Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, il y a en réalité deux aspects dans cette importante augmentation des crédits de la mission « Aide publique au développement » soulignée par les orateurs précédents.
D’un côté, cette hausse reflète la volonté, manifestée à l’unanimité lors du vote de la loi du 4 août 2021, de faire de la solidarité internationale une composante à part entière de notre action extérieure, au même titre que notre diplomatie et notre défense. La finalité en est simple : lutter de manière préventive contre les causes profondes des désordres mondiaux que sont les crises, les conflits ou encore les déplacements de populations.
La progression des crédits en dons de l’Agence française de développement permettra ainsi de renforcer cette indispensable politique de solidarité internationale. Concrètement, ce sont des crédits supplémentaires pour l’éducation, pour la santé, ou encore pour l’agriculture, avec une concentration sur les pays d’Afrique subsaharienne.
D’un autre côté, la progression des crédits est aussi à la mesure d’une situation mondiale qui se dégrade fortement, avec de multiples crises politiques, sociales et alimentaires, de l’Afrique subsaharienne à l’Afghanistan, en passant par le Moyen-Orient. D’où la forte augmentation de l’enveloppe budgétaire « Gestion et sortie de crise », qui passe de 297 millions en 2022 à 730 millions d’euros en 2023. Il s’agit d’un effort de rattrapage salutaire, car, malgré cette évolution considérable, la France ne figure qu’au septième rang des vingt-sept bailleurs européens.
Il faut souligner que nos instruments d’aide humanitaire et d’aide au développement sont également mis en œuvre en Europe dans la crise actuelle. Outre notre aide humanitaire, l’Ukraine a ainsi bénéficié d’un prêt de 300 millions d’euros de l’AFD dès avril 2022. Il faut se féliciter de cette réactivité, qui montre que l’Agence peut être un instrument politique capable de mettre en œuvre rapidement les priorités du Gouvernement. L’AFD a d’ailleurs également apporté une aide significative à la Moldavie. Les crédits en hausse nous permettront donc de poursuivre ce soutien aux États européens agressés par la Russie.
L’augmentation de ces différents budgets peut paraître excessive à un moment où il nous est demandé de faire des économies, mais la politique d’aide au développement est un élément majeur de notre action extérieure et de l’influence française. Son rôle premier est, certes, de venir en aide et au soutien de peuples défavorisés, mais elle a aussi pour objectif d’offrir des perspectives locales là où l’aspiration des populations est de rejoindre nos économies pourtant fragilisées.
Au total, ce budget de l’APD pour 2023 devrait donc permettre à notre pays de montrer son meilleur visage sur la scène internationale. Vouloir le réduire considérablement serait révélateur d’une vision étriquée là où nous devons, au contraire, nous déployer. Au moment où nos adversaires attaquent notre image par tous les moyens et sur tous les continents, l’APD nous donne un point d’appui pour développer un contre-discours offensif.
Cette approbation globale ne doit cependant pas nous empêcher d’être vigilants sur certains sujets, en particulier la mise en œuvre complète des orientations de la loi du 4 août 2021, qui sera évoquée plus précisément par mon collègue rapporteur pour avis Rachid Temal.