Séance en hémicycle du 1er décembre 2022 à 14h30

Résumé de la séance

Les mots clés de cette séance

  • continuité
  • logement
  • outre-mer
  • ultramarin

La séance

Source

La séance, suspendue à treize heures, est reprise à quatorze heures trente, sous la présidence de Mme Laurence Rossignol.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. le président de la commission des finances.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Raynal

Madame la présidente, pour faciliter l’organisation de nos débats, la commission des finances demande l’examen séparé des amendements n° II-1082, II-1062, II-1077 et II-391, sur les crédits de la mission « Cohésion des territoires », en application de l’article 46 bis, alinéa 2, du règlement du Sénat.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je suis saisie par la commission des finances d’une demande d’examen séparé des amendements n° II-1082, II-1062, II-1077 et II-391, sur les crédits de la mission « Cohésion des territoires ».

Il n’y a pas d’opposition ?…

Il en est ainsi décidé.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous poursuivons l’examen, au sein de la seconde partie du projet de loi de finances, des crédits des missions « Pouvoirs publics », « Conseil et contrôle de l’État », « Direction de l’action du Gouvernement » et du budget annexe « Publications officielles et information administrative ».

Dans la suite de la discussion, la parole est à M. Jean-Claude Requier.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Requier

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous arrivons bientôt au terme de ce marathon budgétaire. Les missions qui nous occupent à présent sont assurément moins difficiles et moins débattues que d’autres, d’autant que leurs budgets sont relativement constants. Il n’empêche qu’elles traduisent, elles aussi, certaines tendances de nos politiques publiques.

Les montants annoncés de la mission « Pouvoirs publics » sont en légère hausse, pour répondre au contexte inflationniste.

Ce constat vaut pour toutes les institutions, présidence de la République, Sénat et Assemblée nationale. C’est une bonne chose, même si nous pourrons toujours regretter des imprécisions dans les crédits demandés, en particulier lorsqu’il est question de dépenses de fonctionnement.

J’observe qu’il est de plus en plus tenu compte de la performance énergétique des bâtiments – cela vaut aussi pour le palais du Luxembourg –, à l’heure de la lutte contre les passoires énergétiques ; nous y sommes vigilants.

Quoi qu’il en soit, le budget de cette mission est relativement stable et sans vagues. Dans des périodes où certains croient qu’il faudrait tout renverser, tout bouleverser, dans la précipitation, et ce sans même avoir de véritable perspective, on ne se plaindra pas d’observer un peu de stabilité dans nos institutions.

Nous ne pouvons qu’être satisfaits également des projections qui sont faites concernant la mission « Direction de l’action du Gouvernement », et en particulier son volet numérique.

Comme l’ont montré nos travaux, les crédits de cette mission sont en hausse, nonobstant les modifications de son périmètre ; la hausse principale va au renforcement des effectifs alloués à la cybersécurité et à la protection des données personnelles.

C’est l’occasion pour moi de dire mon inquiétude sur tous ces sujets. Certes, je suis d’une génération qui n’est pas toujours très au fait des dernières avancées technologiques : il est vrai que je préfère le papier aux écrans, le livre aux tablettes et le stylo à l’index. Toujours est-il qu’avec le développement de ces nouveaux outils je comprends bien qu’il faille faire face à une hausse constante des cyberattaques, lesquelles touchent directement les intérêts de l’État et de notre Nation.

Lors de l’examen de la mission « Sécurités », nous étions unanimes à reconnaître l’importance de renforcer les moyens de la lutte contre la cybercriminalité. Je me réjouis donc qu’elle fasse l’objet d’un travail transversal ; je salue notamment un nouveau renforcement des moyens attribués à l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information.

Je conclurai brièvement en abordant la question du contentieux administratif. Nous ne pouvons que nous féliciter de la hausse des crédits dans un contexte de croissance continue dudit contentieux. Nous le disions lors de l’examen de la mission « Justice », ces phénomènes d’inflation et d’engorgement des juridictions doivent être endigués ; espérons que ces moyens y participeront.

Je partage, à cet égard, certaines recommandations de notre rapporteur spécial Christian Bilhac, qui invite notamment le Conseil d’État à se saisir pleinement de son rôle de gestionnaire des juridictions administratives.

Il n’en demeure pas moins que notre groupe votera en faveur de l’ensemble de ces crédits.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Louis Lagourgue

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, nous examinons cet après-midi trois missions qui revêtent chacune un intérêt particulier : « Pouvoirs publics », « Conseil et contrôle de l’État » et « Direction de l’action du Gouvernement ».

Les crédits de la mission « Pouvoirs publics » connaissent une faible progression, de l’ordre de 2, 76 %, par rapport à 2022. Cette hausse très modérée résulte principalement du contexte inflationniste et de la volonté des pouvoirs publics de maintenir un certain niveau d’investissement. À cet égard, je tiens à rappeler, pour les saluer, les efforts budgétaires consentis par les différentes institutions depuis une dizaine d’années.

La mission « Conseil et contrôle de l’État » rassemble notamment les crédits alloués aux juridictions administratives et financières. Son objet est de donner à ces institutions indispensables à notre démocratie les moyens de leurs attributions. Une hausse de ses crédits de l’ordre de 8, 5 % est prévue ; elle est la bienvenue, car il est fondamental que l’État octroie des dotations suffisantes à son propre contrôle.

La mission « Direction de l’action du Gouvernement », quant à elle, voit ses crédits augmenter de 3, 5 % en crédits de paiement et de 9 % en autorisations d’engagement. Cette hausse traduit notamment la priorité donnée par le Gouvernement à la protection des données et à la lutte contre la cybercriminalité, dans un contexte de cyberattaques frappant aussi bien les collectivités territoriales et l’État que les entreprises et les centres hospitaliers. Nous gardons tous en mémoire le piratage informatique qui a visé l’hôpital de Corbeil-Essonnes en août dernier.

Aussi, je souhaite souligner le renforcement de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information et de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, qui verront leurs effectifs augmenter.

En parallèle, la nouvelle Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique verra également ses moyens s’accroître, en réponse à l’extension de ses compétences à de nouveaux acteurs du numérique, tels que les réseaux sociaux, les plateformes et les sites de partage de vidéos.

Je me réjouis donc du renforcement substantiel des moyens destinés à la cybersécurité, car il s’agit d’un enjeu crucial face à une menace cyber qui ne cesse de croître.

Monsieur le ministre, mes chers collègues, ces crédits, quoique très hétérogènes, sont tous essentiels au bon fonctionnement de notre État de droit. Ils tendent à assurer aux pouvoirs publics, aux organes chargés de leur contrôle, ainsi qu’aux autorités indépendantes qui veillent au respect des libertés individuelles, les moyens nécessaires à leur action.

Aussi, le groupe Les Indépendants – République et Territoires votera les crédits de ces trois missions.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, à l’inverse du gouvernement d’Élisabeth Borne, qui est le plus cher de la Ve République, la mission « Direction de l’action du Gouvernement », dont je vous parlerai aujourd’hui, se voit octroyer des moyens insuffisants, malgré quelques hausses budgétaires.

Concernant la protection des droits, les budgets de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), de la Cnil et de l’Arcom augmentent, ce qui est positif ; mais ils demeurent en deçà des besoins. Quant aux crédits prévus pour le Défenseur des droits, ils nous semblent bien trop faibles.

Concernant les enjeux de santé publique, nous nous étonnons de la faible hausse des crédits accordés à la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca), alors même que le ministre de la santé entend faire de la prévention un axe fort de politique publique.

Concernant la protection de notre démocratie et la diffusion des idées, nous nous inquiétons que les crédits alloués aux fondations politiques soient si bas. En encourageant ainsi leur recherche de financements privés, nous prenons le risque d’affecter leur fonctionnement. Eu égard à l’importance de leurs travaux et de leurs réflexions face aux nombreuses crises que nous traversons actuellement, nous défendrons une hausse de ces crédits.

En fait de crise, et pour ce qui est de la protection de l’environnement, nous saluons bien évidemment la création du secrétariat général à la planification écologique et les moyens alloués au Haut Conseil pour le climat ; mais ces mesures ne doivent pas être un joli affichage pastillé de vert dans votre budget…

Le Haut Conseil pour le climat est devenu un acteur indispensable du débat public en matière d’action climatique. Pourtant, notre collègue Paul Toussaint Parigi, rapporteur spécial de la commission des finances, note que les moyens qui lui sont alloués sont nettement insuffisants, compte tenu des sollicitations croissantes dont il fait l’objet de la part du Gouvernement, du Parlement, des collectivités territoriales, mais également de la presse et de la société civile.

Nous suivrons donc très attentivement l’évolution de son budget et veillerons à l’effectivité de la hausse des effectifs prévue.

Le secrétariat général à la planification écologique que vous proposez de créer bénéficiera, quant à lui, de 15 ETP et de 500 000 euros de budget. Au regard de la tâche que représente la planification écologique et de l’objectif qui a été fixé – faire de la France, face à l’urgence, une « nation verte » –, sachant par ailleurs que son travail risque de se superposer à celui des ministères, ce montant nous interpelle : en vérité, il nous semble bien indigent. Dit autrement, c’est un joli pansement sur une plaie béante.

Cette dotation de fonctionnement de 0, 5 million d’euros en autorisations d’engagement et en crédits de paiement pour 2023 doit permettre notamment au SGPE de commander des études à des prestataires extérieurs. Nous suivrons de près l’utilisation de ce budget, afin d’éviter qu’il ne donne lieu à un recours abusif aux cabinets de conseil privés, s’agissant, de surcroît, d’un sujet aussi sensible que la transition écologique.

Alors que les risques environnementaux et sociaux s’enchevêtrent chaque jour davantage, compte tenu de la montée en puissance des effets du réchauffement climatique et, plus largement, des impacts de l’être humain sur l’environnement, nous avons besoin de mesures concrètes, prévues sur le long terme, prises dans une vue d’ensemble, pour assurer une réelle transition écologique.

Pour y pourvoir, nous proposons au Gouvernement la création d’un ministère des risques.

La situation mondiale nous montre que nous devons anticiper tous les risques, qui finissent par se recouper : crise sanitaire mondialisée, qui affecte notre économie ; conflit armé à nos portes, qui affecte notre sécurité et notre pouvoir d’achat ; augmentation de la fréquence des événements climatiques violents et ponctuels, mégafeux, canicules ; augmentation du nombre d’affections de longue durée dues à notre mode de travail et de vie sédentaire, à notre alimentation inadaptée et à l’absence de prévention globale.

Voilà quelques exemples des risques que pourrait prendre en compte et anticiper ce nouveau ministère. Il s’agirait de considérer les impacts différenciés des crises en fonction de la catégorie socioprofessionnelle, de l’âge ou encore de la répartition géographique des personnes, afin de les prévenir ou d’y répondre plus efficacement.

Je conclurai en rappelant que ce budget, dans son ensemble, demeure insuffisant pour faire face aux enjeux écologiques majeurs qui nous attendent ; il trahit un manque de vision globale et à long terme sur le sujet de la part du Gouvernement.

Pour toutes ces raisons, nous nous abstiendrons.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Thani Mohamed Soilihi

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, compte tenu du temps qui m’est imparti, je concentrerai mon propos sur quelques sujets.

Permettez-moi tout d’abord de saluer les efforts budgétaires consentis au cours des dernières années par les institutions relevant de la mission « Pouvoirs publics ». Au regard de la poussée inflationniste actuelle, la hausse des crédits demandés à leur profit pour 2023 apparaît tout à fait justifiée.

Pour ce qui concerne la présidence de la République, l’augmentation des crédits de fonctionnement est parfaitement légitime, étant donné la nécessité de garantir la sécurité du chef de l’État et des personnels de l’Élysée.

Pour ce qui est de la mission « Conseil et contrôle de l’État », la poursuite du renforcement des moyens alloués aux juridictions administratives est bienvenue, eu égard à la forte progression de l’activité contentieuse. La création de 202 nouveaux emplois entre 2023 et 2027 devrait notamment permettre aux tribunaux administratifs et aux cours administratives d’appel de réduire leurs stocks d’affaires en attente. Les préoccupations soulevées par le rapporteur pour avis Benarroche méritent, selon moi, d’être prises en considération. Il faudra en effet veiller à ce que la nouvelle obligation de mobilité statutaire ne nuise pas à la gestion prévisionnelle des effectifs.

Par ailleurs, je me réjouis de constater que le renforcement des moyens de la Cour nationale du droit d’asile commence à porter ses fruits. Malgré une augmentation très forte du nombre de recours, la cour a réussi à réduire ses délais de jugement, ainsi que son stock d’affaires en attente. Il reste à espérer que les moyens dont elle dispose lui permettront d’atteindre les objectifs fixés par la réforme de l’asile.

En ce qui concerne les juridictions financières, je salue l’attribution aux chambres régionales et territoriales des comptes (CRTC) d’une nouvelle mission en matière d’évaluation des politiques publiques territoriales. À l’instar du rapporteur pour avis susnommé, je pense qu’il sera nécessaire de veiller à ce que la mise en œuvre de cette réforme ne nuise pas aux missions traditionnelles des CRTC.

Un autre motif de satisfaction est l’ouverture des crédits nécessaires à la mise en place de la commission d’évaluation de l’aide publique au développement, dont le secrétariat général sera assuré par la Cour des comptes. Je rappelle que le groupe RDPI a pris une part active à la définition des contours de cette commission, dont la création vise à répondre à la demande accrue de redevabilité de l’aide publique au développement française.

J’en viens maintenant aux crédits de la mission « Direction de l’action du Gouvernement ».

Je tiens avant tout à souligner la décision du Gouvernement de poursuivre le renforcement des moyens alloués à l’Anssi. Ce nouvel effort budgétaire est indispensable au regard de l’accroissement de la menace cyber et de l’impérieuse nécessité de prévenir les cyberattaques pouvant causer des dommages physiques. Les attaques qui ont récemment frappé des centres hospitaliers et des collectivités territoriales montrent combien il est urgent de renforcer la lutte contre la cybercriminalité.

À cet égard, il convient de se féliciter de l’ouverture à Rennes d’une nouvelle antenne de l’Anssi, qui viendra parachever la mise en place, dans la capitale bretonne, d’un pôle de compétence en cyberdéfense unique en Europe.

La construction d’un véritable écosystème cyber permettra à la France d’être mieux armée pour affronter les trois grandes menaces que sont la menace criminelle, l’espionnage et la menace militaire.

La lutte contre la désinformation est un autre défi majeur, qui justifie le renforcement des moyens alloués au Viginum et à l’Arcom.

Enfin, réjouissons-nous également de la mise en place du secrétariat général à la planification écologique, qui trouve sa traduction budgétaire dans ce projet de loi de finances.

Pour toutes les raisons que je viens d’évoquer, le groupe RDPI votera les crédits de ces trois missions.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme la présidente. La parole est à Mme Isabelle Briquet.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle Briquet

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, les trois missions dont nous étudions les crédits aujourd’hui bénéficient toutes d’une hausse des moyens alloués.

S’il convient de souligner cette augmentation, quelques remarques s’imposent néanmoins.

Je commencerai par évoquer la mission « Pouvoirs publics ». À l’exception du Conseil constitutionnel, qui voit ses moyens diminuer de 16, 7 %, et de la Cour de justice de la République, dont les crédits sont stables, toutes les dotations sollicitées sont à la hausse, et ce pour des raisons qui tiennent essentiellement à l’inflation et aux surcoûts liés à la revalorisation du point d’indice de la fonction publique.

Ce contexte inflationniste incontestable ne saurait pour autant tout expliquer.

Debut de section - PermalienPhoto de Isabelle Briquet

Ainsi, pour la présidence de la République, les dépenses de fonctionnement sont attendues en hausse de 12, 5 %, soit plus du double du niveau de l’inflation. Comme l’a expliqué Jean-Pierre Sueur, le « recalibrage […] permettant de faire face aux coûts de gestion courante », censé à lui seul justifier cette hausse, manque pour le moins de précision.

Les deux assemblées voient également leur budget augmenter. Celui des chaînes parlementaires se maintient, ce qui permet de faire face à l’augmentation des coûts de diffusion.

La mission « Conseil et contrôle de l’État », qui a trait aux budgets des juridictions administratives, des juridictions financières et du Conseil économique, social et environnemental, connaît elle aussi une hausse notable de ses crédits.

Les dépenses de personnel augmentent de 9 %, essentiellement pour renforcer les effectifs du Conseil d’État et des juridictions administratives. Au vu de l’augmentation du contentieux devant les juridictions administratives, des moyens supplémentaires sont bel et bien indispensables pour tenter de donner des réponses aux justiciables dans des délais raisonnables. Néanmoins, ces délais restent une source d’inquiétude, d’autant que le stock s’est de nouveau accru.

Les mêmes inquiétudes se portent sur la Cour nationale du droit d’asile ; le Gouvernement estime que les créations d’emplois des années précédentes doivent permettre de tenir l’objectif d’un délai d’instruction de six mois, et ce malgré le nombre croissant de recours.

Par ailleurs, il conviendra de veiller à ce que la généralisation des téléprocédures, présentée comme un moyen de rationalisation du travail des agents de greffe et de facilitation de l’instruction par les magistrats, ne nuise pas à la qualité des décisions rendues et à l’accès au droit des administrés.

Les recommandations du Conseil d’État – promouvoir le règlement amiable des litiges, notamment par la voie de la médiation – semblent également pertinentes pour limiter l’augmentation du contentieux.

Enfin, la mission « Direction de l’action du Gouvernement » regroupe deux programmes de natures assez différentes, qu’il convient donc d’évoquer distinctement.

En raison de la suppression du programme destiné à couvrir les dépenses liées à la présidence du Conseil de l’Union européenne, exercée par la France au premier semestre 2022, les crédits destinés à cette mission paraissent en baisse ; mais, après correction du périmètre, ils sont en réalité en augmentation de près de 8 % pour ce qui concerne le programme « Coordination du travail gouvernemental » et de 8, 6 % pour ce qui est du programme « Protection des droits et libertés ».

Dans un contexte de hausse inquiétante de la cybercriminalité, frappant aussi bien l’État que les collectivités territoriales, les hôpitaux que l’ensemble des services publics, ce renforcement des moyens destinés à la lutte contre ce fléau est une très bonne chose. Ainsi, les renforts en personnel au bénéfice du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale, et principalement pour l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information, sont à saluer.

Si l’on peut noter avec satisfaction la modération des crédits alloués au service d’information du Gouvernement (SIG), son cas ne laisse pas malgré tout de nous interpeller, car, je le rappelle, la Cour des comptes pointe chaque année un niveau de dépenses nettement supérieur au budget voté. Les dépenses du SIG mériteraient d’être mieux calibrées afin que l’on ne puisse pas remettre en question la sincérité des comptes.

À ce propos, une information plus claire – et même une information tout court – ne saurait nuire concernant l’activité du Haut-Commissariat au plan. Visiblement, ce ne sera pas non plus pour cette année !

Fort heureusement, il est aussi des sujets sur lesquels nous disposons d’éléments nous permettant d’apprécier l’évolution de certains services et institutions.

Il convient ainsi de saluer le travail effectué au sein de la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives, la Mildeca, dont les moyens sont cette année réajustés, après une diminution continue depuis 2019.

Plus globalement, le programme 308, « Protection des droits et libertés », connaît lui aussi une revalorisation de ses moyens.

La Cnil se voit ainsi dotée de 18 équivalents temps plein supplémentaires afin de faire face à l’accroissement de son activité. L’Arcom, qui achève sa première année d’existence, voit ses moyens également renforcés.

Si ces deux institutions concentrent l’essentiel des effectifs, les besoins humains et financiers des autres autorités indépendantes méritent d’être consolidés. Ainsi, quoique l’on note avec satisfaction la création de 2 ETP auprès de la Défenseure des droits, je souscris pleinement à la proposition de la commission des lois de renforcer les moyens humains qui sont à sa disposition, afin qu’elle puisse faire face à la hausse importante des réclamations.

Compte tenu des moyens alloués à ces différentes missions, le groupe socialiste votera ces crédits.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme la présidente. La parole est à M. François Bonhomme.

Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, la mission « Pouvoirs publics » comprend les crédits de la présidence de la République, du Conseil constitutionnel, de la Cour de justice de la République, de l’Assemblée nationale, du Sénat et de la chaîne parlementaire, notamment. Le budget total de la mission s’élève à 1 076, 5 millions d’euros, soit une hausse de 2, 76 % par rapport à l’année dernière.

La dotation demandée pour la présidence de la République est en hausse de 4, 9 %, soit 110 millions d’euros en 2023 contre 105 millions d’euros en 2022. Une augmentation sensible des dépenses de fonctionnement est à relever : +12, 61 %.

Certains postes de dépense sont légitimes et indiscutables : je pense aux dépenses relatives à la sécurité du Président de la République et à la sécurité informatique de l’Élysée, ou encore aux travaux visant à chauffer l’Élysée, au moins pour partie, par la géothermie.

Je ne peux m’empêcher malgré tout de noter que la hausse de la dotation proposée pour les collectivités locales, qui subissent elles aussi de fortes contraintes, entre inflation et augmentation du point d’indice, n’est pas indexée, tant s’en faut, sur l’augmentation du budget de fonctionnement de la présidence de la République… Je plaide pour qu’à l’avenir la recherche d’économies nouvelles inspire plus fortement l’Élysée.

Je passe sur les crédits demandés pour le Conseil constitutionnel et pour la Cour de justice de la République, dans la mesure où, là aussi, les travaux de sécurisation prévus me semblent tout à fait opportuns.

J’en viens à un programme un peu plus méconnu, le programme 126, « Conseil économique, social et environnemental ». Les crédits demandés pour le Cese en 2023 sont légèrement en hausse – +1, 2 % –, en raison de la création de deux nouvelles actions, Travaux consultatifs et Fonctions supports à l’institution.

Le caractère modéré de cette augmentation ne doit pas occulter la revalorisation continue des crédits qui est à l’œuvre depuis 2020 : la hausse cumulée en 2020 et 2021 fut de 10, 4 %, soit 4, 2 millions d’euros, en vue de l’organisation de conventions citoyennes thématiques. De fait, la relative stabilité du budget du Cese en 2022 revenait en réalité à entériner la hausse des crédits accordés au programme 126, alors même qu’aucune convention citoyenne n’avait été prévue sur la période.

Je dis un mot, justement, du budget consacré à la participation citoyenne.

Je rappelle que la loi organique du 15 janvier 2021 devait soi-disant « conforter la place et le rôle de la troisième assemblée au sein du paysage institutionnel de la République ».

Les auteurs de cette loi organique relative au Conseil économique, social et environnemental ont souhaité, avec un certain sens de la formule creuse, approfondir la participation citoyenne par l’introduction d’outils de démocratie représentative au sein du Cese. Cet effort a pris des formes inattendues, celle du tirage au sort notamment, censé « nourrir l’avis final qui a vocation à être voté en assemblée plénière du Conseil ».

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

Vous l’aurez compris, mes chers collègues, je suis de ceux pour qui l’utilité et l’apport du Cese ne sont pas criants. Elle a beau être la troisième assemblée, sa légitimité reste à démontrer eu égard à ses missions et à ses objectifs. Cela fait quand même soixante-seize ans, c’est-à-dire depuis sa création, que l’on espère et que les attentes sont déçues : c’est un peu long !

Pour être plus direct, j’ai même la faiblesse de penser que cette troisième assemblée a été et demeure, aux yeux de beaucoup de Français, quand ils en connaissent seulement l’existence, un simple outil de fluidité politique et syndicale à la main de pouvoirs multiples – et non à celle du seul pouvoir présidentiel, qui, lui, change de titulaire –, destiné à tous les recasés et recyclés des forces politiques, professionnelles ou syndicales.

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

Certes, nous avons fini par modifier sa composition en supprimant la désignation de personnalités « qualifiées » : en 2021, en application de cette même loi, quarante sièges ont été supprimés, qui étaient auparavant réservés à des personnalités dites qualifiées, désignées par le Gouvernement. Je note d’ailleurs que personne ne s’en est aperçu, ce qui démontre a posteriori, de manière éclatante, quoique non dénuée d’ironie, le caractère éminent et indispensable que certains se sont obstinés à lui prêter pendant des années…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

Personne ne s’en est aperçu, disais-je, même pas le budget… En effet, compte tenu de la réduction de ses effectifs, on aurait pu s’attendre que le budget du Cese baisse à due proportion ; il n’en a rien été.

Soit dit en passant, cela semble confirmer le caractère diabolique de cette pathologie administrative selon laquelle, une fois que l’on a créé un « machin » administratif, on a le plus grand mal à s’en défaire, y compris sur le plan budgétaire.

Par ailleurs, je fais aussi partie de ceux qui avaient proposé ici même, lors de l’examen de la loi organique de 2021, de porter le nombre de membres du Cese à zéro, …

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

… suscitant la réaction outragée du garde des sceaux, à qui revenait, il est vrai, la difficile tâche, malgré sa réputation et sa carrière parfaites, de se faire l’avocat de cette noble institution.

Je précise que si la composition du Cese était portée à zéro membre – s’agissant d’une assemblée constitutionnelle, la suppression pure et simple était impossible – l’État réaliserait une économie budgétaire de l’ordre de 45 millions d’euros. Il récupérerait même, au passage, le magnifique palais d’Iéna d’Auguste Perret, avec ses colonnes élancées et son béton de marbre rose, très belle illustration architecturale du rationalisme moderne que n’incarne pas l’assemblée qui l’occupe…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

Pourtant, des crédits supplémentaires récurrents alimentent le budget du Cese. Des moyens sont ainsi débloqués pour financer le recueil des pétitions citoyennes, la loi organique prévoyant la saisine du Conseil par voie de pétition, ou l’organisation de consultations en ligne, qui sont censées nourrir les réflexions des formations de travail chargées de rédiger un avis.

En outre, le Cese organise désormais des conventions citoyennes sur de grands sujets de société, s’appuyant sur des groupes de citoyens de 150 à 200 personnes, dont la méthodologie de recrutement nous échappe parfois.

Nouveaux sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

Le président Macron, contraint d’alimenter la chose qu’il a lui-même créée, a annoncé le 13 septembre dernier le lancement d’une convention citoyenne sur la fin de vie, dont le pilotage a été confié, je vous le donne en mille, au Cese. C’est à se demander, à force de « machins », quelle idée le Président de la République se fait du rôle du Parlement…

Il n’est pas à exclure qu’à la faveur d’une crise nouvelle il renforce encore le rôle du Cese pour essayer de faire exister, tant bien que mal, le dernier avatar de cette course aux machins, j’ai nommé le Conseil national de la refondation.

Je dis un mot, maintenant, sur le coût de la participation citoyenne.

Pour l’année 2023, le Cese dispose d’une enveloppe budgétaire de 4, 2 millions d’euros, je l’ai dit, entièrement fléchée vers la participation citoyenne. L’institution gère directement ces crédits, contrairement aux années précédentes, où ils devaient être débloqués par le Gouvernement. Le rapporteur spécial a donc bien raison d’indiquer qu’il entend être attentif à l’utilisation de ces crédits, notamment du point de vue de la sincérité budgétaire.

Comme l’on pouvait s’y attendre, en juin 2022, une direction de la participation citoyenne a été créée au sein du Cese. C’est à raison, là aussi, que le rapporteur spécial insiste sur le potentiel inflationniste des crédits accordés à ladite participation, qui représentent à l’heure actuelle autour de 10 % du budget du Cese, et dont le coût risque d’augmenter.

Voilà les quelques réflexions que je souhaitais vous soumettre, mes chers collègues.

J’aurais bien évidemment le plus grand mal à me prononcer en faveur de l’adoption des crédits de cette mission.

M. Yves Bouloux applaudit.

Debut de section - Permalien
Franck Riester

Madame la présidente, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, je tiens tout d’abord à remercier chaque orateur pour son intervention, en particulier les rapporteurs spéciaux et pour avis, qui ont produit, cette année encore, un travail d’analyse d’une grande qualité sur ces crédits.

Ces trois missions budgétaires fixent les dotations d’institutions d’une grande diversité, qui ont pour point commun de contribuer de manière déterminante au respect des principes fondamentaux de notre démocratie et au bon fonctionnement de l’État.

Permettez-moi d’évoquer, en premier lieu, la mission « Pouvoirs publics », dont l’enveloppe globale est cette année de 1, 08 milliard d’euros, en légère hausse de 2, 8 %.

Cette mission présente une certaine singularité, car elle regroupe le budget de plusieurs institutions de nature constitutionnelle, qui jouissent d’une autonomie financière sur le fondement de la séparation des pouvoirs.

Comme le veut l’usage, je m’abstiendrai de toute observation sur le budget du Sénat et de l’Assemblée nationale, fixés par la commission commune compétente en la matière.

Pour ce qui concerne le Conseil constitutionnel, si l’on neutralise l’effet d’une baisse optique liée aux dépenses nécessaires au contrôle et au contentieux des élections en 2022, sa dotation est stable, à 13, 3 millions d’euros, et lui permettra d’exercer ses missions dans de bonnes conditions, comme l’a rappelé M. le questeur Sueur.

La Cour de justice de la République disposera quant à elle d’un budget reconduit à 980 000 euros pour assurer le traitement des requêtes visant les actes accomplis dans l’exercice de leurs fonctions par les actuels et anciens membres du Gouvernement.

Enfin, la présidence de la République disposera d’un budget de 110 millions d’euros. Outre qu’elle compensera la hausse du point d’indice, cette enveloppe permettra d’accompagner l’activité internationale soutenue du Président de la République dans cette période de crise, et de mener à bien des investissements indispensables à la modernisation des emprises et à la sécurisation de la présidence, comme l’a très justement souligné le rapporteur spécial M. Arnaud.

J’en viens, en deuxième lieu, à la mission « Conseil et contrôle de l’État », dont les crédits augmentent de 9 % par rapport à 2022, pour atteindre 817 millions d’euros.

Nous poursuivons ainsi l’effort budgétaire engagé lors de la précédente législature pour permettre aux juridictions administratives et financières d’exercer pleinement leurs missions, qui sont au cœur des attributions régaliennes de l’État, comme l’indiquait M. Bilhac dans son rapport.

Pour ce qui est du Conseil d’État et des juridictions financières, le projet de loi de finances pour 2023 prévoit la création de 41 emplois supplémentaires, dont 25 magistrats, destinés à renforcer les juridictions aux fins de faire face à l’augmentation du nombre de recours.

Je sais, monsieur Benarroche, que vous êtes attentif à cette question des ressources humaines des juridictions. Cet effort est indispensable pour assurer la maîtrise des délais de jugement, qui demeure une préoccupation majeure pour la juridiction administrative.

La Cour des comptes et les juridictions financières verront également leurs crédits progresser sous l’effet de la hausse du point d’indice, de revalorisations liées à la réforme de la haute fonction publique et de la mise en place de la Commission d’évaluation de l’aide publique au développement, créée par la loi de programmation du 4 août 2021.

L’année prochaine verra également la mise en œuvre de réformes importantes, notamment le nouveau régime de responsabilité des gestionnaires publics, ainsi que la compétence donnée par la loi 3DS – loi relative à la différenciation, la décentralisation, la déconcentration et portant diverses mesures de simplification de l’action publique locale – aux chambres régionales des comptes pour évaluer les politiques publiques locales.

Enfin, la dotation budgétaire du Conseil économique, social et environnemental est stable, à 45 millions d’euros. En cohérence avec les principes de la réforme organique du 15 janvier 2021, le Cese, dont je salue le rôle utile et le travail essentiel, poursuivra en 2023 sa modernisation et son ouverture au public. Les prochains mois seront notamment marqués – M. Bonhomme l’a rappelé – par l’organisation de la convention citoyenne sur la fin de vie, confiée au Cese par le Gouvernement.

Sourires.

Debut de section - Permalien
Franck Riester

En troisième lieu, j’évoquerai la mission « Direction de l’action du Gouvernement », consacrée à la coordination du travail gouvernemental, ainsi qu’à plusieurs autorités indépendantes essentielles à la protection des droits et libertés.

Les crédits des deux programmes de la mission augmentent de 8 %, pour une enveloppe totale de 926 millions d’euros.

Les crédits du programme « Coordination du travail gouvernemental » sont en hausse sous l’effet d’un schéma d’emplois de 129 emplois supplémentaires, dont 95 pour le SGDSN et les organismes rattachés, qui doivent faire face à des enjeux de cybersécurité toujours plus importants. Comme l’ont rappelé MM. Leconte, Cadic et Vallet dans leurs travaux respectifs, il est essentiel de renforcer les moyens des services de l’État pour faire face à ces menaces croissantes.

Les effectifs de la direction interministérielle du numérique (Dinum) et du SGAE seront également consolidés, afin de poursuivre la transformation numérique des administrations et de faciliter la mobilisation des fonds européens.

Des créations d’emplois accompagneront la mise en place du secrétariat général à la planification écologique et du Conseil national de la refondation. Je sais, monsieur Parigi, que vous suivrez avec attention l’activité du SGPE, qui doit jouer un rôle déterminant pour la transition écologique de notre pays.

Enfin, la Diese sera renforcée pour mettre en œuvre la réforme engagée depuis 2021 et promouvoir une haute fonction publique plus forte, plus ouverte et plus mobile au service de l’intérêt général.

Le programme « Protection des droits et des libertés » bénéficie également d’emplois supplémentaires qui doivent permettre aux autorités indépendantes qui lui sont rattachées d’exercer au mieux leurs prérogatives.

Ainsi l’Arcom, née le 1er janvier 2022 de la fusion entre la Hadopi et le CSA, verra-t-elle ses effectifs renforcés de 15 emplois supplémentaires, en vue d’accompagner la montée en charge de ses missions, ainsi que la mise en application prochaine du règlement européen DSA, le Digital Services Act.

Les effectifs de la Cnil seront également renforcés, 18 emplois supplémentaires étant créés pour faire face à l’accroissement du nombre de saisines et à l’application du règlement général sur la protection des données (RGPD).

Par ailleurs, la HATVP bénéficiera de la création de 4 ETP et d’une dotation destinée à la refonte de son système d’information.

Le Défenseur des droits verra également ses effectifs progresser de 2 ETP, et ses dépenses hors personnel augmenter afin d’accroître le nombre de délégués territoriaux et de revaloriser leur indemnité.

Enfin, j’évoquerai les crédits de la direction de l’information légale et administrative (Dila), dont le budget devrait être excédentaire pour l’année 2023. La Dila poursuivra la transformation de son fonctionnement et l’actualisation de ses outils numériques, qui contribuent au quotidien à l’information des citoyens et à la connaissance des politiques publiques.

Je conclurai, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, en vous demandant d’adopter les crédits de ces trois missions et du budget annexe.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mes chers collègues, je vous rappelle que, pour ces missions, la conférence des présidents a fixé la durée maximale de la discussion à deux heures.

En conséquence, si nous n’avions pas terminé l’examen de ces missions à quinze heures cinquante, celui-ci serait reporté et nous passerions à l’examen de la mission « Outre-mer ».

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Pouvoirs publics », figurant à l’état B.

En euros

Mission / Programme

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Pouvoirs publics

Présidence de la République

Assemblée nationale

Sénat

La Chaîne parlementaire

Indemnités des représentants français au Parlement européen

Conseil constitutionnel

Haute Cour

Cour de justice de la République

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je n’ai été saisie d’aucune demande d’explication de vote avant l’expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits.

Les crédits sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Conseil et contrôle de l’État », figurant à l’état B.

En euros

Mission / Programme

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Conseil et contrôle de l’État

Conseil d’État et autres juridictions administratives

Dont titre 2

406 659 583

406 659 583

Conseil économique, social et environnemental

Dont titre 2

35 959 665

35 959 665

Cour des comptes et autres juridictions financières

Dont titre 2

219 285 567

219 285 567

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je n’ai été saisie d’aucune demande d’explication de vote avant l’expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits.

Les crédits sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous allons procéder à l’examen de l’amendement portant sur les objectifs et indicateurs de performance de la mission « Conseil et contrôle de l’État », figurant à l’état G.

