Intervention de Cédric Perrin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 19 octobre 2022 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2023 — Audition du général d'armée pierre schill chef d'état-major de l'armée de terre

Photo de Cédric PerrinCédric Perrin, rapporteur pour avis :

Notre commission demande depuis 5 ans l'armement des Patroller.

Général Pierre Schill. - La protection et la résilience sont cruciales, particulièrement la défense sol-air et la lutte anti-drone.

Dans ce contexte d'évolution, vous avez posé la question du rôle de la réserve. Nous avons actuellement 24 000 réservistes dans l'armée de Terre, le doublement demandé par le Président de la République nous amenant à 50 000. La réserve présente un double enjeu, militaire et de résilience de la Nation. Or, ces deux enjeux ne sont pas pleinement substituables : peut-être devrons-nous envisager plusieurs emplois des réservistes. Ainsi, certains éléments sont appelés à être intégrés dans nos régiments pour les aider directement à remplir leurs missions, avec un équipement approprié.

Le projet que j'ai soumis au chef d'état-major des armées et au ministre pour répondre au deuxième volet de la résilience et de l'esprit de défense est celui des VTN. Il répond à la logique du service national universel (SNU), qui se décomposera en une première phase obligatoire de deux semaines pour tous les participants et une seconde d'engagement volontaire au service du pays : l'armée de Terre a une part à y prendre. Elle le fait déjà, puisqu'elle reçoit 35 000 jeunes par an dont 16 000 engagés volontaires, 4 000 réservistes, 6 000 en service militaire adapté, 1 200 pour le service militaire volontaire, ainsi que ceux qui effectuent des préparations militaires.

Qu'en est-il des LRU ? Nous n'en aurons qu'une douzaine au maximum.

Général Pierre Schill. - La question de l'augmentation de leur portée se pose.

Une partie importante de l'effort du PLF 2023 porte sur l'entretien programmé du matériel, avec une hausse des crédits de 20 % pour atteindre 1,3 milliard d'euros, dont plus de 800 millions d'euros pour le terrestre et plus de 400 millions d'euros pour l'aérien, afin de tenir nos objectifs de disponibilité technique.

Cependant, au-delà de la DTO, c'est l'emploi effectif des équipements qui m'intéresse en premier lieu. N'épuisons pas nos équipes de maintien en condition opérationnelle, assurons-nous plutôt que les équipements sont largement employés.

Un enjeu de la LPM est l'entraînement accru des équipages : en 2023, nous visons 70 % de nos ambitions, contre 64 % fin 2022. Je compte aussi consacrer une part des ressources supplémentaires à la constitution de stocks de projection. Ainsi, l'escadron de douze chars LECLERC déployé en Roumanie disposera des conteneurs de pièces adéquats à son engagement.

Dans la perspective d'une fin de vie au plus tard en 2040, les LECLERC font l'objet d'un traitement des obsolescences. La fiabilisation en cours est donc a minima, le système principal de combat terrestre (ou Main Ground Combat System, MGCS) devant prendre la suite. En cas de retard, nous pourrions modifier la portée de la mise à niveau du LECLERC avec un horizon à 2050, comprenant par exemple la numérisation des moyens d'observation..

Avez-vous des estimations budgétaires ?

Général Pierre Schill. - À ce sujet, nous réfléchissons à une nouvelle feuille de route de nos capacités char : le point central de décision sera celui de la fin de vie du LECLERC.

Le MCO des matériels terrestres se divise en trois tiers : les hélicoptères, les équipements lourds - VBCI, LECLERC - et le reste. La pérennisation ou non du LECLERC et l'éventuelle acquisition d'un matériel d'entraînement à moindre coût font partie de l'équation.

Les contrats verticalisés produisent leur effet. Nous visons un point d'équilibre pour leur donner de la crédibilité, sans lequel une renégociation sera nécessaire. En outre, la capacité étatique de maintien doit demeurer avec une proportion comprise entre 20 et 30 %.

L'ensemble de nos équipements a été sorti du Mali : la plupart est au Niger et certains équipements ont été redéployés vers Cotonou ou Abidjan. Les norias se poursuivent pour les acheminer vers ces ports et, de là, vers la métropole. Des équipes sont sur place pour catégoriser les éléments et réaliser les premières interventions. Le dernier véhicule déployé au Mali quittera le continent à la fin de l'année 2023.

Il est primordial de fidéliser notre ressource humaine du cyber. La NPRM nous ouvre des possibilités comme le versement d'indemnités spécifiques. D'autres facteurs, dont l'intérêt du métier, le sens et l'engagement au service du pays jouent également, tout comme la fidélisation des hommes et des femmes par la formation. L'EMPT de Bourges ouvre ainsi un bac professionnel spécialisé dans les métiers cyber, et nous voulons passer de 60 à 120 places pour le BTS de Saint-Cyr-l'École, partant du constat qu'une personne formée par l'institution y est plus attachée.

Monsieur Saury, le dispositif en Roumanie est en place pour un certain temps. Les régiments comportant des LECLERC y seront successivement déployés.

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