Monsieur le président, messieurs les ministres, mes chers collègues, les crédits consacrés au remboursement de la dette deviennent, sous ce gouvernement, le premier budget de l’État. Les crédits de la mission « Enseignement scolaire » arrivent après. Certes, ils sont en hausse de 6, 5 %, mais peut-on s’en satisfaire ? Il est depuis longtemps reconnu que, si notre pays figure en mauvaise position dans les classements internationaux, ce n’est pas par manque de moyens, mais par manque de réformes.
La hausse des crédits doit d’ailleurs être relativisée, puisque 1, 7 milliard d’euros serviront à financer l’augmentation du point d’indice de la fonction publique ; 400 millions d’euros, l’habituel glissement vieillesse technicité.
Une fois ces dépenses acquittées, 1, 9 milliard d’euros en année pleine doivent permettre de réaliser la promesse présidentielle d’un salaire des enseignants qui ne puisse être inférieur à 2 000 euros. Cette remarquable opération de communication ne vise cependant que les premières années d’exercice. La revalorisation en cours de carrière reste un mirage, même si vous avez affirmé, monsieur le ministre, que « pour un professeur avec quelques années d’ancienneté, l’augmentation pourrait aller jusqu’à 25 % », avant d’évoquer plus tard et plus prosaïquement une augmentation de 10 %.
Or les 900 millions d’euros qui ont été inscrits dans le budget à cette fin ne correspondent pas réellement à une augmentation, puisqu’ils seront liés à l’acceptation de nouvelles missions dont la nature reste pour le moment très floue. Il s’agit du fameux « pacte ».
L’attractivité de la profession souffre d’ailleurs de bien d’autres entraves. J’évoquerai des conditions de travail dégradées, une insécurité grandissante, une absence de reconnaissance, une perte d’attractivité, des perspectives de carrière limitées et aléatoires, un temps de travail important, comprenant la part invisible des corrections de devoirs et des tâches administratives, mais aussi des affectations territoriales aléatoires qui rendent difficile la conciliation entre vie professionnelle et vie privée.
À cela, le Gouvernement n’apporte aucune réponse.
On relève 3 756 postes d’enseignants non pourvus cette année, un chiffre qui a triplé entre 2021 et 2022. Les concours ne font pas le plein de candidats. Les démissions se multiplient, surtout chez les jeunes enseignants, dont nous dénonçons depuis des années l’affectation systématique aux postes les plus difficiles. Pourtant, vous avez décidé de supprimer 2 000 postes d’enseignants pour suivre l’évolution démographique. Où est la logique de tout cela ?
Les enseignants font part de leur découragement face au manque de soutien de la part du ministère. Les récentes polémiques sur la défense du principe de laïcité sont révélatrices d’un profond malaise, en raison de l’absence de ligne claire du Gouvernement. On peine à distinguer une feuille de route pour les prochaines années.
Je ne reviendrai pas sur tous les points développés par nos excellents collègues Jacques Grosperrin et Max Brisson ; pour ma part, je veux évoquer le sujet, qui m’est cher, du sport à l’école.
Convaincu de l’importance du sport pour la santé et l’équilibre de nos jeunes, je déplore le manque manifeste de moyens et d’organisation permettant de mettre en place les trente minutes d’activité physique quotidienne à l’école, une mesure obligatoire qui n’est pourtant appliquée que par 10 % à 20 % des chefs d’établissement. Je m’interroge donc sur la volonté gouvernementale de rendre effectif ce dispositif de santé publique.
Je poserai la même question concernant les mesures à prendre pour le « savoir nager ». De nombreux enfants ne découvrent la natation qu’au moyen des cours dispensés par l’école. Or l’accès à ces cours semble très aléatoire, sans que nous puissions avoir une vision d’ensemble selon les années et les établissements. Au moment où la crise de l’énergie va mettre en péril l’ouverture des piscines et compliquer encore davantage l’organisation de ces cours, quelles actions envisagez-vous, monsieur le ministre, pour garantir l’effectivité de cet apprentissage essentiel pour l’activité physique comme pour la sécurité ?
Dans ce domaine comme dans bien d’autres, les annonces peinent à se traduire en actes. L’éducation nationale mérite pourtant mieux que des mesures d’affichage.
Pour conclure sur ce projet de budget, je le redis, si l’éducation nationale a bien entendu besoin de moyens, elle a surtout besoin de vraies réformes.