Séance en hémicycle du 5 décembre 2022 à 14h30

Résumé de la séance

Les mots clés de cette séance

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La séance

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La séance, suspendue à treize heures, est reprise à quatorze heures trente, sous la présidence de M. Roger Karoutchi.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Nous reprenons la discussion du projet de loi de finances pour 2023, considéré comme adopté par l’Assemblée nationale en application de l’article 49, alinéa 3, de la Constitution.

Nous poursuivons l’examen, au sein de la seconde partie du projet de loi de finances, des différentes missions.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Le Sénat va examiner les crédits de la mission « Action extérieure de l’État » (et article 41 A).

Mes chers collègues, la durée maximale prévisionnelle pour l’examen des crédits de cette mission est de trois heures. Néanmoins, dans la mesure où cinquante amendements ont été déposés sur la mission, je vous propose de porter la durée d’examen à trois heures et demie.

Y a-t-il des oppositions ?…

Il en est ainsi décidé.

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous examinons aujourd’hui les crédits de la mission « Action extérieure de l’État », qui porte la majorité des moyens du ministère des affaires étrangères, avec la mission « Aide publique au développement ».

Le projet de loi de finances pour 2023 prévoit l’ouverture de 3, 2 milliards d’euros de crédits en autorisations d’engagement comme en crédits de paiement. Ainsi, les crédits augmenteraient de 5, 2 % en valeur et de 0, 9 %, une fois corrigés de l’inflation.

L’essentiel de la hausse des crédits s’explique par les évolutions de trois grands postes de dépense.

Le premier concerne les dépenses de personnel, qui augmenteront de 64 millions d’euros cette année. Une telle évolution témoigne d’un véritable relâchement des efforts qui avaient été entrepris par le ministère ; je dirais même d’une forme de reniement au détriment de nos finances publiques.

Depuis l’année dernière, le ministère s’est engagé dans une réforme des rémunérations qui se traduit par une augmentation de 30 millions d’euros, en cumulé, des mesures catégorielles.

En parallèle, rien n’a véritablement été fait pour maîtriser et réformer les indemnités de résidence à l’étranger, dont le coût progressera de 30 millions d’euros en 2023.

Depuis longtemps, je plaide avec mon collègue rapporteur spécial Rémi Féraud pour que ces indemnités soient révisées.

D’une part, elles sont versées à des niveaux bien éloignés, supérieurs de 25 % environ, de ce qu’une prise en compte des conditions objectives de travail justifierait. On pourrait progressivement les rapprocher du montant normal sans trop de difficultés.

D’autre part, ces indemnités continuent d’être défiscalisées, ce qui n’est pas acceptable. L’État paie deux fois, en versant l’indemnité et en se privant de l’imposition sur le revenu.

Enfin, le budget prévoit la création d’environ 100 équivalents temps plein, ce qui efface ainsi un tiers des efforts réalisés dans le cadre d’Action publique 2022.

J’avais déjà eu l’occasion de regretter que le ministère des affaires étrangères n’aille pas au bout de la réforme Action publique 2022 et ne réalise pas l’ensemble des efforts qui lui étaient demandés.

J’observe donc que, outre le fait de ne pas avoir atteint ses objectifs, le ministère les efface pour un tiers dès cette année. Cela ne contribue pas à donner crédit à la parole de l’État et du Gouvernement dans son engagement d’assainir nos finances publiques.

Le deuxième poste d’évolution des dépenses concerne les contributions internationales versées par la France.

Rémi Féraud et moi-même avons réalisé cette année un contrôle sur les contributions internationales versées par notre pays. Nous avons noté que la France devait prendre conscience de la perte d’influence qu’elle avait subie au cours des dernières années, faute d’investir suffisamment.

En 2023, les contributions internationales augmenteront de 55 millions d’euros. J’aimerais dire que ces crédits traduisent une montée en puissance de notre participation à certaines organisations, mais la réalité est qu’il s’agit surtout de maintenir les crédits à niveau constant, compte tenu de la dépréciation de l’euro face au dollar.