Conseil et contrôle de l’État

Contribuer à l’amélioration de la gestion publique et des politiques publiques (164)

Suites données aux recommandations de la Cour et des chambres régionales et territoriales des comptes (164)

Réduire les délais de jugement (165)

Délai moyen constaté de jugement des affaires (165)

126 - Conseil économique, social et environnemental

Conseiller les pouvoirs publics

Participation à l’élaboration et à l’évaluation des politiques publiques

Dialoguer et coopérer avec les instances consultatives créées auprès des collectivités

Interagir avec les territoires

Participer à la transition sociale, écologique et éducative

Gestion environnementale du CESE

164 - Cour des comptes et autres juridictions financières

Assister les pouvoirs publics

Nombre d’auditions au Parlement

Réalisation des travaux demandés par les pouvoirs publics dans les délais

Contribuer à l’amélioration de la gestion publique et des politiques publiques [Stratégique]

Délais des travaux d’examen de la gestion

Suites données aux recommandations de la Cour et des chambres régionales et territoriales des comptes [Stratégique]

Garantir la qualité des comptes publics

Effets sur les comptes des travaux de certification

Informer les citoyens

Nombre de retombées presse

Sanctionner les irrégularités et la mauvaise gestion

Délais de jugement

165 - Conseil d’État et autres juridictions administratives

Améliorer l’efficience des juridictions

Nombre d’affaires réglées par agent de greffe

Nombre d’affaires réglées par membre du Conseil d’État, par magistrat des tribunaux administratifs et des cours administratives d’appel ou par rapporteur de la Cour nationale du droit d’asile

Assurer l’efficacité du travail consultatif

Proportion des textes examinés en moins de deux mois par les sections administratives du Conseil d’État

Maintenir la qualité des décisions juridictionnelles

Taux d’annulation des décisions juridictionnelles

Réduire les délais de jugement [Stratégique]

Délai moyen constaté de jugement des affaires [Stratégique]

Proportion d’affaires en stock enregistrées depuis plus de 2 ans au Conseil d’État, dans les cours administratives d’appel et dans les tribunaux administratifs et depuis plus d’un an à la Cour nationale du droit d’asile

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-101 rectifié, présenté par M. Benarroche, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :

I. – Alinéa 360

Rédiger ainsi cet alinéa :

Nombre de rapports établis par les chambres régionales des comptes sur le fondement des articles L. 235-1 et L. 235-2 du code des juridictions financières

II. – Après l’alinéa 364

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

Nombre de contrôles des comptes et de la gestion menés dans des collectivités territoriales et des établissements publics de coopération intercommunale à fiscalité propre de moins de 50 000 habitants

III. – Après l’alinéa 366

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

Effets sur les comptes des travaux de contrôle des comptes et de la gestion

IV. – Alinéa 370

Rédiger ainsi cet alinéa :

Nombre de déférés à la chambre du contentieux effectués par la Cour des comptes et les chambres régionales et territoriales des comptes

La parole est à M le rapporteur pour avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Sous ses airs techniques, cet amendement, que je présente au nom de la commission des lois, est important : il vise à mettre l’accent sur les missions des chambres régionales et territoriales des comptes en matière de contrôle de la régularité des comptes et de lutte contre les atteintes à la probité au niveau local.

Sous prétexte de la suppression du contrôle juridictionnel des comptables publics, le projet de loi de finances pour 2023 supprime toute mention du contrôle des comptes dans les indicateurs de performance.

Par ailleurs, pour mesurer l’objectif « Sanctionner les irrégularités et la mauvaise gestion », il ne prévoit qu’un seul indicateur, relatif aux délais de jugement de la chambre du contentieux de la Cour des comptes, alors que le premier objectif devrait être d’alimenter cette nouvelle chambre en dossiers, via les déférés qui arrivent des cours régionales.

En réalité, l’indicateur portant sur la seule chambre du contentieux n’a pas de valeur puisque celle-ci doit être alimentée. C’est donc son alimentation qu’il faut contrôler, et un indicateur doit être défini en conséquence.

Cet amendement de la commission des lois vise à instaurer quatre nouveaux indicateurs.

Le premier indicateur documenterait le nombre de contrôles des comptes et de la gestion menés auprès des collectivités territoriales de moins de 50 000 habitants. On connaît, en effet, l’importance de ces contrôles pour des communes qui ne disposent pas des moyens d’ingénierie des grandes collectivités.

Le deuxième indicateur documenterait les effets sur les comptes des travaux de contrôle des comptes et de la gestion en retraçant le nombre de recommandations faites en matière de fiabilité et de qualité des comptes, comme cela existe déjà pour les travaux de certification.

Le troisième indicateur a trait au nombre de déférés à la chambre du contentieux effectués par la Cour des comptes et par les chambres régionales et territoriales des comptes.

Enfin, afin de valoriser les nouvelles missions des chambres régionales des comptes créées par la loi 3DS, cet amendement tend à introduire un quatrième indicateur relatif au nombre de rapports établis par celles-ci en matière d’évaluation des politiques publiques territoriales et d’avis sur les conséquences de projets d’investissements exceptionnels.

Les deux derniers indicateurs présentés concernent des dispositions qui entrent en vigueur en 2023 ; il convient donc qu’ils fassent l’objet de prévisions prudentes pour prendre en compte le nécessaire rodage de ces nouvelles procédures.

L’adoption de cet amendement aurait pour effet de rétablir dans le projet de loi de finances pour 2023 un nombre d’indicateurs identique à celui du PLF pour 2022, c’est-à-dire neuf.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Bilhac

M. Benarroche nous propose d’ajouter des indicateurs ; mais les réformes récentes ont attribué aux juridictions de nouvelles compétences auxquelles elles ne se sont pas encore adaptées et qui ne sont toujours pas pleinement exercées.

Il est donc pour le moins précoce d’adapter les indicateurs. D’ailleurs, la Cour des comptes nous a informés que, dès 2024, il y aurait une évolution de ces indicateurs, et que nous pouvions d’ores et déjà obtenir bon nombre d’éléments chiffrés par le biais des questionnaires budgétaires.

Je me permettrai d’ajouter, mes chers collègues, qu’ajouter des indicateurs c’est aussi mobiliser davantage de personnel pour les traiter ! Or, à masse budgétaire constante, cela veut dire moins de crédits pour rémunérer les magistrats, qui sont le fondement même de ces institutions.

Demande de retrait.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Je me permettrai de répondre à mon excellent collègue de la commission des finances.

Premièrement, la commission des lois ne propose que de maintenir le nombre d’indicateurs à son niveau actuel, et non de l’augmenter. Simplement, le Gouvernement prévoit que certains indicateurs soient supprimés pour une année, quitte à être rétablis en 2024. Il ne s’agit donc pas d’engager davantage de frais ou de temps.

Nous disons seulement qu’il faut que ces indicateurs figurent dans le texte dès cette année. Pourquoi ? Deux de ces quatre indicateurs concernent des missions actuelles et sont pertinents et opérationnels dès maintenant ; les deux autres concernent certes des missions nouvelles, mais qui seront mises en œuvre à compter du début de l’année 2023.

Il a donc semblé pertinent à la commission des lois d’inclure immédiatement ces quatre indicateurs parmi ceux de la mission, en sorte de produire un effet comparatif ou de rodage suffisant.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous allons procéder à l’examen des crédits de la mission « Direction de l’action du Gouvernement », figurant à l’état B.

En euros

Mission / Programme

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Direction de l’action du Gouvernement

Coordination du travail gouvernemental

Dont titre 2

278 270 124

278 270 124

Protection des droits et libertés

Dont titre 2

59 237 315

59 237 315

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-923 rectifié, présenté par MM. Canévet et Delcros, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Coordination du travail gouvernemental

dont titre 2

2 000 000

2 000 000

Protection des droits et libertés

dont titre

2 000 000

2 000 000

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Michel Canévet.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Cet amendement vise à nous rendre un peu plus attentifs à l’évolution des moyens en personnel.

Il me semble que l’exemple doit venir d’en haut : la mission « Direction de l’action du Gouvernement », qui incarne budgétairement la conduite du travail gouvernemental, doit montrer l’exemple en matière de rationalisation des effectifs.

Or on constate que les effectifs augmentent de 161 postes nets sur la mission, ce qui me semble élevé. Si je comprends qu’il soit nécessaire, sur des missions régaliennes telles que la sécurité ou la défense, d’accroître nos moyens en personnel, il me semble que le nombre de créations de postes prévu pour la mission « Direction de l’action du Gouvernement » est bien trop important.

L’objet de cet amendement est donc de soustraire 30 ETP au programme « Coordination du travail gouvernemental » et 30 ETP au programme « Protection des droits et libertés ». Au total, le schéma d’emplois de la mission passerait de +161 à +101 ETP : l’augmentation des moyens qui lui sont alloués est malgré tout significative, mais on reste dans le domaine du raisonnable.

Debut de section - PermalienPhoto de Paul Toussaint Parigi

Nous entendons l’inquiétude de Michel Canévet. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet ; je n’insiste pas.

La commission émet un avis de sagesse sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Franck Riester

Monsieur Canévet, nous partageons votre volonté de veiller à l’équilibre des comptes publics. Vous avez d’ailleurs pu constater que notre projet de loi de programmation des finances publiques dessine une trajectoire ambitieuse de réduction du déficit, à moins de 3 % à l’horizon 2027. Cela passe nécessairement par une maîtrise des ETP.

Pour autant, sur les missions qui nous concernent, comme beaucoup d’orateurs l’ont dit, il est judicieux d’accorder des moyens supplémentaires à la cybersécurité et à la lutte contre les cyberattaques, à la Cnil et à la planification écologique.

Si nous partageons votre préoccupation, ces augmentations d’ETP sont vraiment liées à des besoins spécifiques très importants – je le répète, de nombreux orateurs en ont convenu.

Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Je soutiendrai cet amendement. Concernant le programme « Coordination du travail gouvernemental », je veux bien admettre que les besoins sont importants, mais il faut être un peu raisonnable : nous nous battons, sur d’autres missions, pour avoir plus d’inspecteurs des impôts, plus de contrôleurs du fisc, plus de moyens humains pour la lutte contre la fraude et on nous dit que c’est impossible.

Il est des besoins qui me paraissent plus urgents – je pense notamment au milieu hospitalier – que celui de coordonner l’action gouvernementale.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

Je trouve les arguments de mes collègues stupéfiants : s’il faut augmenter les crédits de cette mission, ce n’est pas pour « coordonner l’action gouvernementale » en général, mais, comme nous l’avons dit, pour tenir compte, d’une part, du contexte sécuritaire et, de l’autre, des évolutions technologiques.

Pour ce qui est du contexte sécuritaire, madame Goulet, on constate que des hôpitaux sont bloqués par des cyberattaques. Refuserons-nous aux administrations les moyens de lutter contre ces cyberattaques ou contre la désinformation ?

Quant aux évolutions technologiques, elles nous imposent de nous munir de nouveaux outils de renseignement. Or c’est précisément pour cela que des moyens sont donnés au GIC dans ce programme. C’est du régalien, monsieur Canévet !

C’est la raison pour laquelle il est crucial de consacrer des moyens au traitement de ces questions, qui sont au cœur de la lutte contre l’insécurité, dans le domaine du numérique, mais aussi pour tous les Français.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Jérôme Bascher, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérôme Bascher

J’aime beaucoup cet amendement de Michel Canévet : fini de rire, mes chers collègues !

Par exemple, monsieur Leconte, personne n’est pour diminuer les crédits de l’Anssi, et nous avons bien conscience qu’il faut recruter des gens pour lutter contre la cybercriminalité. Des efforts sont faits pour cela dans le cadre d’autres missions, la mission « Sécurités » notamment.

Puisqu’il est question de coordination de l’action du Gouvernement, pourquoi ne pas réduire le nombre de ministres ? L’action sera plus facile à coordonner…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérôme Bascher

Les possibilités de réduire la voilure sont donc légion, et l’amendement de notre collègue n’est pas qu’un amendement d’appel. Quelqu’un a été nommé à la planification écologique, mais nous avons également un haut-commissaire au plan, en sorte que l’on ne sait pas bien qui fait quoi… §de la redondance ? Bref, on pourrait faire un petit effort…

Je ne reprendrai pas l’excellente argumentation – bien qu’il n’y soit pas allé avec le dos de la cuillère… – de mon ami François Bonhomme à propos des organismes consultatifs… En somme, nous mettons tout de même beaucoup d’argent pour ne pas décider grand-chose.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Michel Canévet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Le bon sens eût conduit à ce que le schéma d’emplois n’augmente pas sur cette mission, pour répondre à l’exigence de rigueur dans la gestion de nos finances publiques. En effet – il faut le dire ! –, nous aurons besoin de réduire significativement nos dépenses publiques si nous voulons respecter – c’est bien le moins – la trajectoire qui a été fixée dans la loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027.

Il faudra même aller bien au-delà. Nous trouvons toujours de bonnes raisons pour déroger à ces lois de programmation : cela a été le cas sur les quatre derniers textes de ce type, qui n’ont jamais été respectés ; il n’y a pas de raison que le dernier en date le soit davantage.

Eu égard aux observations formulées par les rapporteurs, j’ai proposé non pas la suppression en totalité des 161 créations de postes prévues, mais leur diminution de 60 ETP. Cela signifie qu’il en reste pour tenir compte des réalités et des besoins identifiés sur cette mission.

Je le répète, l’exemple doit venir d’en haut ; sinon, personne ne tiendra nos comptes publics.

Debut de section - Permalien
Franck Riester

Madame la sénatrice Goulet, vous avez, à juste titre, évoqué des exemples de cyberattaques. Il s’agit d’une réalité très importante dans notre pays, et nous devons nous doter de moyens lourds pour faire face à ces enjeux nouveaux d’insécurité.

Je plaide non seulement pour que vous approuviez les propositions de créations d’ETP qui vous sont faites dans cette mission, mais, je le dis devant le Sénat, nous aurons besoin d’aller encore beaucoup plus loin à l’avenir pour muscler ces services face à la menace. Ne soyons pas naïfs, organisons-nous !

Debut de section - Permalien
Franck Riester

Que nous ayons un débat d’ensemble sur les ETP de l’État, dans le cadre de l’examen du projet de loi de programmation des finances publiques, dont acte, et je vous rejoindrai évidemment sur bien des aspects.

Toutefois, sur cette mission toute particulière, il faut absolument soutenir les orientations proposées, tant les enjeux sont cruciaux en matière de sécurité.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Vincent Segouin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Segouin

Je soutiendrai cet amendement.

En effet, il faut montrer l’exemple. Si vous comparez, monsieur le ministre, l’évolution du personnel soignant, qui est en contact direct avec les patients, avec celle du personnel administratif à l’hôpital public, vous comprendrez aisément qu’il ne devrait pas être très douloureux de faire les efforts que nous demandons…

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Daniel Salmon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Sous couvert d’orthodoxie budgétaire, nous sommes en train de nous demander comment habiller Paul en déshabillant Pierre… J’entends dire en permanence, sur ces travées, que le numérique est l’une des solutions pour aborder les difficultés qui sont devant nous.

Mais le numérique suppose aussi des dépenses, on le voit bien. Les entreprises – et nos collectivités territoriales, qui sont en butte à ces mêmes problèmes – ne se demandent pas si, mais quand elles seront attaquées !

S’il y a bien un domaine sur lequel il ne faut pas baisser la garde et au contraire aller de l’avant, c’est bien celui-là.

Cela ne signifie pas qu’il faille sacrifier les autres postes de dépense. Hier, nous défendions la création de 200 postes à l’Office national des forêts (ONF) ; de fait, nous avons également besoin de ces postes. Arrêtons d’opposer certains services à d’autres : ils sont tous nécessaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Et la mesure de la dette doit être rapportée aux investissements réalisés pour les générations futures.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-764, présenté par MM. Gontard, Benarroche, Breuiller, Dantec, Dossus, Fernique et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge, M. Salmon et Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Coordination du travail gouvernemental

dont titre 2

Protection des droits et libertés

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Guillaume Gontard.

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Gontard

Cet amendement vise à augmenter de 1 million d’euros l’enveloppe des subventions allouées par la Première ministre aux fondations politiques.

Cette hausse du budget permettrait notamment de préserver l’indépendance et la diversité des opinions politiques dans notre pays. Or le résultat fragmenté des dernières élections législatives et l’évolution profonde du paysage politique français rendent indispensable la préservation de la pluralité des opinions politiques, laquelle passe par un accroissement des aides attribuées aux fondations politiques.

Cette augmentation du budget doit aussi permettre à ces structures de limiter leur recherche de financements privés afin de restreindre les conséquences sur leur fonctionnement interne. En mai 2022, Didier Migaud, président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, a indiqué qu’il envisageait d’inscrire les think tanks au registre des lobbies, au regard du poids parfois très important des financements privés dans leur fonctionnement, poids qui n’est pas sans incidence sur le choix des sujets étudiés et sur leur approche.

En résumé, cette hausse des moyens alloués aux fondations politiques, qui sont garantes de la vitalité de notre démocratie, apparaît comme un réel levier de préservation de leur indépendance et de leur diversité.

Debut de section - PermalienPhoto de Paul Toussaint Parigi

Si, à titre personnel, j’y suis favorable, la commission demande le retrait de cet amendement.

Debut de section - Permalien
Franck Riester

Je partage la position de M. le sénateur Gontard, mais on peut reconnaître que ces crédits ont augmenté de 16 % depuis 2017.

Pour 2023, nous proposons de stabiliser ce budget, considérant qu’un effort très important a d’ores et déjà été fait.

Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-100, présenté par M. Leconte, au nom de la commission des lois, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Coordination du travail gouvernemental

dont titre 2

192 000

192 000

Protection des droits et libertés

dont titre 2

192 000

192 000

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. le rapporteur pour avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

En général, quand on présente ce type d’amendements, on ne regarde que la ligne que l’on veut abonder et on oublie d’où viennent les crédits ! Or, en l’occurrence, les deux ont de l’importance.

D’une part, il est important de donner quelques moyens complémentaires au Défenseur des droits, compte tenu de l’élargissement de son périmètre d’intervention à la défense des lanceurs d’alerte par la loi de mars 2022, mais aussi de l’augmentation du nombre de réclamations, qui sont de plus en plus difficiles à traiter. Il est important, en particulier, de renforcer les pôles régionaux du Défenseur des droits, raison pour laquelle nous proposons la création de 3 ETP.

D’autre part, et je rejoins en partie notre collègue Michel Canévet sur l’inutilité d’un certain nombre de comités Théodule, il est vrai qu’au Sénat rares sont les soutiens du Conseil national de la refondation. Or, avec le Haut-Commissariat au plan, le CNR consomme, au sein de cette mission, 20 ETP – 20 ETP de trop, en effet.

Nous proposons donc de prendre 3 ETP au Conseil national de la refondation pour les donner au Défenseur des droits, qui en a besoin. Ce serait une contribution à la rationalisation des moyens.

Monsieur le ministre, vous savez ce que le Sénat pense du Conseil national de la refondation ! Vous savez aussi que le Gouvernement nous a proposé, voilà quelques années, une réforme du Conseil économique, social et environnemental, à laquelle il ne semble pas croire lui-même : alors que la loi que nous avons votée devait faire du Cese le carrefour des consultations citoyennes, vous financez désormais le CNR sur cette même mission.

Nous proposons donc de retirer quelques ETP au CNR, dont nous considérons qu’il ne sert à rien et qu’il constitue un doublon avec le Conseil économique, social et environnemental, pour doter un peu davantage le Défenseur des droits, qui en a bien besoin.

Debut de section - Permalien
Franck Riester

Je ne vais pas entrer dans un débat avec M. le sénateur Leconte sur le caractère opportun ou non de la création du CNR.

Nous considérons que le CNR est très complémentaire du Cese et que cet outil permet à de nombreuses parties prenantes, dans leur diversité, de poser des diagnostics partagés et de réfléchir à un certain nombre de sujets.

On demande depuis longtemps, à juste titre, qu’il y ait plus de dialogue – plus de dialogue transversal, plus de dialogue horizontal. Le CNR n’enlève rien au Cese ni, évidemment, au Parlement : c’est en échangeant, en discutant, en partageant que nous parviendrons à mieux résoudre les problèmes de nos concitoyens.

En ce qui concerne spécifiquement le Défenseur des droits, qui est l’objet de votre amendement, monsieur Leconte, je rappelle que nous proposons dans ce projet de budget une augmentation de 12 % des moyens qui lui sont octroyés, après une première hausse de 6 % en 2022. Comme vous l’avez rappelé, cette augmentation est aussi liée à ses missions nouvelles. Le nombre d’agents augmente lui aussi, avec 2 ETP supplémentaires.

Cet équilibre, établi après dialogue avec le Défenseur des droits, nous semble le plus raisonnable. En fonction de la mise en œuvre concrète des nouvelles missions que j’évoquais, il sera temps, pour 2024, de réajuster ce budget à la hausse, si le besoin s’en fait sentir.

Je sollicite donc le retrait de cet amendement ; à défaut, l’avis du Gouvernement serait défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Jean-Pierre Sueur, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Sueur

Monsieur le ministre, nous ne pouvons vraiment pas souscrire à vos arguments sur le Conseil national de la refondation.

Voilà une institution dont les missions sont mal définies, pour ne pas dire indéfinies, et empiètent sur celles du Parlement, voire s’y superposent, sans même parler du Conseil économique, social et environnemental.

Monsieur le ministre, quelle est la mission qui reviendrait à cette instance et qui ne relève pas de la compétence des assemblées parlementaires ? Dites-le-nous, et nous pourrons en débattre.

On voit bien que le CNR est quelque chose de très mal défini. On ne sait même pas qui en sera membre, qui y participera ! Il s’agit de créer une sorte de brouillard insusceptible de faire avancer les choses.

Cela a été dit par tant de responsables de toute nature dans le monde social et politique que je ne comprends pas que vous vous obstiniez à donner un semblant de crédibilité à cet appareil – ce dispositif, cette instance, que sais-je – qui n’en a aucune.

Cet amendement est donc vraiment très justifié, et M. Leconte a eu grandement raison de nous le présenter

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Monsieur le ministre, on peut soutenir les amendements ou s’y opposer sans donner de leçons !

En l’espèce, nous voterons très volontiers l’amendement de M. Leconte, qui est absolument de bon sens.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. François Bonhomme, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

J’étais prêt à soutenir cet amendement s’il s’était réduit à sa première moitié, qui vise à réduire les effectifs du CNR.

Qu’est-ce que le CNR, sinon un ectoplasme ? On cherche toujours… D’ailleurs, on n’entend plus vraiment parler de cette créature électorale, née de l’élection présidentielle, sauf lorsque ses promoteurs essaient de la faire vivre à grand renfort d’effets d’annonce.

Vous avez fait l’analogie avec le Cese. On se demande parfois dans quelle mesure la parole et le diagnostic répété à l’envi, jusqu’à la nausée, ne tiennent pas lieu de politique en ce domaine : il s’agit en quelque sorte de tenir en haleine le peuple qui attend des réformes qui ne viennent pas.

Il faut parler clair : le CNR est déjà mort ! On essaie à tout prix de le faire vivre, y compris par des crédits budgétaires.

Malgré tout, mes chers collègues, je suis réservé quant à l’affectation d’une partie de ces ETP au Défenseur des droits. Lisez ses rapports : je peux vous dire que vous allez être édifiés…

Je ne m’y appesantirai pas, mais je rappelle que cette autorité administrative indépendante dispose de 26 millions d’euros de budget et de 250 juristes.

Debut de section - PermalienPhoto de François Bonhomme

Pas du tout ! Regardez son budget !

Quand on voit comment les maires sont mis en cause pour tout et n’importe quoi et combien les chefs d’établissement sont sollicités à propos des règlements supposément discriminatoires régissant les tenues scolaires, on s’interroge sur le bon fonctionnement du Défenseur des droits, qui, au demeurant, alimente lui-même son activité, puisqu’il dispose d’un droit d’autosaisine. Ainsi n’a-t-il pas de mal à justifier en permanence sa légitimité, mais aussi ses besoins nouveaux de crédits.

Debut de section - PermalienPhoto de Éliane Assassi

C’est la personne qui vous gêne, pas l’institution !

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Guy Benarroche, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Guy Benarroche

Notre groupe va soutenir, bien entendu, l’amendement de M. Leconte.

Qu’est-ce que le CNR ? C’est panem et circenses, « du pain et des jeux » ! C’est un nouveau bousin créé par Emmanuel Macron et son gouvernement…

On en a connu d’autres, depuis cinq ans, de ces organismes créés de toutes pièces, dont on ne connaît ni la légitimité, ni le périmètre, ni les missions, et qui entretiennent le peuple dans une certaine illusion de consultation alors qu’ils se substituent aux instances légitimes, le Parlement ou le Cese, par exemple. Ainsi en est-il allé, par exemple, dans le cadre de la gestion du covid-19.

Je soutiendrai évidemment cet amendement et suis y compris favorable à ce que ces crédits aillent au Défenseur des droits, qui a vocation, comme son nom l’indique, à défendre les droits, tous les droits, quels que soient les droits – il peut lui arriver de jouer le rôle de poil à gratter, mais c’est pour la bonne cause.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Jérôme Bascher, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérôme Bascher

M. Jérôme Bascher. Je comprends M. le ministre : sa position n’est pas facile à défendre ! En tant que ministre des relations avec le Parlement, il nous a évidemment à la bonne.

M. Michel Canévet s ’ esclaffe.

Debut de section - PermalienPhoto de Jérôme Bascher

J’ai évidemment moi aussi beaucoup de sympathie pour la première partie de l’amendement de notre cher collègue Leconte ; mais la seconde emporte également mes suffrages. En vérité, renforcer les moyens du Défenseur des droits ne me paraît pas forcément scandaleux en soi, à condition qu’il ne se transforme pas en Défenseur de l’abus de droit. Or c’est parfois ce qui arrive. Il est certes difficile, quand on confond la fonction et la passion, de garder la pondération et la neutralité qui siéent à l’autorité, et dont par ailleurs vous donnez l’exemple, monsieur le ministre…

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-910, présenté par Mmes M. Vogel et Poncet Monge, MM. Benarroche, Breuiller et Dantec, Mme de Marco et MM. Dossus, Fernique, Gontard, Labbé, Parigi et Salmon, est ainsi libellé :

I. - Créer le programme :

Création d’un ministère des risques

II. - Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Coordination du travail gouvernemental

dont titre 2

Protection des droits et libertés

dont titre 2

Création d’un ministère des risques

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Daniel Salmon.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

M. Daniel Salmon. Je veux tout d’abord rassurer mes chers collègues de droite : l’adoption de cet amendement n’a aucune chance de grever le budget, puisque, bonne nouvelle, il ne coûte que 1 euro !

Sourires.

Nouveaux sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Cet amendement d’appel a pour objet d’encourager le Gouvernement à agir de façon plus globale et transversale face aux risques mondiaux actuels et à venir, par la création d’un ministère des risques.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

Nous faisons face à de nombreux risques interconnectés, que nous devons anticiper dans nos politiques publiques. Ces risques sont environnementaux, sociaux, sanitaires, démocratiques ; nous devons les prévenir et apprendre à mieux y parer.

Je parle de la crise du covid-19, qui a démontré la faiblesse de nos réponses sanitaires dans une économie mondialisée capitaliste.

Je parle du réchauffement climatique, qui est déjà là, 2022 étant l’année la plus chaude jamais mesurée en France et de terribles incendies ayant défiguré le pays cet été.

Je parle de l’augmentation du nombre d’affections de longue durée, des maladies que l’on soigne au lieu de prévenir et qui sont dues à nos modes de travail, sédentaires et productivistes, à la mauvaise qualité de l’air ainsi qu’à nos habitudes de consommation – je pense notamment aux aliments ultratransformés que nous ingérons.

Je parle aussi de la guerre en Ukraine et de ses répercussions sur le coût de l’énergie et sur notre pouvoir d’achat, ou encore des dangers réels de bombardements de centrales nucléaires.

Tous ces faits témoignent de ce que les risques environnementaux et sociaux s’enchevêtrent chaque jour davantage ; aussi avons-nous besoin de mesures concrètes et de long terme, prises dans une vue d’ensemble, pour assurer une réelle transition écologique et améliorer la prévention et la gestion des risques.

Cette tâche pourrait être confiée à un ministère des risques.

Debut de section - PermalienPhoto de Paul Toussaint Parigi

Je trouve l’explication de mon collègue Salmon convaincante et suis favorable à son amendement.

Pour sa part, la commission sollicite le retrait de cet amendement d’appel.

Debut de section - Permalien
Franck Riester

Il s’agit en effet d’un amendement d’appel.

M. le sénateur Salmon a raison : nous devons investir davantage dans l’évaluation, la prévention et l’anticipation des risques.

C’est d’ailleurs ce que nous essayons de faire, en redoublant d’efforts.

Regardez la préparation de la loi de programmation militaire, mesdames, messieurs les sénateurs ! Regardez ce que fait le SGDSN pour lutter contre les cyberattaques – il en a été question tout à l’heure. Regardez le PLFSS : François Braun a souhaité que des moyens considérables soient investis dans la prévention en matière de santé.

Regardez ce que nous faisons en matière de prévention des risques dans le cadre de la transition écologique : en plus du fonds vert destiné aux collectivités territoriales, doté de 2 milliards d’euros, nous mobilisons 1, 2 milliard d’euros sous forme de prêts que pourront obtenir les élus auprès de la Caisse des dépôts et consignations pour financer leurs investissements de prévention des risques en matière climatique ou écologique.

Je ne peux donc que souscrire à votre souhait d’investir davantage dans la prévention des risques ; mais c’est à chaque ministère de s’impliquer dans cet effort ; c’est précisément ce que nous essayons de faire.

Demande de retrait ou, à défaut, avis défavorable.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Direction de l’action du Gouvernement », figurant à l’état B.

Je n’ai été saisie d’aucune demande d’explication de vote avant l’expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits, modifiés.

Les crédits sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous allons procéder au vote des crédits du budget annexe « Publications officielles et information administrative », figurant à l’état C.

En euros

Mission/Programme

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Publications officielles et information administrative

Édition et diffusion

Pilotage et ressources humaines

Dont titre 2

65 315 475

65 315 475

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je n’ai été saisie d’aucune demande d’explication de vote avant l’expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits.

Les crédits sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous avons achevé l’examen des crédits des missions « Pouvoirs publics », « Conseil et contrôle de l’État », « Direction de l’action du Gouvernement » et du budget annexe « Publications officielles et information administrative ».

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Le Sénat va examiner les crédits de la mission « Outre-mer » (et articles 44 quater, 44 quinquies et 44 sexies).

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’examen de la mission « Outre-mer » est l’occasion de faire le point sur la situation des outre-mer et, de manière récurrente, voire récursive, d’encourager le Gouvernement à intensifier les efforts budgétaires en faveur du rattrapage des écarts forts et persistants qui demeurent entre les territoires d’outre-mer et la France métropolitaine dans les domaines socio-économiques.

Il faut saluer l’effort budgétaire de nouveau consacré à nos collectivités ultramarines par le Gouvernement de la République, en dépit de la sous-consommation chronique de certaines lignes de crédits. Si la progression des crédits du programme 138 reste relative et tend à être neutralisée par l’inflation, cette hausse est incontestable sur le programme 123, du fait du développement de dispositifs de soutien exceptionnel aux collectivités, avec une augmentation de 7, 19 % en autorisations d’engagement et de 6, 25 % en crédits de paiement, soit +43, 4 millions d’euros.

Ces efforts sont importants, mais la tâche reste immense au lendemain de la crise sanitaire ayant touché brutalement les économies de nos territoires éloignés. Globalement, et de manière plus marquée dans certains territoires, les écarts avec la métropole ont eu tendance à s’accroître, en dépit des efforts de tous pour juguler la crise.

Ainsi, le PIB par habitant enregistre, en moyenne, une légère diminution en outre-mer entre 2019 et 2021, alors qu’il enregistre une hausse de plus de 5 % en métropole. En Guadeloupe, Nouvelle-Calédonie et Polynésie française, le PIB par habitant a diminué entre 2019 et 2021. Dans les autres territoires d’outre-mer, il enregistre une progression comprise entre 1, 93 % et 3, 78 %, contre 5, 22 % en métropole.

Les évolutions démographiques sont contrastées entre les différents bassins océaniques ; elles font naître des besoins nouveaux qui diffèrent selon le profil de la pyramide des âges, tantôt jeune et croissante – en Guyane, à Mayotte, en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie française –, tantôt en baisse et vieillissante, notamment dans les Antilles.

Sur le plan des infrastructures publiques, l’équipement de nos territoires d’outre-mer reste souvent insuffisant pour répondre à l’ensemble des besoins de la population. Il est pour partie défaillant ou présente pour l’usager des coûts bien supérieurs à ceux que l’on observe en métropole, malgré le déploiement, depuis de nombreuses années, d’outils d’aide à l’investissement, qu’il nous faut objectivement saluer.

Notons, en matière de santé, l’inscription de 4 millions d’euros en autorisations d’engagement et en crédits de paiement pour la Polynésie française, afin d’améliorer la prise en charge des patients en favorisant l’accès des populations des îles éloignées à des soins de qualité – acquisition de nouveaux équipements pour les centres de soins, développement de la télémédecine, soutien de la filière oncologie.

À cette situation difficile sur le plan des équipements s’ajoutent des situations également contrastées face au fléau mondial que constitue l’inflation, la Guyane et la Polynésie française étant plus durement touchées que la métropole. Les habitants de nos collectivités ultramarines sont bien affectés par l’inflation, qui enregistre une hausse notable malgré l’existence du bouclier qualité-prix mis en place en 2012.

Or cette inflation s’ajoute à un coût de la vie déjà structurellement supérieur dans les territoires d’outre-mer, renchérissant encore l’approvisionnement des ménages, des entreprises et des collectivités ultramarines. Si des annonces ont pu être faites par le Gouvernement au banc de l’Assemblée nationale, nous restons attentifs à toute initiative visant à limiter l’inflation en outre-mer et à protéger le pouvoir d’achat des citoyens français ultramarins, en particulier sur le plan des produits alimentaires.

Il résulte de ce contexte économique que la situation financière des collectivités d’outre-mer se détériore. Certaines d’entre elles n’ont plus les moyens de leurs investissements, pourtant si nécessaires. Cette dégradation structurelle de leur situation financière explique d’ailleurs en partie les problèmes de sous-consommation régulièrement constatés sur la mission.

Il reste indispensable de soutenir les collectivités ultramarines ; ce soutien doit même être renforcé en cette période de crise économique. Face aux écarts de développement et à une pauvreté qui peine à se résorber, le contexte de tension sociale a conduit à faire entendre plus fortement, en mai 2022, la voix des élus des outre-mer. Si cet appel au changement des politiques d’aide au développement dans les territoires d’outre-mer a donc été entendu, la réponse attendue ne saurait se limiter à sa seule dimension financière. Sur ce plan particulier, néanmoins, l’effort doit certes passer par les crédits de la mission – c’est le cas –, mais également par les crédits des autres missions du budget de l’État et par les dépenses fiscales.

À ce propos, les dépenses fiscales rattachées à la mission enregistrent, en 2023, une nouvelle hausse : elles passent de 6, 916 milliards d’euros à 7, 090 milliards d’euros. Nous saluons d’ailleurs la prolongation jusqu’en 2029 de nombreux dispositifs fiscaux qui devaient s’éteindre en 2025. Le Sénat y a contribué en incluant dans cette vague de prolongation les collectivités d’outre-mer qui n’y avaient pas été intégrées. Il faut s’en féliciter et rappeler que cette mesure donnera de la visibilité aux différents acteurs économiques d’outre-mer.

Nous avons conscience des critiques récurrentes que suscitent ces dépenses fiscales, mais nous soulignons que des évaluations ont récemment été menées et que d’autres sont prévues pour 2023. Ces évaluations demeurent un exercice complexe, à la fiabilité relative, mais elles représentent un préalable nécessaire à une réflexion plus large sur les dépenses fiscales et à un maintien légitimé des dispositifs de défiscalisation.

De surcroît, en complément des dépenses fiscales, les territoires d’outre-mer bénéficient de crédits en provenance d’autres programmes du budget général, qui sont retracés dans le document de politique transversale « outre-mer ».

Ces crédits proviennent de 101 programmes budgétaires relevant de 32 missions, dont 48 programmes ayant trait à l’emploi, à l’égalité des chances, aux conditions de vie, à l’aménagement durable, aux dotations aux collectivités territoriales et à la relance économique. Ces crédits permettent aussi de financer cinq plans thématiques outre-mer : le plan d’actions pour les services d’eau potable et d’assainissement (plan Eau-DOM) ; le plan Séisme Antilles ; le plan Sargasses II ; le plan Logement outre-mer (Plom) ; le plan Chlordécone.

Enfin, parmi ces contributions figurent plus particulièrement les crédits du plan de relance. Nous notons que, en juin 2022, 1, 4 milliard d’euros ont été ouverts en autorisations d’engagement pour l’outre-mer dans le cadre du plan de relance. À la même date, 38, 6 % des autorisations d’engagement et 10, 1 % des crédits de paiement ont été consommés.

Ces taux sont décevants et doivent nous conduire, à l’avenir, à nous montrer vigilants, notamment pour éviter des redéploiements en cas d’absence de consommation. Toutefois, les crédits du plan de relance ont eu un effet de levier important sur le financement des collectivités : ils ont permis de financer des projets indispensables aux territoires d’outre-mer et de renforcer des dispositifs existants, comme les contrats de convergence ou la ligne budgétaire unique (LBU). À cet égard, il est important de souligner que, lorsqu’ils ont été orientés sur des dispositifs existants, les crédits ont été intégralement consommés.

