Intervention de Stéphane Crouzat

Commission de l'aménagement du territoire et du développement durable — Réunion du 12 octobre 2022 à 9h30
Audition de Mm. Stéphane Crouzat ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique pour les énergies renouvelables et la prévention des risques climatiques et alaa youssef ambassadeur d'égypte en france sur les enjeux de la cop27

Stéphane Crouzat, ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique, pour les énergies renouvelables et la prévention des risques climatiques :

Les questions d'équité et de juste répartition des responsabilités historiques sont des sujets qui montent dans les négociations climatiques. L'Inde, notamment, est responsable de 7 % des émissions mondiales, mais elle n'émet que 1,6 tonne d'émissions de gaz à effet de serre par habitant, tandis qu'aux États-Unis, les émissions par habitant sont à peu près dix fois supérieures. Alors que les pays développés ont dépensé 2 500 gigatonnes depuis les débuts de l'ère industrielle pour leur développement, l'Inde les appelle à faire un effort pour qu'elle puisse elle aussi bénéficier d'une part de ce gâteau et ainsi, se développer.

Une étude de Climate Action Tracker montre que les États-Unis sont responsables d'environ un quart des émissions historiques mondiales, et que la responsabilité historique de la Chine, qui s'élève à 11 % des émissions historiques mondiales, ne cesse de prendre de l'importance à mesure que les émissions des pays développés diminuent. Le Brésil et l'Inde sont quant à eux respectivement responsables de plus de 4 % des émissions historiques mondiales. Ce sujet n'est donc pas aussi univoque que l'on pourrait croire.

J'en viens aux demandes légitimes de certains pays en développement, en particulier d'Afrique, qui souhaitent développer leurs ressources fossiles. Nous avons entamé des discussions avec le Sénégal pour imaginer un développement reposant à la fois sur le gaz et sur les énergies renouvelables. Les pays en développement ont bien conscience que les énergies fossiles ne sont pas des énergies d'avenir. De fait, il est de plus en plus difficile de financer l'ouverture d'une centrale à charbon, car les investisseurs considèrent qu'il s'agit déjà d'une énergie du passé.

Si certains pays peuvent faire appel à leurs énergies fossiles dans le cadre d'une transition réfléchie et inscrite dans une trajectoire de réduction des émissions à un horizon déterminé, comme c'est le cas du Sénégal, il faut que ces pays développent de manière massive leurs énergies renouvelables, qui sont d'ailleurs les moins chères aujourd'hui. Les coûts de production de l'énergie solaire ont diminué de 89 % au cours de la dernière décennie.

J'ai été interrogé sur la contradiction qui semble exister entre les annonces des pays industrialisés sur la nécessité de décarboner et la réalité. La France a certes rouvert une centrale à charbon dans un contexte très difficile d'approvisionnement énergétique, mais cette réouverture est temporaire et les émissions qui en découleront sont compensées par des actions de compensation.

À moyen et long termes, la France et l'Union européenne sont déterminées à effectuer cette transition énergétique. La crise que nous connaissons ne fait que nous encourager dans ce sens.

Cette année se tiendra également la Conférence de l'ONU sur la biodiversité, qui permet de fixer un cadre stratégique pour les prochaines années. En lien avec cet événement, nous avons lancé avec le Costa Rica la Coalition de la haute ambition pour la nature et les peuples, qui vise à la constitution par chaque pays d'espaces protégés sur les terres et les mers qui sont de son ressort.

Je rappelle enfin que l'Agence française pour le développement (AFD), dont toutes les actions sont alignées sur les objectifs de l'accord de Paris, consacre la moitié de ses financements à des actions pour le climat, que ce soit pour l'adaptation ou pour l'atténuation.

J'évoquerai enfin le projet emblématique de la Grande muraille verte, qui vise à restaurer les sols et à développer les emplois sur toute la bande sahélienne pour stopper la progression du désert. Ce projet porté par le Président de la République est doté d'un financement de 12 milliards d'euros.

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