Nous observons en effet que la dépréciation de l’euro entraîne une augmentation de 52 millions d’euros sur les contributions versées en dollars ou en francs suisses.

Cependant, nous voudrions décerner un satisfecit au ministère de l’Europe et des affaires étrangères (MEAE), qui a enclenché le mécanisme de couverture de change très tôt, permettant ainsi d’éviter d’importantes pertes de change. Celles-ci pourraient s’élever à environ 20 millions d’euros si les paiements avaient lieu dans trois mois.

Enfin, les dépenses immobilières augmentent de plus de 20 millions d’euros, ce qui s’explique par les effets de l’inflation et une programmation dynamique. Il s’agit d’abord de dépenses courantes d’entretien, qui augmentent sous l’effet de la hausse des prix de l’énergie.

Les dépenses d’investissement à l’étranger augmentent pour mettre en œuvre le schéma directeur. Avec Rémi Féraud, nous conduisons actuellement une mission de contrôle sur l’immobilier du ministère des affaires étrangères. Beaucoup reste à faire, notamment pour déterminer une stratégie de financement pérenne.

Nous rendrons nos conclusions début 2023, après avoir effectué une visite à Madrid, où nous observerons les mesures prises dans un pays où les choses sont, de l’avis de tous, bien faites.

Je voudrais terminer en faisant part de mon appréciation globale des crédits de la mission.

D’abord, je regrette que la culture de la recherche d’économies soit si peu développée au ministère. Si cela peut vous rassurer, madame la ministre, la remarque vaut malheureusement pour tous les ministères !

À titre d’exemple, les crédits de la communication augmentent de 2, 5 millions d’euros pour financer la lutte contre la désinformation. Certes, le sujet est important et la somme n’est pas énorme. Mais nous aurions pu la trouver ailleurs, afin d’éviter cette augmentation. De la même manière, 5, 4 millions d’euros ont été ajoutés pour financer l’exposition universelle d’Osaka, alors que d’autres lignes budgétaires auraient pu servir.

Par ailleurs, le relâchement sur les dépenses de personnel, que j’ai déjà évoqué, me semble plus que critiquable.

Enfin, et j’ai eu l’occasion de le dire en commission des finances, je doute très sincèrement de la crédibilité de la trajectoire de la programmation. Lors de nos travaux préparatoires, nos interlocuteurs au ministère semblaient découvrir la programmation des finances publiques sur les trois prochaines années.

Or le projet de loi de programmation prévoit au moins 100 millions d’euros d’économies d’ici à 2025 en euros constants. Personne ne semble en mesure d’expliquer comment ce résultat sera atteint, ce qui est particulièrement préoccupant.

Je suis donc à titre personnel réservé sur les crédits de cette mission, mais ceux-ci ont été adoptés par la commission des finances.

M. Claude Kern applaudit.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

M. le président. La parole est à M. le rapporteur spécial.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, après mon collègue rapporteur spécial Vincent Delahaye, j’évoquerai plus particulièrement l’administration consulaire et la diplomatie culturelle et d’influence, dont les moyens, qui représentent un tiers des crédits de la mission, sont en tension.

Les crédits de la diplomatie culturelle et d’influence, s’élèvent à près de 300 millions d’euros en crédits de paiement, hors Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE) ce qui représente une hausse de 11, 7 millions d’euros.

Une telle augmentation s’explique notamment – mon collègue vient de le rappeler – par le financement de 5, 4 millions d’euros consacrés à l’exposition universelle d’Osaka. Chaque année, nous découvrons un événement exceptionnel à financer, et il nous est difficile de juger de la rigueur du montant dégagé.

En parallèle, nous avons pu constater que le plan Destination France entraînait un financement de 5, 8 millions d’euros en 2023, qui reste porté par les crédits de la mission, ce dont nous nous étonnons, madame la ministre. En effet, la compétence tourisme a été transférée au ministère de l’économie et des finances et Atout France ne fait désormais plus partie des opérations relevant de la diplomatie culturelle et d’influence.