Ainsi, le montant total des contributions budgétaires s’élèvera, en 2023, à 20 milliards d’euros en autorisations d’engagement et à près de 22 milliards d’euros en crédits de paiement.

Depuis 2018, l’effort total de l’État en faveur des outre-mer a augmenté de 3, 6 milliards d’euros en autorisations d’engagement et de 5, 4 milliards d’euros en crédits de paiement. Cet effort est remarquable et doit être encouragé en vue des exercices à venir.

Je vous propose donc, mes chers collègues, de voter en faveur des crédits de la mission « Outre-mer ».

M. Gérard Poadja applaudit.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, la mission « Outre-mer » a pour principal objectif le rattrapage des écarts persistants entre l’outre-mer et la métropole et la convergence des niveaux de vie dans le domaine socio-économique.

Ces crédits sont essentiels pour les territoires ultramarins en ce qu’ils représentent des aides exceptionnelles ou complémentaires aux dotations de fonctionnement et d’investissement classiques allouées à l’ensemble des collectivités.

À périmètre constant, les crédits de la mission, même corrigés de l’inflation, enregistrent une hausse de 187, 6 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 181, 6 millions d’euros en crédits de paiement. Nous saluons cet effort, d’autant que quelques mesures nouvelles, pour un montant total de 35 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 23 millions d’euros en crédits de paiement, sont intégrées dans la mission « Outre-mer » du PLF pour 2023. Ces nouveaux crédits permettront notamment de financer le renforcement de l’assistance technique aux collectivités, le développement de l’alimentation en eau potable en Guadeloupe, le soutien aux dispositifs de lutte contre le changement climatique dans le Pacifique, les efforts entrepris en matière de diversification agricole et, enfin, la réforme de la fonction publique territoriale dans les îles Wallis et Futuna.

Si l’on peut se réjouir de ces augmentations de crédits, d’autres points plus préoccupants méritent d’être soulignés.

Les crédits ouverts au titre de la ligne budgétaire unique ne permettent pas de répondre aux besoins dans ce domaine, notamment concernant la résorption de l’habitat insalubre. C’est pourquoi nous vous proposerons un amendement visant à augmenter de 4 millions d’euros les crédits alloués à cette résorption. Cette ouverture se justifie d’autant plus que les crédits ouverts les dernières années ont été intégralement consommés.

De surcroît, le montant des crédits demandés pour les contrats de redressement en outre-mer, les fameux Corom, restait stable dans le texte initial. Il a été augmenté de 30 millions d’euros à l’Assemblée nationale. Cependant, dans un contexte économique qui accentue la dégradation de la situation financière des collectivités d’outre-mer, nous estimons que ce dispositif doit être encore renforcé pour s’étendre à un nombre plus important de collectivités. Or les ouvertures de crédits adoptées à l’Assemblée nationale et retenues dans le texte du Gouvernement seraient fléchées, à hauteur de 20 millions d’euros, vers le syndicat de l’eau de Guadeloupe. Il nous paraît donc indispensable d’ouvrir 20 millions d’euros de crédits supplémentaires pour abonder le budget des Corom. Tel est le sens de l’amendement que présentera la commission.

Quant à la consommation des crédits des contrats de convergence et de transformation, elle continue de nous interpeller. Gageons que leur prolongation d’une année permettra d’engager le plus de crédits possible.

Concernant le programme 138, « Emploi outre-mer », on enregistre, en 2023, une baisse apparente de 15, 6 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 11, 2 millions d’euros en crédits de paiement, en raison d’une mesure de périmètre.

Toutefois, les crédits alloués aux exonérations de charges enregistrent, à périmètre constant, une hausse de plus de 202, 7 millions d’euros. Dans un contexte économique incertain, il est délicat, à ce stade, d’établir une prévision fine de ce que pourrait être le besoin réel en 2023, du fait des conséquences éventuelles de l’inflation sur l’emploi et les salaires. Nous nous montrerons donc attentifs, en cours d’année, au niveau de consommation de ces crédits.

Par ailleurs, les crédits alloués au service militaire adapté (SMA) enregistrent une hausse de 45 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 50 millions d’euros en crédits de paiement par rapport à 2022. Cette hausse s’explique par la création de deux nouvelles compagnies, en Polynésie et à Mayotte, et par le déploiement dans tous les territoires du SMA 2025+, qui a notamment pour objectif d’ouvrir le service militaire adapté à de nouveaux publics.

Ce dispositif a démontré son efficacité, et son extension à des mineurs et à des mères célibataires permettra, sans aucun doute, une meilleure professionnalisation et une meilleure intégration de ces personnes. Nous devrons toutefois être vigilants sur les taux d’insertion qui seront enregistrés ces prochaines années, dans un contexte économique difficile.

Enfin, les crédits destinés au financement de l’économie, c’est-à-dire les microcrédits, l’aide au fret et le prêt de développement outre-mer, restent stables, à 24 millions d’euros. Cette stabilité, bien que louable, pourrait cependant se révéler insuffisante pour couvrir les besoins réels en 2023. En effet, dans le contexte économique actuel, la situation des entreprises pourrait se détériorer et le recours au microcrédit ou au prêt de développement outre-mer connaître une hausse par rapport à l’année 2021, voire par rapport à 2022. Or, pour rappel, en 2020, année de crise sanitaire, ces crédits avaient été surexécutés de 8 millions d’euros. Afin d’anticiper ce besoin, nous vous proposerons un amendement visant à ouvrir 5 millions d’euros supplémentaires en autorisations d’engagement et en crédits de paiement.

Les crédits alloués à l’outre-mer augmentent ; dans un contexte de crise économique liée à l’inflation, cet effort doit être salué. Il reste toutefois beaucoup à faire et nous devons œuvrer de concert pour une consommation accrue de ces crédits. Je pense sincèrement que les Corom sont une des solutions pour améliorer la situation financière des collectivités, leur capacité à investir et le niveau de consommation des crédits de la mission.

Malgré les réserves évoquées, nous vous proposerons de voter les crédits de la mission « Outre-mer ».

M. Thani Mohamed Soilihi applaudit.

Debut de section - PermalienPhoto de Micheline Jacques

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, la commission des affaires économiques a choisi d’émettre un avis favorable sur l’adoption des crédits de la mission « Outre-mer » pour 2023, non sans réserves ni recommandations.

Non sans réserves, dis-je, car, après analyse, les augmentations de crédits sont trop souvent modestes, ne couvrant pas même l’inflation prévue pour 2023 ; je pense notamment aux crédits de la LBU ou à ceux qui sont alloués à la continuité territoriale. Reste que nous considérons ce budget comme un budget de transition vers la méthode renouvelée que vous appelez de vos vœux, monsieur le ministre.

Ma première observation porte sur le logement. Le constat demeure inchangé d’année en année, celui d’un manque cruel de constructions comme de rénovations. Pour l’année 2021, ce sont 3 036 logements locatifs sociaux et très sociaux qui ont été livrés, alors que le besoin annuel est estimé à plus de 8 000. De même, 1 628 réhabilitations de logements sociaux ont été menées à leur terme, en dépit des financements importants du plan de relance.

Concernant la lutte contre l’habitat insalubre, les crédits de 2022 sont reconduits, alors même que les besoins sont immenses. C’est pourquoi je défendrai, au nom de notre commission et en concertation avec les rapporteurs spéciaux, un amendement visant à les porter à la hauteur des enjeux qui s’attachent à cette question.

Je souhaite également insister, dans la continuité des travaux menés par la délégation aux outre-mer, sur la nécessité d’organiser des assises de la construction, en préalable à l’établissement d’un troisième plan Logement outre-mer.

Ma seconde observation a trait à la formation au sens large. Je tiens à souligner la nouvelle montée en puissance du service militaire adapté, lequel, s’il ne saurait constituer la seule réponse aux maux de notre jeunesse, reste un outil puissant d’insertion socio-économique. Il permet de donner à nos jeunes en difficulté une chance réelle, par la rigueur de l’encadrement, l’écoute et les formations proposées.

Je veux mettre en exergue la réussite de nos jeunes diplômés du baccalauréat ou sortant de classes préparatoires. Je m’étonne toujours que les territoires ultramarins, forts de leurs 2, 8 millions d’habitants, ne disposent d’aucune école de commerce, école d’ingénieur ou institut d’études politiques. Pourquoi les jeunes Ultramarins devraient-ils toujours aller étudier dans l’Hexagone ?

Il est temps d’ouvrir une réflexion par bassin géographique sur l’offre d’enseignement supérieur présente en outre-mer. S’il est positif que les jeunes souhaitant étudier à Paris puissent le faire dans de bonnes conditions, pourquoi ne pas imaginer, demain, que de jeunes hexagonaux viennent suivre une formation d’excellence dans un territoire ultramarin ?

Si l’on souhaite créer de la valeur sur place, conformément à votre souhait, monsieur le ministre, il faut s’en donner les moyens.

Enfin, le constat de l’inadaptation des normes aux réalités de chaque territoire est unanime. Les élus expriment leur volonté de les coconstruire avec le Gouvernement pour rendre les politiques publiques plus efficientes. Une telle démarche constituerait de surcroît un levier indéniable de création de valeur. Nous comptons sur vous !

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – MM. Gérard Poadja et Stéphane Artano applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Thani Mohamed Soilihi

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, si elle ne s’est pas opposée à l’adoption des crédits de la mission « Outre-mer » inscrits dans le projet de loi de finances pour 2023, la commission des lois a émis des réserves sur trois points qu’il m’appartient aujourd’hui de vous présenter.

Tout d’abord, le contexte dans lequel s’inscrit l’examen du projet de loi de finances pour 2023 n’est pas neutre : la persistance de la crise énergétique et les tensions inflationnistes exacerbent les problématiques de la vie chère et les difficultés propres aux territoires ultramarins.

Pourtant, force a été de constater le défaut d’adaptation des mesures nationales aux spécificités des collectivités et des entreprises ultramarines. Un chiffre suffit à illustrer cette assertion : six communes ultramarines seulement ont bénéficié du filet de sécurité en 2022.

Nous appelons donc à une meilleure prise en compte des territoires ultramarins dans les dispositifs proposés pour compenser en 2023 la hausse des prix de l’énergie pour les collectivités, les ménages et les entreprises. Nous resterons vigilants quant au suivi et à l’application territorialisée de ces mesures dans nos outre-mer.

Par ailleurs, la principale problématique à laquelle est confrontée la mission « Outre-mer » est celle de la sous-exécution chronique des crédits votés, bien que des efforts aient récemment été entrepris en la matière.

Cet état de fait n’est acceptable ni pour les citoyens, qui ne comprennent pas que les crédits ne parviennent pas jusqu’à eux ; ni pour les collectivités ultramarines – leur situation et les défis auxquels elles font face imposent une politique particulièrement volontariste et pleinement engagée de l’État ; ni pour nous, législateurs, qui voyons notre intention contrariée par la sous-consommation de crédits pourtant votés, parfois même obtenus de haute lutte, dans l’hémicycle.

L’accompagnement des collectivités ultramarines est rendu d’autant plus nécessaire que la situation financière et budgétaire de certaines d’entre elles est fortement dégradée et que le contexte actuel emporte des risques d’aggravation.

Cet accompagnement passe par les contrats de convergence et de transformation, qui doivent impérativement être consommés et améliorés pour l’avenir, par le fonds exceptionnel d’investissement (FEI), mais également par le dispositif des Corom, que nous vous proposerons de renforcer.

Le budget pour 2023 démontre ainsi une nouvelle fois que les problèmes d’ingénierie dans nos collectivités méritent une réponse adaptée et volontariste ; comme je l’ai annoncé en commission des lois, je déposerai prochainement une proposition de loi pour y remédier.

Au bénéfice de ces observations, la commission des lois a donné un avis favorable sur l’adoption de ces crédits.

M. Dominique Théophile et Mmes Nassimah Dindar et Annick Billon applaudissent.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mes chers collègues, je vous rappelle que le temps de parole attribué à chaque groupe pour chaque discussion comprend le temps d’intervention générale et celui de l’explication de vote.

Par ailleurs, le Gouvernement dispose au total de quinze minutes pour intervenir.

Dans la suite de la discussion, la parole est à Mme Nassimah Dindar.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Nassimah Dindar

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, les moyens de la mission « Outre-mer » pour 2023 affichent une hausse de plus de 300 millions d’euros par rapport à l’année précédente ; il faut s’en réjouir. Dans cet exercice récurrent, au Sénat comme à l’Assemblée nationale, les parlementaires vous diront rarement merci, monsieur le ministre ; ils préféreront vous interpeller sur les attentes de nos concitoyens ou sur les manquements criants qu’ils relèveront.

Je citerai le mal-logement et l’habitat indigne, qui restent un fléau ; l’insécurité, dont les récents événements survenus à Mayotte et en Guyane sont un exemple ; l’eau potable, inégalement disponible en Martinique et en Guadeloupe ; les déchets, pour la gestion desquels des collectivités déjà endettées doivent encore réaliser des investissements ; les difficultés des PME ; la vie chère, du prix billet d’avion au panier de la ménagère en passant par la facture d’électricité. Notre éloignement engendre des surcoûts permanents causés par la faiblesse concurrentielle et une situation oligopolistique consolidée d’année en année.

Concernant l’emploi, monsieur le ministre, on vous renverra aux chiffres du chômage plutôt que de rappeler l’augmentation des crédits du FEI ou le travail salutaire du régiment du service militaire adapté (RSMA).

Non, nous ne sommes pourtant pas des ingrats !

S’il leur arrive de susciter de l’agacement chez nos compatriotes de l’Hexagone, qui estiment que l’on pleure facilement au soleil, il est aussi vrai que les Domiens se sentent incompris.

Permettez-moi, à titre liminaire, quelques grandes considérations.

Tout d’abord, l’archipel que sont nos territoires demeure une chance exceptionnelle pour la République, car être la première puissance maritime au monde ouvre des perspectives sur des trésors inexploités. Dans cette perspective, nous devons penser en « mériens » et non pas en terriens.

Cela n’est pas toujours simple, alors que l’État exerce une compétence exclusive sur les taxes et sur le domaine de la pêche et que l’Union européenne détient toutes les compétences sur les eaux communautaires, sans qu’aucune collectivité ultramarine y soit associée.

Ensuite, constat sans appel, nos territoires restent les plus inégalitaires de la République. Chez nous, les salaires de la fonction publique sont indexés, car la vie est plus chère, mais le Smic est le même et le taux de chômage plus élevé qu’en métropole.

Chez nous, le foncier est plus rare, mais le prix du mètre carré est identique à celui de la grande capitale parisienne.

Chez nous, c’est la France, mais qu’en est-il vraiment, entre surcoûts de fret, octroi de mer, frais de poste exorbitants et droits de douane particuliers ?

Chez nous, c’est la France, mais quid de ceux qui sont partis sans espoir de retour en famille, de retour au pays ?

Non, nos compatriotes ne sont pas des ingrats, mais une large majorité d’entre eux a exprimé son mal-être et son malaise au travers de votes extrêmes.

Qu’ont-ils voulu dire ? Ce que nous savons déjà : notre modèle économique monopolistique fondé sur des échanges commerciaux exclusifs entre la France et l’Europe n’est plus viable. Un cycle se termine. Ce modèle a permis des progrès évidents dans le monde d’avant, mais il a creusé des inégalités et suscité des frustrations.

Quand bien même la République reste présente lors de chaque crise – passage d’un cyclone, soulèvement à Mayotte, plan Sargasses, soutien à Air Austral ou gros chèque pour achever la nouvelle route du littoral (NRL) à La Réunion –, aucun pansement n’arrête une hémorragie.

Que veulent ces Français de là-bas ? De la simplification, monsieur le ministre.

Un exemple : les élus de La Réunion doivent appliquer la loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, dite loi Climat et résilience. Mais notre département est bloqué entre montagne et océan et fortement contraint par de multiples couches de protection : classement au patrimoine mondial de l’Unesco ; exigences de la loi relative à l’aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral, dite loi Littoral ; protection des espaces agricoles ; plan de prévention des risques naturels (PPRN), qui gèle les possibilités d’extension. Bref, vous ne pouvez qu’être d’accord avec moi : un élu réunionnais est face à un véritable casse-tête chinois.

Que veulent ces Français de là-bas ? Payer moins cher leur électricité et utiliser l’énergie radiative du soleil. Pour cela, l’aide à l’investissement dans les énergies renouvelables est nécessaire ; à défaut, comment parvenir à l’autonomie énergétique ? Monsieur le ministre, je sais pouvoir compter sur l’ancien président de la Commission de régulation de l’énergie (CRE) que vous êtes pour répondre favorablement à l’amendement concernant les énergies renouvelables que j’ai déposé en première partie.

Vous l’aurez compris, nous voulons moins de contraintes normatives de la part de la direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal) ou de la haute administration.

Qu’attendent les Ultramarins de leurs représentants politiques ? Tout simplement que nous agissions pour qu’ils vivent mieux, pour faire rimer « ultramarin » avec « ultra-humain ».

Je vous demande donc de prendre en compte les différents amendements qui seront défendus par mes collègues et par moi-même, dont celui qui vise à augmenter les crédits alloués à la lutte contre les violences intrafamiliales dans les outre-mer. Un signal de votre ministère serait apprécié, au-delà du droit commun.

Il est temps d’inscrire un vrai changement dans la loi. Monsieur le ministre, oui à la création de valeur ! Répondons « chiche ! » à la proposition que nous a faite ici Gabriel Attal et écrivons ensemble un nouveau plan destiné à tous.

Des propositions existent déjà. Nous pourrions ainsi développer les échanges économiques avec les bassins régionaux voisins. À cette fin, le Gouvernement devra déléguer des compétences aux collectivités que nous sommes. Il faudra en outre renforcer la continuité territoriale pour les marchandises et pour les passagers ; je sais que l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité (Ladom) y travaille, sous l’impulsion de votre ministère. Veillez, en outre, à ne pas négliger l’aide au fret.

Vous l’aurez compris, s’agissant de travailler avec vous, nous sommes vitaminés ! Le groupe Union Centriste, malgré toutes les réserves que j’ai formulées, votera ces crédits.

Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe SER.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Artano

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, lors des débats sur les crédits de la mission « Outre-mer » à l’Assemblée nationale, le 28 octobre dernier, vous avez rappelé, monsieur le ministre, que la priorité absolue de cette mission était de répondre aux préoccupations du quotidien, en portant une attention particulière aux sujets environnementaux.

Je tiens tout d’abord à vous encourager dans cette volonté de réduire les inégalités entre tous les territoires, une tâche difficile dans un contexte inflationniste marqué par la menace d’une crise énergétique majeure. S’y ajoutent les problématiques sécuritaires, l’immigration, l’insuffisance du pouvoir d’achat aggravée par la vie chère, le chômage de masse ou encore les conséquences de la crise sanitaire. Toutes ces crises rendent le quotidien de nos compatriotes ultramarins souvent insupportable.

Avant de traiter ces différents sujets, je souhaite revenir brièvement sur quelques chiffres. Nous notons une augmentation globale des crédits de 1, 15 % en autorisations d’engagement et de 0, 69 % en crédits de paiement. Nous vous en donnons acte, mais cette croissance doit être relativisée, car elle est encore insuffisante au regard des besoins réels et des nombreux problèmes que nos territoires ont à affronter. Je sais que vous en êtes pleinement conscient, monsieur le ministre.

Nous ne pouvons examiner les crédits de la mission « Outre-mer » sans aborder des sujets plus larges, comme la question sécuritaire à Mayotte.

Depuis plusieurs jours, une escalade de violence secoue Mamoudzou, où des affrontements entre jeunes de quartiers rivaux ont fait un mort, un homme de 20 ans tué à la machette. À cela s’ajoute l’attaque d’un bus scolaire, sans compter le nombre de blessés qui ne cesse d’augmenter.

Comme l’ont rappelé nos collègues la députée Estelle Youssouffa et le sénateur Thani Mohamed Soilihi, ce phénomène d’extrême violence ne date pas d’hier.

Naturellement, je m’associe aux élus, qui sont démunis, ainsi qu’aux habitants de Mayotte, pour demander au Gouvernement de rétablir l’ordre le plus rapidement possible. Vous revenez d’un déplacement important avec le ministre de l’intérieur et des outre-mer et nous sommes sensibles et attentifs aux annonces qui ont été faites.

N’oublions pas que d’autres collectivités sont concernées par ces questions sécuritaires ou d’immigration incontrôlée. En Guyane et aux Antilles, l’État doit y apporter une réponse efficace pour protéger nos concitoyens et préserver l’attractivité de ces territoires.

J’en viens maintenant à la vie chère, qui ne fait que s’accentuer dans nos territoires. Dans les outre-mer, la situation socio-économique est beaucoup plus fragilisée que dans le reste de la France.

Lors de la rencontre organisée avec les maires ultramarins au Sénat, le 21 novembre dernier, de nombreux élus ont de nouveau sonné l’alerte quant à la dégradation du cadre de vie. Les plus modestes souffrent et sont les premiers touchés par ce fléau de la vie chère, amplifié, ces derniers mois, par la hausse des coûts de l’énergie et des matières premières.

Par ailleurs, il est inadmissible que nous n’ayons pas partout sur nos territoires accès à l’eau, aux soins ou encore à un logement décent – nous y reviendrons lors de l’examen des amendements.

Enfin, comment ignorer le désarroi de nos compatriotes ultramarins face à l’explosion des prix des billets d’avion ? Notre délégation va se pencher dans les prochains mois sur le sujet de la continuité territoriale. Nous savons qu’une réflexion est en cours avec Ladom ; vos arbitrages, monsieur le ministre, sont attendus pour le courant du premier trimestre 2023. Il est vraisemblable, d’ailleurs, qu’à l’avenir les moyens financiers et humains de Ladom évoluent en fonction des missions qui lui seront confiées et d’un élargissement de son périmètre, que nous appelons de nos vœux.

Monsieur le ministre, je n’ai pas la prétention d’être le seul porte-parole des outre-mer ; je sais en tout cas que les populations espèrent des réponses fortes à leurs difficultés quotidiennes : plus de justice et une véritable égalité de traitement entre tous les territoires de la République.

Nous devons apporter une solution commune afin de faire face à cette fracture sociale, pour que soit tenue la promesse de fraternité si chère à Aimé Césaire et si centrale dans nos valeurs républicaines. Je vous sais sensible au rôle de l’État en la matière.

Conformément à la tradition du Sénat, vous trouverez ici des partenaires déterminés à réfléchir avec vous en ce sens, dans un climat apaisé et serein. Cela n’a pas toujours été le cas à l’Assemblée nationale, mais le Sénat cultive cette tradition républicaine, sur laquelle je vous encourage à vous appuyer pour faire avancer les dossiers dont vous êtes chargé.

Il nous faut également travailler à améliorer l’exécution des crédits sur nos territoires et à accompagner le développement de l’ingénierie territoriale afin de permettre aux projets de voir le jour.

Lors du Congrès des maires, j’ai rencontré, à l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF) comme au Sénat, des élus en plein désarroi, qui n’obtenaient aucune réponse à leur besoin d’ingénierie. Cette situation nous interpelle, d’ailleurs, quant au déploiement en outre-mer de l’Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT).

Mes chers collègues, s’il restera vigilant lors des débats à venir, le groupe RDSE votera en faveur des crédits de cette mission.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Mme Nassimah Dindar applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Viviane Malet

Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, avant d’entamer l’examen des crédits de la mission « Outre-mer », je tenais à saluer le fait que le Gouvernement ait abondé le budget initial d’un peu plus de 53 millions d’euros de crédits nouveaux, issus des amendements discutés en première lecture à l’Assemblée nationale.

Cela va permettre de renforcer les moyens consacrés au dispositif Corom à l’attention des communes en difficulté, de consolider le développement du RSMA, de compenser la hausse du gazole non routier (GNR) pour les industries ultramarines, mais aussi d’améliorer les moyens alloués à la continuité territoriale.

À périmètre constant, ce budget est donc en hausse d’un peu plus de 11 %, une augmentation non négligeable, mais qui sera quasiment annulée, compte tenu des prévisions d’inflation pour 2023.

Mon intervention portera sur deux thématiques parmi celles qui préoccupent le plus les populations ultramarines : le logement et la vie chère.

La première donne lieu à un constat saisissant : les logements indignes représentent près de 13 % du parc dans les outre-mer, contre 1, 3 % dans l’Hexagone. Par leur insalubrité, ils exposent leurs occupants à des risques pour leur sécurité ou leur santé et entravent leur quotidien.

De tels logements sont de plus en plus présents sur nos territoires. C’est la raison pour laquelle je propose, avec plusieurs de mes collègues, d’augmenter les crédits alloués à la résorption de l’habitat indigne et insalubre en outre-mer, qui ont été surconsommés l’an dernier.

Par ailleurs, 80 % des Ultramarins sont éligibles à un logement social, mais 15 % d’entre eux seulement en disposent. Le besoin annuel en logements sociaux est estimé entre 9 000 et 10 000 unités. Ni le Plom 1 ni le Plom 2 n’ont répondu aux attentes, tout le monde en convient, et la production de logements outre-mer est en crise.

Monsieur le ministre, en dépit de l’augmentation de 1, 8 % en autorisations d’engagement de la ligne budgétaire unique, nous continuons de déplorer une consommation peu efficace de ses crédits. Pour changer la donne, nous devons assouplir les procédures, qui sont longues et complexes, et mettre en adéquation les financements avec les besoins réels.

À La Réunion, par exemple, les Tl et les T2 sont construits en nombre insuffisant. Il faut donc impérativement concentrer les financements sur les logements destinés aux seniors et sur les petites surfaces, destinées aux jeunes ménages ou aux personnes seules. Une gouvernance plus décentralisée de ces crédits permettrait une meilleure consommation de la LBU.

À cette fin, la question de l’adaptation des normes doit être revue et celle du prix des matériaux doit être posée, car les coûts de construction, trop élevés, sont un frein pour le secteur. Pourquoi ne pas réfléchir à un bouclier qualité-prix sur les matériaux pour l’habitat ?

Il est temps de redresser la barre afin de proposer aux Ultramarins une politique du logement ambitieuse et efficace.

À cet égard, monsieur le ministre, pouvez-vous nous rendre compte de la réunion qui devait se tenir fin novembre avec les bailleurs sociaux, dont vous avez fait mention lors des débats à l’Assemblée nationale ?

Le logement, c’est aussi l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (Anru), laquelle doit impérativement réviser ses maquettes financières validées avant la crise sanitaire et économique. Les conséquences du covid-19 associées au contexte insulaire ont en effet conduit à une explosion des surcoûts.

Ainsi, la ville de Saint-Pierre a contractualisé avec l’Anru en mars 2020, soit à la veille de la crise du covid-19. La ville se voit désormais contrainte de solliciter une modification du calendrier ainsi qu’une subvention supplémentaire de 10 millions d’euros pour finaliser ce programme de rénovation urbaine. Je compte sur l’aide du Gouvernement dans le traitement de ce dossier.

Le logement relève également de l’Agence nationale de l’habitat (Anah), dont le plein déploiement dans les départements et régions d’outre-mer (Drom) est un combat qui reste à mener. Il est impératif de rendre les propriétaires occupants ultramarins éligibles aux aides délivrées par cet organisme.

Le logement, c’est, enfin, l’habitat individuel et collectif de nos seniors, qu’il faut adapter et rénover en innovant, pour le conformer à nos habitudes de vie.

Faisant écho à un amendement que j’avais déposé, le Gouvernement a rendu possible, par la loi du 21 février 2022 dite 3DS, le financement des résidences autonomie dans les territoires ultramarins. Il faut désormais que ces structures se déploient dans nos territoires, et je compte sur vous, monsieur le ministre, pour engager cette dynamique.

L’une des priorités de la feuille de route que vous avez reçue du ministre de l’intérieur et des outre-mer est la lutte contre la vie chère, qui doit se traduire par des résultats sensibles sur les prix des biens et des services, une action particulière étant portée sur les facteurs d’augmentation des prix.

La quasi-totalité des élus ultramarins s’entend pour considérer que la remise en cause de l’octroi de mer constitue un danger grave pour les finances des collectivités locales, dans la mesure où les recettes de cette taxe peuvent représenter jusqu’à 40 % des budgets de fonctionnement des communes.

Une telle remise en cause serait également un danger pour nos TPE et nos PME, cette taxe protégeant leurs produits des importations.

Dans la crise que nous connaissons, il nous paraît plus opportun, à l’instar de ce qui a été fait en Guyane et à Mayotte, d’instaurer une TVA à 0 % sur les produits et services de première nécessité ; je sais toutefois que vous n’y êtes pas favorable.

La vie chère, c’est aussi le coût du fret qui explose et le prix des billets d’avion qui flambe. Monsieur le ministre, lors des débats à l’Assemblée nationale, vous avez indiqué que des réflexions étaient en cours sur ces thématiques. Ont-elles avancé ? Peut-on envisager un travail commun ?

Je conclurai en vous rappelant à la promesse du Président de la République concernant la hausse du coefficient géographique, qui doit devenir réalité. Nous comptons sur votre soutien, monsieur le ministre, car il s’agit d’un enjeu majeur pour les centres hospitaliers universitaires (CHU), notamment pour celui de La Réunion.

Les sénateurs, dans leur sagesse habituelle, amenderont ces crédits alloués à l’outre-mer ; je forme le vœu que, si le Gouvernement devait de nouveau engager sa responsabilité sur la première et la seconde partie du PLF lors de la navette, certains des apports de la Haute Assemblée soient conservés.

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC et sur des travées des groupes RDPI, RDSE et SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Thani Mohamed Soilihi

M. Thani Mohamed Soilihi, rapporteur pour avis de la commission des lois . Tous nos apports !

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Louis Lagourgue

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, cette discussion budgétaire relative à l’outre-mer s’inscrit dans un contexte inflationniste et de renchérissement du coût de l’énergie, alors que nos concitoyens ultramarins sont déjà fragilisés par de nombreux facteurs : une balance commerciale déficitaire, des taux de chômage deux à trois fois plus élevés qu’en métropole ou encore un éloignement géographique favorisant la vie chère.

Aussi, dans ce contexte particulier, les crédits de la mission « Outre-mer » doivent être mobilisés plus que jamais au service de nos territoires ultramarins. Il s’agit de donner à ces territoires les moyens de leur développement et de les aider à relever les multiples défis auxquels ils sont confrontés.

C’est donc avec satisfaction que je constate que ces crédits sont en légère augmentation par rapport à l’année 2022. Ils s’élèvent ainsi, pour 2023, à 2, 75 milliards d’euros en autorisations d’engagement et à 2, 58 milliards d’euros en crédits de paiement, soit des hausses respectives de 1, 75 % et de 1, 4 % par rapport à 2022.

Toutefois, il faut souligner que la mission « Outre-mer » ne constitue qu’une petite partie du budget de l’État consacré aux territoires ultramarins. En effet, la politique transversale de l’État en direction de l’outre-mer est portée par 101 programmes relevant de 32 missions.

L’effort budgétaire de l’État en faveur des territoires ultramarins s’élève ainsi à 20, 1 milliards d’euros en autorisations d’engagement et à 21, 7 milliards d’euros en crédits de paiement dans le cadre du projet de loi de finances pour 2023. Ainsi la hausse est-elle respectivement de 1, 1 % et de 3, 7 % par rapport à l’année 2022 ; elle est bienvenue, car les besoins sont importants.

À cet égard, je tiens à évoquer la nécessité de faciliter l’insertion professionnelle des jeunes Ultramarins. Depuis plusieurs années déjà, leur situation du point de vue de l’emploi suscite des inquiétudes ; elle doit être rapidement améliorée si l’on veut que soit garanti non seulement leur avenir, mais également le développement des outre-mer.

Aussi, je me félicite de la hausse des crédits en matière de soutien à l’insertion et à la formation des jeunes Ultramarins – elle est de près de 10 % en autorisations d’engagement et de 13 % en crédits de paiement.

Je veux également mettre l’accent sur l’état du parc de logements en outre-mer. Cette question est une préoccupation forte des Ultramarins et la situation de l’habitat indigne et insalubre impose une politique particulièrement volontariste.

Aussi, je salue l’initiative de nos rapporteurs de majorer de 4 millions d’euros en autorisations d’engagement et en crédits de paiement les crédits destinés à la résorption de l’habitat insalubre.

Avant de conclure, je tiens à souligner un problème récurrent : la sous-consommation des crédits outre-mer. Cette situation est extrêmement dommageable eu égard aux besoins impérieux des territoires ultramarins, notamment en matière de logement et d’emploi. Il est primordial de trouver les moyens pour y remédier.

Monsieur le ministre, mes chers collègues, les outre-mer, ce sont douze territoires français répartis sur les deux hémisphères et rayonnant sur trois océans ; douze territoires qui sont la France. Nous avons le devoir d’instaurer une égalité réelle entre tous nos territoires afin que chaque citoyen puisse y vivre avec le sentiment d’appartenir à une seule et même communauté. Ce budget y contribue.

Aussi le groupe Les Indépendants votera-t-il les crédits de la mission « Outre-mer » du projet de loi de finances pour 2023.

Applaudissements sur les travées des groupes INDEP et UC. – Mme Victoire Jasmin et M. Michel Dennemont applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Gontard

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, les crédits de la mission « Outre-mer » n’ont augmenté que de 1, 71 % en autorisations d’engagement et de 1, 29 % en crédits de paiement par rapport à la loi de finances pour 2022.

C’est peu pour une mission dont le principal objectif est le rattrapage des écarts persistants entre l’outre-mer et la métropole, a fortiori dans un contexte de crise économique et sociale, et alors que les inégalités entre les territoires ultramarins et la métropole ne cessent de se creuser.

Ainsi, l’effondrement du tourisme entraîne une situation catastrophique en Polynésie et plus de 20 % des Antillais et des Guyanais vivent sous le seuil de pauvreté, ce chiffre étant plus élevé encore à Mayotte.

L’outre-mer compte 13 % des logements indignes recensés en France, pour 4 % de la population du pays. Comme l’a montré le rapport que j’ai commis avec mes collègues Victorin Lurel et Micheline Jacques, que je salue, l’objectif de 10 000 logements créés ou réhabilités chaque année n’est, hélas ! pas atteint.

Pourtant, 80 % des habitants des outre-mer sont éligibles au logement social ; mais seuls 15 % d’entre eux en bénéficient.

À cet égard, nous regrettons que les fonds demeurent insuffisants pour résorber l’habitat insalubre et que les crédits de l’action Logement du programme 123 baissent de 10, 57 % en crédits de paiement. Plutôt que de lutter contre les facteurs de la sous-consommation des crédits outre-mer, on réduit les lignes budgétaires.

Si les collectivités ultramarines ont leur part de responsabilité dans cette situation, le manque d’ingénierie de l’État et la faiblesse du pilotage du ministère sont également en cause, comme nous le soulignions dans notre rapport. Nous y demandions l’organisation d’assises du logement outre-mer ; monsieur le ministre, nous n’attendons que votre signal.

Rappelons aussi que la Cour des comptes estimait, en septembre 2020, que les coûts des matériaux étaient de 20 % à 30 % supérieurs en outre-mer. Depuis lors, cet écart n’a fait que s’aggraver ; raison de plus, comme nous le suggérions également, pour renforcer les filières locales et pour promouvoir les matériaux biosourcés locaux et une architecture bioclimatique s’appuyant sur les savoir-faire traditionnels et l’habitat vernaculaire. Voilà une impulsion à donner pour utiliser les nombreux crédits non consommés d’un plan de relance !

Ce programme budgétaire a pour vocation d’opérer un rattrapage de niveau de vie ; et pourtant, il ne comprend toujours pas de plan Marshall des infrastructures, lesquelles pèchent dans tous les domaines – réseaux électrique, de transports, de communication.

Le plus grave est toutefois la vétusté considérable du réseau d’eau et d’assainissement. Comment imaginer, dans la septième puissance économique mondiale, que des robinets soient à sec ou déversent une eau blanche saumâtre, voire contaminée au chlordécone ; que les coupures d’eau soient hebdomadaires, comme en Guadeloupe ; que des écoles ferment plus d’un mois par an faute d’eau ?

En cause, des canalisations vétustes et mal entretenues, qui entraînent une invraisemblable déperdition de 60 % à 80 % de l’eau captée, un défaut d’entretien et de surveillance qui touche 70 % des stations d’épuration et des réseaux d’assainissement privés qui ne sont pas aux normes.

Cette catastrophe sociale se double naturellement d’une catastrophe écologique : le débit des rivières diminue dangereusement, ce qui menace la continuité écologique et des pans entiers de la biodiversité. Les nappes phréatiques, souvent contaminées au chlordécone, risquent en outre la salinisation.

En Martinique, la pêche est interdite dans de nombreux cours d’eau à cause du chlordécone, et les récifs coralliens souffrent grandement.

