Nous avons déposé cet amendement parce que nous observons aujourd’hui, comme l’a justement souligné M. Dominati, une distorsion : l’argent des Français finance l’industrie automobile chinoise.
Cette industrie de pointe représente une part très significative – la moitié – de la chaîne de valeur du véhicule électrique et 75 % de la chaîne de valeur des batteries. Autant dire que, dans ce secteur, nous avons abandonné notre souveraineté ! Cela ne sera peut-être pas sans poser question dans quelques années, en fonction des évolutions géopolitiques.
D’autres pays ne se font pas autant de nœuds au cerveau et sont bien plus radicaux : je pense aux Américains, auxquels le Président de la République rend actuellement visite. Il me semble qu’il a d’ailleurs eu des discussions sur l’Inflation Reduction Act, qui risque de poser problème pour les investissements directs étrangers, notamment des entreprises américaines, sur le sol français.
Pourquoi continuons-nous alors à fermer les yeux ? D’autant que, comme je l’avais déjà dit les années précédentes et comme le rappelait M. Dominati, les dispositifs de soutien – le bonus et la prime à la conversion –, même cumulés à leur montant maximum, atteignent un montant de 12 000 euros, pour des ménages dont le revenu fiscal de référence doit être autour de 13 000 euros.
Monsieur le ministre, peut-on trouver sur le marché des véhicules électriques à 25 000 euros, dont l’achat nécessite la mobilisation d’une année entière de revenu fiscal de référence en complément des aides publiques ? Il n’y en a pas beaucoup, ou alors ce sont des boîtes de conserve… Si l’on a une famille, on peut alors oublier la mobilité électrique.
Par ailleurs, ces voitures de petite taille sont presque exclusivement fabriquées par des constructeurs étrangers, parce que notre industrie automobile, plutôt tournée vers le haut de gamme, a investi dans les véhicules électriques à forte valeur ajoutée. Elle est en train de transformer ses chaînes de production, mais cela ne se fera pas en un claquement de doigts : il faudra environ dix-huit mois.
Les représentants de l’industrie automobile que j’ai auditionnés nous ont indiqué qu’ils seraient prêts à la fin de 2023 ou au début de 2024.
L’objet de mon amendement n’est pas tant d’effacer les crédits pour soutenir la transition du parc que de les décaler dans le temps, pour qu’ils viennent en soutien de notre filière automobile lorsque celle-ci sera prête.