Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, quel bilan pour Parcoursup ? Quel est le retour d’expérience ?
Depuis sa création en 2018, la plateforme fonctionne de mieux en mieux. Comme vous l’avez rappelé, madame la ministre, Parcoursup, créé par la loi du 8 mars 2018 relative à l’orientation et à la réussite des étudiants, est un système qui peut être encore amélioré grâce aux retours d’expérience, mais dont les carences ont néanmoins été corrigées par le ministère chaque année.
Il est impossible d’obtenir un résultat parfait dès la première édition, mais le Gouvernement a su garder une oreille attentive et prendre en compte les demandes des utilisateurs.
Comme vous le savez, les lycéens ou étudiants en recherche d’une réorientation, y compris sous le statut d’apprenti, ont ainsi accès à plus de 21 000 formations supérieures, dont plus de 7 000 en apprentissage. Si la phase d’information officielle ouvre pour cette année le 20 décembre, les jeunes peuvent d’ores et déjà se connecter à la plateforme pour y découvrir les formations. Cette première phase de novembre, avant le conseil de classe, est essentielle pour que chacun puisse préciser l’idée qu’il se fait de son avenir.
Cette information constitue le premier degré de l’égalité des chances. Les établissements sont encore en train de calibrer leurs présentations. En 2022, la plateforme a connu 936 000 candidats, dont 622 000 lycéens.
On a pu entendre que Parcoursup ne leur laissait pas assez de choix : 11, 6 millions de vœux et sous-vœux ont été formés pour des formations en statut étudiant, soit plus de douze vœux en moyenne par élève.
On a pu entendre que Parcoursup n’accompagnait pas tous les jeunes et que certains étaient laissés pour compte : pourtant, à l’issue de la phase principale, les candidats sans proposition peuvent solliciter l’accompagnement des commissions d’accès à l’enseignement supérieur (CAES), qui conseillent les recteurs.
On a pu entendre que Parcoursup était trop opaque. Or les jurys doivent désormais produire un rapport public sur les critères ayant motivé les décisions d’admission, mais surtout de non-admission des lycéens.
On a pu entendre, encore, que Parcoursup ne compensait pas suffisamment les inégalités structurelles entre les catégories socioprofessionnelles et les territoires, notamment dans la ruralité. En effet, comme le rappelle la Fédération des territoires aux grandes écoles, qui agit directement auprès des lycéens des territoires ruraux, 17 % des lycées généraux et technologiques fournissent à eux seuls la moitié des effectifs des grandes écoles. Les élèves parisiens ont trois fois plus de chances d’accéder aux études qu’ils appellent de leurs vœux. C’est une réalité. Parcoursup, en tentant de valoriser les dossiers et l’expérience personnelle de chacun, a aussi pour objectif de réduire les inégalités. Il faut un système national ambitieux comme ce dispositif si l’on veut que l’égalité des chances soit réelle.
Que proposent les détracteurs de Parcoursup en remplacement ? Un système fondé seulement sur les bulletins scolaires, qui néglige les parcours individuels ? Un système linéaire, qui laisse la main à l’arbitraire ? Un système de recrutement totalement ouvert, où chaque école ferait son marché et qui créerait une confusion totale ?
Souvenons-nous que, avant Parcoursup, nous avions APB, qui, pour le coup, était très complexe : déclaration de vingt-quatre vœux, tirage au sort, algorithmes mal calibrés, manque d’informations, autant de défauts qui faisaient de l’orientation des lycéens un véritable parcours du combattant et qui ont été largement critiqués.
Sur Parcoursup, les vœux ne sont plus classés. Les établissements examinent tous les dossiers reçus et l’étudiant peut se réserver le droit d’attendre une proposition qu’il estime plus intéressante. Le moteur de recherche favorise la mobilité des étudiants et leur capacité de choix. L’abandon du principe de classement des vœux a permis aux boursiers de moins s’autocensurer.
Doit-on regretter les files d’attente devant les universités ? Doit-on regretter le tirage au sort d’APB ? Parcoursup apporte une réponse efficace à ces deux défauts.
Mes chers collègues, œuvrons ensemble à améliorer Parcoursup au service de notre jeunesse au lieu de critiquer ce fameux « algorithme », d’autant que ce sont bel et bien des agents qui travaillent derrière cette plateforme !
Madame la ministre, au mois de juillet dernier, lors d’une séance de questions d’actualité au Gouvernement, je vous interrogeais au sujet des lycéens qui n’avaient pas encore reçu de réponse favorable sur Parcoursup. Vous m’aviez alors répondu que Parcoursup n’était pas qu’un outil, mais qu’il s’agissait aussi d’un processus humain prévoyant l’accompagnement de tous nos élèves par des milliers d’enseignants et professionnels de l’orientation, en lycée et dans les rectorats. Neuf lycéens sur dix avaient alors reçu au moins une proposition. Vous aviez très justement souligné que s’il était bien d’entrer dans l’enseignement supérieur, il fallait surtout y réussir !
Or, en deux ans, entre 2018 et 2020, le taux de réussite en premier cycle et en licence est passé de 40 % à 45 %, et le taux de boursiers de 20 % à 25 %. C’est un succès dont je me félicite, ainsi que le groupe RDPI.
Cette réussite reste perfectible, mais la procédure a déjà gagné en transparence et en lisibilité. En 2022, la phase principale a été accélérée pour améliorer le temps de réponse aux candidats. Votre projet, madame la ministre, est d’améliorer l’objectivité du processus et sa lisibilité pour la session de 2023. Où en sommes-nous aujourd’hui du développement des améliorations continues prévues sur cette plateforme, qui évolue dans le bon sens depuis sa création ?