Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le 24 février dernier, les armées russes ont envahi l’Ukraine. Cette agression sur notre continent est une révolution. Longtemps, nous avons cru pouvoir nous contenter de percevoir les dividendes de la paix. Longtemps, certains ont refusé de croire à la brutalité des rapports de force.
Dans cette période, seuls quelques États européens n’ont pas baissé la garde. La France en fait partie, et nous nous en réjouissons. Personne aujourd’hui ne doute plus de l’importance vitale d’entretenir une force armée dotée de capacités.
Le budget de la mission « Défense » s’élève à 44 milliards d’euros pour 2023. Je veux rendre hommage au Gouvernement. Ce montant correspond en effet exactement à la trajectoire prévue par la loi de programmation militaire.
Cette montée en puissance permettra en premier lieu de moderniser les équipements de nos armées. Il s’agira notamment de maintenir en condition notre capacité de dissuasion nucléaire.
Depuis les menaces du pouvoir russe, ce sujet déjà essentiel est devenu encore plus crucial. Nous sommes la seule puissance dotée de l’arme nucléaire au sein de l’Union européenne, ce qui nous place dans une position singulière sur cette question.
Au-delà de la modernisation du matériel, il est également nécessaire de renforcer les effectifs : 1 500 équivalents temps plein (ETP) devraient, en outre, grossir les rangs de nos armées.
Depuis longtemps maintenant, la guerre ne se limite plus au champ de bataille. Le conflit ukrainien souligne avec force le rôle de l’information et du cyberespace. Nos armées doivent développer de plus en plus de compétences pour protéger la Nation. Cette diversification implique de nouveaux recrutements, tout comme la perspective du retour de la haute intensité.
Pour assumer notre part dans la confrontation avec la Russie, notre pays fournit des armes et matériels militaires à l’Ukraine. Cette aide nous honore. Elle impacte nécessairement le budget des armées.
Le contexte géopolitique nous contraindra à poursuivre notre effort de défense. Plus largement, la nouvelle conjoncture internationale pose la question du changement d’échelle de notre industrie de défense.
La haute intensité entraîne une attrition bien supérieure à celle que nos forces ont connue lors des dernières années. Il faut s’y préparer, et nous devons donner les moyens à notre industrie de soutenir cet effort. La nécessaire remontée en puissance de cette industrie prendra du temps ; il nous faut pourtant aller vite.
Dans ces conditions, la défense européenne paraît plus que jamais nécessaire. C’est ensemble que nous devons développer une base industrielle et technologique de défense solide.
Nous ne pouvons que regretter les choix faits par certains de nos partenaires. L’armement américain est, certes, performant, mais ce n’est pas celui qui permettra à l’Europe de bâtir une souveraineté stratégique.
En mettant en commun leurs ressources et leurs talents, les pays de l’Union européenne peuvent parvenir à construire une force armée solide. La France plaide pour cela depuis cinq ans. Pour l’heure, ni la présidence Trump ni la guerre en Ukraine n’ont achevé de convaincre nos voisins.
L’Otan a, certes, été ramenée à la vie par l’invasion russe. Mais le pilier européen reste la condition de l’indépendance de l’Union et, in fine, de sa sécurité.
Il est à cet égard incompréhensible que des projets comme le Scaf et le char du futur connaissent tant de difficultés. Nous avons besoin d’avancer rapidement sur ces questions.
Nous examinerons bientôt une nouvelle loi de programmation militaire. Elle doit nous permettre de doter la France des moyens nécessaires à la protection de ses intérêts. Nous serons particulièrement attentifs à ce que les fonds alloués à nos armées soient proportionnels à la difficulté des missions qui leur sont confiées.
Pour l’heure, le groupe Les Indépendants – République et Territoires ne peut que voter en faveur de l’adoption des crédits de la mission « Défense ».