Pour ce qui concerne les instituts français à l’étranger, je constate que les moyens sont stables en valeur. Mais cela représente une source d’inquiétude, puisqu’une perte de ressources en volume est à prévoir en raison de l’inflation, souvent un peu plus élevée dans les pays concernés qu’en France, d’autant que ces instituts présentent un déficit d’environ 43 millions d’euros en 2022 ; celui-ci devrait donc s’accentuer. En effet, les documents budgétaires montrent que certaines dépenses, liées notamment aux salaires, augmentent de manière significative.

Nous nous interrogeons donc sur la capacité de la dotation en euros à préserver un niveau d’activité correcte, alors même qu’elle reste stable en valeur. Des amendements ont été déposés en ce sens par certains de nos collègues, et je pense que le Gouvernement devra prendre le temps d’expliquer son intention s’agissant des instituts français et de leur stabilité financière.

En matière d’attractivité universitaire, les crédits dédiés au financement des bourses pour les étudiants et chercheurs étrangers s’élèvent à 59 millions d’euros, comme en 2022.

Cependant, ce montant stable ne doit pas cacher que ces crédits sont sous-consommés, année après année. Ce phénomène peut être considéré de deux façons : soit on peut y voir une possible marge de manœuvre budgétaire, y compris pour encaisser les effets de l’inflation, soit on peut regretter le manque de volontarisme politique en la matière, malgré les discours du Président de la République dans le cadre de son mandat précédent en faveur d’une consommation de tous les crédits et une augmentation du nombre d’étudiants étrangers accueillis en France.

Enfin, les crédits du réseau consulaire, hors bourses aux élèves de l’AEFE, s’élèvent à 285, 9 millions d’euros et connaissent une hausse de 2 %, bien qu’aucun crédit ne soit dédié l’an prochain à l’organisation d’élections.

Ne l’oublions pas, l’essentiel de cette enveloppe est consacré aux crédits consulaires, notamment à leurs dépenses de personnels.

Je le rappelle, le programme 151 a supporté pendant des années la plus grande part des efforts de maîtrise des effectifs de la mission, qui ont entraîné la suppression de 169 ETP entre 2018 et 2021.

Cette baisse s’étant révélée difficilement soutenable, le ministère a ainsi recréé 136 ETP et lancé le service France Consulaire, pour mutualiser la prise en charge des appels aux postes consulaires sur le site du Quai d’Orsay situé à La Courneuve.

Ainsi, une grande part des efforts réalisés dans le cadre d’Action publique 2022 pour diminuer le nombre d’emplois d’agents publics à l’étranger ont été annulés. On peut bien sûr considérer qu’il est dommage d’annuler si brutalement un effort considérable de réduction d’effectifs ou conclure, comme je le fais, que ces efforts étaient si déraisonnables que le Gouvernement a dû revenir dessus. En tout état de cause, cette situation interroge sur la cohérence de la politique gouvernementale de maîtrise des dépenses publiques.

Les moyens de l’AEFE sont renforcés, mais plusieurs points d’alerte demeurent. Ainsi, la subvention pour charges de service public, en hausse de 28 millions d’euros, atteint 441, 2 millions d’euros, dont 10 millions d’euros correspondent à une partie de l’aide française versée au Liban, à travers le soutien à l’enseignement français dans le pays. Ne faudrait-il d’ailleurs pas envisager de regrouper autrement les crédits destinés à l’aide légitime apportée au Liban ?

Par ailleurs, si les crédits pour les bourses aux élèves de l’AEFE augmentent de 10 millions d’euros, nous ne devons pas oublier qu’il faudra faire face, dans le courant de l’année 2023, à la très forte inflation touchant les frais de scolarité dans certains pays du monde. L’impact de ces hausses sur les bourses n’a pas été inscrit dans le budget, et il y a là une vraie source de préoccupation.

