Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, en tant que rapporteure pour avis des crédits relatifs au transport aérien, je formulerai deux observations.
Premièrement, la clé de l’équilibre de ce budget annexe, ce sont des recettes gouvernées par le niveau du trafic aérien, qui dépend lui-même du prix des billets d’avion et de la psychologie des voyageurs.
L’année dernière, nous avons été un peu trop prudents dans les prévisions : le rebond observé en 2022 a entraîné des surplus de recettes, qui nous ont permis d’emprunter moins que prévu. Pour autant, il faut tempérer l’optimisme sur le trafic en 2023. Celui-ci sera en effet freiné par la baisse du pouvoir d’achat et de l’épargne des consommateurs, par leur sensibilité aux prix et par l’inquiétude climatique, particulièrement chez les jeunes.
On l’a vu ces derniers mois, le coût de l’énergie demeure un paramètre très important. Or le prix des carburants, qui représentent 25 % à 35 % des charges des compagnies aériennes, a plus que doublé, et il n’est pas question de bouclier tarifaire dans le transport aérien.
Malgré ces réserves, nous approuvons la volonté de désendettement que traduit ce budget à partir de 2023. Toutefois, monsieur le ministre, la facture énergétique des installations de contrôle aérien ne risque-t-elle pas de remettre en cause le rééquilibrage prévu, comme c’est le cas pour de nombreuses entreprises et collectivités ?
Deuxièmement, la France est l’un des deux leaders mondiaux de la construction aéronautique et peut décarboner 50 % de la flotte mondiale. Nous sommes également pionniers dans la réglementation environnementale, par exemple avec la loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets et avec les nouveaux mandats d’incorporation des kérosènes durables au niveau national ou européen.
Notre talon d’Achille, c’est notre retard pour produire et distribuer ces biocarburants, alors que les moteurs d’avion sont prêts pour les utiliser et que les compagnies les achèteront, sous peine de taxation supplémentaire.
Nous soulignons également la nécessité d’accompagner le verdissement de notre maillage aéroportuaire territorial : zéro émission pour les opérations au sol et production d’hydrogène vert, gazeux pour les engins au sol et liquide pour les futurs avions, qui seront opérationnels en 2035.
Enfin, les 8 à 9 millions de riverains des aéroports, eux aussi, travaillent plus qu’avant à domicile. Les nuisances perçues peuvent donc parfois augmenter même quand le trafic diminue. Nous approuvons les nouvelles trajectoires plus économes en carburant, mais les descentes continues impliquent de voler plus longtemps à basse altitude. Le financement des travaux d’isolation, qui est assis sur une taxe indexée sur le trafic, n’avait pas prévu ces évolutions, et les pertes de recettes se sont accumulées.
Une nouvelle rallonge budgétaire est donc souhaitable, d’autant que le bon sens plaide pour le couplage de l’isolation acoustique et thermique, à double efficacité environnementale.