La proposition de notre collègue René-Paul Savary, au nom de l’équilibre du régime des retraites, n’est effectivement pas une première. C’est une constante, mais c’est aussi un recul social considérable pour l’ensemble des salariés, comme l’a rappelé ma collègue Cathy Apourceau-Poly.
Pour ma part, je vais concentrer mon propos sur les femmes.
Actuellement, celles-ci sont pénalisées dans leur carrière et à la retraite par des pensions inférieures aux hommes pour des carrières équivalentes. Pour les femmes, l’allongement de la durée de cotisation et le recul de l’âge légal de départ à la retraite, c’est la double peine. Elles qui, à poste égal, touchent en moyenne 25 % de salaire en moins par rapport à leurs collègues masculins et qui ont des carrières courtes ou hachées doivent déjà partir à la retraite, toujours en moyenne, un an plus tard qu’eux. Leurs pensions sont elles aussi plus faibles, de 42 % en moyenne.
L’adoption du présent amendement aggravera cette situation, renforcera les inégalités entre les femmes et les hommes.
Si l’objectif est véritablement de réduire les déficits, il y a une solution très simple, que nous vous proposons systématiquement et que vous refusez chaque fois : augmenter les recettes, plutôt que réduire les dépenses ; relancer l’emploi public, y compris des seniors ; réaliser l’égalité salariale entre les femmes et les hommes ; enfin, augmenter les cotisations.
Pour résorber le déficit prévu par le COR en 2027, il suffirait d’augmenter de 4, 50 euros le salaire mensuel à partir de 2023. En envisageant même de couper la poire en deux pour ne pas accabler les patrons et de limiter la hausse à 2, 50 euros pour les cotisations des employeurs et à 2 euros pour les cotisations des salariés, le problème du déficit du système de retraite serait résolu.
Par conséquent, mes chers collègues, monsieur le ministre, plutôt que d’aggraver les inégalités dans notre pays et de faire travailler les salariés toujours plus longtemps, commencez par utiliser le levier qui s’avère efficace tant économiquement que socialement.