Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, investir pour la France en 2030, quel grand sujet !
Je vous le dis sans ambiguïté : je suis favorable à un plan d’investissement pour 2030 fort et ambitieux, mais je déplore les orientations qui ont été prises dans ce budget.
Quelle France voulons-nous pour 2030 ? Le Gouvernement se targue d’un plan France 2030 de soutien aux innovations écologiques. Pourtant, le plan est loin de répondre aux enjeux. Avion bas-carbone, réacteurs nucléaires Small Modular Reactors (SMR)…, votre vision de l’avenir, ce sont des technologies censées répondre aux enjeux climatiques.
Vous faites fausse route si vous pensez que les gains technologiques suffiront à répondre aux crises climatiques. On ne peut pas durablement épuiser les ressources de la planète au-delà de leur capacité à se renouveler.
En 2030, dans l’Hexagone, le mercure pourrait, selon Météo-France, dépasser régulièrement les 50 degrés Celsius. L’objectif de limiter l’augmentation des températures à 1, 5 degré est déjà jugé par les scientifiques comme impossible à tenir. Il est donc urgent d’agir autrement.
Au travers de nos amendements, nous voulons accompagner une véritable bifurcation du tissu économique français, en donnant à la France les moyens de devenir la première économie de la transition et en accompagnant les entreprises dans la durée pour transformer leur modèle d’affaires en profondeur.
Nous souhaitons conditionner les aides de la mission « Investir pour la France de 2030 » au respect de véritables engagements écologiques. Bien sûr, cette mission y contribue dans certains domaines. Je pense en particulier aux crédits destinés à renforcer le potentiel de recherche et d’enseignement supérieur.
Avec le plan France 2030 – c’était déjà le cas pour le plan France Relance –, les contreparties, en revanche, ne sont pas au rendez-vous. Les aides d’État doivent être conditionnées à l’absence de versement de dividendes ou de licenciements non justifiés.
En effet, les entreprises du CAC 40 ont rémunéré leurs actionnaires à hauteur de 80 milliards d’euros au titre de l’exercice 2021 et risquent de battre ce record au titre de l’exercice 2022. Dans le même temps, elles ont annoncé 62 500 suppressions d’emplois, dont 30 000 en France. Pourtant, 100 % des entreprises du CAC 40 ont bénéficié d’aides d’État sans aucune contrepartie.
Quelle France voulons-nous en 2030 ? Des stratégies d’innovation uniquement orientées vers la dématérialisation, la technologie et la domotique ?
Il n’y a pas, d’un côté, les tenants de la modernisation et du progrès et, de l’autre, les « Amish » qui s’y opposent. L’innovation, la création et la sobriété peuvent se conjuguer, mais votre approche, au travers de ce plan, monsieur le ministre, ignore trop cette exigence.
Il est vrai que nous ne sommes pas convaincus que les métavers ou les NFT (Non Fungible Tokens), ces jetons non fongibles, soient la meilleure cible d’investissement d’avenir pour la culture et pour l’humain d’une manière générale.
Nous défendons un modèle de consommation compatible avec la transition écologique et il nous semble indispensable de continuer à soutenir les projets alimentaires territoriaux et les solutions low tech, plutôt que de flécher tous les crédits vers les projets des start-up de la Food Tech ou de l’Agri Tech, souvent trop consommateurs en énergie et en matière pour être généralisables.
France 2030 devrait soutenir fortement la recherche dans les domaines de la gestion de la ressource en eau et de la défense des écosystèmes, domaines bouleversés par la crise climatique et pourtant essentiels à l’humanité comme à la planète.
France 2030 devrait aussi travailler à la création d’un service public national de la dépendance. Il devrait soutenir un véritable plan de reconstruction de l’hôpital public pour le préparer aux défis de demain.
Les conditions de travail de l’ensemble des professionnels du soin et de l’accompagnement continuent à se dégrader. Pour sauver l’hôpital public, la réouverture de lits et services, des dotations de fonctionnement suffisantes, l’accès à la formation, l’amortissement de l’inflation pour 2022 et 2023 sont urgents.
Seuls ces investissements permettront le choc d’attractivité tant attendu pour ces métiers, un choc nécessaire pour que notre service de santé public redevienne un des plus performants au monde.
Investir pour la France de 2030, c’est aussi donner les moyens à nos hôpitaux de poursuivre leurs recherches, en s’appuyant sur des équipements performants.
Voilà quelques pistes pour un plan d’avenir et d’urgence à la fois social et écologique, une dimension que je ne retrouve pas dans cette mission.