La création de l’Observatoire de la formation des prix et des marges est une bonne chose en soi. Nous espérons que cette nouvelle instance sera efficace et disposera des moyens humains adéquats, bien que la révision générale des politiques publiques ne nous laisse guère d’illusions à cet égard…
Quoi qu’il en soit, étant donné que la grande distribution et une partie des transformateurs refusent de communiquer certaines informations, nous devrons nous pencher sur les marges globales. §Nous sommes tous persuadés que la grande distribution en prend une part plus importante que le secteur de la transformation, qui constitue avec les producteurs la variable d’ajustement. Il me semble que c’est dans ce sens que nous devons travailler.
Dans cette perspective, la notion de coefficient multiplicateur constitue sans doute, en dépit de ses imperfections, la meilleure piste à explorer pour faire évoluer les choses. Nous devons encore travailler ensemble pour que le rapport entre le prix d’achat au producteur et le prix de vente au consommateur soit le plus satisfaisant possible. Les agriculteurs et les consommateurs y gagneront, tandis que les transformateurs pourront vivre. Ainsi, on sait qu’un prix du kilo de porc de 1, 30 euro permettrait à tous les producteurs de vivre et de résister. Il en va de même pour toutes les productions, par exemple les tomates du Lot-et-Garonne. Localement, les centres de gestion et d’économie rurale connaissent parfaitement le prix de revient de chaque production. À l’ère de l’informatique et des grands calculateurs, toutes les données utiles peuvent être affinées. C’est dans cet esprit que devraient se réorganiser les relations commerciales au sein des différentes filières.
Par ailleurs, je voudrais évoquer une autre dimension, peu souvent abordée bien qu’essentielle : la relation entre le marché intérieur d’un pays et sa capacité de production. Aujourd'hui, la production française de viande de porc représente 106 % de la consommation nationale, tandis qu’un pays comme le Danemark produit six fois plus qu’il ne consomme : cela déstabilise complètement le marché européen ! Une telle situation est anormale ! Faire le ménage à l’échelon européen s’impose. Je vous invite, chers collègues de la majorité, vous dont les paroles sont souvent empreintes de bon sens, à aller convaincre les parlementaires européens de votre sensibilité politique.
Nous nous abstiendrons sur l’article 6 : son dispositif comporte certes des aspects positifs, mais nous doutons de son efficacité.