En Guadeloupe, l’agence régionale de santé (ARS) donne l’alerte : à ce rythme, d’ici dix ans, il n’y aura plus de coins de baignade de grande qualité. Un désastre écologique, touristique et, partant, économique est en germe.

Le cas des Antilles est symptomatique, mais j’aurais pu évoquer les eaux contaminées au nickel en Nouvelle-Calédonie, ou au mercure en Guyane.

Monsieur le ministre, votre prédécesseur a promis 170 millions d’euros pour les réseaux guadeloupéens, là où il en faudrait 600, voire 700. Il avait l’ambition de régler le problème en cinq ans. Il faut accélérer !

Financement, ingénierie, main-d’œuvre : l’État doit suppléer les collectivités locales partout où c’est nécessaire. Il faut mettre en place une gestion publique de l’eau et cesser de confier ce précieux commun à la prédation de Veolia et consorts.

Un mot, pour finir, de la protection de la biodiversité ultramarine, qui concentre plus de 90 % des espèces présentes sur le territoire national. Selon les estimations de l’Office national de la biodiversité (OFB), ce sont 500 000 à 1 million d’espèces qui sont menacées de disparition.

Monsieur le ministre, la visibilité fait grandement défaut, dans ce PLF, quant aux crédits destinés spécifiquement à la protection de la biodiversité ultramarine. Cela est d’autant plus problématique que la France vient d’annoncer un renforcement de ses aires marines protégées.

En tout état de cause, ne serait-il pas préférable que la protection de la biodiversité ultramarine fasse l’objet d’un programme spécifique de la mission « Outre-mer » ?

Avec toutes les réserves énoncées, et en souhaitant que les avancées du Sénat résistent au 49.3, le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires votera ces crédits.

Applaudissements sur les travées des groupes GEST et SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’examen des crédits de la mission « Outre-mer » du projet de loi de finances est un moment toujours particulier pour nous, sénateurs ultramarins. Je dis « nous », parce que ces débats, s’ils sont scrutés dans nos territoires, n’attirent généralement pas les foules dans cet hémicycle.

Les attentes et les enjeux sont pourtant nombreux, puisqu’il s’agit de combler le retard de développement pris sur l’Hexagone en matière d’emploi et de conditions de vie.

Cette année, l’examen de la mission revêt peut-être une dimension supplémentaire. C’est en effet une année de renouvellement sénatorial, mais c’est aussi la première fois depuis deux ans que nous nous réunissons pour débattre de ces crédits.

Avec 2, 75 milliards d’euros en autorisations d’engagement, le budget du ministère des outre-mer enregistre pour 2023 une légère hausse, de 1, 7 %, par rapport à la loi de finances initiale pour 2022. À périmètre constant, c’est toutefois une hausse supérieure à 11 % qu’il nous faut saluer.

Dans le détail, le budget de la mission « Outre-mer » est résolument tourné vers l’emploi.

La hausse des crédits du programme 138 au titre de la compensation des exonérations de cotisations sociales patronales est bien sûr un motif de satisfaction ; elle permettra de renforcer la compétitivité des entreprises ultramarines et de soutenir l’emploi dans les secteurs stratégiques.

Autre motif de réjouissance, la forte progression des moyens alloués à l’aide à l’insertion et à la qualification professionnelle, portée par le déploiement du plan SMA 2025+. Les quelque 30 millions d’euros supplémentaires qui seront mobilisés permettront de poursuivre les projets entrepris cette année, notamment à Mayotte et en Polynésie française.

Enfin, Ladom continuera de mettre en œuvre l’accord-cadre national avec Pôle emploi et recentrera ses actions de formation sur des filières stratégiques et d’avenir comme la transition écologique et le numérique.

Second volet de la mission, le programme 123, « Conditions de vie outre-mer », enregistre pour 2023 une hausse de 4 millions d’euros de la ligne budgétaire unique consacrée au logement social. Cette augmentation s’inscrit dans la dynamique impulsée par le plan Logement outre-mer 2019-2022, ce dont nous nous réjouissons.

Ce budget se caractérise surtout par le renforcement substantiel du soutien aux collectivités – 34 millions d’euros supplémentaires en autorisations d’engagement, 50 millions d’euros supplémentaires en crédits de paiement –, qui permet le maintien à niveau des crédits des contrats de convergence et de transformation et le financement de la subvention à la collectivité territoriale de Guyane.

Ce soutien aux collectivités se traduira également par un effort exceptionnel de 30 millions d’euros pour soutenir le syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de Guadeloupe, ce dont je me félicite – j’y reviendrai dans quelques instants.

Notons également la poursuite de l’action de l’État en matière d’assistance technique et de soutien à l’ingénierie pour la concrétisation des projets structurants des territoires ultramarins, ainsi que l’effort déployé pour répondre au problème de la sous-consommation des crédits que nous votons chaque année.

Au-delà de nos talents locaux, nos collectivités doivent se saisir des outils dont elles disposent – je pense notamment à l’Agence nationale de la cohésion des territoires.

Je me réjouis par ailleurs de la contribution du ministère à la lutte contre les algues sargasses et au programme d’intervention territoriale de l’État, ainsi que de la prise en charge de la totalité des investissements des services publics antisargasses qui viennent d’être créés en Guadeloupe et en Martinique.

Il y a là un nouveau motif de satisfaction, car la création de ces services publics était l’une des recommandations formulées dans mon rapport de 2019 intitulé « Lutte contre les sargasses dans la Caraïbe : stratégies de prévention et de coopération régionales ».

Cette étape est importante, mais elle doit être suivie d’une seconde, à savoir le stockage des algues. Les teneurs mesurées en arsenic, et parfois en chlordécone, font en effet craindre une pollution des sols et des eaux à proximité des sites de stockage. Il nous faut avancer sur cette problématique ; dans mon rapport, monsieur le ministre, je préconisais par exemple l’endiguement de ces sites.

Permettez-moi, pour conclure, de formuler un regret et quelques souhaits.

Mon regret, tout d’abord, se rapporte à la gestion de l’eau en Guadeloupe. Les moyens alloués, à hauteur de 30 millions d’euros, devront s’accompagner d’une vision, mais aussi d’un engagement pluriannuel de l’État. C’est à mes yeux le seul moyen de retrouver la sérénité nécessaire et de régler définitivement cette question qui embrase un peu nos territoires ; car les financements ne sont pas tout : il faut encore savoir les mobiliser.

Mes souhaits, ensuite, ont trait au périmètre de la mission « Outre-mer ». Chaque année, nous sommes nombreux sur les travées de cet hémicycle à regretter que ces crédits ne représentent que 13 % du budget que l’État consacre à nos territoires.

Le périmètre exhaustif des crédits comprend en effet 101 programmes budgétaires relevant de 32 missions. En 2023, plus de 20 milliards d’euros seront ainsi mobilisés pour les outre-mer, en hausse de 1, 1 % en autorisations d’engagement et de 3, 7 % en crédits de paiement.

C’est beaucoup, et pourtant, nous ne disposons pas, à ce jour, d’un espace de discussion sur ce budget transversal qui fonde le développement de nos territoires.

Les crédits qui ne figurent pas dans la mission « Outre-mer » – soit 87 % du total – ne doivent pas être passés sous silence et échapper ainsi au débat politique. Il nous faudra pouvoir un jour discuter de la réalité de nos territoires, de nos aspirations, de nos différences. En effet, les questions relatives à la sécurité, à l’éducation et à la santé, par exemple, ne se posent pas dans les mêmes termes que l’on soit à Mayotte, en Polynésie française ou en Guadeloupe.

Je plaide pour qu’émerge une vision moderne de l’approche budgétaire. Et pareil renouvellement de l’approche budgétaire doit aller de pair, me semble-t-il, avec une nouvelle loi d’orientation et de programmation pour les outre-mer – je vous soumets cette idée que, du reste, vous aurez peut-être déjà eue, monsieur le ministre.

Vous l’aurez compris, mes chers collègues, le groupe RDPI votera les crédits de cette mission et soutiendra les amendements déposés par les rapporteurs spéciaux.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – Mmes Victoire Jasmin et Nassimah Dindar applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme la présidente. La parole est à Mme Catherine Conconne.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je commencerai par saluer un certain état d’esprit qui régit désormais les relations entre les élus et le ministère de ladite outre-mer.

Monsieur le ministre, je tiens à vous dire que, depuis que celui qui en était le titulaire lors des précédents débats budgétaires a commencé d’exercer ces fonctions, j’apprécie la réactivité, la proximité, l’écoute de votre ministère – et vous avez heureusement maintenu cette ambiance générale.

Ce regain d’attention permet évidemment une meilleure compréhension de nos peuples singuliers. La prise en compte de nos cultures, de nos expressions, de nos passés douloureux doit présider au traitement de notre quotidien.

Votre budget est en augmentation, monsieur le ministre. J’aurais pu m’en contenter, m’en satisfaire ; mais non ! j’aimerais que l’on aille plus loin. À mes yeux, les intentions comptent davantage encore que les sommes importantes affectées à votre mission. Je crois aux intentions fortes, affichées et concrètes en faveur d’une plus grande justice et d’une plus grande équité.

Tel est le sens des amendements que j’ai déposés. En les défendant, nous ne vous dirons pas : « mettez plus ! ». Nous solliciterons votre engagement à tenir des objectifs pour le quotidien de nos peuples.

Ce quotidien rime avec augmentation du taux de pauvreté, vie chère, vieillissement et baisse de la population, en particulier pour la Guadeloupe et la Martinique.

Par ces amendements, je vous demande notamment de sanctuariser une somme pour l’accompagnement dans le logement social. Les bailleurs sociaux sont aux abois, non parce qu’ils n’auraient pas assez de sous pour construire, mais parce qu’ils sont désormais confrontés à l’immense difficulté du vivre-ensemble.

Les crédits de la LBU doivent permettre d’y veiller, en donnant aux bailleurs les moyens d’assumer les nouveaux rôles qui, de fait, leur incombent : assistant social, psychiatre, gériatre, travailleur familial.

Par ces amendements, je vous demande également d’afficher une intention forte en faveur de l’amélioration de la mobilité de nos populations, en situation de grande injustice face à l’augmentation considérable des tarifs aériens.

Il faudra favoriser le retour, en particulier en Guadeloupe et en Martinique. On déplore, dans les rangs des Martiniquais, une saignée de 4 500 personnes par an ! Pareille situation appelle un dispositif exceptionnel, car nos peuples sont tout simplement en voie de disparition.

Les départs ont été organisés par l’État entre les années 1960 et les années 1980. C’était alors la seule réponse apportée au mal-développement : « Partez ! Allez ailleurs ! »

Monsieur le ministre, il faut désormais organiser le retour. Le même dispositif qui a servi à saigner ces peuples doit à présent œuvrer à repeupler nos territoires ! D’après un sondage très sérieux mené auprès de 6 000 de nos ressortissants, 85 % d’entre eux veulent rentrer dans leur pays.

Nos peuples ont soif d’entendre des mots forts, des intentions fermes, des objectifs évaluables !

Les collectivités locales, vers lesquelles, souvent, on se tourne – l’État lui-même nous renvoie volontiers vers elles –, ont beau pousser à fond leurs moyens, elles ne peuvent plus continuer à éponger une pauvreté qui augmente sans cesse, en particulier en cette période de forte inflation.

Monsieur le ministre, écoutez-nous lorsque nous défendrons nos amendements. Faites confiance à nos analyses : le bon sens dont elles sont empreintes est le fruit d’une connaissance exceptionnelle de nos compatriotes et du terrain. Ne sanctionnez pas systématiquement nos propositions pour un droit au bonheur de nos compatriotes d’un implacable et froid avis défavorable !

Ne soyez pas défavorable à l’équité, monsieur le ministre ! Ne soyez pas défavorable à la justice ! Ne soyez pas défavorable au mieux-être et au mieux-vivre de nos peuples, rompus qu’ils sont de mauvais sommeil !

Ne soyez tout simplement pas défavorable à l’esprit de la République !

Monsieur le ministre, parce que je crois en l’homme et parce que j’ai de moins en moins envie d’entendre craquer les os de ces vieilles nations impérialistes, j’ai envie de vous faire confiance. Je voterai donc votre budget.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et GEST. – Mme Nassimah Dindar et M. Michel Dennemont applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Éliane Assassi

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je tiens à souligner l’augmentation de plus de 2, 7 milliards d’euros en autorisations d’engagement des crédits alloués à la mission « Outre-mer ».

Les dispositifs de soutien exceptionnel aux collectivités d’outre-mer sont renforcés, ce qui permet d’élargir la liste des bénéficiaires. Cela témoigne de la bonne volonté du Gouvernement de se soucier – enfin – de tous les territoires de la République.

Mais est-ce suffisant pour faire face à l’ampleur des enjeux et de la détresse, évoquée à l’instant, des habitants des outre-mer ?

La première journée du 104e Congrès des maires, à Paris, était consacrée à l’outre-mer. L’inquiétude de nos élus locaux face aux enjeux et problématiques des territoires ultramarins n’est pas une mince affaire : elle appelle une forte attention et le déploiement de grands moyens.

Dans ces territoires doublement affectés par la crise économique, énergétique, écologique, sanitaire, et dont le retard de développement ne pourra pas être compensé de sitôt, les communes et les élus locaux ont besoin d’un accompagnement fort pour mettre en place des politiques publiques, pour exercer leur mission première de service public et pour lutter contre la pauvreté grandissante.

L’inflation a dépassé les 10 %. La vie est chère, le pouvoir d’achat diminue, la population est en détresse.

Les mobilisations populaires continuent, et le calme n’est malheureusement pas près de revenir.

Les produits alimentaires sont entre 28 % et 38 % plus chers qu’en métropole.

Le taux de pauvreté en outre-mer varie entre 33 % et 77 %, contre 14 % dans l’Hexagone.

Les citoyennes et les citoyens des outre-mer demandent une égalité de traitement et veulent qu’on les considère comme tous les autres. Pour cela, ils et elles doivent pouvoir travailler et vivre dignement ; l’emploi est un vecteur fondamental de lutte contre cette pauvreté.

Mais le niveau de vie médian en outre-mer est inférieur de près de 30 % à celui de l’Hexagone. Comment compenser un tel retard ? À emploi équivalent, les salaires sont plus bas que dans l’Hexagone, alors même que la vie est plus chère dans les outre-mer.

Je salue l’amendement n° II-16 rectifié, présenté au nom de la commission des finances, visant à majorer les crédits alloués à la résorption de l’habitat insalubre (RHI) en outre-mer. Du fait de la rareté du foncier, du réchauffement climatique et de ses conséquences, de la croissance démographique et de bien d’autres paramètres, les difficultés relatives au logement et à l’habitat vont en effet croissant. Une politique du logement forte s’impose, non seulement pour construire davantage de logements sociaux, mais également pour lutter – c’est une grande bataille – contre l’habitat indigne.

Les services publics sont touchés, les ressources manquent et les inégalités entre l’Hexagone et les outre-mer sont frappantes. Les déserts médicaux avancent, les hôpitaux sont en détresse, le service public de la santé fait défaut.

Le développement de l’économie locale est pourtant indispensable pour permettre aux ménages et aux jeunes de sortir de cette spirale par l’emploi.

Au-delà de l’augmentation des crédits de la mission « Outre-mer » – que je salue de nouveau –, il faut lutter contre les différences de traitement et hiérarchiser les objectifs.

L’égalité républicaine doit exister pour toutes et pour tous. Ces territoires veulent se développer, avoir leur destin en main. Les jeunes veulent étudier dans de bonnes conditions, s’insérer dans le milieu professionnel, dépasser ce plafond de verre et construire leur vie. Ils ont besoin de soutien et d’écoute.

Monsieur le ministre, ce ne sont pas des décisions prises d’« en haut » qui permettront de comprendre les problématiques du « bas ». Il faut faire avec celles et ceux qui sont confrontés aux difficultés quotidiennes. Il faut faire avec les maires, avec les élus dans leur diversité, qui demandent un dialogue et de la coopération. Les représentants de l’État doivent entendre les revendications et adapter leurs propositions en fonction des territoires.

Dans la droite ligne des présents propos, nous avons déposé des amendements tendant à mettre en lumière quelques difficultés rencontrées par les populations d’outre-mer : vie chère, accès à l’eau, désamiantage – nous y reviendrons.

Mme la Première ministre a annoncé ce mardi qu’un comité interministériel des outre-mer se tiendrait au printemps afin de suivre ces différents dossiers. Nous y serons attentifs, et nous serons aux côtés de celles et ceux qui ont besoin d’être écoutés.

Vous l’aurez compris, mes chers collègues, l’augmentation des crédits de cette mission montre qu’il y a du progrès. Il faut maintenant des actes forts en faveur de nos concitoyens ultramarins qui subissent au quotidien, depuis des années, ces inégalités, ces défaillances structurelles et ce manque de considération.

Cela étant dit, mon groupe ne s’opposera pas à l’adoption des crédits de cette mission.

Applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER, GEST et RDPI. – Mme Nassimah Dindar et MM. Stéphane Artano et Alain Duffourg applaudissent également.

Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées des groupes LR et SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Poadja

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, je veux commencer par remercier M. le ministre de sa présence dans cet hémicycle aujourd’hui, alors qu’il revient à peine du Caillou, où avec M. Darmanin, ministre de l’intérieur et des outre-mer, il a travaillé au retour du dialogue entre tous les partis calédoniens, indépendantistes et non indépendantistes. C’est très important à ce moment de notre histoire !

Votre présence témoigne de votre considération pour la représentation sénatoriale.

Le projet de loi de finances que nous examinons traduit l’intention du Gouvernement d’aider nos compatriotes ultramarins à faire face à un contexte international particulièrement défavorable, qui aggrave les difficultés déjà considérables de nos territoires.

Je salue en particulier les moyens alloués au plan SMA 2025+ ainsi qu’à la lutte contre le changement climatique dans le Pacifique.

Monsieur le ministre, mon propos sera précis : il faut désormais traduire dans les faits l’une des recommandations du rapport d’information de l’Assemblée nationale en date du 3 octobre 2019 sur la continuité territoriale dans les outre-mer.

J’invite donc le Gouvernement à appliquer effectivement l’article L. 1803-4 du code des transports sur l’aide à la continuité territoriale.

À l’heure actuelle, seule la Guyane bénéficie de ce dispositif. Si cette aide est indispensable compte tenu des difficultés inhérentes à ce territoire, cela s’entend également pour la Polynésie française, dont le territoire intérieur est composé de 118 îles réparties sur 5, 5 millions de kilomètres carrés.

Et cela vaut, bien sûr, pour les îles de l’archipel calédonien, les populations de Lifou, de Maré, de Tiga, d’Ouvéa, de Bélep et de L’Île-des-Pins devant prendre l’avion ou le bateau pour accéder à des services publics essentiels – lycée, université, hôpital, démarches administratives, etc.

Quant aux habitants de l’île de Futuna, ils ont impérativement besoin de rejoindre régulièrement l’île de Wallis, distante de 250 kilomètres. Et certains services, notamment médicaux, ne sont accessibles aux habitants de Wallis et de Futuna que s’ils se rendent à Nouméa, distante de 2 100 kilomètres.

L’extension de l’aide à la continuité territoriale aux déplacements inter-îles permettrait d’éviter l’exode des populations vers Papeete et Nouméa et d’assurer le développement économique et le désenclavement de ces territoires.

Monsieur le ministre, soyez assuré que nos populations socialement en difficulté ont besoin de bénéficier de ce dispositif – je pense en particulier à nos anciens et à nos jeunes. Je compte sur votre détermination pour mettre fin à cette injustice entre les outre-mer.

Applaudissements sur les travées des groupes UC et RDSE. – M. Jean-Louis Lagourgue et Mmes Victoire Jasmin et Éliane Assassi applaudissent également.

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains et UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Petrus

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, l’examen des crédits de la mission « Outre-mer » est l’occasion pour moi de vous livrer l’état d’esprit de nombreux collègues des territoires ultramarins.

Si nous pouvons nous féliciter d’un budget en augmentation et du soutien d’un ministre qui connaît et apprécie nos territoires, nous avons vite déchanté lorsqu’a commencé l’examen du projet de loi de finances pour 2023.

Fatigués, nous sommes de nous voir opposer des fins de non-recevoir, au nom d’arguments qui démontrent une méconnaissance tant de nos territoires que des difficultés de ceux qui y vivent – du reste, la plupart de ces difficultés ont disparu de l’Hexagone depuis fort longtemps.

Fatigués, nous sommes, tandis que nos amendements sont rejetés l’un après l’autre, d’être confrontés à ce sentiment d’indignité et à l’impression fréquente de mendier, quand nos demandes relèvent pourtant du droit primaire de nos administrés : se soigner, se loger décemment, aider l’économie pour donner un emploi et, partant, un peu de dignité à chacun, un système scolaire prenant en compte les particularités des territoires et permettant à chacun de réussir.

Au-delà de ce manque de connaissance des territoires ultramarins, nous devons faire face à l’incompréhension de nos concitoyens qui, devant les injustices qu’ils subissent, sont de plus en plus nombreux à se tourner vers les extrêmes.

Concernant le droit à réduction d’impôt qu’ouvrent les investissements réalisés en faveur de la rénovation hôtelière, comment expliquer le refus systématique du Gouvernement d’aligner le taux applicable à Saint-Martin sur celui dont bénéficient les départements d’outre-mer, en dépit du manque de chambres d’hôtel disponibles sur l’île de Saint-Martin, de l’état de son économie, du taux de chômage qui l’affecte et du désavantage dont elle pâtit comparé à ses voisins qui, eux, ne sont pas soumis aux normes strictes imposées aux régions ultrapériphériques (RUP) ?

Comment expliquer que les gens continuent à mourir à Saint-Martin faute de pouvoir être transférés vers le CHU le plus proche après dix-huit heures ? Une solution n’a toujours pas été trouvée pour garantir ces évacuations sanitaires, par exemple en autorisant les vols après dix-huit heures au départ de l’aéroport de Grand-Case.

Pour autant, nous ne céderons pas au pessimisme, car, bien sûr, tout n’est pas noir : nous continuons d’espérer. Je formulerai donc quelques vœux pour Saint-Martin, monsieur le ministre.

Je plaide, tout d’abord, pour la mise en place à Saint-Martin du bouclier tarifaire, afin que la péréquation tarifaire qui y prévaut depuis 1975 et qui est garantie par la convention-cadre de 2001 ne soit pas, dans les faits, remise en cause.

Je souhaite, ensuite, que soit conçu et mis en œuvre, dans le courant de l’année 2023, un dispositif de remise automatique sur le prix du carburant dans les trois collectivités d’outre-mer (COM) de l’Atlantique.

Je propose l’instauration du chèque énergie dès l’an prochain.

Je milite, compte tenu de la prégnance des problématiques relatives au logement, pour l’octroi à Saint-Martin, à partir de 2023, d’une dotation exceptionnelle pluriannuelle de 2, 7 millions d’euros sur six ans au titre de la RHI, analogue à celle dont bénéficie la COM de Saint-Pierre-et-Miquelon.

Par ailleurs, à ce jour, la compensation rétroactive par l’État des charges résultant des compétences transférées en 2012 – logement et habitat –, soit au minimum 17, 4 millions d’euros sur dix ans, n’a toujours pas été engagée.

Quant à mon souhait d’une augmentation de 45, 9 % à 53, 55 % du taux de la réduction d’impôt applicable aux travaux de rénovation hôtelière, je l’ai déjà exprimé.

Je demande la révision, courant 2023, de la convention de gestion signée le 21 mars 2008 entre la collectivité de Saint-Martin et la direction générale des finances publiques (DGFiP), et la création d’applications informatiques adaptées à la fiscalité saint-martinoise, assortie de l’assistance humaine, financière et technique nécessaire, conformément aux recommandations de la mission interministérielle de juillet 2015, mais aussi au référé de la Cour des comptes en date du 22 décembre 2017.

Je sollicite, enfin, le réengagement de l’État dans l’administration des douanes. Il ne reste que deux douaniers à Saint-Martin, monsieur le ministre ! Cela signifie qu’il n’y a plus de contrôle effectif sur le territoire. Si, en effet, Saint-Martin a été érigée en collectivité d’outre-mer au sens de l’article 74 de la Constitution, notre statut, au sens du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, n’a pas été modifié. Saint-Martin reste une région ultrapériphérique de l’Union européenne, et relève à ce titre du territoire douanier communautaire.

Telles sont, monsieur le ministre, les actions prioritaires qui pourraient redonner un peu d’espoir à Saint-Martin. Ne laissez pas la géographie décider de qui est citoyen français à part entière, ou entièrement à part !

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, UC, SER et CRCE.

Applaudissements sur les travées du groupe SER. – Mme Éliane Assassi applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Victoire Jasmin

Madame la présidente, monsieur le ministre, mes chers collègues, à ce stade de notre discussion, et pour ne pas être redondante avec les propos – que j’apprécie – tenus par mes collègues des différents groupes, je serai synthétique.

Monsieur le ministre, le budget est en augmentation. Sera-t-il à la hauteur des besoins et des enjeux qui s’imposent aux élus ultramarins ? Telle est la question.

Je souhaite insister sur certaines problématiques qui sont malheureusement toujours d’actualité et qui me tiennent particulièrement à cœur.

La première a trait au pouvoir d’achat, qui reste la principale préoccupation des familles d’outre-mer. La vie chère exige d’adapter la composition du panier du bouclier qualité-prix aux habitudes de consommation de chacun de nos territoires.

Par ailleurs, aujourd’hui même, 1er décembre 2022, les prix maximums du carburant et du gaz consommés en Guadeloupe ont été révisés à la hausse, alors même que ces prix flambent. Ce n’est pas normal ! Entre les volontés affichées et la réalité des territoires, entre le dire et le faire, il y a la mer !

Le rapport de l’inspection générale des finances sur la régulation des prix du carburant et du gaz dans les départements d’outre-mer reste d’ailleurs sous embargo, monsieur le ministre. Je vous avais pourtant demandé sa communication au Parlement, et le Sénat a voté un amendement en ce sens. Pourquoi l’embargo n’est-il pas levé ? Pourquoi cette opacité ?

J’attire également votre attention sur la formation des jeunes. Il est essentiel de mettre en œuvre des mesures d’accompagnement des entreprises, afin de créer des emplois pérennes et de garder les forces vives sur notre territoire, sur l’ensemble des territoires ultramarins. La réussite de l’orientation et de l’affectation des élèves est fondamentale pour éviter le dépeuplement à moyen terme, qui pourrait malheureusement être irréversible, comme l’ont dit Mmes Catherine Conconne et Micheline Jacques.

En ce sens, la recherche d’une adéquation entre la formation aux métiers en tension, d’une part, et les besoins des entreprises, d’autre part, constitue l’un des leviers d’atténuation du chômage.

En outre, il convient d’assurer une différenciation effective par la mise en cohérence des nombreuses normes auxquelles sont soumises nos collectivités d’outre-mer ; cela vaut non seulement pour les règles relatives aux risques naturels majeurs et à l’objectif de zéro artificialisation nette, mais aussi pour celles qui concernent le foncier agricole, dont il convient de maintenir l’équilibre pour la souveraineté alimentaire et énergétique.

Enfin, j’évoquerai l’accompagnement des différentes collectivités territoriales : certes, il faut des moyens budgétaires, mais il est également nécessaire que l’État prenne toutes ses responsabilités à leurs côtés. Vous avez pu entendre récemment les élus locaux, monsieur le ministre : lors du dernier congrès des maires, ils ont mis en évidence les problématiques qui leur sont propres.

Aussi, monsieur le ministre, il serait souhaitable que le Gouvernement prenne en compte ces différents éléments en fonction des besoins spécifiques de chacun de nos territoires, pour que nous puissions tous ensemble bénéficier de son accompagnement.

Applaudissements sur les travées des groupes CRCE, SER et GEST, ainsi que sur des travées du groupe UC.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Madame la présidente, mesdames, messieurs les sénateurs, pour la première fois dans cet hémicycle, quelques mois après ma prise de fonction sous l’autorité de Gérald Darmanin, j’ai l’honneur de vous présenter ce budget de la mission « Outre-mer », dont les crédits augmentent sensiblement.

Cette mission est résolument tournée, tout à la fois, vers le quotidien et l’avenir de ceux que j’ai désormais envie d’appeler nos concitoyens de la « France océanique ». J’avais imaginé parler de « l’archipel France », mais M. le sénateur Patient m’a expliqué que cela ne convenait pas du tout, la Guyane n’étant pas une île !

Debut de section - PermalienPhoto de Jérôme Bascher

M. Jérôme Bascher. Quoi qu’en dise le Président de la République…

Sourires.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Je me suis donc dit que j’essaierais d’imposer le terme de « France océanique », qui me paraît juste, l’adjectif « ultramarin » restant selon moi un peu inexact, mais nous pourrons étudier la question.

Les moyens de la mission, en hausse de 300 millions d’euros dans le texte initial, le sont désormais de 353 millions d’euros à la suite des débats à l’Assemblée nationale, soit une hausse de 13 %. Au sénateur Gontard, qui a dit que la hausse était de 1 %, je réponds qu’il faut regarder les périmètres. À périmètre égal, en ajoutant ce qui a été défiscalisé, on est bien à +11 % par rapport au texte initial et à+13 % si l’on prend en compte les 53 millions d’euros de crédits supplémentaires introduits à l’Assemblée nationale. Pour la première fois, nous allons tutoyer les 3 milliards d’euros d’autorisations d’engagement.

Néanmoins, comme l’a indiqué l’un des orateurs qui m’ont précédé, il est souhaitable que nous ayons un regard global sur tout ce qui concourt à la participation de l’État à la vie de cette France océanique, dans un périmètre qu’il conviendrait peut-être d’élargir ; c’est un autre débat, que je garde en tête.

J’ai voulu articuler la présentation des crédits de la mission que je souhaiterais nommer « France océanique » autour de quatre priorités.

Toutefois, en réponse à certaines interventions, je tiens en préalable à vous dire que ni moi ni Gérald Darmanin ne sommes là pour remplacer les collectivités territoriales. Nous discutons avec elles, nous essayons d’agir ensemble, puis nous nous mettons derrière elles. Moi, le plus grand jacobin de la République, outre-mer, je veux être derrière les collectivités locales et non pas devant !

Monsieur le sénateur Soilihi, vous savez que c’est ce que nous tentons de faire, notamment à Mayotte. C’est déjà beaucoup d’être derrière et je ne tiens pas à être devant.

La première priorité, c’est de répondre aux préoccupations du quotidien, en accordant une attention particulière aux sujets environnementaux.

Vous l’avez tous noté, une enveloppe de 30 millions d’euros a été budgétée pour accompagner le syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de Guadeloupe (SMGEAG). Je veux dire à ceux qui en doutent encore que je fais confiance aux élus locaux : nous nous sommes vus, nous nous sommes mis d’accord et ils vont le faire. Le 9 décembre prochain, tout sera bien calé, l’assistance technique sera sur place – j’y reviendrai plus tard – et on aura fait un pas gigantesque en Guadeloupe.

De manière plus générale, je veux rappeler qu’en matière de financement de l’eau, entre 2016 et 2022, ce sont 280 millions d’euros de subventions qui ont été octroyés à l’ensemble des territoires ultramarins, auxquels il faut ajouter 335 millions d’euros de prêts et 10 millions d’euros d’assistance technique. Ce n’est pas rien.

Et nous allons passer la surmultipliée, notamment en Guadeloupe, comme je viens de le dire, mais aussi à Mayotte, où j’ai signé un contrat de progrès du service public de l’eau potable et des eaux usées pour la période 2022-2026, d’un montant de 411 millions d’euros.

En vous répondant, monsieur le sénateur Soilihi, je m’adresse aussi au député Kamardine : à Mayotte, j’attends la demande de déclaration d’utilité publique pour lancer le processus ; elle a été retirée, monsieur le sénateur, comme vous le savez.

On avance donc, mais je suis derrière et je ne veux pas être devant.

Une autre mesure qui me tient particulièrement à cœur a été saluée : il s’agit de la mise en place des services publics anti-sargasses, dont le financement est assuré pour 80 % par l’État, à hauteur de 5 millions d’euros en 2023 ; s’y ajoute une contribution de mon ministère au programme interministériel de lutte contre les sargasses, à hauteur de 3, 5 millions d’euros, le ministère de la transition écologique se chargeant du reste.

On est sur la bonne voie. Les trois services publics sont en place. J’en ai encore discuté, il y a peu de temps, avec chacun des présidents des exécutifs de ces territoires.

Pour répondre à Mme Annick Petrus, je dirai que le président du conseil territorial de Saint-Martin, M. Mussington, est en tête de ce combat, qu’il mène bien. Nous allons donc y arriver, là aussi.

En matière de logement, les moyens sont renforcés à hauteur de 4 millions d’euros. Comme l’a rappelé Mme la Première ministre à l’Assemblée nationale, nous n’avons pas de gestion restrictive de la LBU. Je me félicite de l’engagement qui a été pris. Certes, il y a un problème en matière de crédits de paiement, mais de 2020 à 2022, pour la première fois, toutes les autorisations d’engagement ont été octroyées. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Quand les projets seront là, nous irons plus loin. Nous l’avons fait en cours de gestion l’année dernière et Mme la Première ministre a rappelé qu’elle voulait le faire aussi en 2023.

Des points de blocage demeurent, que vous avez tous soulignés. Pour les recenser, ainsi que les propositions concrètes permettant d’y remédier, et pour encourager à produire plus de logements sociaux et très sociaux, et à le faire plus vite, j’ai convoqué la semaine dernière une conférence avec l’ensemble des acteurs du logement – les organismes HLM et assimilés –, de l’aménagement du territoire et de la rénovation urbaine. Pour moi, c’est la bonne méthode. La question n’est pas tant dans les moyens financiers : il s’agit avant tout d’unir les volontés.

Je suis désormais défavorable à un plan général pour l’outre-mer en la matière ; il nous faut travailler territoire par territoire. Nous identifierons les blocages, qu’il s’agisse des normes ou des problèmes dénoncés dans l’appel de Fort-de-France, dont les signataires ont été reçus par le Président de la République et le ministre de l’intérieur, le 7 septembre dernier – j’y reviendrai.

Cependant, si l’on réunissait les représentants de tous ces territoires pour parler, tous ensemble, de la question du logement, d’une part, l’après-midi risquerait de ne pas être très agréable, d’autre part, je ne suis pas sûr que cela soit efficace.

Au moins trois points d’application de notre politique du logement méritent une attention renforcée.

Il s’agit, tout d’abord, des communes de Mamoudzou et de Koungou, à Mayotte. Je discute avec leurs maires et avec le président de la collectivité territoriale pour essayer de trouver une méthode comparable à celle que l’on a appliquée lors de l’épisode de la rue d’Aubagne à Marseille. Une mission se rendra à Mayotte pour étudier le sujet ainsi que les problèmes liés à la circulation.

À ce propos, à Mayotte, tout le monde nous parle de l’insécurité et nous avons une réelle volonté d’y mettre fin ; les moyens seront renforcés dans le prochain projet de loi sur l’immigration. Mais il y a aussi des difficultés liées à l’hôpital et à la circulation : à Mamoudzou, il faut se lever à quatre heures du matin pour aller travailler à huit heures, puis il faut encore quatre heures pour rentrer. Le port pose également problème, tout comme le manque de logements et la multiplication des bidonvilles. C’est en travaillant sur tous ces sujets que l’on arrivera à mettre fin à l’insécurité, ou tout au moins que l’on contribuera à la réduire.

La réhabilitation des centres-villes de Pointe-à-Pitre et Fort-de-France est un deuxième point d’attention renforcée.

Je suis allé à Pointe-à-Pitre et j’ai parlé aux maires de ces deux villes et aux deux présidents de collectivités : tout le monde est partant, nous comme eux, on va essayer de faire un pack, comme j’aime à dire, et nous serons derrière eux pour travailler sur ces réhabilitations. Nous allons le faire, avec les maires Didier Laguerre et Éric Jalton.

Un troisième point d’attention est Saint-Laurent-du-Maroni, qui est sans doute la ville de France qui grossit le plus vite : c’est gigantesque ! Nous allons devoir y régler les problèmes fonciers.

S’agissant de la continuité territoriale – je sais que c’est un sujet sensible –, les moyens progressent de 7 millions d’euros en 2023 par rapport à 2022. Peut-être n’est-ce pas suffisant, mais je veux rappeler les problèmes auxquels je suis confronté. La survie des compagnies aériennes coûte quelques centaines de millions d’euros à l’État, qu’il s’agisse d’Air Austral, de Corsair, d’Air Caraïbes, ou maintenant d’Air Guyane, qui est en déconfiture. L’État paye et ne le dit pas.

Pour Maripasoula, on a fait le job ; concernant Saint-Martin, madame Petrus, vous m’interrogez sur le sujet des évacuations sanitaires, dont le président Mussington m’avait aussi saisi : je peux vous répondre que le balisage est en cours, les évacuations pourront donc avoir lieu la nuit aussi.

