Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la discussion de l’article 25 quater est très éclairante et montre combien cet article a un lointain rapport avec le projet de loi.
Depuis des heures, nous parlons de médecine du travail, de travail, et de ce qu’il peut comporter comme facteur d’épanouissement pour l’être humain, mais aussi de ce en quoi il peut devenir facteur de maladie, de malaise, d’accident, de crise, de suicide même, tout cela du précaire, cher à Mme Parisot, jusqu’au cadre.
Le travail est une matière magnifique, mais aussi dangereuse. C’est une source d’affections dont il faut réparer les dérives et les effets. C’est aussi une fonction humaine que le grand patronat financiarisé rend paradoxalement malade. §
La nouvelle donne, c’est la maladie du travail, et les trois récents articles du journal Le Monde sur trois pages montrent à quel point cela est profond et gagne en quantité.
Que doit-on attendre de la médecine du travail ? Qu’elle donne aux employeurs le moyen de justifier, médicalement, la mise au rebut de tel travailleur, au motif qu’il deviendrait trop coûteux ou trop improductif ? Ou qu’elle sache s’ouvrir à ce qui parle au profond des êtres confrontés au travail, qui peut être malade. La maladie du travail est une maladie évolutive.
Ainsi, si certains travaux ne sont plus aussi durs qu’auparavant, d’autres formes d’asservissement apparaissent.
La mission d’information sur le mal-être au travail souligne que les procédures managériales, dans bien des entreprises où l’on ne porte pas de charges lourdes, où l’on ne travaille ni dans le bruit ni avec des matières dangereuses, sont pourtant des facteurs de souffrance.
Quand on se suicide dans le centre de recherches de Renault, à Guyancourt, ce n’est pas parce qu’on est dans un atelier de peinture, mais c’est parce qu’on est soumis à une pression insupportable du point de vue humain !
Quand on impose aux jeunes salariés des centres d’appels de Teleperformance la réalisation dans un temps donné d’un nombre donné d’appels téléphoniques, on développe la culpabilisation de ces salariés !
Quand on demande aux techniciens de France Télécom d’être des bateleurs pour vendre tel type de téléphone portable ou tel contrat d’abonnement, on néglige leurs compétences, on blesse leur identité même !
Ce qu’on attend de la médecine du travail, ce n’est pas d’être l’instrument de la gestion des emplois version patronale, mettant au rebut ceux qui ne « rapportent » plus assez et continuant de justifier l’exploitation de ceux qui peuvent encore « rendre du jus ».
Les travailleurs qui veulent avoir un pouvoir d’agir, mais les médecins du travail aussi, pensent à cela jusqu’à en souffrir. Mais Mme Parisot dit que la liberté de penser s’arrête là où commence le droit au travail. Changeons d’air, dit le MEDEF !
Il faut donc rentrer à l’écurie votre cavalier, il abîme aussi le travail parlementaire.