Car si le surplus nécessaire pour le versement des bourses aux élèves a été pris en charge ces dernières années par la soulte de l’AEFE, la réserve n’est plus aujourd’hui que de 15, 5 millions d’euros et devrait être épuisée à la fin de 2023. Ainsi, la question de l’augmentation de ces crédits se posera donc en 2024 ou peut-être même avant.

Pour conclure, je souhaiterais rappeler qu’il nous faut considérer cette mission avec attention, parce qu’elle est certainement la seule à subir à la fois les effets de l’inflation et du risque de change.

À court terme, les crédits, qui restent contraints, demeurent stables en valeur et diminuent très peu en volume.

À moyen terme cependant, une baisse en volume de l’ordre de 100 millions d’euros est prévue d’ici à 2025 sur l’ensemble de la mission, comme l’a rappelé mon collègue Vincent Delahaye.

Je ne suis pas sûr que cette baisse soit crédible, et je ne pense pas qu’elle soit souhaitable. En effet, les économies antérieures ont mis en tension le réseau et il apparaît désormais nécessaire de redonner les crédits et les effectifs suffisants si nous voulons préserver notre présence auprès de nos compatriotes à l’étranger et développer véritablement notre diplomatie d’influence dans le monde. Au vu de la loi de programmation des finances publiques, nous pouvons nourrir certaines interrogations.

La commission est favorable à l’approbation des crédits de cette mission. Toutefois, je n’en doute pas, le Sénat sera vigilant à ces enjeux, non seulement au cours de cette année, mais aussi, et surtout, au cours des années ultérieures.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Pierre Grand

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous nous félicitons que les crédits annulés au mois de mars aient bien été rouverts au mois d’août, suivant les recommandations de notre commission. De même, la couverture de 90 % du risque de change des contributions internationales et des opérations de maintien de la paix de mai 2022 est de bonne gestion. Il faudra poursuivre ces efforts en 2023.

Ainsi, 27, 9 millions d’euros sont prévus pour couvrir le risque change-prix. Mais la hausse des dépenses d’énergie et des dépenses courantes nous fait craindre que les provisions ne soient pas suffisantes. Nous devrons y être attentifs.

La politique immobilière à l’étranger reste à réinventer en urgence. Faire dépendre l’entretien normal des bâtiments des recettes exceptionnelles de cessions d’immeubles et du programme 723 du compte d’affectation spéciale était une erreur. En effet, le fonctionnement du compte d’affectation spéciale n’a pas permis la mise à disposition de la dotation exceptionnelle de 36 millions d’euros prévue en 2022. Nous serons attentifs à son versement en 2023.

Le financement par cessions appauvrit l’État, qui s’essouffle : les ventes deviennent difficiles à réaliser et leur produit est fléché vers le financement des travaux du Quai d’Orsay, à hauteur de 60, 8 millions d’euros.

Il est donc nécessaire d’augmenter les crédits budgétaires. Avec, en 2023, 50, 2 millions d’euros en crédits de paiement et 56, 7 millions d’euros en autorisations d’engagement, ces moyens restent insuffisants. La dotation budgétaire annuelle doit être de 80 millions d’euros en crédits de paiement et de 90 millions d’euros en autorisations d’engagement, afin de permettre la réalisation des schémas pluriannuels de stratégie immobilière.

Enfin, nous avons un dernier point d’attention, qui concerne l’application de la réforme de l’encadrement supérieur de l’État au ministère des affaires étrangères. La commission recommandait, notamment, de reprendre le dialogue avec les personnels et d’associer le Parlement à la réflexion. Satisfaction nous a été donnée avec le lancement des États généraux de la diplomatie, qui doivent aboutir au plus tard à la fin du premier trimestre 2023.

Nous veillerons au renforcement de notre appareil diplomatique, essentiel dans un monde plus dangereux, instable et de moins en moins prévisible. Je salue les efforts déployés par tous les personnels du ministère pour faire face à ces chocs et crises stratégiques majeures et garantir le rayonnement de la France.

La commission des affaires étrangères a donc adopté les crédits de la mission.