Par ailleurs, l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité est en plein renouvellement. Le président et le directeur de Ladom ont été choisis. Il ne sera pas inutile d’augmenter les moyens, comme vous l’avez fait ; il ne sera pas inutile non plus de définir une politique pour Ladom. C’est ce que nous essayons de faire et je pense que nous allons y arriver. Le nouveau directeur devrait être nommé dans les dix prochains jours, en tout cas avant la fin de l’année.

Je veux dire un mot de Wallis-et-Futuna. Parce que c’est l’honneur de la République d’offrir à chacun des conditions de vie dignes, nous avons prévu, en matière de transport, de mener des projets dans le port de Futuna. Les débats en cours avec la Commission européenne sont ahurissants ; j’espère que nous gagnerons. C’est toujours difficile : les financements européens, c’est bien sympathique, mais il faut être très carré derrière. Nous allons y arriver.

Toutefois, le problème ici est que plus aucune compagnie ne veut assurer la liaison entre les îles de Wallis et Futuna. Cela retombe encore sur le ministère de l’outre-mer ! Encore une fois, j’aurais préféré être derrière que devant…

Par ailleurs, il faut noter à notre honneur que nous avons prévu 2, 5 millions d’euros pour financer les petites retraites et les minima sociaux à Wallis-et-Futuna, parce que la situation était quand même un scandale absolu.

La deuxième priorité de ce budget est la création de valeur dans chaque territoire.

Les contrats de plan arrivent à échéance en 2022. Ils seront prolongés par avenant en 2023, avec une contribution stabilisée de l’État. C’est tout de même un effort budgétaire de 530 millions d’euros en 2023, année au cours de laquelle nous préparerons la nouvelle génération de contrats, qui courront à partir de 2024.

Les moyens déployés par le ministère en faveur de la diversification agricole restent modestes, mais sont doublés, de 3 à 6 millions d’euros. Ils s’ajouteront aux crédits du ministère de l’agriculture, à hauteur de 45 millions d’euros ; les crédits du programme d’options spécifiques à l’éloignement et à l’insularité (Poséi) sont également de 45 millions d’euros.

Il nous faut donc commencer à travailler au nouveau système, à élaborer d’ici au 1er janvier 2024. Là encore, il faudra souvent aller à Bruxelles…

Nous apporterons également un soutien aux entreprises mises en difficulté par la hausse des coûts de l’énergie. Une enveloppe de 10 millions d’euros est prévue à ce titre l’an prochain : nous travaillons à la mise en œuvre de ces aides.

En matière de création de valeur, je veux insister sur la prolongation de la défiscalisation jusqu’en 2029, qui a été décidée pour tous les dispositifs et tous les territoires : c’est un geste fort que vous avez été nombreux à demander pour donner de la visibilité aux investisseurs. Maintenant que cela est fait, il est important que nous réalisions, avec mon collègue Gabriel Attal, un travail d’évaluation sur le champ de l’investissement productif dans la perspective du projet de loi de finances pour 2024.

La troisième priorité porte sur l’ambition républicaine et la sécurité publique. Je n’y reviens pas ; comme je l’ai dit, le prochain projet de loi sur l’immigration y contribuera, même s’il ne faut pas tout mélanger. En réalité, le problème est simple : il y a trop de gens qui n’ont pas de boulot et qui volent pour pouvoir manger.

En ce qui concerne les moyens, j’insisterai sur ceux du service militaire adapté, qui augmentent de 30 millions d’euros. Cela permettra d’accueillir davantage de volontaires, de renforcer leurs compétences et leurs qualifications. J’ai dans l’idée, mais c’est loin d’être gagné, car la situation est compliquée, de redéployer le RSMA à Saint-Martin : vous le savez, car nous en avons parlé ensemble.

La quatrième priorité est enfin l’accompagnement des collectivités territoriales. Les moyens de mon ministère qui y sont dédiés passeront de 205 à 270 millions d’euros en 2023, soit une hausse de 32 % : le maire de mon village de Langogne n’en revient pas ! Certes, il y a du retard à rattraper, mais enfin, Langogne, ce n’est pas non plus Abou Dhabi ! §C’est une progression considérable que nous avons fortement défendue avec Gérald Darmanin ; je pense que nous avons bien fait.

Les moyens des Corom, créés sur l’initiative du sénateur Patient, que je salue, et du député Cazeneuve, seront augmentés de 30 millions d’euros, dont 20 millions fléchés sur le SMGEAG. Le fonds outre-mer (FOM) sera abondé à hauteur de 10 millions d’euros, afin de poursuivre le financement d’assistance technique.

À ce sujet, je travaille avec la Banque postale et l’Agence française de développement (AFD) sur un projet qui consisterait à se doter de pôles d’assistance technique déjà installés, qui seraient saisis librement par les collectivités, sans qu’elles aient besoin d’en faire la demande. Pour le dire autrement, avec un tel pôle, si on a besoin d’une assistance technique, elle est là, elle est prête. J’espère obtenir l’accord du ministère des affaires étrangères, qui considère pour l’instant que, puisque l’AFD intervient, le projet est pour lui. Nous allons nous battre et je pense que nous l’obtiendrons.

Les moyens du fonds exceptionnel d’investissement ont été stabilisés à 110 millions d’euros. Je suis heureux de vous dire que j’ai désormais le pouvoir de fixer le taux de subvention à 100 %, contre 80 % auparavant. C’est une bonne chose : là encore, nous allons y arriver !

Je veux dire un mot enfin sur les finances locales, même si mon temps de parole est presque écoulé. Réjouissons-nous ensemble – il n’y a pas de mal à se faire du bien ! – du rattrapage de la dotation d’aménagement des communes et circonscriptions territoriales d’outre-mer (Dacom), conformément à l’engagement du Président de la République : depuis 2016, ce rattrapage s’élève à 150 millions d’euros.

Les collectivités ultramarines profiteront aussi de la progression nationale de la dotation globale de fonctionnement, en hausse de 300 millions d’euros.

Du côté des investissements, la création du fonds vert, doté de 2 milliards d’euros, est pour moi une caravane chargée d’or qui passe : nous essaierons de faire que ce soit au profit de l’outre-mer. Je serai là pour aider les collectivités ultramarines à mobiliser ce dispositif.

Quant aux aides déployées contre la vie chère, elles seront présentées le 8 décembre prochain. C’est fait et c’est fort : sans rien dévoiler en avance, je pense que nous aurons tous une bonne surprise.

Toujours en lien avec cette démarche, il faudrait citer la mesure défendue par le sénateur Théophile dans la première partie de ce projet de loi de finances : quand la gestion de l’importation des paquets est passée des douanes à La Poste, cela a représenté un gigantesque bond des prix ; ce n’est pas que les responsables de La Poste aient fait quoi que ce soit de stupide : ils ont tout simplement appliqué la loi, ce qui ne se faisait pas auparavant. J’ai donc obtenu l’augmentation à 400 euros de la franchise de taxation pour les envois de colis non commerciaux, qui était auparavant fixée à 205 euros. C’est fort, comme mesure !

Je terminerai mon propos en mentionnant l’octroi de mer, qui a permis aux collectivités locales, régions comme communes, de passer la crise financière, certes sans être tout à fait à l’aise, mais correctement. L’octroi de mer connaît un dynamisme que personne ne veut reconnaître.

Nous allons le faire évoluer, mais nous le ferons ensemble, en nous concentrant sur quatre points : les recettes des collectivités territoriales ; la défense de l’emploi local ; la défense de l’écologie et du climat ; enfin, le lien de cette taxe avec tout le reste de la fiscalité. En effet, que se passera-t-il lorsqu’il n’y aura plus de fiscalité sur l’essence puisqu’on ne produira plus d’essence ? Il faudra bien inventer quelque chose : on réinventera donc l’octroi de mer, en même temps que toute la fiscalité.

Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et UC, ainsi que sur des travées des groupes Les Républicains et SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à dix-sept heures dix-huit, est reprise à dix-sept heures vingt-trois.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La séance est reprise.

Nous allons procéder à l’examen des crédits de la mission « Outre-mer », figurant à l’état B.

En euros

Mission / Programme

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Outre-mer

Emploi outre-mer

Dont titre 2

197 873 288

197 873 288

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

ligne nouvelle

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

ligne nouvelle

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je suis saisie de six amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° II-961, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

I. – Supprimer les programmes :

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

et

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. le ministre délégué.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Cet amendement, qui me semble original, même si je ne suis pas spécialiste de la procédure, vise à lever le gage sur les amendements adoptés à l’Assemblée nationale pour un montant de 53 millions d’euros.

Nous discuterons ensuite, bien évidemment, de vos amendements et j’espère que nous pourrons nous mettre d’accord sur un certain nombre d’entre eux.

Je souhaite que l’on puisse régulariser les montants des crédits de la mission « Outre-mer » tels qu’ils figurent après la reprise de certains amendements votés à l’Assemblée nationale par la Première ministre dans le texte sur lequel elle a engagé la responsabilité du Gouvernement.

Cet amendement vise également à supprimer les deux programmes créés par amendement parlementaire, l’un portant sur les centres d’examens et de concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine, l’autre sur l’extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis ; il tend à rapatrier les crédits de ces programmes qui étaient dotés de 1 million d’euros chacun. À créer des programmes budgétaires pour un million, l’administration deviendrait trop envahissante…

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-901 rectifié, présenté par Mme Jasmin et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Continuité territoriale

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

Continuité territoriale

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Victoire Jasmin.

Debut de section - PermalienPhoto de Victoire Jasmin

Cet amendement est complémentaire de celui que vient de présenter M. le ministre.

Dans un rapport récent, la Cour des comptes a remis en cause le fonctionnement de Ladom et des actions ministérielles pour l’égalité des chances. Or les crédits que nous examinons, et qui seront probablement votés, doivent être utilisés sans redondance et avec plus de transparence et d’efficience. Pour l’instant, le millefeuille administratif pénalise non seulement les décideurs publics, mais aussi les citoyens.

Cet amendement a donc pour objet de clarifier les domaines de compétences de chacun, de favoriser la transparence, d’obtenir une traçabilité et une lisibilité, et de pouvoir évaluer l’utilisation de ces fonds, que nous régulariserons en votant l’amendement de M. le ministre. Il s’agit d’évaluer et de mettre en place des prérequis pour une planification pluriannuelle afin de mieux répondre aux besoins des collectivités et de nos concitoyens des outre-mer, en toute transparence.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-809 rectifié, présenté par Mme Conconne, M. Antiste, Mme Jasmin, M. Lurel, Mme Artigalas, M. Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Catherine Conconne.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

La crise du transport aérien se fait réellement sentir. En effet, lorsqu’on l’on vit dans ces pays, pour aller faire des études, pour aller se soigner ou, tout simplement, pour aller rejoindre sa famille, car les familles sont souvent éclatées à cause de mutations complexes, il faut prendre l’avion ; or cela coûte cher. En ce moment, un billet aller-retour en classe économique pour la Martinique peut coûter jusqu’à 2 000 euros. Une grande partie de la population est donc exclue de ces voyages, qu’il s’agisse d’un public fragile, déjà confronté à d’autres difficultés, ou même de la classe moyenne. Par conséquent, une grande partie de la population est concernée.

Cet amendement vise donc à reporter 30 millions d’euros de crédits vers des actions d’amélioration de la mobilité de la population. Cela n’a rien d’original : le Gouvernement accorde déjà des moyens financiers importants à la Corse pour assurer la continuité territoriale avec cette île, qui n’est pourtant qu’à une heure et demie de Paris…

Il est essentiel d’afficher au moins une intention. Rappelons que, quand on se déplace, c’est souvent pour aller se soigner, sans que cela soit pris en charge par la sécurité sociale. En outre, il faut parfois attendre sept, huit ou neuf mois pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste, car ceux-ci font cruellement défaut dans nos territoires, véritables déserts médicaux à ciel ouvert !

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-252 rectifié, présenté par Mme Jacques, au nom de la commission des affaires économiques, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme le rapporteur pour avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Micheline Jacques

Cet amendement tend à amplifier l’effort budgétaire entamé lors des débats à l’Assemblée nationale, où le Gouvernement avait consenti à conserver dans le texte un amendement tendant à abonder de 5 millions d’euros les crédits du programme 123, « Conditions de vie outre-mer », pour accroître les moyens dédiés à la continuité territoriale.

Pour l’année 2022, Ladom estime l’augmentation du prix des billets d’avion à environ 23 %, ce qui l’a conduite à puiser dans sa trésorerie. Dans ce contexte, il paraît indispensable de donner les moyens à Ladom de remplir effectivement ses missions, qui relèvent de l’unité de la République et de la solidarité vis-à-vis des citoyens ultramarins.

Cet amendement vise tout particulièrement à interpeller le ministre chargé des outre-mer pour qu’il confirme l’engagement pris à l’Assemblée nationale et qu’il en tire les conséquences en actualisant au plus vite l’arrêté du 18 novembre 2010 fixant les montants des différentes aides à la continuité territoriale.

Afin de respecter les règles de recevabilité budgétaire, cet amendement tend à prélever 1 million d’euros en autorisations d’engagement et en crédits de paiement sur le programme 138 pour abonder le programme 123 de la mission « Outre-mer ».

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-769 rectifié ter, présenté par Mme Petrus, M. Mouiller, Mmes Gruny, Malet et Belrhiti, M. Rapin, Mmes Dumont et M. Mercier, MM. Genet et Charon et Mme Imbert, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Annick Petrus.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Petrus

Cet amendement a pour objet d’abonder de 350 000 euros les crédits consacrés à la continuité territoriale, afin de permettre une prise en charge des frais de transport et des indemnités forfaitaires journalières d’hébergement des malades résidant sur le territoire de Saint-Martin et devant se rendre en Guadeloupe, en Martinique, ou encore plus loin, dans l’Hexagone pour y être soignés, faute de structures ou de spécialistes sur le territoire.

Il me paraît nécessaire de rappeler l’importance du volet santé de l’aide à la continuité territoriale.

Au sein du budget de la mission « Outre-mer » pour 2023, les crédits consacrés à la continuité territoriale ne permettent pas de prendre en charge ces frais, pourtant élevés pour les Ultramarins : ils doivent les financer à partir de leur budget personnel afin d’éviter une rupture ou une perte de chance dans leur parcours de soin.

En effet, sur le territoire de Saint-Martin, nous n’avons pas de service de chirurgie vasculaire, ni de chirurgie plastique de reconstruction, ni de neurochirurgie, ni de chirurgie cardiaque. Au niveau des spécialités médicales, il manque un spécialiste en neurologie ou en rhumatologie ; nous ne comptons ni pneumologue ni chirurgien spécialisé de l’épaule, et je pourrais continuer cette énumération !

Autant de médecins qui ne sont pas présents ou qui ne viennent plus, pour ceux qui faisaient le déplacement, car le coût du billet d’avion, en constante augmentation, les en aura définitivement dissuadés.

Il en est de même pour les patients qui ne peuvent se rendre en Martinique, en Guadeloupe, ou en France hexagonale en raison du coût du transport. Le fonds de continuité territoriale doit donc pouvoir prendre en charge, sans condition de ressources, les titres de transport pour ces déplacements entre les collectivités de résidence outre-mer et l’Hexagone, lorsque la santé du patient le nécessite.

C’est pourquoi, au travers de cet amendement, je demande que l’État soutienne les dépenses des malades et de leurs accompagnateurs, aux revenus très souvent modestes, en mettant en place cette couverture supplémentaire ; ainsi, on favorisera la santé publique.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-394 rectifié, présenté par MM. Artano, Bilhac, Cabanel et Corbisez, Mme N. Delattre, MM. Guérini et Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Gold, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Stéphane Artano.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Artano

Cet amendement est d’inspiration identique à celle du précédent, hormis qu’il concerne Saint-Pierre-et-Miquelon.

Il tend à abonder de 100 000 euros les crédits consacrés à la continuité territoriale, afin de permettre la prise en charge des frais de transport et des indemnités forfaitaires journalières d’hébergement des accompagnateurs, en activité et résidant à Saint-Pierre-et-Miquelon, qui doivent successivement se rendre aux côtés d’un malade retenu dans l’Hexagone pour une durée de trois à quatre semaines, voire bien davantage pour certains traitements médicaux.

Actuellement, la caisse de prévoyance sociale de Saint-Pierre-et-Miquelon – cet amendement a d’ailleurs été élaboré en concertation avec elle – prend en charge uniquement le billet d’avion de l’accompagnateur initial et non ceux des accompagnateurs successifs.

Or ces accompagnateurs ont une activité professionnelle, qui leur impose de revenir sur leur territoire de résidence à un moment donné, en laissant le malade seul dans l’Hexagone si personne ne vient les remplacer.

Au sein du budget de la mission « Outre-mer » pour 2023, la stagnation des crédits consacrés à la continuité territoriale ne permet pas la prise en charge des frais des accompagnateurs de remplacement, qui ne sont donc pas prévus dans le dispositif de la caisse de prévoyance sociale.

Le mouvement de crédits proposé dans cet amendement est l’unique moyen que nous ayons trouvé pour soutenir ces frais. On ferait ainsi montre à la fois d’équité et d’humanité dans la prise en charge des malades, en leur permettant d’être accompagnés pour des traitements et des suivis médicaux de longue durée dans l’Hexagone, à plus de 5 000 kilomètres de chez eux.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Mon collègue rapporteur et moi-même avons décider d’exprimer à tour de rôle les avis sur les différents amendements.

L’amendement n° II-961 du Gouvernement vise à ouvrir les crédits nécessaires à la suite de l’adoption de plusieurs mesures par l’Assemblée nationale. Leur montant total ne soulève aucune difficulté, mais nous nous interrogeons sur un point particulier : pourquoi les 2 millions d’euros des programmes supprimés sont-ils attribués au programme 138, alors que leur objet relevait clairement des problématiques de continuité territoriale et, partant, de l’action n° 03 du programme 123 ?

Nous souhaiterions avoir une explication sur ce point. L’avis de la commission n’en est pas moins favorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

L’amendement n° II-901 rectifié, de Mme Jasmin, vise à majorer de 1 million d’euros les crédits alloués à la continuité territoriale, mais surtout à créer un nouveau programme consacré à cette politique, ce qui permettrait d’en assurer un meilleur suivi et d’avoir une vision d’ensemble des problématiques qui lui sont liées.

L’intention est compréhensible. Toutefois, la création d’un nouveau programme ne nous paraît pas constituer une solution adéquate pour améliorer le suivi et la gestion des crédits dédiés à la continuité territoriale ou pour mettre en place une stratégie globale.

Par ailleurs, la création d’un nouveau programme budgétaire s’accompagne de contraintes logistiques importantes, d’ailleurs relevées par M. le ministre, comme la désignation d’un responsable de programme, ainsi que la création de nouveaux budgets opérationnels de programme (BOP) et de nouvelles unités opérationnelles.

Le suivi de la politique de continuité territoriale doit-il être confié à Ladom ou à une autre structure ? Cette question doit également être posée.

Par ailleurs, d’après nos informations, la délégation sénatoriale aux outre-mer devrait conduire une mission d’information sur la continuité territoriale, dès l’année prochaine. Il nous paraît raisonnable d’attendre ses conclusions et ses recommandations.

La commission demande donc le retrait de cet amendement.

En ce qui concerne l’amendement n° II-809 rectifié, de Mme Conconne, à l’issue des travaux menés à l’Assemblée nationale, les crédits alloués à la continuité territoriale étaient majorés de 5 millions d’euros, afin de réellement garantir le principe de continuité territoriale, dans un contexte inflationniste – que vous avez évoqué – caractérisé par une hausse des prix des billets d’avion pour les trajets entre la métropole et les territoires d’outre-mer, hausse d’environ 20 % en un an.

Cette augmentation de plus de 10 % des crédits dédiés à la continuité territoriale semble déjà de nature à répondre aux hausses attendues des prix des billets d’avion. De surcroît, contrairement à d’autres actions, les crédits de l’action n° 03 du programme 123 sont, de manière régulière, sous-consommés.

Je ne fais pas référence aux années 2020 et 2021 marquées par la crise sanitaire, qui ont, de fait, vu le nombre de vols entre la métropole et les outre-mer diminuer fortement. En 2018, en autorisations d’engagement, 39, 4 millions d’euros ont été consommés sur les 41, 1 millions d’euros ouverts en loi de finances initiale, soit presque 2 millions d’euros de moins, et en 2019, 35, 5 millions d’euros ont été consommés sur les 42, 1 millions d’euros de crédits ouverts, soit une différence de près de 7 millions d’euros.

En crédits de paiement, nous constatons également une sous-consommation des crédits en 2018 et 2019, de 1 million à 2 millions d’euros, soit l’équivalent du montant demandé dans le présent amendement.

Par ailleurs, l’aide exceptionnelle à la Corse – que vous avez à juste titre évoquée – prévue dans la seconde loi de finances rectificative pour 2022, concerne non pas les billets d’avion, mais la desserte maritime exercée dans le cadre de la délégation de service public. Ce ne sont pas tout à fait les mêmes sujets.

Nous restons vigilants, comme vous, à la hausse des prix des billets d’avion et à la consommation des crédits dédiés à la continuité territoriale. Nous n’hésiterons donc pas à demander une majoration en 2024, voire plus tôt si le contexte le justifie.

La commission a donc émis un avis défavorable sur cet amendement, ainsi que sur l’amendement n° II-252 rectifié, présenté par Mme Jacques au nom de la commission des affaires économiques, pour les mêmes raisons.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

L’amendement n° II-769 rectifié ter de Mme Petrus vise à majorer de 350 000 euros les crédits du programme 123, afin de financer la prise en charge du transport et des indemnités forfaitaires journalières d’hébergement des personnes malades résidant dans le territoire de Saint-Martin et devant se rendre en Guadeloupe, en Martinique, ou dans l’Hexagone pour y être soignées.

Cette question est particulièrement sensible, qu’il s’agisse des malades ou des personnes qui les accompagnent. Par ailleurs, elle ne se limite pas à un ou plusieurs territoires ultramarins. Ainsi, il me semble nécessaire d’abandonner une analyse de ce sujet territoire par territoire au profit d’une approche globale valable pour l’ensemble des territoires ultramarins, dont l’offre de soins n’est pas aussi complète que celle de métropole. Ce problème mérite donc un traitement qui dépasse le cas de Saint-Martin.

C’est pourquoi la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Cependant, j’invite les ministres concernés par cette question sensible à organiser rapidement une réflexion pour aider au mieux les personnes qui doivent se rendre en métropole pour des raisons médicales ou en tant qu’accompagnants.

Sur l’amendement n° II-394 rectifié de M. Artano, la commission des finances a également émis un avis défavorable. Le traitement à apporter à ce problème dépasse, là encore, le cas de Saint-Pierre-et-Miquelon. De même, j’invite le Gouvernement et les ministres concernés par cette question sensible à organiser rapidement une réflexion.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Pour répondre à M. le rapporteur spécial Patient sur la levée du gage, les politiques en question relevant de la formation et des concours, mes services confirment qu’elles appartiennent au programme 138. Vous êtes un spécialiste, je n’étais donc pas certain de la réponse à vous apporter, mais je fais confiance à mes services.

Concernant l’ensemble des amendements ayant trait à la continuité territoriale, je voudrais d’abord dire qu’il s’agit d’un vrai sujet.

Il existe la continuité territoriale, d’une part, et la double continuité, d’autre part. Je pense à la liaison entre Pointe-à-Pitre et les îles des Saintes. Dans ce cas, la continuité fonctionne, mais dans beaucoup d’autres, cela ne marche pas. En outre, la continuité territoriale s’appuie autant sur le transport maritime, qui ne doit pas être oublié, que sur le transport aérien.

Pour répondre à la demande de Mme Jasmin, si un programme spécifique consacré à la continuité territoriale était créé, il me semble qu’on y perdrait de l’argent – je me place de votre côté en disant cela !

En effet, les territoires ultramarins perdraient des moyens, puisque les administrations qui participent aujourd’hui à cette politique aux côtés du ministère des outre-mer – particulièrement le ministère des transports et le ministère des finances – diraient alors : « Ce n’est pas à nous de le faire, c’est à vous ! » Si la continuité territoriale dispose d’un programme spécifique, nous ne pourrons donc plus compter sur les financements extérieurs.

Le premier sujet que j’ai eu à traiter en matière de continuité territoriale – Mme Dindar en est témoin – est de garantir que nous disposons de compagnies aériennes à cette fin. Cela coûte à l’État 150 millions d’euros à La Réunion. Le coût sera à peu près similaire, au départ, dans les Antilles ; il faudra peut-être y ajouter 50 millions d’euros ensuite, sans parler d’Air Guyane qui ne se porte pas bien et à laquelle nous allons devoir donner quelque argent.

La liaison entre les îles de Wallis et Futuna est aussi un sujet de préoccupation. Nos amis d’Aircalin ont annoncé qu’ils ne souhaitaient pas s’y rendre. J’ai donc contacté Air Tahiti et le président de la Polynésie française, Édouard Fritch, pour leur demander de faire un petit effort.

S’agissant de Saint-Martin, nous travaillons avec Air Caraïbes pour que la compagnie reprenne les vols assurés auparavant. Concernant Saint-Pierre-et-Miquelon, monsieur le sénateur Artano, nous reportons le délai d’un an afin d’améliorer la délégation de service public confiée à Air Saint-Pierre, qui elle-même la subdélègue à une autre compagnie. Il s’agit de refonder l’ensemble, tout en maintenant ce qui existe pour l’année en cours.

Cela se traduira évidemment dans les contrats de convergence et de transformation de 2024.

S’agissant des prix des billets, je dois rencontrer dans les prochains jours la présidente d’Air France et son directeur général et j’aurai un entretien téléphonique, en cette fin de journée, avec le président d’Air Caraïbes, Jean-Paul Dubreuil, afin de leur demander de faire un petit effort. Ce n’est pas gagné ! Cependant, j’espère que, dans le cadre de l’Oudinot du pouvoir d’achat, nous pourrons faire quelques annonces sur le transport aérien.

La continuité territoriale, c’est aussi le transport des conteneurs, sur lequel nous travaillons également. Il s’agit donc d’un vaste sujet. Il me semble que le réduire à un programme budgétaire géré par la rue Oudinot ne serait pas profitable. Nous y perdrions beaucoup !

Le deuxième sujet est plus particulier, puisqu’il concerne Ladom. Depuis environ six mois, cette agence n’a ni président ni directeur. Elle ne porte donc plus de politique et s’est transformée en une agence de voyage.

Cette politique doit être refondée. Je réunirai les élus dans ce but, puisque les deux responsables de Ladom sont désormais connus : l’un a été nommé, après avoir reçu un soutien unanime, et l’autre est désigné, du moins dans l’esprit de Gérald Darmanin et le mien : il ne reste plus qu’à signer le papier, puisque nous l’avons rencontré et qu’il nous semble faire l’affaire !

Le budget de Ladom est d’ores et déjà augmenté de 7 millions d’euros par rapport à 2022, soit une hausse d’environ 15 % appliquée au montant initial de 45 millions d’euros. Ce n’est pas négligeable, sachant qu’aucune réelle politique n’est encore définie en la matière. Essayons donc d’élaborer une politique de transport, de définir à qui elle s’adresse, et nous y arriverons !

Les avis du Gouvernement sur ces amendements sont fondés sur les arguments que je viens de développer, mais reflètent aussi notre intention de faire un geste de compréhension envers votre point de vue – même si ce n’est pas tout à fait le bon moment pour vous suivre complètement au regard des nombreux sujets à traiter.

Sur l’amendement n° II-901 rectifié de Mme Jasmin, le Gouvernement émet un avis défavorable, ainsi que sur l’amendement n° II-809 rectifié de Mme Conconne.

En revanche, le Gouvernement émet un avis favorable sur l’amendement n° II-252 rectifié de Mme le rapporteur pour avis. En effet, c’est une manière symbolique d’indiquer que nous souhaitons aller dans cette direction, même si ce n’est pas encore le moment d’aller plus loin.

Notre avis est toutefois défavorable sur l’amendement n° II-769 rectifié ter de Mme Petrus, comme sur l’amendement n° II-394 rectifié de M. Artano.

En effet, le budget de la continuité territoriale ne doit pas remplacer celui de la sécurité sociale. Si cet amendement était adopté, la sécurité sociale pourrait nous rétorquer : « Messieurs de l’outre-mer, débrouillez-vous ! ».

C’est le même problème que pour les demandes de création d’un programme spécifique. Le sujet de la ligne budgétaire unique pour le logement outre-mer est tellement vaste que ce qui nous menace, si un tel programme était créé, c’est qu’on revienne sur la défiscalisation dans le logement. Ce serait inscrit dans le programme, mais dans trois ans qu’en resterait-il ? Il me semble donc préférable d’éviter de réduire les programmes existants au profit de nouveaux.

S’agissant de la continuité territoriale – je prie nos amis de Saint-Martin et de Saint-Pierre-et-Miquelon de m’excuser de le dire –, évitons d’avoir une approche territoire par territoire de ce sujet et adoptons une vue d’ensemble avant d’agir en la matière.

Nous travaillons à la résolution du problème maritime que connaît Saint-Pierre-et-Miquelon. La question du port est réglée, puisque nous savons ce que nous voulons faire. Concernant les liaisons aériennes, le délai est prolongé d’un an.

Vous avez raison, messieurs les rapporteurs spéciaux, je vais proposer aux présidents des nous réunir une réunion avec le ministre des transports, afin de discuter de cette politique globalement. J’espère que cela se fera au début du mois de janvier.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Victoire Jasmin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Victoire Jasmin

Monsieur le ministre, je vous ai entendu et je suis prête à retirer mon amendement.

Néanmoins, je souhaiterais que les recommandations de la Cour des comptes concernant la traçabilité, la transparence et la clarté des informations transmises soient prises en compte. Nous ne pouvons plus continuer ainsi. Il s’agit d’argent public, dont il est parfois dit qu’il est mal utilisé, d’autres fois qu’il n’est pas utilisé… On ne sait plus !

Par ailleurs, monsieur le ministre, vous avez évoqué la sécurité sociale. Nous avons examiné le PLFSS pour 2023. Les coefficients géographiques et les évacuations sanitaires sont deux sujets importants, que nous avons cherché à aborder en loi de financement de la sécurité sociale. Or le Sénat ne vote jamais ces dispositions, quels que soient les groupes qui les proposent.

Je retire donc mon amendement, mais il convient de mieux faire en matière de transparence, en suivant les recommandations de la Cour des comptes.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-901 rectifié est retiré.

La parole est à Mme Catherine Conconne, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

J’ai entendu les avis des rapporteurs spéciaux et de M. le ministre.

À vous entendre, monsieur le ministre, la situation de la Corse s’expliquerait par le fait que la liaison se fait par bateau. Faut-il donc disposer de liaisons maritimes pour avoir plus d’argent ?

Quitter la Corse en bateau ne prend que quelques heures, tandis qu’une traversée transatlantique dure huit jours. D’ailleurs, aucun navire ne transporte de passagers ! Les données ne sont pas les mêmes.

Cette question de la mobilité doit être envisagée de la manière la plus juste et la plus équitable dans la République.

Que l’on réside dans les pays de ladite outre-mer, en Corse – qui est aussi l’outre-mer, soyons logiques ! – ou sur le territoire hexagonal, une politique équitable est nécessaire.

Actuellement, lorsqu’un malade doit se rendre en France pour être soigné et échapper au désert médical, il ne peut attendre trois mois la réponse de la sécurité sociale sur la prise en charge de ses frais : il part de suite, ce qui lui coûte entre 1 000 et 2 000 euros pour un vol économique. C’est la réalité ! Il existe donc une rupture d’égalité dans l’accès à la fois aux soins et à la mobilité.

Monsieur le ministre, sachez que M. Artano a accédé à ma demande de création d’une mission sur la continuité territoriale. Les travaux, que je mènerai avec M. Chevrollier, seront menés tambour battant dès les premiers jours de janvier. Nous irons vite, rassurez-vous ! J’espère donc que, dès la fin du premier trimestre de 2023, vous serez tout ouïe pour nos recommandations !

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Dominique Théophile, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

Madame la présidente, monsieur le ministre, permettez-moi de rebondir sur les propos de Mme Conconne relatifs à la hausse des prix des billets d’avion.

Le baromètre du transport aérien nous indique que, au départ de l’ensemble des départements d’outre-mer, l’augmentation des prix des billets d’avion atteignait 32, 4 % au mois d’octobre 2022, et 19, 2 % au cumul.

Cette tendance touche les quatre départements de manière différenciée, la Guadeloupe – que je connais mieux – affichant la plus forte progression, soit 37, 2 %. J’avais également alerté la Première ministre sur ce sujet, mais nous devons y réfléchir collectivement.

Nous ne disposons pas, pour l’instant, d’avions à hydrogène et nous ne demandons pas que l’on subventionne le kérosène. Toutefois, nous devons vérifier s’il existe une éventuelle entente entre les compagnies sur les prix pratiqués.

Je reçois donc avec satisfaction l’annonce de discussions sur ce sujet, dans le cadre de l’Oudinot de la vie chère. Cela permettra d’éclaircir la situation et de nous offrir davantage de visibilité sur cette question.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Stéphane Artano, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Artano

Je vais peut-être décevoir M. le ministre, mais l’article L. 1803-1 du code des transports prévoit que la politique de continuité territoriale « tend à atténuer les contraintes de l’insularité et de l’éloignement et à rapprocher les conditions d’accès de la population aux services publics de transport, de formation, de santé ». Je n’y suis pour rien, c’est d’ordre législatif !

Chacun aura entendu que le ministère des outre-mer ne veut pas s’engager sur le volet santé ; j’en suis surpris.

À Saint-Pierre-et-Miquelon, le décret du 25 mars 1991 prévoit que la caisse de prévoyance sociale – émanation de la Caisse nationale de l’assurance maladie (Cnam), la sécurité sociale – organise cette prise en charge. Un deuxième accompagnateur peut bénéficier d’une indemnité journalière, mais pas d’une prise en charge du prix de son billet. Il en sera de même pour un troisième accompagnateur.

Je demande simplement, parce que c’est le seul levier à ma disposition, la mise en place d’un dispositif « tampon ». Ensuite, si vous le souhaitez, la sécurité sociale pourra prendre le relais dans un an – ou dans deux ou trois ans, au regard de l’inertie de l’administration à l’égard de ces sujets, et de Saint-Pierre-et-Miquelon en particulier.

Je le dis à tous mes collègues : nous devons adopter cette mesure, qui ne pèsera pas lourd sur le budget de l’État, puisqu’il s’agit d’une population de 6 000 habitants – la réalité des choses doit quand même être rappelée. Il s’agit d’un geste d’humanité et de solidarité, dont le bilan sera dressé. La sécurité sociale pourra toujours prendre le relais, comme je l’espère également, monsieur le ministre ; cependant, aujourd’hui, dans le temps qui nous est imparti, nous n’avons pas d’autre dispositif relais.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Annick Petrus, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Petrus

Monsieur le ministre, j’ai entendu et compris vos arguments.

La continuité territoriale ne saurait se résumer à une série de questions relatives à des territoires individuels. Néanmoins, sur le territoire de Saint-Martin, nous n’avons pas de CHU et nous devons nous rendre dans les territoires voisins. Ces derniers n’affrontent pas la même problématique, puisqu’ils disposent de spécialistes, même s’ils sont en petit nombre. J’ai interrogé le directeur de l’agence régionale de santé sur le nombre de chirurgiens vasculaires disponibles. Il m’a répondu que la Guadeloupe n’en comptait qu’un. Au moins, il y en a un ; chez nous, ce n’est pas le cas !

J’ai déposé un amendement spécifique à Saint-Martin, car notre situation est différente de celle de la Guadeloupe, de la Martinique ou de la Guyane.

Je maintiens donc mon amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Nassimah Dindar, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nassimah Dindar

Monsieur le ministre, c’est bien ici que réside la difficulté.

Vous avez raison de rappeler que la continuité territoriale existe. Cependant, le code des transports applique cette notion également à la santé.

Or, lors de nos rencontres avec les services des différents ministères, il nous est dit que l’enveloppe est sous-utilisée, y compris s’agissant des rapatriements des corps des défunts.

En réalité, en cas d’urgence, à l’occasion d’un décès ou d’un problème de santé, la personne concernée ne peut pas s’adresser à Ladom ou aux services de l’État pour obtenir très rapidement un billet d’avion.

L’accompagnement des malades est assuré par la sécurité sociale, qui prend en charge le prix du billet d’avion du malade et celui d’un accompagnant, ou encore d’un médecin, lorsque cela est nécessaire.

À La Réunion, nous avons mis en place, grâce à la collectivité départementale, une modalité d’accompagnement des malades.

Je comprends parfaitement ce qu’expliquent Mme Petrus et mon collègue Artano au sujet de leurs territoires. En l’absence de prise en charge directe, les dépenses d’accompagnement des malades effectuées par la collectivité devraient pouvoir être remboursées.

Il s’agit bien de la continuité territoriale et de l’égalité de traitement de tous les citoyens de la République vis-à-vis de la santé.

S’agissant des territoires de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Saint-Martin, il est nécessaire de trouver une solution, ne serait-ce que sous la forme d’une enveloppe dédiée aux remboursements des dépenses des collectivités, puisque les crédits prévus dans le cadre de la continuité territoriale sont sous-utilisés.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Les propositions qui s’expriment dans l’ensemble de ces amendements sont loin d’être absurdes.

Toutefois, je ne souhaite pas que l’on traite les problèmes un par un avant d’avoir réfléchi ensemble. C’est bien pourquoi j’organiserai bientôt une réunion avec les parlementaires des deux délégations aux outre-mer et le ministère des transports.

Je suis également favorable à ce que Ladom dispose enfin d’une politique, ce qui lui fait défaut depuis au moins six mois, grâce à la hausse de 15 % des crédits qui lui sont accordés.

S’agissant du petit problème – si je puis dire, au regard du volume minuscule des crédits demandés – de Saint-Pierre-et-Miquelon, Ladom peut s’en charger s’il en est décidé ainsi.

Essayons de ne pas multiplier les régimes et les dispositifs, car cela rend les choses incompréhensibles. Essayons plutôt d’élaborer une politique globale.

En raison de cette recherche d’une politique unique, de la volonté de travailler avec Ladom, de la somme d’argent gigantesque déjà accordée – près de 500 millions d’euros cette année, en incluant la question des compagnies aériennes – et de mon espoir de travailler correctement avec ces dernières, je m’en tiens aux avis émis sur ces différents amendements, tout en espérant que chacun les retire, dans la perspective d’un règlement global de ce sujet.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Monsieur le ministre, levez-vous le gage sur l’amendement n° II-252 rectifié, sur lequel le Gouvernement a émis un avis favorable ?

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. Je ne lève pas le gage, mais on trouvera les sous !

Rires sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

La vérité est que les crédits des programmes de la mission « Outre-mer » ne sont pas intégralement consommés, vous le savez bien. Si tel était le cas, nous pourrions lever le gage. En l’état actuel des choses, sans lever le gage, des moyens peuvent être trouvés.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Madame Conconne, l’amendement n° II-809 rectifié est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-809 rectifié est retiré.

Je mets aux voix l’amendement n° II-252 rectifié.

L ’ amendement est adopté.

L ’ amendement est adopté.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-757 rectifié bis, présenté par Mmes Tetuanui et Billon, MM. Kern et Capo-Canellas, Mmes Vermeillet, Gatel, Jacquemet et Jacques, MM. Levi, Cadic, P. Martin et Détraigne, Mmes Doineau, Dindar, de La Provôté et Belrhiti, M. Henno, Mme Létard et M. Laugier, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Annick Billon.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Cet amendement, dont notre collègue Lana Tetuanui est la première signataire, tend à retirer 42 millions d’euros à l’action n° 02, Aide à l’insertion et à la qualification professionnelle, du programme 138, « Emploi outre-mer », afin de les redéployer sur l’action n° 04, Sanitaire, social, culture, jeunesse et sports, du programme 123, « Conditions de vie outre-mer ».

Il s’agit d’un appel à la solidarité nationale.

La gestion de la caisse de prévoyance sociale (CPS) de la Polynésie française a évolué dans le temps. Cependant, à la suite de l’arrêt des essais nucléaires et de l’instabilité politique, il était impératif de réformer ces régimes pour les adapter aux nouvelles exigences économiques, démographiques et de santé publique.

La population de Polynésie française est de plus en plus vieillissante et touchée par de graves pathologies, dont le coût de gestion est extrêmement onéreux pour cette petite collectivité. Les charges liées aux maladies radio-induites, résultant des essais nucléaires, des ressortissants de la CPS obèrent gravement le régime maladie de la caisse. L’impact financier a été évalué à plus de 47 millions d’euros par an, pour la période 2014-2018, et ces charges ne font pas l’objet de compensation par l’État.

La Polynésie française avait bénéficié de l’accompagnement de l’État de 2015 à 2020, dans le cadre d’une convention solidarité signée entre l’État et le pays.

Depuis lors, des réformes essentielles ont été engagées localement pour une meilleure gouvernance de la CPS et par la mise en place d’une nouvelle TVA sociale afin d’assurer l’équilibre financier des différents régimes de prestations sociales.

Or la pandémie, en 2020, a donné un coup d’arrêt brutal à toute l’économie insulaire, mettant en péril le système de protection sociale. C’est ce à quoi cet amendement de ma collègue Lana Tetuanui vise à remédier.

M. Alain Duffourg applaudit.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Cet amendement, déposé par ma collègue de Polynésie française Lana Tetuanui et présenté par Mme Billon, vise à majorer de 42 millions d’euros les crédits du programme 123 afin de financer le régime de solidarité de la Polynésie française (RSPF).

Il s’agit bel et bien d’un amendement d’appel. Pour mémoire, après l’achèvement, en 2020, de la contribution financière au RSPF, qui s’élevait à 12 millions d’euros par an, le gouvernement polynésien, auquel j’ai appartenu dans une autre vie, a opté pour une convention globale de santé 2021-2023 entre l’État et le pays. Ce document a été signé le 14 octobre 2021 et – je l’ai souligné lors de la discussion générale – les crédits afférents ont été inscrits au budget cette année.

De 1993 à 2007, puis de 2015 à 2020, l’État a contribué à l’équilibre du régime de solidarité et ainsi permis aux populations fragiles de bénéficier d’une protection sociale. Avec cette nouvelle convention globale de santé, conclue à la demande du pays, il oriente désormais son soutien vers l’amélioration de la prise en charge des patients, en favorisant l’accès des populations des îles éloignées à une offre de soins de meilleure qualité. Je pense notamment au traitement du cancer. Au total, un budget annuel de 4 millions d’euros est prévu à ce titre.

Cet amendement vise à mettre en œuvre une nouvelle convention de solidarité, qui viendrait s’ajouter à la convention de santé que je viens d’évoquer et qui, elle, est déjà en vigueur.

La commission vous rappelle que des échanges sont en cours entre le pays et le Gouvernement. Le président Fritsch a souligné la semaine dernière, devant la commission des finances de l’assemblée de Polynésie française, que ces discussions devaient se poursuivre : il faut encore travailler à une feuille de route commune, traduisant des engagements de part et d’autre.

C’est pourquoi, ma chère collègue, nous vous prions de bien vouloir retirer votre amendement ; cela étant, nous avons bien entendu l’appel qui est lancé et auquel, à titre personnel, je me joins évidemment.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Comment ne pas être sensible aux arguments du sénateur Rohfritsch ? Je confirme tout ce qu’il vient de dire : le Gouvernement a été saisi de ce dossier et le travail est en cours. Il s’agit là d’un véritable sujet et nous espérons aboutir à une feuille de route digne de ce nom.

J’ai reçu, de Mme la Première ministre, l’engagement de dégager les crédits nécessaires en 2023 – il n’y aucune ambiguïté sur ce point – et je m’associe à la demande de la commission des finances, d’autant que, pour ce qui concerne les questions de santé en Polynésie, elle émane d’un sachant absolu. À défaut, j’émettrai un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Madame Billon, l’amendement n° II-757 rectifié bis est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Monsieur le rapporteur spécial, monsieur le ministre, j’entends vos arguments. Vous soulignez à juste titre qu’il s’agit d’un amendement d’appel ; c’est même indiqué dans son objet. Toutefois, je vais le maintenir, car cette demande est juste.

Tout à l’heure, M. le ministre a fait valoir que la levée de gage n’était pas toujours nécessaire, étant donné que nous avons des lignes à notre disposition.

Enfin, si je maintiens cet amendement, c’est parce que notre collègue du groupe Union Centriste Lana Tetuanui nous surveille depuis la Polynésie. §Nous avons demandé un scrutin public ; j’espère que l’amendement sera voté largement par notre assemblée !

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je mets aux voix l’amendement n° II-757 rectifié bis.

J’ai effectivement été saisie d’une demande de scrutin public émanant du groupe Union Centriste.

Je rappelle que l’avis de la commission est défavorable, de même que celui du Gouvernement.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 89 :

Le Sénat a adopté.

Je suis saisie de quatre amendements identiques.

L’amendement n° II-17 rectifié est présenté par MM. Patient et Rohfritsch, au nom de la commission des finances.

L’amendement n° II-337 rectifié est présenté par M. Mohamed Soilihi, au nom de la commission des lois.

L’amendement n° II-900 rectifié ter est présenté par Mmes Jasmin et Conconne, MM. Antiste et Lurel, Mme Artigalas, M. Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

L’amendement n° II-946 rectifié bis est présenté par M. Théophile, Mme Phinera-Horth, MM. Dennemont et Lemoyne, Mme Havet et M. Dagbert.

Ces quatre amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. le rapporteur spécial, pour présenter l’amendement n° II-17 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Cet amendement vise à augmenter de 20 millions d’euros les crédits alloués aux contrats de redressement en outre-mer, les Corom.

Un amendement tendant à renforcer ces fonds de 30 millions d’euros a été retenu dans le texte sur lequel le Gouvernement a engagé sa responsabilité en application de l’article 49, alinéa 3, de la Constitution. Toutefois, sur ces 30 millions d’euros, 20 millions sont destinés au syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement en Guadeloupe : seuls les 10 millions d’euros restants doivent permettre d’inclure de nouvelles communes dans le champ de cette expérimentation.

Pour rappel, lors de leur création en loi de finances initiale pour 2021, les Corom avaient été dotés de 30 millions d’euros en autorisations d’engagement et en crédits de paiement pour accompagner les communes ultramarines faisant face à des difficultés financières.

Cette enveloppe a permis d’améliorer la situation de neuf communes contractantes – Sada à Mayotte, Saint-Benoît à La Réunion, Cayenne et Iracoubo en Guyane, Pointe-à-Pitre, Saint-François et Basse-Terre en Guadeloupe, ainsi que Fort-de-France et Saint-Pierre à la Martinique –, communes qui, dans le cadre desdits contrats, se sont engagées à optimiser leur gestion et à fiabiliser leurs comptes.

Il paraît indispensable de prolonger ce dispositif et d’ouvrir 30 millions d’euros supplémentaires pour soutenir les communes les plus en difficulté. Or – je le répète –, dans le texte transmis par l’Assemblée nationale, seuls 10 millions d’euros ont vocation à permettre l’extension des Corom à de nouvelles communes, 20 millions d’euros étant fléchés sur le SMGEAG.

Pourtant, dans l’ensemble des Drom, l’encours de dette a augmenté de 36, 6 % entre 2016 et 2021, passant de 2 376, 2 à 3 246, 5 millions d’euros. En parallèle, sur la période 2016-2022, les ressources d’investissement ont baissé de 31, 47 % pour des charges d’investissement restées stables.

Cette situation a pour conséquence l’allongement des délais de paiement. Il ressort des derniers rapports de l’Institut d’émission des départements d’outre-mer (IEDOM) que, dans le secteur public local et hospitalier, ces délais se sont globalement détériorés au cours des dix dernières années, passant d’un peu moins de quarante jours en 2012 à près de soixante-cinq jours en 2021. Ils dépassent donc de beaucoup le plafond réglementaire, qui est de trente jours pour les collectivités territoriales.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Voilà pourquoi nous demandons 20 millions d’euros supplémentaires en faveur des Corom.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l’amendement n° II-337 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Thani Mohamed Soilihi

Notre proposition vient d’être excellemment défendue par Georges Patient, qui n’est autre que l’inventeur des Corom.

Il s’agit d’un dispositif que je qualifierai de génial : il est à la fois vertueux et efficace. Ces quatre amendements identiques tendent tout simplement à augmenter les crédits qui y sont dédiés, afin que les collectivités d’outre-mer qui le souhaitent puissent toutes s’engager dans de tels contrats.

La commission des lois a trouvé cet amendement si remarquable qu’elle a décidé de présenter le même !

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Victoire Jasmin, pour présenter l’amendement n° II-900 rectifié ter.

Debut de section - PermalienPhoto de Victoire Jasmin

Cet amendement est défendu, madame la présidente. Je rappelle simplement que, le 23 novembre dernier, le groupe socialiste a présenté ce dispositif par ma voix lors des questions d’actualité au Gouvernement.

Beaucoup d’élus d’outre-mer, tout particulièrement des maires, se sont d’ores et déjà portés volontaires pour conclure de tels contrats : dès lors, leurs collectivités doivent elles aussi en bénéficier.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Dominique Théophile, pour présenter l’amendement n° II-946 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Dominique Théophile

À mon tour, je tiens à louer les bienfaits de ce dispositif, tout en rappelant qu’il présente à la fois un volet financier et un volet d’ingénierie.

On le sait très bien, quand les collectivités territoriales d’outre-mer vont mieux, la commande publique repart de plus belle et, avec elle, le développement économique : tout s’enchaîne.

Ce dispositif permettrait d’aider les quelque vingt-six communes de Guadeloupe qui se trouvent dans une situation difficile : je suis sûr qu’avec de tels contrats elles s’en sortiront petit à petit.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Tout d’abord, je me félicite de l’existence de ce dispositif, à la création duquel le sénateur Patient n’est pas étranger.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

À l’origine, les Corom ont été dotés d’un budget annuel de 10 millions d’euros ; quant au nombre de communes contractantes, initialement fixé à sept, il a été étendu à neuf, car ces crédits le permettaient.

Monsieur le rapporteur spécial, vous l’avez rappelé : à ce titre, l’Assemblée nationale a voté une augmentation de 30 millions d’euros, dont 20 millions d’euros sont destinés au SMGEAG et 10 millions d’euros à l’extension du Corom. En d’autres termes, nous doublons du jour au lendemain les crédits dédiés à ces contrats : c’est déjà bien. C’est même extraordinaire !

En parallèle, je vous confirme la création de nouvelles antennes d’Expertise France, pour aider les entreprises en facilitant l’attribution des crédits.

Je travaille également avec la Banque postale et l’AFD à un système d’affacturage inversé : ce dispositif permettra de réduire les difficultés des entreprises qui subissent des délais de paiement trop longs.

Bref, les Corom fonctionnent bien et nous devons nous réjouir du doublement des crédits qui leur sont attribués : j’aimerais pouvoir en faire autant sur toutes les lignes budgétaires ! J’émets un avis défavorable sur ces amendements identiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Catherine Conconne, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Je tiens à soutenir les quatre amendements déposés par nos collègues.

Comme l’a dit Thani Mohamed Soilihi, c’est un dispositif génial ; on en voit aujourd’hui les résultats. Il faut continuer d’accompagner les communes et élargir la cible, pour que tous les maires demandeurs puissent bénéficier des Corom.

Certes, une telle extension du dispositif suppose un effort budgétaire préalable, mais elle aura tant de répercussions positives ! Que ce soit par le biais des taxes ou grâce aux créations d’emplois, l’État en recueillera même le centuple.

J’apporte mon soutien total à ces amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Victoire Jasmin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Victoire Jasmin

Monsieur le ministre, en réponse à ma question d’actualité du 23 novembre dernier, votre collègue présent au banc du Gouvernement s’est prononcé en faveur de cette mesure : il a promis qu’elle serait retenue. Il faudrait vous mettre d’accord et travailler ensemble en ce sens…

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Les crédits en question doivent certes être portés de 9 millions à 18 millions d’euros ; mais ce doublement reste insuffisant quand on sait que 64 communes d’outre-mer sur 124 sont dans le réseau d’alerte des finances locales.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je mets aux voix les amendements identiques n° II-17 rectifié, II-337 rectifié, II-900 rectifié ter et II-946 rectifié bis.

Les amendements sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-927 rectifié, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Pierre Ouzoulias.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Avec cet amendement, nous appelons l’attention sur la problématique de l’amiante dans les outre-mer.

Une étude réalisée par le ministère des outre-mer en 2020 a montré que la mise en place d’une filière de traitement des déchets amiantés sur place se heurtait à des difficultés. En effet, les moyens dont disposent ces territoires ne permettent pas, à eux seuls, d’assurer la rentabilité de ces opérations. Or il va sans dire que transporter ces déchets ailleurs est particulièrement délicat.

Voilà pourquoi nous proposons une aide destinée à accroître l’effort de désamiantage outre-mer. Il y a autant d’amiante en métropole que dans les outre-mer, mais ces territoires sont confrontés à une problématique spécifique.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Cet amendement tend à majorer de 15 millions d’euros les crédits alloués à la ligne budgétaire unique pour les opérations de désamiantage.

Le traitement de l’amiante est extrêmement onéreux – nous le savons – et, en l’absence de gestion locale de ce matériau, les déchets amiantés sont envoyés par container vers l’Hexagone pour y être traités, ce qui engendre un surcoût important. En résultent également de nombreuses difficultés dans la conduite des chantiers de réhabilitation menés dans tous les territoires.

Une étude a été lancée par la direction générale des outre-mer (DGOM) en 2020 quant aux perspectives d’installation d’une filière amiante outre-mer. Sa conclusion est sans appel : « Les débouchés ne sont pas opérationnels. »

Il est donc bien nécessaire d’organiser des filières locales de désamiantage tout en développant une aide spécifique aux Drom pour le traitement de l’amiante.

Néanmoins, ces crédits devraient plutôt relever de l’Anah ou de l’Anru et ils devraient être d’une tout autre ampleur. Pour mémoire, la présence d’amiante a conduit à renchérir de 12, 7 à 30, 37 millions d’euros les coûts de démolition des tours Gabarre à Pointe-à-Pitre.

J’y insiste : la commission des finances est convaincue de la nécessité d’ouvrir des crédits pour ces travaux de désamiantage, mais pas nécessairement ou uniquement au titre de la mission « Outre-mer ». Aussi, nous demandons l’avis du Gouvernement sur ce point.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Comme vous vous en doutez, nos relations avec l’Anah et l’Anru sont à la fois fréquentes et tendues…

Cela étant, je vous signale que, dans les cinq Drom, le nombre de réhabilitations est passé de 1 700 unités en 2021 à plus de 6 000 en 2022. À Fort-de-France comme à Pointe-à-Pitre, nous nous efforçons de mener des opérations spécialisées. Bien sûr, beaucoup d’autres communes d’outre-mer sont concernées par ces difficultés, y compris à La Réunion.

Comme la Première ministre l’a rappelé, les crédits de la LBU sont aménageables en permanence. Néanmoins – je suis au regret de vous le dire –, étant donné mes relations avec l’Anru et l’Anah, si je disposais de ces crédits, je ne les emploierais pas. Autant ne pas les déployer en espérant les obtenir ailleurs, plus tard : j’émets donc un avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Catherine Conconne, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Le Gouvernement nous renvoie aux problèmes qui opposent l’Anah, l’Anru et le ministère des outre-mer : ces difficultés sont bien regrettables, mais, en attendant, c’est toute une population qui souffre à cause de l’amiante.

Aujourd’hui, on ne peut même pas réhabiliter les chambres du centre hospitalier universitaire Pierre-Zobda-Quitman – il y en a plus de 700 ! –, qui sont dans un état de délabrement total ! Il y a de l’amiante partout : dans la peinture, dans les colles, etc.

L’habitat privé connaît, lui aussi, d’innombrables problèmes : par exemple, comment ne pas penser aux habitants de Cité Grenade, à Ajoupa-Bouillon, qui seront bientôt expulsés et relogés afin que l’on puisse réhabiliter leurs logements, lesquels sont bourrés d’amiante ?

Aujourd’hui, la filière du désamiantage est en grande difficulté outre-mer. Les délais d’attente sont extrêmement longs et je vous laisse deviner les surenchères auxquelles on doit faire face. Dans certains territoires, une seule entreprise est à même d’intervenir : elle impose des délais de traitement considérables et des tarifs de monopole.

Qui doit gérer ce problème d’amiante ? L’Anah opère très peu chez nous. Quant à l’Anru, elle mène des programmes pluriannuels qui, par définition, sont lourds. Qui nous reste-t-il, sinon notre ministère ?

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Madame Conconne, vous faites des effets de manches, car vous savez bien que les problèmes de votre CHU n’ont rien à avoir avec ce sujet. Le bâtiment contient effectivement de l’amiante, mais ce n’est pas le budget de la mission « Outre-mer » qui permettra de le réhabiliter.

Les territoires ultramarins connaissent de nombreux problèmes d’ordre sanitaire ; mais, globalement, le ministère de la santé est très attentif aux bâtiments hospitaliers. §Le nouvel hôpital de Mayotte, ce n’est quand même pas rien ; je pense aussi à la réhabilitation et à l’extension de l’hôpital de Saint-Pierre-et-Miquelon, même s’il faut encore y travailler.

Le ministère de la santé est chargé de ce travail et il le fait bien : on ne va quand même pas refaire le centre hospitalier de Pointe-à-Pitre avec les crédits de la LBU ! D’ailleurs, ces 15 millions d’euros n’y suffiraient pas.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Vous confondez les pays : je parlais de la Guadeloupe !

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Madame la sénatrice, je ne confonds rien du tout : l’hôpital de Pointe-à-Pitre est lui aussi à refaire.

Quoi qu’il en soit, le ministère de la santé dispose des crédits permettant d’agir. J’ajoute qu’en Guadeloupe le chantier est parti et même bien parti.

Enfin, je le répète, nous sommes passés de 1 700 à 6 000 logements réhabilités. C’est donc faux de dire qu’il ne se passe rien

Mme Catherine Conconne s ’ exclame.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Vous êtes déjà intervenue à ce titre, ma chère collègue : je ne peux pas vous donner la parole une seconde fois.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-808, présenté par Mme Conconne, M. Antiste, Mme Jasmin, M. Lurel, Mme Artigalas, M. Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Fonds pour la mobilité retour

II. – Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

Fonds pour la mobilité retour

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Catherine Conconne.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

À l’évidence, M. le ministre peine parfois à entendre ce que nous disons…

En outre, je ne lui permets pas de dire que je fais des effets de manche. Restons respectueux les uns des autres ! Je suis ici pour défendre ma population : dès que je vois une fenêtre de tir, dès que je trouve une occasion de me battre pour elle, au nom de la justice et de l’équité, je monte au créneau.

Mes interventions ne sont en aucun cas des effets de manche : je ne fais pas d’effets de manche ! Je crois être sérieuse et rigoureuse dans l’accomplissement de mon travail de parlementaire, depuis le jour de mon élection au Sénat. Halte aux caricatures ! J’aurais pu répondre à M. le ministre sur le même registre : je ne le ferai pas, par respect pour lui.

Cette mise au point étant faite, j’en viens à mon amendement n° II-808.

Là non plus, ce n’est pas un effet de manche, mais une réalité : entre les années 1960 et 1982, la France a organisé un départ massif depuis nos pays vers la métropole, par le truchement du Bureau pour le développement des migrations dans les départements d’outre-mer (Bumidom).

Des dizaines de milliers de Guadeloupéens, de Martiniquais et de Réunionnais sont partis : ces pays ont été vidés de leur jeunesse et, aujourd’hui, ils doivent affronter un dépeuplement massif – je dis bien massif : depuis dix ans, la seule Martinique perd chaque année 4 500 habitants et le processus semble inéluctable.

Mes chers collègues, à ce rythme, je vous laisse imaginer combien nous serons dans vingt ou trente ans : nous serons très proches de l’inexistant.

De grands moyens avaient été déployés pour créer le Bumidom : à présent, l’accompagnement des populations favorables au retour doit faire l’objet d’une détermination aussi grande. Je demande en quelque sorte un « Bumidom retour », doté de 5 millions d’euros.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Cet amendement tend à créer un nouveau programme intitulé « Fonds pour la mobilité retour » et doté de 5 millions d’euros pour lutter contre la fuite des cerveaux et le déclin démographique des outre-mer.

Il est certain qu’une stratégie générale pourrait favoriser le retour des jeunes Ultramarins partis, notamment pour étudier, en métropole ou à l’étranger. Mais ce qui fera avant tout revenir les jeunes actifs, ce sont des logements abordables, des débouchés professionnels et un accès aux services publics équivalent à celui qui est offert en métropole, autant d’actions qui sont l’objet même de la mission « Outre-mer ».

Faut-il œuvrer encore en ce sens ? Évidemment, oui : le rattrapage des niveaux et conditions de vie entre l’outre-mer et la métropole est un préalable nécessaire au retour des jeunes Ultramarins. Mais je ne suis pas convaincu que la solution proposée soit la plus adaptée : si cette stratégie, à laquelle 5 millions d’euros seraient consacrés, ne s’accompagne pas de conditions d’accueil attirantes, elle n’aura aucun effet incitatif.

Je demande donc le retrait de cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Madame Conconne, avant tout, je tiens à vous présenter mes excuses si mes paroles vous ont blessée : dans mon esprit, il ne s’agissait pas du tout d’une critique. Je n’ai aucun doute sur votre détermination à défendre les outre-mer et vous le savez.

Sur ce sujet, je me rallie à l’avis émis par M. Patient. Nous devons bien avoir en tête que, dans notre esprit collectif, le Bumidom, c’est fini : à ce sujet, nous entendons encore certains propos qui ne nous plaisent pas.

Vous demandez que cette politique soit gérée par l’Agence de l’outre-mer pour la mobilité : c’est bel et bien son boulot. Je suis prêt à l’écrire noir sur blanc dans la présentation des missions que j’entends lui confier.

D’ailleurs, si je puis me permettre cette remarque sans porter atteinte à l’indépendance de la Haute Assemblée, dès qu’il sera nommé, le directeur de Ladom pourra être utilement convoqué par telle ou telle commission du Sénat et, à tout le moins, par la délégation sénatoriale aux outre-mer. Ainsi serons-nous parfaitement au clair quant à la politique que doit mener Ladom.

Cette agence dispose aujourd’hui d’un budget de 47 millions d’euros et nous voulons que, demain, elle soit en mesure de mener une politique concertée grâce aux crédits dont elle aura besoin.

Pour l’heure, je sollicite le retrait de cet amendement. À défaut, j’émettrai un avis défavorable.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-810 rectifié, présenté par Mme Conconne, M. Antiste, Mme Jasmin, M. Lurel, Mme Artigalas, M. Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Catherine Conconne.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Pour revenir rapidement sur le précédent amendement, je n’approuve pas du tout les propos du rapporteur spécial Georges Patient au sujet de l’attractivité des outre-mer – nous en parlerons après.

Mes chers collègues, la LBU est, pour l’essentiel, destinée aux aides à la pierre. Ce dispositif ne pose pas problème en tant que tel : il fonctionne bien et facilite à la fois la réhabilitation et la construction de nouveaux logements. Les bailleurs savent faire, les opérateurs sociaux savent faire : là encore, il n’y a pas de problème.

Mais, aujourd’hui, les bailleurs sont confrontés à un immense problème, que j’ai décrit dans mon intervention liminaire. Le vivre ensemble devient extrêmement difficile, si bien qu’ils sont tenus d’assumer de nouveaux métiers : ils s’inventent à la fois psychologues, travailleurs sociaux et assistants sociaux.

Figurez-vous que les trois principaux bailleurs de Martinique ont dû se former en association – l’association pour le logement social (ALS) – pour prendre en charge les populations qu’ils logent. Au total, 40 % des occupants du parc sont aujourd’hui atteints de maladies mentales et plus de 70 % ont plus de 65 ans : ce chiffre vous donne une idée des problèmes de vieillissement auxquels il faut faire face, d’autant que beaucoup de ces personnes présentent des troubles liés à l’âge.

Pour exercer leurs nouveaux métiers, les bailleurs ont besoin de moyens supplémentaires. Ils font de leur mieux pour soutenir l’ALS, en faveur de laquelle ils ont dû créer des fonds spécifiques en prélevant sur leurs propres budgets. Mais cette association ne compte que six salariés pour prendre en charge des milliers et des milliers de cas.

Aujourd’hui, il faut aller un peu plus loin : dans cet esprit, je demande qu’une partie de la LBU soit symboliquement fléchée vers l’accompagnement social exercé par les bailleurs sociaux. Il est urgent de les aider à mener ces politiques publiques, au service du mieux vivre ensemble.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Cet amendement vise à majorer de 5 millions d’euros les crédits de la LBU afin de créer un volet social permettant d’accompagner les bailleurs sociaux.

Je comprends parfaitement les préoccupations des signataires de cet amendement : il faut effectivement saluer le travail des bailleurs qui ont tenté, sur leurs fonds propres, de déployer des solutions. Toutefois, ces dernières ne peuvent qu’être provisoires et incomplètes.

Les problèmes dont il s’agit – troubles psychologiques, marginalisation, violence ou alcoolisme – ne sont pas du ressort des bailleurs sociaux. §Ces acteurs interviennent dans l’urgence, par des mesures palliatives, mais sans régler en quoi que ce soit les problèmes dont il s’agit.

À mon sens, ce débat relève du budget du ministère des solidarités.

Des crédits supplémentaires sont nécessaires : c’est indéniable. En revanche, leur ouverture sur la LBU de la mission « Outre-mer » me paraît très contestable.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Les dispositions de cet amendement appellent, de notre part, les mêmes observations sur le fond : une telle intervention relève bien du ministère des solidarités.

Madame la sénatrice, sans doute connaissez-vous l’existence du fonds national d’accompagnement vers et dans le logement (FNAVDL). Ce dispositif a été créé en 2011 ; il est financé par les bailleurs sociaux, notamment Action Logement, et par l’État, via le ministère des solidarités. Face à l’urgence, il faut l’amplifier.

Comme vous le soulignez, il faut agir pour traiter ce problème fondamental : c’est une nécessité absolue. Pour ma part, je m’engage à soutenir cette association de bailleurs sur mes crédits associatifs, à une hauteur significative.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-811, présenté par Mme Conconne, M. Antiste, Mme Jasmin, M. Lurel, Mme Artigalas, M. Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Catherine Conconne.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

J’aborde ici un autre sujet très compliqué.

Nous avons pu obtenir, lors de l’examen de la première partie de ce projet de loi de finances, un vote favorable sur l’amendement n° I-1004 rectifié, qui visait à réduire de 50 %, voire de 100 %, le taux de la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) pendant une période transitoire, de manière à permettre un rattrapage du niveau des investissements consacrés à la gestion des déchets. Lorsque l’on vit sur une île – c’est le cas de la plupart d’entre nous aujourd’hui, à l’exception de M. Patient, dont le territoire est à lui seul un véritable continent ! – évacuer, traiter et valoriser les déchets, c’est compliqué !

Aujourd’hui, les syndicats mixtes souffrent énormément. Ils présentent des déficits importants, alors même qu’ils doivent réaliser nombre d’investissements, dans la plus grande urgence, pour se mettre totalement aux normes en matière de développement durable et aboutir à une gestion des déchets qui soit la plus simple et la plus vertueuse possible.

Aussi, je demande qu’un fonds de soutien particulier dédié à la collecte et au traitement des déchets en outre-mer soit instauré, afin que les structures déjà existantes aient le temps de se mettre à niveau en matière d’investissements. Le coût d’une simple ligne de four, qui est indispensable à l’utilisation de l’incinérateur de déchets de Fort-de-France, s’élève à 50 millions d’euros !

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Cet amendement vise à créer un fonds de soutien pour la collecte et le traitement des déchets en outre-mer, doté de 5 millions d’euros.

Dans un contexte de réchauffement climatique et de recherche permanente de solutions permettant de réduire l’empreinte carbone de nos activités, le traitement des déchets doit se faire au plus près du lieu de leur collecte. Cette question soulève également un enjeu sanitaire important pour les populations.

Cependant, la pression foncière ne facilite pas la construction d’installations de traitement de déchets. Par ailleurs, des financements importants existent déjà, via l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, (Ademe), le fonds exceptionnel d’investissement, ou les fonds européens.

Cela étant dit, la commission sollicite l’avis du Gouvernement sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Le sujet est important, en Martinique, à Saint-Martin, que je connais bien, et à Saint-Pierre-et-Miquelon – en somme, un peu partout.

Madame la sénatrice, je précise qu’un fonds de ce type existe déjà et que ses crédits ont d’ailleurs été dépensés, en 2021, à la hauteur de la somme que vous demandez et même au-delà. Au sein du FEI, 6, 3 millions d’euros ont été mobilisés pour trois projets en Guyane pour la seule année 2022. De plus, en 2022, 2, 8 millions d’euros ont été investis – 2 millions à Mayotte et 0, 8 million pour un projet en Martinique.

Nous devons faire plus, mais je pense que nous avons d’abord intérêt à travailler sur ce sujet – comme sur beaucoup d’autres – avant d’accorder de nouveaux crédits.

Nous avons organisé un atelier à propos des ordures ménagères et des déchets en Martinique, collectivité dont le syndicat mixte ne va pas bien, comme vous le savez. D’ailleurs, certains veulent prendre des sous dans la cassette des Corom de M. Patient… On verra bien ce qu’il en sera !

Dès lors, madame la sénatrice, même si vous avez raison sur le fond, d’un point de vue budgétaire, je ne puis accéder à votre demande, car le ministère des finances m’objecterait qu’un fonds existe déjà à cette fin.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-18, présenté par MM. Patient et Rohfritsch, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Cet amendement vise à augmenter de 5 millions d’euros les crédits alloués à l’action n° 04, Financement de l’économie, du programme 138, « Emploi outre-mer ».

Cette action, instaurée par la loi de finances pour 2019, comprend des mesures spécifiques de soutien aux entreprises et aux associations ultramarines. Elle a pour objet d’accompagner le développement économique et d’améliorer l’attractivité de nos territoires ultramarins au travers de plusieurs dispositifs que vous connaissez, mes chers collègues : le prêt de développement outre-mer (PDOM) de Bpifrance, les subventions d’investissement, le soutien au microcrédit outre-mer et l’aide au fret.

Dans ce projet de loi de finances, les crédits de l’action n° 04 s’élèvent à 24, 3 millions d’euros en autorisations d’engagement et 21, 8 millions d’euros en crédits de paiement. En autorisations d’engagement, leur niveau est strictement équivalent à celui de la loi de finances initiale pour 2022 ; en crédits de paiement, il est en légère baisse.

Ce niveau de crédits suscite cependant quelques interrogations. En effet, en 2020, une importante sur-exécution des crédits de cette action a été constatée, notamment en raison de la crise sanitaire, qui a engendré un accroissement des demandes de financement via le dispositif de PDOM émises par les entreprises ultramarines, qui ont rencontré des difficultés financières.

Il nous apparaît donc que la consommation de ces crédits est très sensible à la conjoncture économique. Or, dans le contexte économique actuel, la situation des entreprises devrait se détériorer en 2023 ; celles-ci devraient, à tout le moins, faire appel à ce type de dispositifs. Le recours au microcrédit ou au PDOM pourrait alors enregistrer une hausse importante par rapport à 2021, voire à 2022.

Il nous semble donc nécessaire d’augmenter les crédits de cette action, afin de préserver le tissu économique local, notamment les petites entreprises, qui seront durement affectées par la hausse de l’inflation en 2023.

Afin de respecter les règles de recevabilité budgétaire, cet amendement tend à prélever 5 millions d’euros en autorisations d’engagement et en crédits de paiement sur l’action n° 08 du programme 123, « Conditions de vie outre-mer », pour abonder l’action n° 04 du programme 138.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

M. Jean-François Carenco, ministre délégué. C’est avant tout que les services du ministère des outre-mer communiquent mal !

Sourires.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

En octobre 2022 – il y a peu –, j’ai décidé, en piochant dans les crédits de mon ministère, d’attribuer 2 millions d’euros à Bpifrance pour couvrir le prochain exercice dans ce domaine.

De plus, un nouveau produit financier, le PDOM transmissions, sera établi afin d’accompagner financièrement les transmissions d’entreprises. Pour assurer cette mission, 7, 5 millions d’euros ont été alloués à Bpifrance ; on va donc au-delà de votre demande !

S’agissant de l’aide au fret, le problème que nous rencontrons est structurel : bizarrement, les crédits alloués sont organisés – je le découvre – avec des procédures impensables, qui requièrent les avis d’untel ou d’untel, ce qui empêche que ces crédits soient utilisés. L’État verse de l’argent aux régions pour les aider, mais rien n’est dépensé ! Il faut plonger là-dedans pour voir ce qui ne va pas. Je le répète, je n’ai pas su communiquer sur ce sujet jusqu’à présent : c’est la première fois que je l’explique ainsi.

Par ailleurs, une politique volontariste d’appui au secteur du microcrédit et de l’économie sociale a été mise en place. En 2022, elle a mobilisé 2 millions d’euros en autorisations d’engagement et en crédits de paiement. Nous avons essayé d’élargir notre action en faveur des PME et de l’économie sociale et solidaire, en soutenant France Active et le réseau outre-mer d’Initiative France. Nous parviendrons à abonder les crédits dédiés à l’économie sociale et solidaire au cours de l’exécution budgétaire.

