Madame la Secrétaire générale, nous sommes heureux de vous accueillir aujourd'hui pour une audition budgétaire sur les moyens du ministère de l'Europe et des affaires européennes pour 2023. Vous avez pris ces fonctions exigeantes le 30 août dernier, et je vous adresse donc au nom de notre commission tous nos voeux de succès, à un moment où notre outil diplomatique doit être conforté et renforcé.
Votre nomination intervient dans un contexte budgétaire favorable - enfin ! Les autorisations d'engagement du ministère progressent de 16 %. Les crédits de paiement augmentent de 9 %. Ce taux global masque des différences avec une augmentation importante de 13 % des moyens de l'aide publique au développement, et la hausse de 5 % de l'action extérieure de l'État. Vous nous direz si cette progression est suffisante au regard du niveau atteint par l'inflation ? Mais aussi au regard d'un des sujets majeurs de préoccupation de notre commission : la sécurité de nos concitoyens et de nos implantations à l'étranger. Nous avons encore en tête les images de l'attaque de notre ambassade à Ouagadougou il y a quelques semaines. Vous nous direz si vos moyens sont à la hauteur des enjeux dans un monde où l'affrontement n'est plus un risque, mais trop souvent une réalité, qui rend plus que jamais nécessaire nos diplomates professionnels.
Pour les moyens du réseau diplomatique, nous nous réjouissons vivement de l'augmentation des effectifs de 106 ETP en 2023 : j'ai encore eu l'occasion de le dire hier à la Ministre, en présence de plusieurs de nos collègues. Notre commission souligne depuis des années que nous avons été imprudents de fragiliser par tant d'attritions répétées notre réseau. Il était temps de redonner des moyens humains au Quai d'Orsay dans ces temps de compétition internationale exacerbée. Où seront déployés ces effectifs supplémentaires ? Nous souhaitons aussi des précisions sur l'application de la réforme de l'encadrement de la haute fonction publique au Quai d'Orsay. Les États généraux de la diplomatie doivent être l'occasion de revenir sur les conséquences de cette réforme. La Ministre nous a annoncé hier que les Etats généraux seraient lancés demain et nous en a présenté l'articulation, mais vous pourrez peut-être rentrer un peu dans le détail de ce dossier qui nous tient à coeur. Je rappelle que notre commission a adopté des recommandations dans ce domaine, à l'issue d'un gros travail de nos rapporteurs Jean-Pierre Grand et André Vallini. Ils ont formulé des propositions, que notre commission a fait siennes dans un large consensus. Ces recommandations seront-elles suivies ? Nous sommes très attentifs et attachés à la qualité de notre personnel diplomatique, qui est reconnue dans le monde entier : il faut préserver cet outil si précieux.
Pour l'aide publique au développement, les crédits augmentent à nouveau significativement, de 13 % en crédits de paiement par rapport à 2022, et de 9 % en ce qui concerne le coeur de l'APD : les dons-projets. Mais l'on note surtout une hausse de 146% des crédits de « Gestion et sortie de crise », qui passent à 730 millions d'euros. Quelle sera l'affectation de ces crédits de gestion de crise ? Cette hausse ne reflète-t-elle pas, malheureusement et sans que cela ne soit de notre fait, une sorte de retour en arrière, de l'aide au développement à l'aide humanitaire, qui correspond à une forte dégradation de l'état de nombreux pays, notamment au Sahel ?
Enfin, nous n'oublions pas que vous avez été notre ambassadrice à Berlin. Peut-être nous donnerez-vous votre grille de lecture pour comprendre cet épisode de tensions au sein de la relation franco-allemande.