Debut de section - PermalienPhoto de André Gattolin

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le programme 105 est une priorité de la mission « Action extérieure de l’État ». Il se caractérise, cette année encore, par des évolutions réclamées par notre commission, notamment la poursuite de l’augmentation des contributions volontaires aux organisations internationales.

Le pilotage du programme est contraint par le poids du réseau et des contributions internationales, qui représentent près de 70 % des crédits.

Dans ce contexte, un effort particulier est mené depuis 2017 pour retrouver des marges de manœuvre et restaurer l’influence de la France.

En 2020, aux Nations unies, la France est devenue le sixième contributeur obligatoire, en raison de la baisse de la quote-part française au budget des opérations de maintien de la paix et au budget régulier de l’ONU.

Malgré les efforts notables de ces trois dernières années, nous ne sommes que le neuvième contributeur volontaire. L’Allemagne et le Royaume-Uni ont versé respectivement dix fois et cinq fois plus de contributions volontaires que la France en 2020.

Pour trouver la réponse adéquate à cette situation, dès 2017, le MEAE s’est doté d’un comité de pilotage des contributions internationales et opérations de maintien de la paix. Celui-ci définit et programme nos contributions volontaires à verser dans l’année.

Pour 2023, elles atteindront 58, 3 millions d’euros et placeront la France au septième rang des contributeurs globaux. La France a ainsi regagné trois places par rapport à 2019.

Outre ce classement amélioré, des résultats concrets sont à mettre à l’actif du ministère. Nous pouvons ainsi nous réjouir d’avoir gardé la tête du département des opérations de paix de l’ONU, d’avoir pesé sur le lancement d’une enquête sur la situation en Ukraine par le bureau du procureur de la Cour pénale internationale ou encore d’avoir intégré le groupe des douze plus grands contributeurs au Fonds de consolidation pour la paix, ce qui nous donne voix délibérative sur la définition des orientations stratégiques. Nous pouvons ainsi orienter l’action du Fonds vers des zones que nous jugeons prioritaires, comme les Balkans ou l’Ukraine.

Nous avons aussi été à l’initiative du lancement de la stratégie des Nations unies sur la lutte contre la désinformation, grâce à notre position de premier contributeur aux actions du département des opérations de paix.

En matière de sécurité, notre soutien accru à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a constitué un complément utile aux efforts menés sur le dossier du nucléaire iranien.

Nos contributions volontaires à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) ont permis de soutenir le travail de terrain, tant sur le dossier chimique syrien, que, plus récemment, en Ukraine.

La commission des affaires étrangères s’est donc prononcée favorablement sur les crédits de la mission « Action extérieure de l’État ».

Debut de section - PermalienPhoto de Ronan Le Gleut

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, il est désormais admis que les luttes d’influence sont au cœur de la compétition mondiale. En la matière, la France dispose d’incontestables atouts : premier réseau culturel au monde, premier réseau éducatif, troisième réseau diplomatique. Pour autant, la place de la France n’est pas immuable.

Au cours du précédent quinquennat, le Gouvernement a affiché des ambitions élevées pour la diplomatie culturelle et d’influence de notre pays, ambitions reprises dans une « feuille de route de l’influence » présentée au mois de décembre 2021 par Jean-Yves Le Drian.

Pour autant, force est de constater que le fossé s’est creusé entre les discours et les actes.

Ainsi, en 2023, les crédits du programme 185 progresseront de 40 millions d’euros à périmètre constant, dont 30 millions iront à l’AEFE. Ce qui nous est présenté comme une hausse importante des moyens de l’agence ne vise en réalité qu’à compenser des dépenses supplémentaires : l’aide nécessaire au réseau de l’enseignement français au Liban, l’augmentation, tout aussi nécessaire, du point d’indice et la mise en place d’un nouveau statut pour les personnels détachés. Sur ce dernier point, les crédits ouverts par le projet de loi de finances ne permettront de couvrir que la moitié du surcoût.

