Intervention de Monique de Marco

Réunion du 1er décembre 2022 à 14h30
Loi de finances pour 2023 — Enseignement scolaire

Photo de Monique de MarcoMonique de Marco :

Nous attendions donc une rupture.

Concernant les enseignants, la situation atteint un seuil critique, car l’éducation nationale ne parvient plus à recruter. Cette année, 1 686 postes n’ont pas été pourvus dans le premier degré, 2 070 dans le second degré, ce qui représente une explosion par rapport à l’année précédente.

Ce manque d’attractivité s’explique principalement par des raisons financières. Les enseignants ont vu leur salaire chuter de 15 % à 25 % en vingt ans. À cet égard, nous nous situons en queue de classement des pays de l’OCDE, monsieur le ministre.

Ce projet de budget ne prend pas en compte à sa juste mesure cet effondrement. Si le Président de la République a annoncé qu’aucun enseignant ne démarrerait sa carrière en dessous de 2 000 euros net, la revalorisation sera en partie conditionnée à l’accomplissement de nouvelles tâches. Nous proposerons d’aller beaucoup plus loin par voie d’amendement.

J’évoquerai à présent les AESH. Ces accompagnants, qui sont à plus de 90 % de femmes, effectuent un travail de première importance auprès des enfants en situation de handicap. Pourtant, leur rémunération est indigne : elle s’élève en moyenne à 850 euros par mois, soit un montant très largement inférieur au seuil de pauvreté, qui se situe aux alentours de 1 000 euros. Comment l’État employeur peut-il être un tel moteur de souffrance et fabriquer des travailleurs pauvres ?

La faiblesse de leur rémunération est due à une réorganisation calamiteuse de leur travail par certains pôles inclusifs d’accompagnement localisés (Pial). Le résultat est prévisible : dans de nombreuses académies, des enfants handicapés se retrouvent sans aucun accompagnement, à tel point que certaines écoles acceptent désormais que les enfants dont les parents peuvent se le permettre aient recours à des prestataires privés au sein des écoles de la République. Cette rupture d’égalité inacceptable doit nous alerter.

Monsieur le ministre, il faut tout revoir : le statut des AESH, leur rémunération, leur formation, leurs conditions de travail. Sur ce sujet également, nous vous proposerons des amendements.

Vient ensuite la question de l’enseignement professionnel. Les moyens qui lui sont consacrés augmentent seulement de 5, 3 % en 2023, soit moins que l’inflation. De plus, cette branche souffre d’un manque chronique de moyens. Elle n’a cessé d’être détricotée par les réformes successives : moins d’établissements, moins d’élèves, moins d’heures d’enseignements, moins d’enseignants. En 2023, cette dynamique ne s’arrêtera pas, puisque le Gouvernement prévoit de supprimer 480 postes supplémentaires dans le second degré.

Cette année, l’enseignement professionnel a également droit à une double tutelle, puisqu’il est désormais également rattaché au ministère du travail. Ce choix politique traduit une volonté de répondre aux besoins immédiats des entreprises, une volonté de soumission des parcours des élèves au marché du travail.

Or l’éducation nationale – que je sache, l’enseignement professionnel en fait toujours partie –, ce n’est pas la soumission, c’est au contraire l’émancipation ! Le rôle de l’éducation nationale est de donner aux élèves les moyens de s’épanouir, d’apprendre et de prendre en main leur avenir, dans la voie qu’ils ont eux-mêmes choisie. Là encore, notre vision est antinomique de la vôtre, monsieur le ministre.

Pour l’enseignement technique agricole, ce projet de budget met enfin un terme à trois années successives de baisse des effectifs d’enseignants, mais cela ne suffit pas. Il faut rebâtir, recruter, revaloriser, octroyer de nouveaux moyens.

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