Monsieur le sénateur, votre amendement étant satisfait, même si je n’avais pas su le faire savoir auparavant, et puisqu’il ne convient pas de doubler la mise, notre avis sur cet amendement est défavorable.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Je suis saisie de cinq amendements identiques.

L’amendement n° II-16 rectifié est présenté par MM. Patient et Rohfritsch, au nom de la commission des finances.

L’amendement n° II-251 rectifié est présenté par Mme Jacques, au nom de la commission des affaires économiques.

L’amendement n° II-336 rectifié est présenté par M. Mohamed Soilihi, au nom de la commission des lois.

L’amendement n° II-872 rectifié bis est présenté par Mmes Malet et Dindar.

L’amendement n° II-947 rectifié bis est présenté par M. Théophile, Mme Phinera-Horth, MM. Dennemont et Lemoyne, Mme Havet et M. Dagbert.

Ces cinq amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. le rapporteur spécial, pour présenter l’amendement n° II-16 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Cet amendement vise à augmenter de 4 millions d’euros les crédits dédiés à la résorption de l’habitat indigne et insalubre en outre-mer.

Les crédits alloués à cette action sont stables depuis plusieurs années, à hauteur de 20 millions d’euros en crédits de paiement et de 15 millions d’euros en autorisations d’engagement.

Or les Drom présentent une proportion de logements indignes et insalubres nettement supérieure à la métropole : ils représenteraient près de 19, 4 % du parc de logements, soit environ 150 000 habitations sur les 774 641 résidences principales que compte le parc, contre 1, 2 % en France métropolitaine.

En octobre 2022, les 15 millions d’euros ouverts en loi de finances initiale à ce titre étaient déjà intégralement consommés.

Afin de respecter les règles de recevabilité budgétaire, cet amendement tend à prélever 4 millions d’euros en autorisations d’engagement et en crédits de paiement sur l’action n° 02, Aide à l’insertion et à la qualification professionnelle, du programme 138, « Emploi outre-mer », pour abonder l’action n° 01 du programme 123.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme le rapporteur pour avis, pour présenter l’amendement n° II-251 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l’amendement n° II-336 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Viviane Malet, pour présenter l’amendement n° II-872 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Viviane Malet

Cet amendement, identique aux précédents, a également pour objet de renforcer les crédits dédiés à la résorption de l’habitat insalubre outre-mer.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Dominique Théophile, pour présenter l’amendement n° II-947 rectifié bis.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Il est favorable, mais je ne lève pas le gage, madame la présidente : simplement, nous financerons cette mesure en prélevant des crédits sur l’ensemble du programme et non pas seulement sur la LBU.

Mesdames, messieurs les sénateurs, le sujet est extrêmement important. Je souhaite vous rappeler que, pour le logement, on peut compter sur les crédits de la LBU, mais aussi sur le reliquat du plan d’investissement volontaire (PIV), soit 400 millions d’euros que j’essaye de reporter ; nous bataillons enfin pour bénéficier des crédits du fonds national des aides à la pierre (Fnap), qui viendraient abonder la politique de lutte contre l’habitat indigne.

Ces amendements identiques vont dans le même sens ; c’est pourquoi notre avis est favorable. Toutefois, au vu des problèmes que je rencontre en fin de gestion pour dépenser l’ensemble de mes crédits, je ne lève pas le gage.

Les amendements sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-929 rectifié, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Pierre Ouzoulias.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Ouzoulias

Mes chers collègues, 84 % de la population de Mayotte vit sous le seuil de pauvreté ; ce chiffre terrible fait frémir !

C’est une plaie béante au cœur de la République, monsieur le ministre. La République, c’est la fraternité. Nous ne pouvons pas accepter que 84 % de la population de l’un de nos départements vive sous le seuil de pauvreté.

Nous proposons donc une mesure extrêmement modeste, mais qui vise, au moins, à corriger cette injustice monstrueuse, en ouvrant des crédits pour mettre en place un chèque alimentaire qui viendrait diminuer un petit peu cette misère complètement inconcevable au cœur de la République.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Cet amendement vise à augmenter de 4 millions d’euros les crédits dédiés au chèque alimentaire à Mayotte.

En 2021, 1, 6 million d’euros avaient été déployés durant trois mois sous la forme de chèques d’urgence alimentaire au bénéfice d’environ 13 300 familles de Mayotte. Cette aide absolument nécessaire n’a cependant pas résolu le problème de fond ; les besoins persistent, en raison de la grande pauvreté de nombreux habitants de Mayotte – vous l’avez souligné, mon cher collègue – par rapport à la métropole, mais également par rapport aux autres territoires d’outre-mer.

Cependant, le présent projet de loi de finances ne comporte pas de crédits destinés à un chèque alimentaire, dispositif jugé complexe à mettre en place. Par ailleurs, si cette problématique est prégnante à Mayotte, elle touche également de nombreux citoyens français, quel que soit leur lieu de résidence. Aussi, la réponse doit être globale, au même titre que les aides apportées aux ménages face à la hausse des prix de l’énergie.

C’est pourquoi nous sollicitons l’avis du Gouvernement, notamment pour savoir où en sont les réflexions sur le fonds pour une aide alimentaire durable annoncé par la Première ministre, qui serait doté de 60 millions d’euros en 2023, ou sur tout autre dispositif d’aide alimentaire.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Dans la dernière loi de finances rectificative, l’aide attribuée à Mayotte, avec le soutien résolu du Gouvernement, s’élève malheureusement – évidemment, nous préférerions qu’il n’y ait besoin de rien ! – à quelque 4, 8 millions d’euros, soit quatre fois plus que le montant initial prévu pour 2022.

Monsieur le rapporteur spécial, je préfère que l’aide que vous demandez soit financée par le FSE, qui a prévu 5 millions d’euros de bons alimentaires à partir de 2024, sur une période de trois ans, soit 1, 8 million d’euros supplémentaires par an ; cela me semble être une bonne politique. Reste à décider ce fonds européen… J’étais d’ailleurs récemment à Bruxelles pour que la programmation en la matière s’améliore. J’ai bon espoir que nous réussissions à avancer sur cette question.

À cela, il faut ajouter les dispositifs de soutien votés dans la loi de finances rectificative, ainsi que le budget des collectivités locales, notamment celui du conseil départemental.

Le sujet me semble important, mais j’aimerais bien m’assurer que les mesures prévues soient effectives.

À regret, mais par sincérité, j’émets donc un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-92 rectifié ter, présenté par Mmes Dindar et Malet, MM. Artano et Théophile, Mme Jacques, MM. Hassani et Dennemont, Mme Petrus, M. Capo-Canellas, Mme Létard, MM. Janssens et J.M. Arnaud, Mme de La Provôté, M. Favreau, Mmes Guidez, M. Mercier et Boulay-Espéronnier, M. Folliot, Mmes Perrot et Saint-Pé, MM. Le Nay et Gremillet et Mme Jacquemet, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Nassimah Dindar.

Debut de section - PermalienPhoto de Nassimah Dindar

Cet amendement vise à augmenter de 2 millions d’euros les crédits alloués aux associations qui luttent contre les violences intrafamiliales dans les outre-mer.

En effet, on sait combien de vies humaines sont gâchées par ces violences si nuisibles à l’épanouissement et à la protection des femmes, mais surtout des enfants ; ces violences sont liées au niveau de vie, aux différences culturelles et à la confrontation entre la modernité et les sociétés traditionnelles.

Nous proposons donc de prélever 2 millions d’euros de l’action n° 01 du programme 138 au profit de l’action n° 04, Sanitaire, social, culture, jeunesse et sports, du programme 123.

Monsieur le ministre, c’est un vrai sujet. Bien sûr, des dispositifs de droit commun existent, mais je crois que le ministre chargé de nos territoires doit donner un signal à l’ensemble des associations qui luttent contre les violences intrafamiliales, véritable gâchis pour le futur de nos populations !

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

Les violences intrafamiliales sont un sujet sensible, qui doit tous nous mobiliser. En outre-mer, selon l’Insee, ces violences, mesurées à partir des dépôts de plainte, sont encore plus répandues que dans l’Hexagone. En 2020, 7 652 femmes ont encore été victimes de violences intrafamiliales dans l’ensemble des territoires d’outre-mer, contre 7 263 en 2019, soit un taux de victimation de 5, 4, contre 3, 1 dans l’Hexagone, soit 1, 7 fois plus. Il faut lutter contre ce phénomène, c’est une évidence.

Pour autant, je ne pense pas que les crédits de la mission « Outre-mer » soient le meilleur vecteur pour renforcer cette lutte.

Actuellement, les crédits alloués aux actions de lutte contre les violences intrafamiliales sont portés par les services de la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances. Il ne nous revient pas, dans le cadre de l’examen de la mission « Outre-mer », de préconiser leur augmentation.

Cependant, il est indéniable que l’information relative aux crédits spécifiquement alloués à l’outre-mer doit être améliorée. De plus, il conviendrait d’intégrer au document de politique transversale outre-mer une annexe sur ce sujet ; cela permettrait de connaître précisément les moyens alloués outre-mer à la lutte contre ces violences.

Monsieur le ministre, je profite de cette occasion pour demander au Gouvernement si une telle évolution serait possible à court terme, dès le projet de loi de finances pour 2024.

Cependant, l’avis de la commission sur cet amendement est défavorable.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Monsieur le sénateur Ouzoulias, je veux brièvement revenir sur le sujet dont nous avons parlé à propos de l’amendement n° II-929 rectifié, pour vous dire que le taux de pauvreté baisse à Mayotte…

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

… et qu’il baisse même fortement. Cela me conforte dans l’idée que nous progressons, même si nous devons encore avancer.

Concernant l’amendement n° II-92 rectifié ter, les services de la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances sont compétents en la matière.

Le budget dédié à la lutte contre ces violences outre-mer est en hausse, puisqu’il s’est élevé à 2 millions d’euros en 2021, puis à 3 millions d’euros en 2022, ainsi qu’en 2023, soit une augmentation de 50 %.

Par ailleurs, compte tenu de l’importance du sujet, les contrats de convergence et de transformation ont prévu des crédits d’État contractualisés sur la période 2019-2022, qui sont programmés jusqu’en 2023. De plus, 4 millions d’euros sont budgétés sur le programme 137 et 400 000 euros sur le programme 123, soit 1 million d’euros en plus sur quatre ans.

En outre, des appels à projets ont été lancés pour l’emploi des crédits associatifs : le ministère des outre-mer finance ainsi, à hauteur de 325 000 euros, trente-huit projets ultramarins dans ce domaine. En 2021, 500 000 euros ont été versés à des associations de lutte contre les violences conjugales.

Nous maintenons le montant des crédits dédiés à ces associations ; la demande sera peut-être même supplémentaire, car la prise de conscience devient plus forte.

En raison de l’ensemble des crédits déjà existants, qui s’élèvent à près de 4 millions d’euros par an, j’émets un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Nassimah Dindar, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nassimah Dindar

J’ai bien entendu vos propos, monsieur le rapporteur spécial, monsieur le ministre.

Nous discutons de 4 millions d’euros ; nous savons toutefois que c’est largement insuffisant pour lutter contre les violences intrafamiliales.

Celles-ci concernent tous les domaines. Je pense à celui de la santé : les femmes ont dû mal à trouver une écoute ; aujourd’hui, dans les hôpitaux, on propose que des assistants sociaux leur viennent en aide. Les collectivités territoriales mettent la main à la pâte quand il faut trouver de l’argent.

Nous ne pouvons pas voter les crédits de la mission « Outre-mer », qui comprend le programme « Conditions de vie outre-mer », sans envoyer un signal pour montrer que nous luttons contre ces violences, qui touchent les enfants – l’avenir de nos populations – et qui nécessitent une approche humaine globale.

Messieurs les rapporteurs spéciaux, monsieur le ministre, tenez-en compte !

Les associations qui luttent sur le terrain, les associations de proximité, ont besoin d’aide. Nous connaissons les appels à projets et les efforts entrepris, mais c’est tellement insuffisant que les 2 millions d’euros que nous demandons permettraient de montrer aux associations de terrain que le ministère de l’outre-mer a pris en compte le défi que doivent relever, aujourd’hui et demain, l’ensemble des territoires concernés par les violences intrafamiliales.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Victoire Jasmin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Victoire Jasmin

Monsieur le ministre, la lutte contre les violences faites aux femmes a été érigée en grande cause de ce quinquennat, comme elle l’avait été pour le précédent.

Les associations jouent un rôle essentiel dans nos territoires, un rôle de proximité, alors même que le nombre de féminicides en outre-mer augmente chaque année, comme dans toute la France.

Pour autant, toutes les associations ne sont pas en mesure de répondre aux appels à projets. Une sélection s’opère, alors que toutes les associations sont utiles, dans chacun de nos territoires.

Monsieur le ministre, il faut également que ce point soit pris en compte.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Thani Mohamed Soilihi, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Thani Mohamed Soilihi

Ainsi que vient de le rappeler notre collègue Victoire Jasmin, la lutte contre les violences faites aux femmes est une grande cause de ce quinquennat, tout comme elle l’était lors du précédent.

Il faut reconnaître que des progrès significatifs et indéniables ont été accomplis ces dernières années dans la lutte contre ce fléau. Mais celui-ci persiste, demeure et tue, surtout dans les territoires ultramarins.

Comme je l’avais rappelé lors de l’examen du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur, la Lopmi, les violences intrafamiliales sont plus répandues en outre-mer que dans l’Hexagone.

À Mayotte, par exemple, chaque année, environ 650 femmes franchissent courageusement la porte du commissariat de Mamoudzou ou d’une brigade de gendarmerie de l’île pour signaler des violences conjugales. Seuls 150 de ces signalements donnent lieu à des procédures judiciaires.

Des moyens sont mis en œuvre pour aider les victimes et sensibiliser les professionnels aux spécificités de ce travail. Je pense notamment à la publication, en juillet 2022, d’un nouveau guide relatif aux violences faites aux femmes dans les outre-mer, destiné aux professionnels et élaboré par la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains, ou encore à la mise en service du numéro unique 3919, joignable 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 en outre-mer comme en métropole.

Néanmoins, les efforts doivent se poursuivre et les moyens être renforcés afin de lutter contre les violences intrafamiliales en outre-mer, pour que l’accueil, l’orientation et la protection des victimes soient plus efficaces.

Aussi, je partage le constat de notre collègue ; nous le vivons au quotidien. Il s’agit d’un problème non pas simplement de crédits ou de personnel, mais également de libération de la parole et de prise en charge des victimes.

Monsieur le ministre, je crois savoir qu’un texte est en cours de préparation avec la ministre Isabelle Rome. Je vous adresse à ce sujet une demande formelle et appuyée : associez les parlementaires ultramarins à son élaboration, pour prendre en compte nos spécificités.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Catherine Conconne, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

J’ai déjà souligné dans mon intervention liminaire l’importance des intentions.

Nous avons là une belle intention, qui plus est vitale : lutter contre les violences faites aux femmes dans nos territoires, où les chiffres sont bien supérieurs à ceux d’ailleurs – les observatoires qui ont été mis en place peuvent en attester.

Oui, il y a une bonne raison d’y porter une attention et une intention très particulières.

C’est pourquoi je soutiens tous les propos qui viennent d’être tenus et je voterai l’amendement de notre collègue Nassimah Dindar.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Pascale Gruny, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Je voterai également en faveur de l’amendement de Mme Dindar. Je connais un peu Mayotte, mais surtout le problème des violences en général et des violences intrafamiliales en particulier – elles sévissent aussi dans l’Hexagone, malheureusement.

Il faut envoyer un signal et augmenter les crédits, pour que tout le monde puisse s’en occuper. Il est inadmissible d’accepter ce que l’on voit. Peut-être s’y habitue-t-on, monsieur le ministre

M. le ministre délégué fait un signe de dénégation.

Debut de section - PermalienPhoto de Pascale Gruny

Les violences intrafamiliales touchent aussi les enfants, qui, demain, peut-être, seront aussi ceux qui provoqueront des violences. Le sujet est vraiment important.

Je confirme donc que je voterai pour cet amendement et j’invite l’ensemble de mes collègues à en faire de même.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à M. Stéphane Artano, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Artano

Je suis cosignataire de cet amendement, je vais évidemment le voter.

J’appelle mes collègues siégeant sur toutes les travées à faire front sur ce sujet en votant cet amendement, qui a été signé par des représentants de toutes les forces politiques présentes dans l’hémicycle.

Nous allons, avec la délégation aux droits des femmes et à l’égalité des chances entre les hommes et les femmes, travailler au cours de l’année 2023 sur l’accompagnement à la parentalité en outre-mer.

Je pense que ce sujet fait écho aux propos de Nassimah Dindar, qui ont été repris sur toutes nos travées. Je pense effectivement qu’en outre-mer plus qu’ailleurs – le phénomène a été observé, il n’est pas imaginaire – il existe une démultiplication et un renforcement des violences intrafamiliales, auxquels nous devons répondre.

Cet amendement va dans le bon sens, quand bien même la politique gouvernementale pourrait évoluer sur ce sujet.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-393 rectifié bis, présenté par MM. Artano, Bilhac, Cabanel et Corbisez, Mme N. Delattre, MM. Guérini et Guiol, Mme Pantel et MM. Requier, Roux et Gold, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Stéphane Artano.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Artano

L’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon possède des côtes d’une longueur totale de 260 kilomètres ; ces côtes, comme vous vous en doutez, sont régulièrement fragilisées par les aléas climatiques.

Ce territoire abrite l’isthme de Miquelon-Langlade, unique en France, un isthme long de quelque douze kilomètres, qui a été particulièrement attaqué et a subi des affaissements.

La collectivité, qui s’est beaucoup mobilisée sur le sujet, s’est aussi sentie très seule, il faut bien le dire. On compte beaucoup sur les collectivités régies par l’article 74 de la Constitution, qui possèdent une autonomie administrative et fiscale pour faire face à tous les besoins. Mais elles ont aussi besoin du soutien et de la volonté de l’État de les accompagner.

Le réchauffement climatique et la montée des eaux renforcent les phénomènes d’érosion. La collectivité s’est véritablement engagée dans une course contre la montre, mais elle est seule – parfois, l’État lui offre simplement un accompagnement en ingénierie. Nous nous sommes fortement heurtés à la technocratie de l’État – des études à n’en plus finir, qui n’ont pas retenu un certain nombre de solutions préconisées. Tout récemment encore, au point kilométrique 16, les dégâts ont été importants.

Monsieur le ministre, je vous fais un appel du pied, afin que la collectivité territoriale puisse être soutenue à hauteur de 2 millions d’euros dans cette course contre la montre, qui vise à préserver un lien économique avec le plus petit village de mon territoire, qui ne compte que 500 âmes. C’est un vecteur essentiel pour notre territoire. J’aimerais vous entendre sur ce sujet.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Notre collègue Stéphane Artano propose de soutenir la collectivité territoriale de Saint-Pierre-et-Miquelon à hauteur de 2 millions d’euros pour protéger les espaces du littoral, les biens des habitants et les infrastructures des communes qui sont menacés par les aléas climatiques de plus en plus nombreux affectant l’archipel, aléas que nous connaissons tous, dans chacun de nos territoires.

À ce titre, il me semble important de rappeler que les communes de l’archipel peuvent bénéficier de la dotation d’équipement des territoires ruraux (DETR) pour financer une partie de leurs investissements. Néanmoins, au regard de leur surface financière, il est possible que ces aides ne suffisent pas.

Par ailleurs, Saint-Pierre-et-Miquelon a également signé un contrat de convergence et de transformation, pour un montant de 9, 5 millions d’euros, qui a permis, entre autres choses, de financer des études et aménagements pour le barrage de la Vigie, la route de l’isthme à Miquelon et la route littorale de Saint-Pierre.

La renégociation de ce contrat, prévue en 2023, pourrait être l’occasion de prévoir les crédits pour les travaux nécessaires à la protection du littoral, mais les crédits ne seraient alors disponibles qu’en 2024.

C’est pourquoi nous sollicitons l’avis du Gouvernement sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Pardonnez-moi, monsieur le sénateur, mais ce sujet n’est pas propre à Miquelon : on rencontre le même grave problème à Ouvéa. Certes, ce n’est pas un Drom, mais l’île va être coupée en deux et la question du déménagement, si je puis dire, du village se pose, puisqu’il faut le remonter un peu. Cette situation concerne aussi plein d’îles dans le Pacifique dont l’existence est menacée si le niveau de la mer monte d’un mètre.

Il s’agit donc d’un sujet global ; c’est à ce titre que j’ai travaillé avec Christophe Béchu pour élaborer un plan global pour les îles et archipels en grand danger.

La Première ministre m’a demandé, en liaison avec Bérangère Couillard, d’établir un document clair sur la thématique « outre-mer et changement climatique », autour de trois axes.

Premièrement, il s’agit de savoir comment les territoires contribuent déjà à l’effort mondial de lutte contre le changement climatique – et ils en font déjà beaucoup –, grâce à leurs richesses maritimes et forestières.

Deuxièmement, il faut voir ce qui ne va pas bien : par exemple, les énergies, notamment dans l’archipel polynésien ; de ce point de vue, nous progressons, puisque 60 millions d’euros ont été dégagés.

Troisièmement, j’en ai reparlé avec Christophe Béchu, il faut trouver des mesures pour les territoires en danger, qui, comme le rapporteur spécial l’a indiqué, bénéficieront d’un plan global.

Je précise que des crédits de la dotation de soutien à l’investissement des départements (DSID), qui est l’équivalent pour les départements de la dotation de soutien à l’investissement local (DSIL), sont disponibles.

En cas d’urgence, on prendra ces crédits sur le Fonds social européen. C’est plus simple : on sait qui décide !

Comment peut-on créer une dépense spéciale pour Saint-Pierre-et-Miquelon, alors qu’il existe tellement d’autres territoires en danger ? Je le répète, un plan global est préférable.

Je vous assure que, si l’on n’avance pas assez vite, ces 2 millions d’euros seront disponibles en cas de besoin – cette année, il faut que je fasse des miracles pour dépenser les fonds du FSE !

Au bénéfice de ces explications, le Gouvernement demande le retrait de cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-393 rectifié bis est retiré.

L’amendement n° II-899 rectifié ter, présenté par Mmes Jasmin et Conconne, MM. Antiste et Lurel, Mme Artigalas, M. Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Victoire Jasmin.

Debut de section - PermalienPhoto de Victoire Jasmin

Je sais très bien que la sécurité relève du domaine régalien de l’État, mais, dans le contexte actuel, de nombreuses collectivités sont, régulièrement et de plus en plus, confrontées à des problématiques liées à la violence et à l’insécurité.

Cet amendement a pour objet d’abonder le fonds de coopération régionale (FCR), à hauteur de 1, 5 million d’euros. Ce n’est pas beaucoup – je sais qu’il s’agit de l’argent de l’État. Ce problème touche Mayotte, Saint-Laurent-du-Maroni et son environnement, mais aussi les autres territoires, y compris maintenant de plus en plus la Guadeloupe.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Le fonds de coopération régionale, qui est doté d’un peu moins de 1, 5 million d’euros par an, vise essentiellement à mettre en place des actions de coopération économique, sociale et culturelle avec les autres pays des régions ultramarines. À ce jour, il n’a pas de compétence en lien avec les problématiques d’immigration, de sécurité et de défense.

Il faudrait modifier les articles R. 4433-24 et suivants du code général des collectivités territoriales pour étendre son champ de compétences à ces thématiques. En l’absence d’une telle évolution, il ne paraît pas possible d’ouvrir des crédits à cette fin.

La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-899 rectifié ter est retiré.

L’amendement n° II-902 rectifié ter, présenté par Mmes Jasmin et Conconne, MM. Antiste et Lurel, Mme Artigalas, M. Kanner et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Victoire Jasmin.

Debut de section - PermalienPhoto de Victoire Jasmin

Cet amendement vise à abonder le fonds exceptionnel d’investissement afin de permettre aux collectivités d’outre-mer, par une aide à la citerne, de répondre aux besoins exceptionnels de leurs populations en matière de distribution de l’eau.

Lors de l’examen de la loi rénovant la gouvernance des services publics d’eau potable et d’assainissement en Guadeloupe, qui y créait un syndicat mixte unique, j’avais lancé l’alerte sur les limites de l’exercice et insisté sur la nécessité de prévoir des fonds. Malheureusement, c’était bien une coquille vide, on le constate aujourd’hui, et l’État a repris la main.

Ces problèmes d’eau contraignent de nombreuses écoles à fermer, pour des raisons d’hygiène. Je souhaite par conséquent que soit mis en place un accompagnement pour permettre aux enfants d’aller régulièrement à l’école, même dans les périodes où les coupures d’eau se répètent. Cette situation est anormale et intenable.

Pour des enjeux d’hygiène et de sécurité tout à la fois, il serait bon que cet amendement soit adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

La question de l’accès à l’eau est primordiale dans nos territoires ultramarins. Nous sommes conscients de cet enjeu majeur.

Le plan Eau-DOM, adopté en 2016 pour une durée de dix ans, a déjà permis d’autoriser l’engagement de 126 millions d’euros et de consommer, au 3 juillet 2022, 72, 5 millions d’euros de crédits de paiement au sein de la mission « Outre-mer ». Sur ce montant, 58 millions d’euros en autorisations d’engagement et 39 millions d’euros en crédits de paiement viennent du fonds exceptionnel d’investissement, le delta provenant des contrats.

Même si c’est regrettable, les crédits du FEI sont sous-consommés ces dernières années. Ainsi, les crédits existent et nous avons formulé des recommandations pour qu’ils soient pleinement consommés.

Soyez assurés que nous y serons attentifs. Quand le FEI sera intégralement consommé chaque année, nous pourrons légitimement demander une augmentation des crédits ouverts à ce titre, notamment pour des investissements liés à l’accès à l’eau potable.

Par conséquent, la commission émet un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Ce que l’objet de cet amendement révèle d’inquiétant, c’est l’attitude de l’éducation nationale, qui n’autorise pas les citernes dans les écoles. Je m’en suis aperçu en Guadeloupe et en Martinique.

Je travaille à ce que cela change, mais, l’administration française est ainsi faite que cela prend du temps, même pour un sujet pourtant simple. Le recours aux citernes est possible partout, sauf dans les écoles. C’est ainsi !

Cette discussion a la vertu de mettre en lumière la problématique de l’assainissement, qui a été évoquée à une autre occasion. Sans revenir sur ce qui se passe à Mayotte ou à la Guadeloupe, je pense que l’on est trop concentré sur l’eau potable et pas assez sur l’assainissement – il est clair que cela finira par poser problème. Je n’ai toutefois pas les moyens d’agir.

À mon sens, il s’agit davantage d’un amendement d’appel que d’un amendement financier. Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-928, présenté par Mme Assassi et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Emploi outre-mer

dont titre 2

Conditions de vie outre-mer

Centres d’examen des concours de la fonction publique dans chaque collectivité ultramarine

Extension du passeport mobilité aux personnes engagées dans le dispositif de validation des acquis

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Éliane Assassi.

Debut de section - PermalienPhoto de Éliane Assassi

Je reprends ici un amendement dont les membres du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) à l’Assemblée nationale, au sein duquel siègent un certain nombre d’élus ultramarins, auraient bien voulu débattre. On sait les raisons pour lesquelles cela n’a pu se faire.

Il s’agit de demander un meilleur investissement de l’État au sein des départements d’outre-mer, notamment en Polynésie française. Le fonds intercommunal de péréquation (FIP) ayant diminué, le service de public de l’eau est remis en cause. Les communes n’ont pas les moyens nécessaires pour assurer la maintenance des réseaux d’adduction d’eau, qui est une compétence communale. Si les travaux ne peuvent avoir lieu, des dégâts environnementaux sont à prévoir.

En effet, le manque d’entretien des réseaux d’adduction d’eau entraîne d’énormes fuites. Or l’eau est un bien commun essentiel, que les conséquences du réchauffement climatique rendent de plus en plus rare. Perdre ce bien, parce que l’État ne fournit pas les moyens nécessaires à sa maintenance, relèverait – ne m’en voulez pas, monsieur le ministre ! – d’une irresponsabilité indicible.

Par conséquent, il faut donner à la Polynésie française et aux collectivités d’outre-mer les moyens de protéger ce bien essentiel et de le rendre accessible au plus grand nombre.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Pour être élu de Polynésie française, je connais un peu le sujet ! Je regrette d’ailleurs l’absence de Lana Tetuanui à ce moment du débat, comme lors de la présentation de l’amendement n° II-757 rectifié bis.

En effet, alors que des discussions sont ouvertes et que des négociations sont en cours, on a tout à l’heure mélangé la question du remboursement des frais engagés par la caisse de prévoyance sociale pour la dette nucléaire, l’arrêt des essais nucléaires, la mise en place d’une taxe et d’une TVA sociale qui n’est pas une TVA, et on demande à l’État de combler un déficit qui a été accru par des décisions prises localement ! Comme on ne veut pas aller au bout, on vote un amendement à l’emporte-pièce pour mettre un coup d’arrêt à des discussions qui se fondent sur la confiance !

Pardonnez-moi de réagir aussi fortement, mais c’est un peu le même sujet ici : il est aussi question de quote-part de financement par l’État du FIP, qui organise la péréquation entre les communes polynésiennes en application de la loi organique et du statut qui a été donné à la Polynésie française.

Nous avons souhaité ouvrir ce chantier avec Mme Cayeux, lorsqu’elle était ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, avec le soutien, que j’espère bienveillant, du ministre de l’intérieur et des outre-mer. Toutefois, il ne concerne pas la mission « Outre-mer » et ne peut se restreindre à la question de l’eau en Polynésie française, qui est une problématique en tant que telle.

Pour toutes ces raisons, la commission demande le retrait de cet amendement. Votre intervention est certainement justifiée, madame la sénatrice ; en revanche, elle ne porte pas sur la bonne mission.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Le Gouvernement ne se désintéresse pas de la Polynésie française, mais il veut agir en accord avec le gouvernement polynésien.

Nous avons déjà parlé des 42 millions d’euros ; je souhaite aussi mentionner les 60 millions d’euros en faveur de la transformation du mix énergétique dans l’ensemble des villes polynésiennes, sujet sur lequel nous travaillons depuis un an avec le gouvernement polynésien. Ces discussions viennent d’aboutir et les 60 millions d’euros seront délégués.

Je partage par conséquent l’analyse de M. Rohfritsch. Il s’agit de la Polynésie française et non de la Lozère.

Mme Éliane Assassi s ’ exclame.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Par conséquent, le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Victoire Jasmin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Victoire Jasmin

Je formulerai un souhait.

Monsieur le ministre, le gouvernement auquel vous appartenez exprime la volonté de parler de plus en plus d’environnement, de maîtriser l’énergie, etc.

Dans le même temps, la volonté d’avoir des établissements à haute qualité environnementale (HQE), permettant la récupération de l’eau de pluie pour les toilettes ou le lavage des mains, se développe. C’est le cas en Guadeloupe.

À un moment donné, il nous faut être cohérents et avoir une démarche collective. Il faudrait donc rendre possible ce qui est proposé dans cet amendement.

Monsieur le ministre, vous affichez des motivations et des politiques en faveur de l’environnement, de la maîtrise de l’énergie et de l’eau. Vous avez tout à l’heure parlé d’assainissement, mais les services de l’État sont aussi coupables de la situation dans laquelle nous sommes. Des délégations de service public ont été passées, mais le service de contrôle de légalité n’a pas fait son job ! Le problème est là.

J’ai beau être une jeune élue, je ne me cache pas pour le dire : si ce service faisait correctement son travail, nous ne serions pas dans cette situation !

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

La parole est à Mme Annick Billon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Tout à l’heure, l’expression « effets de manches » a provoqué une vive réaction de Catherine Conconne. À présent, M. le rapporteur spécial qualifie l’amendement que j’ai défendu au nom de Lana Tetuanui d’« amendement à l’emporte-pièce ».

Ce n’est pas du tout l’impression que j’ai eue et je ne l’aurais pas présenté avec autant de vigueur si tel avait été le cas. Ce type de commentaire n’a rien à faire dans notre hémicycle.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Mme Annick Billon. On ne peut pas remettre en question l’engagement de la sénatrice du groupe Union Centriste Lana Tetuanui. Cela fait presque huit ans qu’elle siège sur nos travées.

Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE.

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

Je connais l’amour qu’elle porte à son territoire…

Debut de section - PermalienPhoto de Annick Billon

… – à votre territoire, monsieur le rapporteur spécial – et c’est ce qui l’a poussée à déposer cet amendement.

Je le répète : ces commentaires ne sont pas de mise.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Les politiques relatives à l’environnement relèvent du gouvernement autonome de la Polynésie française, aux termes de la Constitution et des lois organiques. Il faut le respecter.

Madame Jasmin, vous avez tout à l’heure déclaré que l’État était coupable, mais le premier coupable, c’est celui qui commet l’illégalité !

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Quand une illégalité advient, il y a un grand coupable et un petit coupable. Je préfère être le petit coupable, mais je reconnais cette petite culpabilité.

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Madame Billon, je suis aussi élu de Polynésie française ; à ce titre, je suis tout aussi légitime que Mme Tetuanui pour parler de mon territoire, comme vous l’êtes pour parler du vôtre.

Debut de section - PermalienPhoto de Éliane Assassi

Nous sommes des élus de la République, pas des élus d’un territoire !

Debut de section - PermalienPhoto de Teva Rohfritsch

Oui, nous sommes des élus de la République.

Ce qui est à l’emporte-pièce, ce n’est pas l’action de Mme Tetuanui, c’est l’objet de cet amendement, qui mélange plusieurs sujets, comme le remboursement des frais engagés par la CPS pendant les essais nucléaires.

Si vous estimez que les 42 millions d’euros que vous avez obtenus par ce vote suffiront à régler ce sujet majeur pour la Polynésie française, vous faites une erreur. Permettez-moi de vous le dire en tant qu’élu de la Polynésie française et de la République.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Outre-mer », figurant à l’état B.

Je n’ai été saisie d’aucune demande d’explication de vote avant l’expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits, modifiés.

Les crédits sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

J’appelle en discussion les articles 44 quater à 44 sexies, qui sont rattachés pour leur examen aux crédits de la mission « Outre-mer ».

Outre -mer

Le Gouvernement remet au Parlement chaque année, avant le 1er septembre, un rapport donnant lieu à un bilan annuel de l’expérimentation des contrats de redressement en outre-mer. Ce rapport présente de manière détaillée la pertinence du pilotage financier proposé aux collectivités signataires du dispositif. –

Adopté.

Au plus tard le 1er juillet 2023, le Gouvernement remet au Parlement un rapport sur l’évaluation des ressources affectées par le budget de l’État à l’aide aux collectivités territoriales pour la distribution d’eau potable et l’entretien des systèmes d’assainissement dans chaque département et région d’outre-mer. –

Adopté.

Dans un délai de trois mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport relatif aux crédits budgétaires dédiés à l’aide au fret au sein de la mission « outre-mer ». Ce rapport présente une liste de solutions à mettre en œuvre afin de faciliter l’accès à cette aide, notamment en permettant au minimum la consommation totale des crédits.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

L’amendement n° II-19, présenté par MM. Patient et Rohfritsch, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :

Première phrase,

Remplacer le mot :

trois

par le mot :

six

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

L’objet de cet amendement est de repousser de trois mois la date limite de dépôt du rapport demandé au Gouvernement sur les crédits budgétaires dédiés à l’aide au fret au sein de la mission « Outre-mer ».

Debut de section - PermalienPhoto de Georges Patient

En effet, pour qu’un rapport soit utile, il faut qu’il soit complet et instruit dans de bonnes conditions.

Dans ce contexte, le délai de trois mois proposé paraît court ; il est donc proposé de le porter à six mois.

Debut de section - Permalien
Jean-François Carenco

Il est favorable.

L ’ amendement est adopté.

L ’ article 44 sexies est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Nous avons achevé l’examen des crédits de la mission « Outre-mer ».

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Le Sénat va examiner les crédits de la mission « Enseignement scolaire ».

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

M. Gérard Longuet, rapporteur spécial de la commission des finances. Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, j’interviens en qualité de rapporteur spécial de la commission des finances pour les crédits de la mission « Enseignement scolaire ». Le message que je veux vous adresser dans le temps qui m’est imparti sera d’une grande sobriété : à tout prendre, il vaut mieux voter ces crédits !

Mme la rapporteure pour avis et M. Julien Bargeton applaudissent.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

M. Gérard Longuet, rapporteur spécial. En effet, même s’il n’est pas en lui-même parfait – la perfection est-elle de ce monde ?