Madame la ministre, lors de votre audition devant notre commission, vous vous êtes voulue rassurante, en nous indiquant que l’autre moitié de ce surcoût serait financée par un reliquat de crédits ouverts en 2020. Il n’en est pourtant rien ! Loin d’une augmentation de ses moyens, l’Agence devra donc faire face à une dépense supplémentaire de 7 millions d’euros en 2023. Et cette dépense a vocation à croître dès 2024.

Cette stagnation, voire cette régression des moyens de l’AEFE n’a néanmoins pas conduit le Gouvernement à interroger l’objectif présidentiel de doubler les effectifs d’élèves du réseau de l’AEFE d’ici à 2030, objectif qui apparaît désormais irréaliste.

En effet, selon nos calculs, comme vous pouvez le voir sur le graphique qui est actuellement diffusé sur les écrans de l’hémicycle, au rythme de croissance des effectifs actuels, l’objectif ne sera atteint qu’en 2049.

En tout état de cause, l’augmentation du nombre d’élèves ne saurait constituer l’unique boussole de l’enseignement français à l’étranger. En effet, nous avons été alertés sur le risque de développement d’une concurrence entre établissements. C’est pourquoi nous appelons à la mise en place d’une véritable « carte scolaire » établie par l’AEFE, afin de garantir un développement harmonieux du réseau.

Par ailleurs, la croissance du réseau ne doit pas être entravée par la question du financement des investissements immobiliers des établissements en gestion directe, qui n’est toujours pas résolue. C’est pourquoi nous proposons qu’une subvention pour charges d’investissement soit inscrite dès le PLF pour 2024.

En conclusion, mes chers collègues, vous l’aurez compris, ce PLF ne nous semble pas à la hauteur d’une politique d’influence réellement ambitieuse. Pour autant, les crédits du programme 185 étant taillés à juste suffisance, la commission des affaires étrangères et de la défense a émis un avis favorable sur leur adoption.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de André Vallini

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, s’agissant de l’attractivité de la France en matière de mobilité étudiante, la subvention versée à Campus France sera stable. Il en va de même pour les crédits consacrés aux bourses étudiantes.

Si la croissance du nombre d’étudiants internationaux accueillis par la France avait atteint des taux particulièrement élevés au cours de la dernière décennie, l’augmentation des moyens consacrés à cette politique serait logique. Ce n’est pas le cas.

En effet, notre pays est en perte de vitesse dans ce domaine. Ainsi, entre 2014 et 2019, la France est passée de la quatrième place à la septième place dans le classement des pays accueillant le plus d’étudiants en mobilité. Certes, des mesures ont été prises pour inverser cette tendance. Je pense notamment à la stratégie Bienvenue en France, lancée en 2018, qui se fixait comme objectif d’accueillir 500 000 étudiants étrangers à l’horizon 2027 et de doubler le nombre de bourses versées par le ministère.

Toutefois, ces mesures ne semblent pas suffisantes pour permettre à la France de « remonter sur le podium des nations les plus attractives pour les étudiants étrangers », selon vos propres termes, madame la ministre.

Notre pays doit en effet faire face à de nombreux défis.

Premièrement, il y a un décalage entre les moyens accordés à Campus France et aux bourses étudiantes, qui stagnent, et les ambitions affichées. Je rappelle que le budget allemand consacré aux mobilités entrantes est trois fois supérieur au nôtre.

Deuxièmement, la durée moyenne des bourses doit être allongée. Actuellement, celle-ci est de moins de six mois, ce qui conduit à un saupoudrage des moyens et ne permet pas de créer un lien pérenne avec les étudiants accueillis.

Troisièmement, notre système universitaire souffre – nous le savons depuis longtemps – de son manque de lisibilité, du fait de la coexistence d’écoles et d’universités. Par ailleurs, l’offre d’enseignements en anglais demeure insuffisante.

J’en viens maintenant aux crédits consacrés à la diplomatie culturelle. Les actions inscrites dans la « feuille de route de l’influence » nous semblent floues et peu ambitieuses. Tout au plus savons-nous que 2 millions d’euros leur seront consacrés en 2023. Elles seront en outre financées par des économies dites de « constatation ». Je ne sais toujours pas ce que signifie « économies de constatation ». J’espère qu’on pourra me l’expliquer un jour !

Enfin, les moyens dévolus au réseau culturel, instituts français et alliances françaises, seront également stables l’année prochaine. Cette stabilité interroge, dans un contexte de fragilisation de certains établissements du fait de la crise sanitaire et de l’inflation qui touche de nombreux pays.

Au final, le budget qui nous est présenté est un budget sans réelle ambition, et la commission l’a adopté sans réel enthousiasme.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Sido

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, mon collègue Guillaume Gontard et moi-même avons rapporté pour avis les crédits du programme 151 pour la commission des affaires étrangères et de la défense. Lors de sa réunion du 16 novembre, la commission a émis un avis positif sur l’adoption de ces crédits.

Le programme 151 comporte, comme chaque année, les ressources dédiées aux Français à l’étranger et aux affaires consulaires.

Elles se répartissent entre trois grands postes de dépense : le service public pour nos compatriotes à l’étranger pour environ 60 % des crédits ; le financement des bourses scolaires du réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger pour près d’un tiers des crédits ; enfin, le traitement des demandes de visa pour les 15 % de crédits restants.

L’année 2023 marquera par ailleurs une forme de « retour à la normale » pour le programme 151, du fait de l’absence d’élection directe à l’échelle nationale. Pour mémoire, l’organisation des élections présidentielles, puis législatives qui se sont tenues cette année avait donné lieu à un abondement spécifique de 14 millions d’euros en loi de finances pour 2022.

Nous relevons toutefois que, pour faire face à cette échéance, le ministère avait réduit ponctuellement sa dotation de financement des bourses scolaires de près de 10 millions d’euros, en s’appuyant sur la soulte de l’agence pour maintenir constant le soutien financier aux familles expatriées.

Ces deux opérations budgétaires s’étant en quelque sorte « mutuellement neutralisées » en 2022, c’est bien une stabilisation des crédits que nous constatons pour l’année 2023, avec une hausse globale de 5 %.

Par ailleurs, nous nous sommes intéressés plus particulièrement au déploiement du service France Consulaire. Ce service est une innovation, qui a été mise en place par le Quai d’Orsay à partir du 13 octobre 2021. Il s’agit d’une plateforme de réponse dématérialisée, qui peut être sollicitée par téléphone ou par courriel par les Français résidant à l’étranger ou de passage à l’étranger.

Sur son déploiement, nous retenons deux principaux points de vigilance. Le premier concerne le fait que le service France Consulaire ne saurait servir de prétexte à de nouvelles réductions d’effectifs. Le second a trait au calendrier de déploiement du dispositif, qui est moins ambitieux que les objectifs initialement annoncés.

Cette dernière constatation ne remet pas en cause la réussite de l’expérimentation. Elle justifie néanmoins que nous soyons particulièrement attentifs à ce que le déploiement de France Consulaire soit accompagné des moyens adéquats.

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Gontard

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je prendrai la suite de mon collègue Bruno Sido en évoquant le travail que nous avons effectué cette année sur l’action sociale mise en œuvre au bénéfice des Français de l’étranger, les crédits du programme 151 finançant notamment les bourses scolaires du réseau de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, l’AEFE.

Les dépenses sociales gérées par les postes consulaires ont connu plusieurs années exceptionnelles du fait de la création en avril 2020 du secours occasionnel de solidarité, ou dispositif « SOS covid », aide mensuelle destinée aux Français installés à l’étranger ayant subi des pertes de revenus liées à la crise sanitaire.

La reconduction de cette aide pendant l’ensemble de l’année 2021 s’est traduite par un montant exceptionnel d’aides sociales versées pendant cet exercice : 27 millions d’euros, dont 12 millions pour le seul versement des aides SOS covid.

À cet égard, l’augmentation d’environ 1 million d’euros de l’enveloppe de financement des aides sociales en 2023 ne saurait sérieusement être présentée comme une compensation à due concurrence de la suppression du dispositif SOS covid, dont le montant atteignait plus de 10 millions d’euros en année pleine.

