Intervention de Colette Mélot

Réunion du 1er décembre 2022 à 14h30
Loi de finances pour 2023 — Enseignement scolaire

Photo de Colette MélotColette Mélot :

Madame la présidente, messieurs les ministres, mes chers collègues, le métier d’enseignant est souvent considéré comme le plus beau métier du monde. Marcel Pagnol décrivait malicieusement les professeurs œuvrant « aux quatre coins des départements pour y lutter contre l’ignorance et glorifier la République ». Cette belle définition est toujours d’actualité.

Pourtant, force est de constater que ce métier semble aujourd’hui être victime d’un désamour profond. Je suis particulièrement préoccupée par la crise du recrutement, très visible dans l’enseignement scolaire. Nous partageons tous cette inquiétude. La baisse du nombre de candidats aux concours, surtout dans le premier cycle, est un signal d’alerte clair. Le nombre de postes non pourvus a triplé depuis un an, pour atteindre 3 756 en 2022.

Les témoignages de directeurs d’établissements se sont accumulés au cours des derniers mois pour alerter sur le manque de personnel. Aujourd’hui, c’est la question des démissions qui remonte. Le recours aux contractuels ne représente pas une solution satisfaisante à long terme. Les conditions de travail, les évolutions de carrière proposées, la mobilité géographique et la rémunération sont autant de sujets majeurs dont nous devons nous saisir.

Pour y répondre, le présent projet de loi de finances consacre plus de 1, 1 milliard d’euros à la hausse des rémunérations du personnel de l’éducation nationale. En outre, comme cela a été annoncé pendant la campagne présidentielle, 300 millions d’euros sont destinés aux enseignants qui acceptent d’effectuer des missions complémentaires. Je tiens à souligner cet effort. Il s’ajoute aux avancées permises par le Grenelle de l’éducation.

Par ailleurs, environ 60 % des enseignants pourront bénéficier de la prime d’activité au cours de l’année 2023.

Enfin, de nouvelles mesures de revalorisation salariale ont été annoncées pour les enseignants débutants à partir de la rentrée 2023. C’est une excellente décision, qui permettra, je l’espère, de susciter de nouvelles vocations.

Plus généralement, les crédits de la mission « Enseignement scolaire » s’élèvent dans le projet de loi de finances pour 2023 à 58, 8 milliards d’euros, soit une hausse de près de 6, 5 %. C’est un effort considérable, que je salue.

Les crédits destinés à l’école inclusive augmentent également. On parle de 2, 4 milliards d’euros budgétés. C’est une bonne chose. Ce projet de loi de finances crée 4 000 nouveaux postes d’AESH. Nous pouvons nous en réjouir, mais ce n’est pas suffisant. Les rapporteurs l’ont souligné, 44 % des élèves en situation de handicap ne bénéficient pas d’un accompagnement dédié. Cela ne peut plus durer. Nous devons rendre ce métier plus attractif et améliorer les conditions de travail, car les AESH sont les chevilles ouvrières de l’école inclusive.

Nous pouvons également nous satisfaire de l’accueil d’environ 20 000 jeunes Ukrainiens au sein de nos écoles. Les académies de Nice et de Versailles sont en première ligne. Les retours sont positifs et je salue l’implication du corps enseignant pour permettre à ces jeunes élèves de se sentir les bienvenus dans nos écoles.

Leur présence a également permis de mettre en évidence les lacunes en mathématiques des jeunes Français. Les élèves du système scolaire ukrainien ont, semble-t-il, un an d’avance par rapport à nos élèves dans cette matière ! Cela confirme la mauvaise place de la France dans les classements internationaux d’enseignement des mathématiques.

Cette prise de conscience collective doit se poursuivre afin de combler notre retard. À cet égard, je suis heureuse de la décision du Gouvernement de réintégrer les cours de mathématiques dans les enseignements obligatoires au lycée. Cette décision va dans le bon sens et doit s’accompagner de décisions fortes pour relever le niveau moyen des élèves.

Enfin, je salue votre engagement, monsieur le ministre, dans la lutte contre le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement. Rappelons qu’un jeune sur dix est victime de harcèlement. Nous devons œuvrer collectivement pour permettre à tous les établissements de protéger leurs élèves. C’était l’objet de notre échange lors de votre venue au collège Louis-Braille à Esbly, en Seine-et-Marne. Ce collège et son espace jeunesse sont lauréats du prix « Non au harcèlement 2022 ». Le clip de sensibilisation contre le harcèlement scolaire tourné au collège a été diffusé à partir du jeudi 10 novembre.

La lutte contre ce phénomène doit faire partie de nos priorités dans les années à venir. J’y suis particulièrement attachée, car l’école doit préparer les élèves à vivre dans une société bienveillante, en respectant autrui.

Pour les différentes raisons que je viens d’évoquer, le groupe Les Indépendants – République et Territoires votera les crédits de la mission « Enseignement scolaire ».

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion