Intervention de Jean-Pierre Decool

Réunion du 14 novembre 2022 à 21h30
Bilan de la plateforme parcoursup — Débat organisé à la demande du groupe communiste républicain citoyen et écologiste

Photo de Jean-Pierre DecoolJean-Pierre Decool :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, en préambule, je tiens à remercier le groupe CRCE d’avoir inscrit ce débat à l’ordre du jour de nos travaux.

Depuis sa création en mars 2018, la plateforme Parcoursup contribue à une refonte bienvenue du système éducatif français. Elle vise à répondre aux difficultés d’accès aux études supérieures. Après quatre ans d’exploitation, la plateforme continue à remplir la mission que le Parlement et le Gouvernement lui ont confiée, mais des ajustements restent nécessaires s’agissant des délais de réponse et de la lenteur des processus d’affectation.

La prise en compte des inégalités subies par les jeunes ruraux reste le parent pauvre de nos politiques publiques. Selon les données du ministère de l’éducation nationale, 10 millions de jeunes de moins de 20 ans grandissent dans des communes de moins de 25 000 habitants.

Comme l’a montré le sociologue Nicolas Renahy, l’enclavement a des conséquences réelles sur les opportunités offertes aux jeunes. Bien souvent, ils doivent se restreindre aux formations proposées dans leur territoire ou partir. D’autres raisons, parfois difficilement quantifiables, expliquent les difficultés d’accès aux formations post-bac : l’autocensure, le manque d’informations disponibles, les difficultés économiques et l’ensemble des freins à la mobilité.

En octobre 2018, le Gouvernement avait lancé une mission visant à « mieux prendre en compte les particularités de certains territoires, en particulier les quartiers prioritaires de la politique de la ville et les territoires ruraux ». C’était une bonne chose !

Plusieurs conclusions s’imposent.

Premier point, il faut noter que les politiques scolaires rurales ont tendance à être parcellaires et mal articulées avec les politiques d’aménagement.

Deuxième point, on constate que les inégalités territoriales se creusent. Si le zonage scolaire prend seulement en compte les difficultés sociales concentrées dans un même territoire, il oublie les difficultés « dispersées », comme les freins à la mobilité ou la fracture numérique.

Trop souvent, les inégalités scolaires ne sont appréhendées que sous l’angle des inégalités sociales. Mais n’oublions pas les inégalités territoriales, sujet auquel nous sommes attachés dans cette maison, mes chers collègues.

Ainsi, la rubrique « Activités et centres d’intérêt », complétée par les jeunes futurs étudiants pour augmenter leurs chances d’intégrer la filière de leur choix est source d’inégalités. Face à la demande croissante et au caractère non extensible des locaux universitaires, certaines écoles sont en effet tentées de sélectionner les étudiants sur des critères dépassant le simple dossier scolaire ; dès lors, deviennent parfois nécessaires des séjours linguistiques à l’étranger, un service civique, ou encore le brevet d’aptitude aux fonctions d’animateur (Bafa) : autant de facteurs censés permettre aux jeunes de se démarquer des autres.

Or les jeunes des territoires ruraux ne disposent pas des mêmes ressources que ceux des grandes agglomérations. Ils sont trop souvent démunis lorsque vient le moment de compléter leur profil sur la plateforme.

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