Intervention de Corinne Feret

Réunion du 14 novembre 2022 à 18h00
Enseignement professionnel — Débat interactif

Photo de Corinne FeretCorinne Feret :

Comme mes collègues, je vous interrogerai sur le projet de réforme de la voie professionnelle. Je ne reviendrai pas sur ce qui apparaît comme une remise en cause du caractère national de l’accès aux formations professionnelles pour les jeunes, mais aussi des diplômes professionnels. Je ne reviendrai pas non plus sur votre volonté d’hyperspécialiser les élèves des lycées professionnels, en lien avec les besoins immédiats des entreprises locales.

Je rappelle que les élèves des lycées professionnels ont besoin, comme tout autre lycéen ou lycéenne, d’acquérir des savoirs fondamentaux. Or ces acquisitions ont déjà été fragilisées par la réforme Blanquer. Les élèves doivent pouvoir bénéficier d’heures d’enseignement, dans les disciplines tant générales que professionnelles, notamment pour améliorer leur réussite aux examens.

Des jeunes qui entrent en CAP ou en bac pro à 14 ans ou 15 ans ont besoin d’être encadrés par les professionnels de l’éducation que sont leurs professeurs !

Avec un accroissement de 50 % du temps dédié aux stages professionnels, cette réforme entraînera inévitablement une diminution des heures d’enseignement et les suppressions de postes qui vont avec, que vous le vouliez ou non, que vous le disiez ou non. Je ne sais comment le dire, tout cela étant assez flou !

Et que penser de la formule du Président de la République, qui dit vouloir s’appuyer sur « des professeurs associés » pour « aider à injecter des compétences dans les lycées professionnels » ? Des compétences, il y en a déjà, croyez-moi, dans les lycées professionnels du Calvados, mon département, comme ailleurs ! Tout porte à croire qu’on s’achemine surtout vers une remise en cause du statut de professeur de lycée professionnel.

Aussi pouvez-vous nous expliquer en quoi votre projet de réforme n’est pas purement et simplement budgétaire ? Ne remet-il pas en cause les principes, qui devraient pourtant toujours guider une réforme de l’éducation nationale, de démocratisation de l’éducation et d’égal accès aux savoirs, quelle que soit l’appartenance sociale de l’élève ?

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