Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je remercie le groupe CRCE, et Pierre Ouzoulias en particulier, d’avoir organisé un débat sur Parcoursup.
Ce débat ne porte-t-il pas en fait sur la sélection à l’université, ses modalités et son acceptabilité ? Les stigmates du principe de sélection ont créé une hantise pour le Gouvernement, qui redoute une loi Devaquet bis. Cette loi de 1986 est encore dans toutes les mémoires, notamment dans celles des élus : elle a fait descendre un million de personnes dans les rues et a nécessité la mobilisation de 150 000 policiers.
Et pourtant les défis restent les mêmes.
Je disais déjà en 2018, lors du débat sur la loi ORE, que les étudiants étaient de plus en plus nombreux et que l’échec était massif en licence. Les difficultés d’APB en 2017 ont précipité les choses et imposé dans l’urgence une réforme de l’admission dans l’enseignement supérieur, car le tirage au sort était inacceptable.
Fallait-il pour autant jeter APB avec l’eau du bain ? À partir de 2008, APB comprenait un portail de coordination des admissions dans l’enseignement supérieur. À l’époque, la Cour des comptes avait souligné la nécessité de procéder à une véritable simplification de la gestion des flux, sans pour autant mettre en place d’outil d’orientation ou d’instrument de sélection.
Pour la Cour, ces observations n’étaient pas le signe d’une défaillance intrinsèque de l’outil : elle estimait simplement qu’APB était le révélateur de choix ministériels en matière d’accès à l’enseignement supérieur qui ne correspondaient pas à la réalité de la situation. La situation a-t-elle changé, madame la ministre ?
Un travail des rectorats avec les universités, les branches professionnelles et les conseils régionaux doit être mené afin de réorienter l’offre de formation, qu’il faut adapter aux besoins présents et futurs de notre économie.
Les nombreuses inquiétudes que vous aviez formulées, mes chers collègues, lors de la réunion du 13 février 2018 de la commission mixte paritaire, dont les rapporteurs étaient Gabriel Attal pour l’Assemblée nationale et moi-même pour le Sénat, restent, je le mesure, d’actualité. Notre sens des responsabilités l’avait alors emporté et la CMP avait été conclusive, car 850 000 jeunes attendaient la mise en place de Parcoursup. La loi fut promulguée le 8 mars 2018 alors que la rentrée avait lieu six mois plus tard – certains se souviennent bien de cet épisode…