Intervention de Victorio Redondo Baldrich

Commission des affaires européennes — Réunion du 3 novembre 2022 à 9h00
Institutions européennes — Déplacement d'une délégation de la commission des affaires européennes en espagne du 13 au 15 septembre 2022 - communication de m. jean-françois rapin

Victorio Redondo Baldrich, Ambassadeur d'Espagne en France :

Je crois que l'idée de communauté hispano-française que vous avez évoquée est essentielle pour bâtir l'Europe. Elle repose sur un intérêt pour l'État de droit, le renforcement des droits humains, les droits des femmes, la durabilité, la transition écologique et numérique... La France et l'Espagne partagent beaucoup d'intérêts.

La géographie joue aussi en notre faveur, par la dimension méditerranéenne de la France et de l'Espagne. Nous partageons une compréhension commune des pays de la rive sud de la Méditerranée et nous savons l'urgence de fixer un cadre à nos rapports avec eux, et une certaine stabilité, au vu des questions d'immigration et de la menace terroriste. La coopération technique entre la France et l'Espagne pour la lutte anti-terroriste a donné de très bons résultats. Nos polices travaillent main dans la main, avec un excellent partage d'informations qui a permis de détecter et déjouer de potentielles menaces à la sécurité de nos deux nations.

Cette idée de communauté nous pousse également à renforcer notre relation bilatérale. Comme vous le savez, nous sommes en train de négocier un traité entre la France et l'Espagne, qui pourrait être préparé pour le prochain sommet entre nos deux pays. Cela va permettre fixer un cadre institutionnel pour la démocratie parlementaire, permettant des rapports mieux construits.

Concernant les problématiques autour du patrimoine, je prends bonne note. L'Espagne, tout comme la France, est un pays doté d'un grand patrimoine et la restauration du patrimoine est essentielle pour nous. Nous allons faire attention à cette évolution législative que la présidence suédoise pourrait porter concernant le plomb.

Concernant Midcat, comme vous le savez, ce gazoduc faisait partie d'un projet général d'interconnexion entre l'Espagne et l'Europe. Nous connaissions les difficultés françaises et espagnoles au sujet du passage d'un tel gazoduc à travers les Pyrénées. Il y avait aussi d'autres interconnexions considérées plus importantes dans les années passées, comme les interconnexions électriques et l'interconnexion sous-marine au niveau du golfe de Gascogne. Après l'invasion de l'Ukraine et la nécessité de redéfinir l'autonomie stratégique énergétique, Midcat est revenu sur le devant de la scène. Nous avons ainsi essayé de créer un réseau de circulation du gaz en Europe. L'Allemagne et l'Espagne ont proposé de relancer MidCat, toujours avec l'idée de commencer par le gaz, puis d'assurer le transport d'hydrogène vert. Ce projet a été envisagé comme une structure d'avenir, pas seulement en raison de la conjoncture actuelle. Plusieurs autorités politiques françaises, dont le Président Macron, ont soulevé des objections à ce sujet. Après réflexion commune, lors de la rencontre entre les premiers ministres espagnol et portugais avec le Président Macron qui a eu lieu à Bruxelles il y a deux semaines, le Midcat a été mis de côté et les discussions ont commencé sur ce projet sous-marin. Si cela est nécessaire, nous pourrions transporter du gaz pendant quelques temps, mais l'idée finale est de créer un réseau pour l'hydrogène. Cela nous permet de penser l'autonomie stratégique européenne, mise à mal par la crise en Ukraine. Ce n'est pas seulement un projet franco-espagnol mais c'est un projet européen, et nous devons préparer le transfert de l'hydrogène depuis Marseille vers l'Allemagne ou l'Italie. Nous n'en sommes qu'aux phases préparatoires du projet.

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