Demander la suppression de l’alinéa 15 de cet article pourrait apparaître, de prime abord, comme une contradiction de la part de notre groupe.
En effet, nous ne sommes pas opposés, bien au contraire, à ce que la médecine du travail repose enfin sur une équipe pluridisciplinaire. Rompre l’isolement du médecin du travail, notamment afin de favoriser son indépendance et son expertise, représente évidemment une chance, tant pour les équipes que pour les salariés.
Naturellement, cet amendement ne vise pas à renoncer à la constitution d’équipes pluridisciplinaires, mais plutôt à dénoncer le manque de moyens criants consacrés à la santé au travail des salariés.
Il ne peut en effet pas y avoir de politique ambitieuse en matière de santé au travail si l’on continue ainsi à se contenter des maigres moyens qui lui sont destinés. Tel est d’ailleurs le constat contenu dans le rapport sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2010, et plus précisément dans sa partie consacrée aux accidents du travail et maladies professionnelles : « L’efficacité des mesures de prévention dépend également des moyens dont dispose la médecine du travail. »
Or cet alinéa, comme l’ensemble de cet article, ne crée aucune ressource supplémentaire. La médecine du travail continuera à subir la situation d’indigence qui la caractérise et qui se traduit notamment par le vieillissement des équipes professionnelles. Les effets de la baisse de la démographie médicale se font particulièrement sentir dans les difficultés de recrutement, spécialement pour le secteur public, qui n’est pas en mesure de proposer des salaires attractifs. Pourtant, au regard des mutations importantes du monde du travail et de la multiplication des contraintes physiques et psychiques qui en découlent, les salariés ont besoin, aujourd’hui plus qu’hier, d’une médecine du travail de qualité, correctement formée, indépendante et en nombre suffisant.