Intervention de Catherine Conconne

Réunion du 1er décembre 2022 à 14h30
Loi de finances pour 2023 — Outre-mer

Photo de Catherine ConconneCatherine Conconne :

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je commencerai par saluer un certain état d’esprit qui régit désormais les relations entre les élus et le ministère de ladite outre-mer.

Monsieur le ministre, je tiens à vous dire que, depuis que celui qui en était le titulaire lors des précédents débats budgétaires a commencé d’exercer ces fonctions, j’apprécie la réactivité, la proximité, l’écoute de votre ministère – et vous avez heureusement maintenu cette ambiance générale.

Ce regain d’attention permet évidemment une meilleure compréhension de nos peuples singuliers. La prise en compte de nos cultures, de nos expressions, de nos passés douloureux doit présider au traitement de notre quotidien.

Votre budget est en augmentation, monsieur le ministre. J’aurais pu m’en contenter, m’en satisfaire ; mais non ! j’aimerais que l’on aille plus loin. À mes yeux, les intentions comptent davantage encore que les sommes importantes affectées à votre mission. Je crois aux intentions fortes, affichées et concrètes en faveur d’une plus grande justice et d’une plus grande équité.

Tel est le sens des amendements que j’ai déposés. En les défendant, nous ne vous dirons pas : « mettez plus ! ». Nous solliciterons votre engagement à tenir des objectifs pour le quotidien de nos peuples.

Ce quotidien rime avec augmentation du taux de pauvreté, vie chère, vieillissement et baisse de la population, en particulier pour la Guadeloupe et la Martinique.

Par ces amendements, je vous demande notamment de sanctuariser une somme pour l’accompagnement dans le logement social. Les bailleurs sociaux sont aux abois, non parce qu’ils n’auraient pas assez de sous pour construire, mais parce qu’ils sont désormais confrontés à l’immense difficulté du vivre-ensemble.

Les crédits de la LBU doivent permettre d’y veiller, en donnant aux bailleurs les moyens d’assumer les nouveaux rôles qui, de fait, leur incombent : assistant social, psychiatre, gériatre, travailleur familial.

Par ces amendements, je vous demande également d’afficher une intention forte en faveur de l’amélioration de la mobilité de nos populations, en situation de grande injustice face à l’augmentation considérable des tarifs aériens.

Il faudra favoriser le retour, en particulier en Guadeloupe et en Martinique. On déplore, dans les rangs des Martiniquais, une saignée de 4 500 personnes par an ! Pareille situation appelle un dispositif exceptionnel, car nos peuples sont tout simplement en voie de disparition.

Les départs ont été organisés par l’État entre les années 1960 et les années 1980. C’était alors la seule réponse apportée au mal-développement : « Partez ! Allez ailleurs ! »

Monsieur le ministre, il faut désormais organiser le retour. Le même dispositif qui a servi à saigner ces peuples doit à présent œuvrer à repeupler nos territoires ! D’après un sondage très sérieux mené auprès de 6 000 de nos ressortissants, 85 % d’entre eux veulent rentrer dans leur pays.

Nos peuples ont soif d’entendre des mots forts, des intentions fermes, des objectifs évaluables !

Les collectivités locales, vers lesquelles, souvent, on se tourne – l’État lui-même nous renvoie volontiers vers elles –, ont beau pousser à fond leurs moyens, elles ne peuvent plus continuer à éponger une pauvreté qui augmente sans cesse, en particulier en cette période de forte inflation.

Monsieur le ministre, écoutez-nous lorsque nous défendrons nos amendements. Faites confiance à nos analyses : le bon sens dont elles sont empreintes est le fruit d’une connaissance exceptionnelle de nos compatriotes et du terrain. Ne sanctionnez pas systématiquement nos propositions pour un droit au bonheur de nos compatriotes d’un implacable et froid avis défavorable !

Ne soyez pas défavorable à l’équité, monsieur le ministre ! Ne soyez pas défavorable à la justice ! Ne soyez pas défavorable au mieux-être et au mieux-vivre de nos peuples, rompus qu’ils sont de mauvais sommeil !

Ne soyez tout simplement pas défavorable à l’esprit de la République !

Monsieur le ministre, parce que je crois en l’homme et parce que j’ai de moins en moins envie d’entendre craquer les os de ces vieilles nations impérialistes, j’ai envie de vous faire confiance. Je voterai donc votre budget.

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