est obtenue sur un objectif, il faut frapper. Madame Conway-Mouret, notre objectif est fixé à 109 canons CAESAR couplés à l'acquisition de munitions ciblées. Les feux à longue portée reposent aujourd'hui sur les LRU qui arriveront en fin de vie en 2027 et devront être remplacés par des capacités similaires. La guerre en Ukraine nous enseigne que les feux très longue portée sont décisifs :il nous faut réfléchir sur la solution à retenir. L'armement de nos drones s'imposeet il est nécessaire d'acquérir des munitions téléopérées. Les capacités d'infiltration et de frappe à longue portée de nos hélicoptères doivent aussi être consolidées.

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