Intervention de Stéphane Piednoir

Réunion du 14 novembre 2022 à 18h00
Enseignement professionnel — Conclusion du débat

Photo de Stéphane PiednoirStéphane Piednoir :

Il y a la vision syndicale, celle qui considère que tout projet de réforme porte de facto atteinte aux statuts de la corporation et qu’il convient donc de s’y opposer fermement, parfois avant même d’être sollicité. Quelques syndicats ont néanmoins accepté de participer aux discussions et aux premiers ateliers de travail, tout en soutenant les mobilisations du 18 octobre dernier et du 17 novembre prochain.

Le dialogue social n’est pas le point fort de notre pays, mais je forme le vœu que l’occasion nous soit offerte de repartir sur de bonnes bases pour engager de véritables discussions, même si, au bout du compte, tout le monde ne pourra évidemment pas tomber totalement d’accord.

Il y a la vision comptable, celle qui s’inquiète légitimement de la rémunération des jeunes en entreprise dans l’hypothèse où la durée des stages serait significativement allongée. Madame la ministre, vous avez en partie répondu à cette question au cours de notre débat en nous assurant que, en la matière, l’État jouerait pleinement son rôle ; nous en prenons acte.

Il y a la vision économique, qui consiste à identifier chaque élève de la filière professionnelle comme un potentiel futur candidat à l’embauche dans le secteur correspondant à sa formation. Les entreprises n’ont certes pas à définir elles-mêmes les attendus de chaque cursus, mais nous serions irresponsables si nous fermions les yeux sur le financement massif de certaines impasses, notamment dans le secteur tertiaire. Identifier les besoins ne signifie pas les traduire stricto sensu sur la carte scolaire, mais il s’agit bien d’un paramètre important.

Il y a enfin la vision territoriale, celle des régions, qui apparaissent, me semble-t-il, comme le meilleur soutien de la voie professionnelle, dont elles financent largement les équipements, tant des plateaux techniques que des lycéens. Elles aussi réclament une consultation sincère ; elles offrent leurs services dans la perspective de construire une carte des formations et de donner à chaque jeune une possibilité d’insertion professionnelle de proximité. Certaines tensions, sur le marché du travail, s’annoncent durables, et s’assortissent de grandes disparités territoriales ; il convient d’y répondre avec pragmatisme.

Madame la ministre, la liste que je viens d’établir, qui n’est probablement pas exhaustive, montre bien que l’importance du sujet et la multiplicité des acteurs concernés nécessitent une autre méthode de concertation. Tous les chantiers liés à l’éducation nationale sont facilement inflammables, et je m’étonne que le gouvernement auquel vous appartenez ne prenne pas plus de temps pour faire émerger des diagnostics partagés avant d’engager la cavalerie lourde et de mener une négociation au forceps.

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