Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, la mission « Enseignement scolaire » connaît cette année une forme de rupture, compte tenu de l’ampleur de l’augmentation de son budget.
L’école, creuset républicain cristallisant la convergence des valeurs fondatrices de notre société – l’humanisme, l’universalisme et le progrès – se doit de refléter la maxime : « La fin justifie les moyens. »
Monsieur le ministre, je crois en la sincérité de votre engagement pour la revalorisation de l’enseignement, la réussite de tous les élèves et une école innovante et inclusive luttant contre toutes les inégalités. Vous prolongez la dynamique engagée depuis 2017 en augmentant de manière inédite les crédits de la mission, de l’ordre de 6, 5 % par rapport à 2022.
Néanmoins, je ferai quelques observations.
En effet, si ce projet de loi de finances prévoit des crédits significatifs afin d’améliorer la rémunération des enseignants, le retard accumulé était considérable. Il est donc essentiel que ce choc d’attractivité se poursuive. Le métier d’enseignant traverse une crise sans précédent ; les difficultés de recrutement ne sont pas seulement d’ordre financier. Le manque de considération sociale et de soutien hiérarchique, ainsi que des conditions d’exercice dégradées dans certains territoires expliquent la désaffection pour le métier d’enseignants.
Les chiffres ont été rappelés : en 2018, 135 000 candidats se présentaient encore aux concours de la fonction publique de l’éducation nationale. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 90 000. Plus grave encore, les postes n’ont été couverts qu’à 83 % en 2022 par les candidats ayant été admis.
Le recours croissant aux contractuels présente un intérêt en ce qu’il permet de combler un manque et de réadapter progressivement les effectifs aux besoins réels. Cependant, n’est-il pas antinomique de pallier les pénuries d’enseignants en recrutant des contractuels dont les qualifications sont plus que variables, quand, parallèlement, la formation initiale se tourne vers des compétences professionnelles renforcées ?
La revalorisation des rémunérations, qui constitue l’essentiel de la hausse des crédits de la mission, ne doit être que le premier pas vers un objectif plus large de reconnaissance économique et sociale du corps enseignant.
Rappelons que, en 1990, un professeur des écoles débutant touchait 1, 8 fois le Smic, contre 1, 5 fois aujourd’hui. En fin de carrière, un agrégé de classe exceptionnelle touchait alors 4, 6 fois le Smic, contre 3, 3 fois actuellement.