En effet, cette visite en Espagne a permis de confirmer entièrement cette communauté d'intérêts et de valeurs entre nos deux pays, au sein de l'Europe. Nous avons en commun cette culture latine qui fait que les relations se passent naturellement plus facilement et je voudrais souligner la volonté politique qui s'est exprimée. Dans cette Europe élargie, aux civilisations et cheminements économiques différents, la France et l'Espagne partagent véritablement des intérêts communs.
J'ai été surpris de voir, en Espagne, le développement à grande vitesse des énergies renouvelables, là où la France se montre plus prudente. Les écologistes semblent y avoir un comportement beaucoup plus ouvert et responsable, notamment par rapport aux ressources en eau et énergies renouvelables, qui peut faire évoluer nos positions en France.
Je crois que la crise économique ainsi que la crise ukrainienne vont permettre de relier plus fortement l'Espagne à l'Europe. C'est l'intérêt de l'Espagne mais également celui de la France. A travers ces liaisons pour le gaz, l'hydrogène et l'électricité, qui ont un peu trop tardé, nous avons ensemble à défendre ces intérêts communs, et à montrer qu'ils sont aussi l'intérêt de l'Europe, comme cela est aujourd'hui manifeste pour le gaz. Nous avons grandement intérêt à travailler ensemble et nous voyons que cela se fait naturellement, comme nous l'avons constaté lors de cette mission à Madrid. Nous pouvons avoir des craintes, notamment sur le Mercosur, en raison de notre position de pays agricole, mais nous avons avant tout des intérêts communs. La concurrence est également une force, et au retour de cette mission, nous avons pu voir que nous avons tout pour nous rapprocher encore plus.
M. Louis-Jean de Nicolaÿ. - Merci, Monsieur l'Ambassadeur, de votre présence. A quelques mois de la présidence espagnole du Conseil de l'Union européenne, je rejoindrais mon collègue Pierre Louault à propos de la bonne relation historique entre nos deux nations. N'oublions pas que Philippe V était le petit-fils de Louis XIV. Aussi je suis désolé que huit passages soient encore fermés entre la France et l'Espagne dans les Pyrénées. Je voudrais cependant vous alerter sur deux choses : nous travaillons avec une collègue sénatrice de cette commission, Catherine Morin-Desailly, sur le patrimoine en Europe et la nécessité de le reconnaître, de le préserver et de le mettre en valeur. Sachant que le tourisme joue un rôle-clé pour l'Europe et son économie, nous attirons votre attention sur l'importance d'une meilleure reconnaissance européenne du patrimoine.
Je me permets également de vous alerter sur un point qui me semble inquiétant : certains Etats dont la Suède ont souhaité qu'à travers le règlement européen REACH, soit interdite l'utilisation du plomb, qui sert notamment à la restauration des vitraux, des chéneaux sur les monuments historiques et des orgues. La Commission européenne aurait finalement décidé de reporter à 2024 l'examen de cette problématique. Je voulais vous alerter sur les conséquences fâcheuses d'une interdiction du plomb, certes fondée sur des motifs sanitaires, mais aux conséquences potentiellement désastreuses pour la restauration de ces objets d'art.