Intervention de Jacques Grosperrin

Réunion du 1er décembre 2022 à 14h30
Loi de finances pour 2023 — Enseignement scolaire

Photo de Jacques GrosperrinJacques Grosperrin :

Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, les crédits de la mission « Enseignement scolaire » s’établiront en 2023 à plus de 58 milliards d’euros, soit une hausse de 3, 5 milliards d’euros.

Monsieur le ministre, l’effort financier est réel, mais traduit-il véritablement une vision, une volonté, un projet pour l’enseignement scolaire en France ? Ce budget nous invite à la vigilance et nous attendrons ce soir des réponses précises de votre part quant à vos intentions sur l’avenir de notre jeunesse, c’est-à-dire de la France – car c’est la France qui est en jeu –, et sur la revalorisation des rémunérations des enseignants, si essentielle, s’appuyant sur un socle de 635 millions d’euros et un « pacte » sur lequel nous souhaitons des éclaircissements.

Cette revalorisation suffira-t-elle à enrayer la crise des vocations et à produire le choc d’attractivité nécessaire pour ce beau métier, mais ô combien difficile et trop peu souvent protégé ? La crise de vocation que connaît aujourd’hui l’éducation nationale ne se réglera pas que par le financement. Le délai supplémentaire d’inscription aux concours d’enseignants de quinze jours prouve que l’annonce d’une carrière débutant à 2 000 euros ne suffit pas.

Le mal est plus profond et ce que nous comprenons de votre budget nous interpelle, monsieur le ministre. Vous oubliez la revalorisation de tous les acteurs qui agissent au sein de l’éducation nationale.

Quid de l’augmentation des conseillers principaux d’éducation (CPE) ? Quid de l’augmentation des chefs d’établissement et d’une réforme de leur statut ? Quid de l’augmentation salariale des infirmiers et des médecins ? Quid de tous ces enseignants qui ont commencé leur carrière à moins de 2 000 euros par mois, qui, après dix ans d’ancienneté, sont légèrement au-dessus et qui s’interrogent sur le déroulement de leur carrière ?

Il est un autre point de vigilance, qui a trait au nombre de postes non pourvus après les concours de 2022. On nous expliquera qu’il y a eu un double concours, ce qui a entraîné des difficultés. Je veux bien, mais ce nombre a triplé par rapport à 2021, ce qui n’est pas sans poser des difficultés fortes à cette grande nation qui a du mal à recruter ses enseignants et leur propose une formation sur quatre jours.

L’heure est donc à une réflexion globale et ambitieuse ; nous avons peine à en deviner l’issue, mais il faudra la trouver.

Combien de stagiaires affectés dans des réseaux d’éducation prioritaire ont-ils démissionné ?

On s’interroge également sur l’absence de mobilité géographique, sur les difficultés que rencontrent les fonctionnaires de l’éducation nationale pour suivre un conjoint pacsé, par exemple. S’agit-il d’une politique d’un autre temps ou le fait d’une direction des ressources humaines inexistante ? Je crains un gâchis. Je vous rappelle que favoriser la mobilité fait partie des objectifs. La mobilité est l’un des éléments qui réduisent les risques psycho-sociaux.

Autre point de vigilance, les 430 000 élèves en situation de handicap scolarisés dans le premier cycle : près d’un tiers d’entre eux n’ont pas d’accompagnement humain. Comment une nation aussi grande que la France peut-elle ainsi laisser ses enfants au bord du chemin ?

En conclusion, le temps qui m’est imparti étant restreint, je dirai simplement, monsieur le ministre, que ce projet de budget n’est pas tout à fait à la hauteur de nos espérances et d’une grande nation comme la France. La revalorisation salariale à 2 000 euros ne doit pas masquer les difficultés que les enseignants rencontrent dans l’exercice de leur métier.

Pour ces raisons, la commission de la culture, de l’éducation et de la communication propose de s’abstenir sur les crédits de cette mission.

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