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

Premier diagnostic, notre enseignement n’est pas terrible. Lorsque l’on disait cela il y a une dizaine d’années, c’était un débat politique. Aujourd’hui, nous pouvons nous appuyer sur des analyses assez objectives – celles de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), celles d’études internationales comme Timss (Trends in Mathematics and Science Study), ou encore celles de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du ministère de l’éducation nationale – et poser un regard plus objectif sur la qualité du travail que produit notre enseignement scolaire.

Les résultats ne sont pas tragiques, mais ils ne sont pas à la hauteur des ambitions d’un grand pays comme le nôtre, particulièrement dans le domaine des sciences et des mathématiques.

Monsieur le ministre, je suis favorable à votre budget parce qu’il poursuit ce qui a été mis en place par votre prédécesseur, à savoir des évaluations exhaustives de l’ensemble des élèves au primaire et au début du secondaire. Je crois d’ailleurs que vous entendez les élargir.

Votre prédécesseur a lancé le Conseil d’évaluation de l’école, dont le démarrage est lent et insatisfaisant. À l’origine, il s’agissait en effet d’évaluer une fois tous les cinq ans tous les établissements scolaires du pays et de rappeler aux chefs d’établissement qu’ils seraient évalués. Dans les faits, le rythme est beaucoup plus lent, puisque seulement 5 % des établissements ont été évalués. Reste que le mouvement est lancé : manifestement, l’idée d’un établissement qui rende des comptes chemine et progresse.

Parce que vous poursuivez cet effort et acceptez l’idée que l’enseignement français, aussi superbe et fort de ses traditions et de son histoire soit-il, puisse être jugé par des observateurs extérieurs qui ont le mérite d’apaiser nos propres conflits, je considère que l’on doit vous suivre, monsieur le ministre.

Deuxième diagnostic, le statut des enseignants mérite réflexion. Ayant constaté que les mathématiques étaient de moins en moins bien enseignées en France, la commission des finances s’est demandé s’il n’y avait pas un problème d’enseignants. Il se trouve que la France a un problème global d’enseignants.

Je le dis avec tristesse : l’enseignant a vu son statut se dévaluer dans la société française d’aujourd’hui, pour une série de raisons que je détaille dans mon rapport, mais que je n’approfondirai pas à cette tribune, si ce n’est pour constater que les jeunes diplômés français ne sont plus candidats aux postes d’enseignants et que des disciplines fortes comme les sciences, les mathématiques, ou certaines langues modernes ne sont plus demandées. Je crois d’ailleurs, monsieur le ministre, que vous avez été amené à repousser la clôture des inscriptions aux concours d’enseignants des premiers et seconds degrés, faute d’un nombre suffisant de candidats.

Nous avons donc le devoir absolu de nous poser la question du statut de l’enseignant. De ce point de vue, les comparaisons internationales qu’a lancées la commission des finances sont assez cruelles pour notre conservatisme tranquille et heureux, mais décalé des réalités.

En effet, le système salarial français est parmi les plus modestes d’Europe ; en même temps, c’est celui où l’écart est le plus grand entre les salaires des enseignants et les salaires de jeunes diplômés ayant les mêmes qualifications après quelques années d’activité. La pyramide salariale privilégie la fidélité. S’il s’agit là d’une valeur à laquelle je crois profondément, il faut reconnaître qu’elle n’est pas très motivante pour mener une carrière où l’on n’avance qu’à l’ancienneté et dont on n’atteint les sommets qu’après trente ans de service.

Monsieur le ministre, ce budget témoigne d’un effort dont il faut reconnaître avec lucidité qu’il est très largement lié à l’augmentation du point de la fonction publique, dont tout le monde profite, y compris les parlementaires ici présents. Cette variation n’est d’ailleurs qu’une façon de rattraper l’inflation.

Le glissement vieillesse technicité (GVT) et l’augmentation du point d’indice représentent à peu près 60 % de l’effort socle ; les mesures catégorielles que vous avez proposées et fait adopter pour les enseignants ne sont pas suffisamment hiérarchisées en fonction des besoins particuliers. Il faut en effet aider les jeunes enseignants, aider le primaire, aider les enseignants qui se trouvent face à des publics plus difficiles et – même si je ne sais pas très bien comment l’on peut le faire – aider les enseignants dans les disciplines qui ont du mal à recruter.

Troisième diagnostic, l’effondrement de la démographie française se traduit par une diminution des effectifs qui sont entrés en primaire cette année, de l’ordre de 50 000 élèves. Pour la rentrée 2023, on attend une diminution de près de 60 000 élèves.

Comment gérer cette diminution ? On peut diminuer le nombre de professeurs. Vous le faites un peu, monsieur le ministre, mais ce n’est pas la seule réponse. On peut aussi améliorer l’encadrement ou faire du qualitatif, c’est-à-dire revaloriser la situation des enseignants, plutôt que du quantitatif, ce qui n’aurait plus de sens aujourd’hui.

Si vous avez posé le problème, vous n’avez pas tranché, monsieur le ministre, et ce projet de budget pour 2023 est un budget de compromis. Nous aimerions connaître votre conviction sur la façon d’utiliser au mieux les conséquences pratiques d’une tragédie française, à savoir son échec démographique.

Le débat qui s’amorce nous permettra d’en parler entre nous, en particulier avec la majorité sénatoriale que je voudrais convaincre lors de la discussion des amendements, même si je ne suis pas sûr d’y parvenir. Il faudra beaucoup de bonne volonté de part et d’autre.

Sourires sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Gérard Longuet

Nous sommes dans un système de cohabitation ou de pouvoir partagé que personne n’a voulu, si ce n’est les électeurs français. Tentons de rendre service à notre éducation en saisissant chaque occasion de progresser.

Applaudissements sur les travées des groupes Les Républicains, RDSE et RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Jacques Grosperrin

Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, les crédits de la mission « Enseignement scolaire » s’établiront en 2023 à plus de 58 milliards d’euros, soit une hausse de 3, 5 milliards d’euros.

Monsieur le ministre, l’effort financier est réel, mais traduit-il véritablement une vision, une volonté, un projet pour l’enseignement scolaire en France ? Ce budget nous invite à la vigilance et nous attendrons ce soir des réponses précises de votre part quant à vos intentions sur l’avenir de notre jeunesse, c’est-à-dire de la France – car c’est la France qui est en jeu –, et sur la revalorisation des rémunérations des enseignants, si essentielle, s’appuyant sur un socle de 635 millions d’euros et un « pacte » sur lequel nous souhaitons des éclaircissements.

Cette revalorisation suffira-t-elle à enrayer la crise des vocations et à produire le choc d’attractivité nécessaire pour ce beau métier, mais ô combien difficile et trop peu souvent protégé ? La crise de vocation que connaît aujourd’hui l’éducation nationale ne se réglera pas que par le financement. Le délai supplémentaire d’inscription aux concours d’enseignants de quinze jours prouve que l’annonce d’une carrière débutant à 2 000 euros ne suffit pas.

Le mal est plus profond et ce que nous comprenons de votre budget nous interpelle, monsieur le ministre. Vous oubliez la revalorisation de tous les acteurs qui agissent au sein de l’éducation nationale.

Quid de l’augmentation des conseillers principaux d’éducation (CPE) ? Quid de l’augmentation des chefs d’établissement et d’une réforme de leur statut ? Quid de l’augmentation salariale des infirmiers et des médecins ? Quid de tous ces enseignants qui ont commencé leur carrière à moins de 2 000 euros par mois, qui, après dix ans d’ancienneté, sont légèrement au-dessus et qui s’interrogent sur le déroulement de leur carrière ?

Il est un autre point de vigilance, qui a trait au nombre de postes non pourvus après les concours de 2022. On nous expliquera qu’il y a eu un double concours, ce qui a entraîné des difficultés. Je veux bien, mais ce nombre a triplé par rapport à 2021, ce qui n’est pas sans poser des difficultés fortes à cette grande nation qui a du mal à recruter ses enseignants et leur propose une formation sur quatre jours.

L’heure est donc à une réflexion globale et ambitieuse ; nous avons peine à en deviner l’issue, mais il faudra la trouver.

Combien de stagiaires affectés dans des réseaux d’éducation prioritaire ont-ils démissionné ?

On s’interroge également sur l’absence de mobilité géographique, sur les difficultés que rencontrent les fonctionnaires de l’éducation nationale pour suivre un conjoint pacsé, par exemple. S’agit-il d’une politique d’un autre temps ou le fait d’une direction des ressources humaines inexistante ? Je crains un gâchis. Je vous rappelle que favoriser la mobilité fait partie des objectifs. La mobilité est l’un des éléments qui réduisent les risques psycho-sociaux.

Autre point de vigilance, les 430 000 élèves en situation de handicap scolarisés dans le premier cycle : près d’un tiers d’entre eux n’ont pas d’accompagnement humain. Comment une nation aussi grande que la France peut-elle ainsi laisser ses enfants au bord du chemin ?

En conclusion, le temps qui m’est imparti étant restreint, je dirai simplement, monsieur le ministre, que ce projet de budget n’est pas tout à fait à la hauteur de nos espérances et d’une grande nation comme la France. La revalorisation salariale à 2 000 euros ne doit pas masquer les difficultés que les enseignants rencontrent dans l’exercice de leur métier.

Pour ces raisons, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication propose de s’abstenir sur les crédits de cette mission.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

Votre présence, monsieur le ministre, est une reconnaissance de cet enseignement et je vous remercie d’être ici ce soir.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Delattre

J’ai l’honneur de présenter l’avis de la commission de la culture sur les crédits du programme 143, « Enseignement agricole », doté pour 2023 de 1, 59 milliard d’euros, soit une augmentation de 67, 8 millions d’euros par rapport à 2022.

Au-delà de la hausse attendue des dépenses de personnel, qui découle notamment de la revalorisation du point d’indice, l’augmentation des crédits de la mission se caractérise surtout par un bel effort en faveur de l’école inclusive, à hauteur de 10, 28 millions d’euros supplémentaires pour 2023, le nombre de jeunes en situation de handicap accueillis dans l’enseignement agricole ayant encore progressé de 26 % cette année.

En ce qui concerne le schéma d’emplois, 15 équivalents temps plein supplémentaires sont prévus au sein du programme 143 afin de renforcer les équipes médico-sociales. Je me félicite de cette hausse des ETP, après une baisse substantielle l’année dernière, mais je serai particulièrement vigilante à l’évolution de cet effectif à court terme, car l’enseignement pédagogique par petits groupes doit impérativement être maintenu.

Je tiens cependant à vous alerter sur les chiffres de la rentrée 2022. Le nombre d’élèves scolarisés au sein des établissements de l’enseignement technique agricole est en baisse de 1, 1 % cette année, soit une diminution de 1 743 élèves. La situation des brevets de technicien supérieur agricole (BTSA) est particulièrement inquiétante, puisque les effectifs dans ces formations, qui ont pourtant fait leurs preuves, ont diminué de 12, 8 % par rapport à la rentrée précédente.

Il me semble indispensable de mettre en place au plus vite un groupe de travail afin de revaloriser le BTSA et de lui redonner une perspective claire, dans une dynamique bac+3.

Plus encore, cette nouvelle baisse des effectifs souligne avec force la nécessité d’agir pour mieux faire connaître l’enseignement agricole.

Alors qu’une enveloppe de 9, 7 millions d’euros pour la communication avait été ouverte sur le plan de relance en 2022, les crédits ne sont pérennisés cette année qu’à hauteur de 1, 9 million d’euros au sein du programme 143, ce que je déplore. Si les campagnes de communication ont bien fonctionné lors de leur lancement il y a trois ans, force est de constater qu’elles ont manqué de visibilité en 2022. Il est indispensable de mieux cerner les attentes des jeunes et d’encourager les établissements à se saisir, à leur échelle, de ces enjeux, en y associant leurs élèves.

L’enseignement agricole se distingue encore cette année par l’excellence de ses résultats. Ses taux d’insertion professionnelle sont très élevés et son caractère innovant est reconnu. Cette qualité d’enseignement doit être promue. Il faut s’en inspirer, monsieur le ministre de l’éducation nationale !

Enfin, je terminerai en attirant votre attention sur la nécessité, plus que jamais, d’accompagner les établissements de l’enseignement technique agricole face à un contexte énergétique tendu et à une hausse globale des coûts de production, notamment alimentaires.

Les établissements de l’enseignement technique agricole sont particulièrement énergivores, en raison du fort taux d’élèves en internat : 57 % des élèves de l’enseignement technique agricole sont internes, souvent même le week-end.

Il me semble donc essentiel de soutenir au plus vite les établissements de l’enseignement technique agricole, publics et privés, afin de leur permettre d’absorber les retombées de l’inflation, qui mettent gravement en péril leur trésorerie pour les mois à venir.

Il existe déjà une solution simple pour les maisons familiales et rurales et les établissements privés agricoles du temps plein : il ne faut pas leur demander le remboursement des subventions de fonctionnement non consommées cette année et déjà votées dans la loi de finances pour 2022.

Néanmoins, en raison d’une augmentation satisfaisante du budget consacré à l’enseignement technique agricole, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication a émis, à la suite de mon rapport, un avis favorable sur l’adoption des crédits du programme 143 consacré à l’enseignement agricole.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE. – M. Jacques Grosperrin et Mme Cécile Boulay-Espéronnier applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mes chers collègues, je vous rappelle que le temps de parole attribué à chaque groupe pour chaque unité de discussion comprend le temps d’intervention générale et celui de l’explication de vote.

Par ailleurs, le Gouvernement dispose au total de quinze minutes pour intervenir.

Dans la suite de la discussion, la parole est à M. Éric Gold.

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE. – MM. Michel Canévet et Pierre Ouzoulias applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Éric Gold

Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, la mission « Enseignement scolaire » connaît cette année une forme de rupture, compte tenu de l’ampleur de l’augmentation de son budget.

L’école, creuset républicain cristallisant la convergence des valeurs fondatrices de notre société – l’humanisme, l’universalisme et le progrès – se doit de refléter la maxime : « La fin justifie les moyens. »

Monsieur le ministre, je crois en la sincérité de votre engagement pour la revalorisation de l’enseignement, la réussite de tous les élèves et une école innovante et inclusive luttant contre toutes les inégalités. Vous prolongez la dynamique engagée depuis 2017 en augmentant de manière inédite les crédits de la mission, de l’ordre de 6, 5 % par rapport à 2022.

Néanmoins, je ferai quelques observations.

En effet, si ce projet de loi de finances prévoit des crédits significatifs afin d’améliorer la rémunération des enseignants, le retard accumulé était considérable. Il est donc essentiel que ce choc d’attractivité se poursuive. Le métier d’enseignant traverse une crise sans précédent ; les difficultés de recrutement ne sont pas seulement d’ordre financier. Le manque de considération sociale et de soutien hiérarchique, ainsi que des conditions d’exercice dégradées dans certains territoires expliquent la désaffection pour le métier d’enseignants.

Les chiffres ont été rappelés : en 2018, 135 000 candidats se présentaient encore aux concours de la fonction publique de l’éducation nationale. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 90 000. Plus grave encore, les postes n’ont été couverts qu’à 83 % en 2022 par les candidats ayant été admis.

Le recours croissant aux contractuels présente un intérêt en ce qu’il permet de combler un manque et de réadapter progressivement les effectifs aux besoins réels. Cependant, n’est-il pas antinomique de pallier les pénuries d’enseignants en recrutant des contractuels dont les qualifications sont plus que variables, quand, parallèlement, la formation initiale se tourne vers des compétences professionnelles renforcées ?

La revalorisation des rémunérations, qui constitue l’essentiel de la hausse des crédits de la mission, ne doit être que le premier pas vers un objectif plus large de reconnaissance économique et sociale du corps enseignant.

Rappelons que, en 1990, un professeur des écoles débutant touchait 1, 8 fois le Smic, contre 1, 5 fois aujourd’hui. En fin de carrière, un agrégé de classe exceptionnelle touchait alors 4, 6 fois le Smic, contre 3, 3 fois actuellement.

Debut de section - PermalienPhoto de Éric Gold

Notons également que la rémunération d’un professeur des écoles est inférieure au salaire moyen des fonctionnaires civils de catégorie B.

La comparaison avec nos confrères européens est également inquiétante tant le fossé s’est creusé. Les enseignants français commencent et terminent leur carrière avec un salaire inférieur à la moyenne de l’Union européenne.

Debut de section - PermalienPhoto de Éric Gold

Dans le contexte inflationniste inédit que nous connaissons, cette revalorisation est souhaitable, mais, au-delà de la conjoncture, elle est bien évidemment une affaire de statut.

Mon autre interrogation concerne les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH). Le renforcement des crédits alloués à la scolarisation de ces élèves explique une partie de la hausse du programme 230. Les crédits de l’action n° 03, Inclusion scolaire des élèves en situation de handicap, connaissent en effet une hausse de 11, 4 %.

Nous faisons face à une augmentation spectaculaire du nombre d’élèves en situation de handicap, qui sont au nombre de 430 000 aujourd’hui, soit deux fois plus qu’il y a dix ans.

Dans ces conditions, la création de 4 000 postes d’AESH constitue un effort substantiel. Cependant, compte tenu des conditions de travail précaires et des faibles rémunérations, de nombreux postes ne sont actuellement pas pourvus. En Seine-Saint-Denis, ce sont ainsi 1 000 emplois qui n’avaient pas trouvé preneur à la rentrée 2022.

Aussi mon groupe examinera-t-il avec bienveillance la proposition de loi de nos collègues du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain visant à lutter contre la précarité des accompagnants d’élèves en situation de handicap et des assistants d’éducation, qui sera prochainement soumise au Sénat.

Je relève par ailleurs un problème de cohérence entre la politique des maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) et les capacités de l’éducation nationale à accueillir et à gérer financièrement ce dispositif.

Debut de section - PermalienPhoto de Éric Gold

Espérons que la création de ces postes supplémentaires sera non pas un simple effet d’affichage, mais le point de départ d’une meilleure coopération entre ceux qui prescrivent et ceux qui organisent, ainsi que d’une plus grande considération pour une profession aujourd’hui indispensable.

Enfin, je reviendrai sur la volonté d’anticiper les grandes évolutions démographiques en cours, qui ont des répercussions sur le nombre d’élèves scolarisés en France. Si le taux d’encadrement s’améliore, la France se caractérise toujours par un nombre d’enfants par classe nettement supérieur à la moyenne européenne, particulièrement dans le premier degré.

Mme Marie-Pierre Monier le confirme.

Debut de section - PermalienPhoto de Éric Gold

Nous faisons donc face à un véritable défi : emplir les rangs des professeurs, ce qui passe, je le répète, par la consolidation de leur statut.

Le groupe du RDSE votera néanmoins les crédits de la mission.

Applaudissements sur les travées des groupes RDSE, SER et CRCE. – Mme Samantha Cazebonne applaudit également.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Max Brisson

Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, notre école va mal. Elle attend que vous sortiez du bois, monsieur le ministre. En vingt ans, les élèves français sont descendus, dans le classement Pisa, du quinzième au vingt-cinquième rang en mathématiques et au vingt-troisième rang en lecture.

La mobilité sociale dans notre pays est la plus faible d’Europe ; seule la Hongrie est plus mal classée. La France est également le pays d’Europe où il y a le plus de problèmes de discipline. Dans l’OCDE, seuls le Brésil et l’Argentine font pire.

Les atteintes à la laïcité se multiplient. La crise des vocations s’amplifie. En 2021, 238 postes du niveau du certificat d’aptitude au professorat de l’enseignement du second degré (Capes) n’ont pas été pourvus et 1 648 enseignants ont démissionné.

Certes, la revalorisation salariale des enseignants prévue dans votre projet de budget, pour un total de 935 millions d’euros, est un acte fort. Notre ancienne collègue Françoise Laborde et moi avions préconisé un tel effort dans notre rapport en faveur de la revalorisation du métier d’enseignant. Une marche va donc être franchie, c’est une bonne chose.

C’est la raison pour laquelle la commission des finances a émis un avis favorable sur l’adoption des crédits de cette mission. A contrario, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication propose de s’abstenir sur ce projet de budget. Comme son rapporteur pour avis, je m’étonne que pas grand-chose ne soit prévu, alors que les crédits sont en hausse d’un milliard d’euros, pour procéder à une réforme de structure afin de rendre de nouveau attractif le métier d’enseignants, qui est le plus beau du monde.

Monsieur le ministre, dites-nous enfin, précisément, comment vous entendez, au-delà du salaire, accompagner l’entrée dans le métier des enseignants, moment crucial et sensible de leur carrière !

Comment allez-vous mettre un terme au bizutage institutionnel des néo-titulaires, qui prennent leur premier poste dans les zones les plus difficiles, sans accompagnement spécifique ?

Allez-vous créer des postes à profil et des contrats de mission pour que les carrières soient moins linéaires ? Allez-vous enfin prendre en considération les secondes carrières ?

Alors que le nombre de contractuels ne cesse de croître, une politique de formation, de suivi, d’accompagnement est-elle prévue ? Bref, le ministère met-il en œuvre une gestion des ressources humaines spécifique ? Plus globalement, comment entendez-vous améliorer la gestion des ressources humaines du ministère ? Quels moyens entendez-vous y consacrer ?

Sur toutes ces questions, nous n’entrevoyons ni ambition ni détermination.

Avec le plan Écoles du futur, vous voulez donner plus de liberté et d’autonomie aux établissements et à leurs enseignants, et vous avez raison ! Les établissements, les professeurs et les élèves ont besoin de confiance en leurs initiatives. Ils ont besoin que l’administration centrale croie en eux et rompe avec la culture verticale et centralisée qui innerve son organisation.

Mais où en est aujourd’hui la mise en œuvre de vos sages intentions, auxquelles j’adhère ? En quoi le financement, piloté par le haut, d’initiatives plus ou moins en lien avec le sujet de l’autonomie conduira-t-il l’école vers cette autonomie ?

Les écoles primaires peuvent-elles être autonomes alors qu’elles n’ont pas de personnalité morale et que le directeur d’école n’exerce pas de réelle autorité sur les professeurs ? Peut-on favoriser l’autonomie sans remettre en cause l’armature rigide du collège unique et sans étendre l’expérimentation du dispositif des « 6e tremplin » ?

Peut-on redresser notre école sans la recentrer sur l’essentiel, c’est-à-dire la transmission des savoirs fondamentaux ? Peut-on réaffirmer sa mission première sans la délester de tous les maux de notre société, qu’elle doit prendre en charge, mais qu’elle ne peut régler et qui réduisent d’autant le temps qu’elle peut consacrer à sa mission première : apprendre à lire, écrire, compter ?

Monsieur le ministre, certes, vous additionnez des volontés multiples pour répondre à des problèmes qui ont une résonance dans l’opinion. Mais est-ce là une politique à la hauteur des enjeux ? Sur les deux sujets majeurs de votre budget que sont la revalorisation des enseignants et le plan Écoles du futur, nous constatons que vous pilotez à vue, dissimulé derrière des effets de rhétorique.

Monsieur le ministre, de calmes déclarations d’intention consensuelles finiront par ne plus masquer une faiblesse d’action. En tout cas, elles ne constituent pas une politique nationale. Nous attendons une vision, pas uniquement une hausse de crédits.

Nos attentes sont si peu satisfaites que beaucoup de sénateurs du groupe Les Républicains s’apprêtent à s’abstenir sur les crédits de la mission. Votre intervention est donc très attendue, monsieur le ministre, et nous y serons particulièrement attentifs. Par ailleurs, nous ne perdrons pas de vue les analyses de notre rapporteur spécial et de notre rapporteur pour avis.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Colette Mélot

Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, le métier d’enseignant est souvent considéré comme le plus beau métier du monde. Marcel Pagnol décrivait malicieusement les professeurs œuvrant « aux quatre coins des départements pour y lutter contre l’ignorance et glorifier la République ». Cette belle définition est toujours d’actualité.

Pourtant, force est de constater que ce métier semble aujourd’hui être victime d’un désamour profond. Je suis particulièrement préoccupée par la crise du recrutement, très visible dans l’enseignement scolaire. Nous partageons tous cette inquiétude. La baisse du nombre de candidats aux concours, surtout dans le premier cycle, est un signal d’alerte clair. Le nombre de postes non pourvus a triplé depuis un an, pour atteindre 3 756 en 2022.

Les témoignages de directeurs d’établissements se sont accumulés au cours des derniers mois pour alerter sur le manque de personnel. Aujourd’hui, c’est la question des démissions qui remonte. Le recours aux contractuels ne représente pas une solution satisfaisante à long terme. Les conditions de travail, les évolutions de carrière proposées, la mobilité géographique et la rémunération sont autant de sujets majeurs dont nous devons nous saisir.

Pour y répondre, le présent projet de loi de finances consacre plus de 1, 1 milliard d’euros à la hausse des rémunérations du personnel de l’éducation nationale. En outre, comme cela a été annoncé pendant la campagne présidentielle, 300 millions d’euros sont destinés aux enseignants qui acceptent d’effectuer des missions complémentaires. Je tiens à souligner cet effort. Il s’ajoute aux avancées permises par le Grenelle de l’éducation.

Par ailleurs, environ 60 % des enseignants pourront bénéficier de la prime d’activité au cours de l’année 2023.

Enfin, de nouvelles mesures de revalorisation salariale ont été annoncées pour les enseignants débutants à partir de la rentrée 2023. C’est une excellente décision, qui permettra, je l’espère, de susciter de nouvelles vocations.

Plus généralement, les crédits de la mission « Enseignement scolaire » s’élèvent dans le projet de loi de finances pour 2023 à 58, 8 milliards d’euros, soit une hausse de près de 6, 5 %. C’est un effort considérable, que je salue.

Les crédits destinés à l’école inclusive augmentent également. On parle de 2, 4 milliards d’euros budgétés. C’est une bonne chose. Ce projet de loi de finances crée 4 000 nouveaux postes d’AESH. Nous pouvons nous en réjouir, mais ce n’est pas suffisant. Les rapporteurs l’ont souligné, 44 % des élèves en situation de handicap ne bénéficient pas d’un accompagnement dédié. Cela ne peut plus durer. Nous devons rendre ce métier plus attractif et améliorer les conditions de travail, car les AESH sont les chevilles ouvrières de l’école inclusive.

Nous pouvons également nous satisfaire de l’accueil d’environ 20 000 jeunes Ukrainiens au sein de nos écoles. Les académies de Nice et de Versailles sont en première ligne. Les retours sont positifs et je salue l’implication du corps enseignant pour permettre à ces jeunes élèves de se sentir les bienvenus dans nos écoles.

Leur présence a également permis de mettre en évidence les lacunes en mathématiques des jeunes Français. Les élèves du système scolaire ukrainien ont, semble-t-il, un an d’avance par rapport à nos élèves dans cette matière ! Cela confirme la mauvaise place de la France dans les classements internationaux d’enseignement des mathématiques.

Cette prise de conscience collective doit se poursuivre afin de combler notre retard. À cet égard, je suis heureuse de la décision du Gouvernement de réintégrer les cours de mathématiques dans les enseignements obligatoires au lycée. Cette décision va dans le bon sens et doit s’accompagner de décisions fortes pour relever le niveau moyen des élèves.

Enfin, je salue votre engagement, monsieur le ministre, dans la lutte contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement. Rappelons qu’un jeune sur dix est victime de harcèlement. Nous devons œuvrer collectivement pour permettre à tous les établissements de protéger leurs élèves. C’était l’objet de notre échange lors de votre venue au collège Louis-Braille à Esbly, en Seine-et-Marne. Ce collège et son espace jeunesse sont lauréats du prix « Non au harcèlement 2022 ». Le clip de sensibilisation contre le harcèlement scolaire tourné au collège a été diffusé à partir du jeudi 10 novembre.

La lutte contre ce phénomène doit faire partie de nos priorités dans les années à venir. J’y suis particulièrement attachée, car l’école doit préparer les élèves à vivre dans une société bienveillante, en respectant autrui.

Pour les différentes raisons que je viens d’évoquer, le groupe Les Indépendants – République et Territoires votera les crédits de la mission « Enseignement scolaire ».

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mme la présidente. La parole est à Mme Monique de Marco.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Monique de Marco

Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, le budget accordé à l’enseignement scolaire connaît cette année encore une hausse globale des crédits, de 6, 06 %.

Il faut naturellement se réjouir de cette hausse, mais celle-ci ne parvient malheureusement pas à masquer la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve l’éducation nationale dans notre pays.

Monsieur le ministre, vous avez hérité d’un ministère qui a beaucoup souffert du passage de votre prédécesseur, enfermé qu’il était dans ses conceptions archaïques de l’éducation, éloignées des difficultés de terrain.

Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Monique de Marco

Nous attendions donc une rupture.

Concernant les enseignants, la situation atteint un seuil critique, car l’éducation nationale ne parvient plus à recruter. Cette année, 1 686 postes n’ont pas été pourvus dans le premier degré, 2 070 dans le second degré, ce qui représente une explosion par rapport à l’année précédente.

Ce manque d’attractivité s’explique principalement par des raisons financières. Les enseignants ont vu leur salaire chuter de 15 % à 25 % en vingt ans. À cet égard, nous nous situons en queue de classement des pays de l’OCDE, monsieur le ministre.

Ce projet de budget ne prend pas en compte à sa juste mesure cet effondrement. Si le Président de la République a annoncé qu’aucun enseignant ne démarrerait sa carrière en dessous de 2 000 euros net, la revalorisation sera en partie conditionnée à l’accomplissement de nouvelles tâches. Nous proposerons d’aller beaucoup plus loin par voie d’amendement.

J’évoquerai à présent les AESH. Ces accompagnants, qui sont à plus de 90 % de femmes, effectuent un travail de première importance auprès des enfants en situation de handicap. Pourtant, leur rémunération est indigne : elle s’élève en moyenne à 850 euros par mois, soit un montant très largement inférieur au seuil de pauvreté, qui se situe aux alentours de 1 000 euros. Comment l’État employeur peut-il être un tel moteur de souffrance et fabriquer des travailleurs pauvres ?

La faiblesse de leur rémunération est due à une réorganisation calamiteuse de leur travail par certains pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial). Le résultat est prévisible : dans de nombreuses académies, des enfants handicapés se retrouvent sans aucun accompagnement, à tel point que certaines écoles acceptent désormais que les enfants dont les parents peuvent se le permettre aient recours à des prestataires privés au sein des écoles de la République. Cette rupture d’égalité inacceptable doit nous alerter.

Monsieur le ministre, il faut tout revoir : le statut des AESH, leur rémunération, leur formation, leurs conditions de travail. Sur ce sujet également, nous vous proposerons des amendements.

Vient ensuite la question de l’enseignement professionnel. Les moyens qui lui sont consacrés augmentent seulement de 5, 3 % en 2023, soit moins que l’inflation. De plus, cette branche souffre d’un manque chronique de moyens. Elle n’a cessé d’être détricotée par les réformes successives : moins d’établissements, moins d’élèves, moins d’heures d’enseignements, moins d’enseignants. En 2023, cette dynamique ne s’arrêtera pas, puisque le Gouvernement prévoit de supprimer 480 postes supplémentaires dans le second degré.

Cette année, l’enseignement professionnel a également droit à une double tutelle, puisqu’il est désormais également rattaché au ministère du travail. Ce choix politique traduit une volonté de répondre aux besoins immédiats des entreprises, une volonté de soumission des parcours des élèves au marché du travail.

Or l’éducation nationale – que je sache, l’enseignement professionnel en fait toujours partie –, ce n’est pas la soumission, c’est au contraire l’émancipation ! Le rôle de l’éducation nationale est de donner aux élèves les moyens de s’épanouir, d’apprendre et de prendre en main leur avenir, dans la voie qu’ils ont eux-mêmes choisie. Là encore, notre vision est antinomique de la vôtre, monsieur le ministre.

Pour l’enseignement technique agricole, ce projet de budget met enfin un terme à trois années successives de baisse des effectifs d’enseignants, mais cela ne suffit pas. Il faut rebâtir, recruter, revaloriser, octroyer de nouveaux moyens.

Debut de section - PermalienPhoto de Monique de Marco

Nous installons seulement 13 000 nouveaux agriculteurs par an dans notre pays : c’est trop peu pour répondre à la fois aux enjeux de l’alimentation et de la transition écologique. Nous ne souhaitons pas laisser l’enseignement agricole aux mains d’établissements privés, comme le campus Hectar de M. Xavier Niel. Il faut former au travail de la terre ; c’est là aussi le rôle de l’éducation nationale.

En conclusion, monsieur le ministre, nous avons accueilli avec soulagement la fin des années Blanquer, qui ont été une catastrophe pour l’éducation nationale.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Savin

M. Michel Savin. Ce n’est vraiment pas gentil !

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Monique de Marco

Mme Monique de Marco . Ce premier projet de budget devait incarner votre nouvelle ambition, un nouvel élan pour votre ministère, mais le compte n’y est manifestement pas. Notre avis est pour l’heure plus que mitigé. Notre vote dépendra du sort qui sera réservé à nos amendements en séance.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Samantha Cazebonne

Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, pendant deux ans, la crise sanitaire a profondément bouleversé notre système scolaire. Si la rentrée 2022 a marqué un retour à la normale, …

Debut de section - PermalienPhoto de Samantha Cazebonne

… c’est grâce à la mobilisation des services de l’éducation nationale et aux enseignants, dont je veux ici saluer l’engagement.

Il n’en demeure pas moins que le métier d’enseignant souffre d’un manque d’attractivité, dont nous connaissons tous ici les symptômes. La baisse continue du nombre de candidats aux concours et l’augmentation constante des démissions parmi les professeurs, pour ne citer que ces deux éléments, témoignent de cette perte d’attractivité.

Sans aucun doute, le manque de reconnaissance sociale, l’isolement ou les difficultés rencontrées dans la formation initiale et continue y sont pour quelque chose. Mais ne nous voilons pas la face : la première cause de cette désaffection croissante est le niveau de rémunération des enseignants.

À cet égard, ce projet de budget pour 2023, en hausse de 3, 6 milliards d’euros par rapport à 2022, apporte une réponse lucide au problème du salaire des professeurs. Plus de 2 milliards d’euros financent des mesures de revalorisation des enseignants.

Ainsi, tout d’abord, l’augmentation de 3, 5 % de la valeur du point d’indice de la fonction publique bénéficie à plus d’un million de fonctionnaires dans le périmètre de la mission que nous examinons ce soir.

Surtout, la revalorisation des salaires, à hauteur de 10 % en moyenne, permettra de créer un choc d’attractivité du métier d’enseignant.

Debut de section - PermalienPhoto de Samantha Cazebonne

Vous le savez, dans sa lettre adressée à tous les enseignants le 16 septembre 2022, le Président de la République s’est engagé à ce qu’aucun professeur ne débute sa carrière en dessous de 2 000 euros net par mois à partir de la rentrée 2023. Cette mesure mobilisera 635 millions d’euros de crédits pour couvrir les mois de septembre à décembre 2023 et représentera 1, 9 milliard d’euros en année pleine dès 2024.

Enfin, une enveloppe additionnelle de 300 millions d’euros est prévue dans le projet de loi de finances pour 2023 afin d’apporter une rémunération complémentaire aux professeurs souhaitant prendre en charge des missions supplémentaires.

Par ailleurs, nous constatons que, malgré la diminution continue du nombre d’élèves due à la baisse des naissances en France, les effectifs des enseignants sont relativement stables. Il en résulte une hausse du taux d’encadrement des élèves, qui est non pas un hasard, mais bien le fruit d’un choix politique.

Debut de section - PermalienPhoto de Samantha Cazebonne

Cette hausse résulte de la décision du Gouvernement de ne pas répercuter la totalité de cette baisse démographique sur l’emploi enseignant.

L’amélioration du climat scolaire est une autre priorité de ce projet budget pour 2023, comme c’est le cas avec constance depuis 2017.

Cette priorité se traduit par la hausse du nombre d’AESH, pour 448 millions d’euros ; par l’extension du programme français de lutte contre le harcèlement à l’école (pHARe), qui concerne depuis la rentrée 2022 la totalité des écoles élémentaires et des collèges publics ; par le financement, à hauteur de 589 millions d’euros, de la politique de santé scolaire ; enfin, par la poursuite d’actions éducatives complémentaires aux enseignements, pour 188 millions d’euros. Je pense ici au dispositif « Devoirs faits », dont ont bénéficié 800 000 élèves en 2021-2022, ou au dispositif « Vacances apprenantes », lancé en 2020 afin de répondre aux besoins qu’a suscités l’épidémie de covid-19.

Enfin, au nom de mon groupe, je tiens à saluer la hausse de près de 70 millions d’euros des crédits alloués à l’enseignement technique agricole. Si celui-ci demeure une filière d’excellence, qu’il faut préserver, il est aussi un pilier de notre souveraineté alimentaire, dont la crise sanitaire a montré la grande importance.

Pour toutes ces raisons, le groupe RDPI votera sans réserve les crédits de cette mission.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Laurence Rossignol

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à vingt et une heures trente.

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à vingt heures, est reprise à vingt-et-une heures trente, sous la présidence de M. Vincent Delahaye.