Il faut élargir la notion de médecine du travail, conforter les droits des salariés et leur en donner de nouveaux. Quand je dis conforter, je pense à l’indépendance de la médecine du travail.
En vérité, votre pratique cavalière vous est dictée par votre politique « Fouquet’s ». La gestion industrielle ou financière des hommes est devenue principe de gouvernement.
Il y avait des manques à corriger, des manques à compléter ; il y avait aussi à conserver un régime de droit avec, en son cœur, la dignité humaine inhérente à tous les membres de la famille humaine.
Aujourd’hui, c’est la restauration de l’ordre spontané du travail, l’obligation à défaire méthodiquement l’héritage social de la Résistance. C’est un grand retournement.
Ces nouveaux fondamentaux ignorent la coopération et promeuvent la confrontation, la République des affaires, la démocratie limitée, qui ne considère les résultats d’un scrutin que s’ils répondent aux vœux des dirigeants qui l’organisent.
On assiste à une privatisation de l’État-providence, à une pulvérisation du droit en droit subjectif. Cette déconstruction fait perdre au droit social sa capacité de rendre les citoyens solidaires.
Les services de responsabilité publique, comme la médecine du travail, sont doublement menacés de désagrégation et de calcification.
Il se crée comme un marché de produits législatifs ouvert aux choix individuels. Il y a course au moins-disant social. Les libertés collectives des salariés sont subordonnées aux libertés économiques des entreprises.
Quand j’étais ministre de la santé, j’ai fait de très nombreuses visites dans les entreprises et j’ai toujours trouvé le patronat gêné, et souvent commandeur de la médecine du travail.
Tout cela explique que je ne peux, personnellement et en qualité d’ancien ministre de la santé, que voter contre cet article.