Cette augmentation limitée du budget de financement des aides sociales consulaires est d’autant plus préoccupante que de nombreux facteurs sont susceptibles de faire croître le nombre de nos compatriotes en situation précaire au cours de l’exercice 2023.

Face à une inflation qui devrait atteindre plus de 6 % à l’échelle mondiale en 2023, les aides sociales qui ne seront pas revalorisées risquent de voir leur valeur réelle diminuer.

Enfin, cette dégradation de la situation économique intervient alors que l’administration consulaire nous a indiqué qu’elle ne disposait pas d’un instrument de mesure du taux de non-recours à ces aides ; celui reste donc inconnu.

Sur le sujet des bourses scolaires, je rappelle que les bourses distribuées par le réseau de l’AEFE sont financées par une enveloppe spécifique prélevée sur les crédits du programme 151.

En 2021, ces bourses ont profité à plus de 24 000 élèves répartis dans 137 pays différents, pour un coût total de 103 millions d’euros.

Toutefois, mes chers collègues, j’attire votre attention sur les défauts de budgétisation de l’enveloppe de financement des bourses scolaires. Dans les dernières années, et en particulier en 2022, les crédits inscrits en loi de finances initiale ont été inférieurs au coût réel du financement des bourses scolaires.

Cette différence était rendue possible par l’existence d’un excédent de trésorerie de l’Agence, appelé « soulte », qui a financé pendant plusieurs exercices successifs le solde entre les crédits votés en loi de finances et le coût réel des bourses. Ce mécanisme nuit à la clarté et à la lisibilité du dispositif de financement des bourses scolaires et nous serons attentifs à ce qu’à l’avenir les crédits votés annuellement se rapprochent du coût réel des bourses scolaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Kern

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je partage avec mes collègues rapporteurs spéciaux la satisfaction de voir progresser les crédits accordés à la mission « Action extérieure de l’État », et plus particulièrement ceux qui sont consacrés à la diplomatie culturelle et d’influence. Dans le contexte très préoccupant que nous connaissons, cette évolution mérite d’être saluée.

J’assortirai toutefois mon appréciation de plusieurs bémols en insistant sur quelques points de vigilance.

Pour ce qui concerne, premièrement, la hausse des moyens de l’AEFE, qui est de 30 millions d’euros par rapport à l’exercice précédent, toute augmentation des crédits est évidemment bonne à prendre, mais, en l’espèce, il s’agit de compenser de nouvelles dépenses et non de donner à l’opérateur des marges de manœuvre supplémentaires, dont il aurait pourtant besoin.

Faut-il rappeler que le rythme annuel moyen de la croissance des effectifs est très en deçà de celui qui serait nécessaire pour atteindre l’objectif présidentiel d’un doublement des effectifs d’ici à 2030 ?

Pour la première fois, madame la ministre, je constate que vos services reconnaissent un certain décalage entre l’ambition affichée et la réalité de la mise en œuvre… Dès 2018, notre commission avait, pour sa part, émis de sérieux doutes sur la faisabilité d’un tel doublement.

L’un des principaux défis structurels posés par la croissance du réseau est celui de l’entretien et de l’agrandissement des établissements en gestion directe. Or l’AEFE n’a plus l’autorisation d’emprunter pour effectuer des travaux, quand les établissements conventionnés et partenaires, eux, peuvent recourir à la garantie de l’État. L’opérateur est dans une impasse financière, alors que les besoins de financement immobilier sont évalués à 300 millions d’euros sur les cinq prochaines années.

C’est pourquoi, sur ma proposition, la commission a adopté un amendement visant à autoriser de nouveau l’AEFE à emprunter. Celui-ci ayant été déclaré irrecevable, il ne sera pas discuté en séance ; je souhaite néanmoins, madame la ministre, connaître votre position sur ce sujet.

J’ajoute que la commission de la culture a également décidé de proposer la suppression de l’article 41 A.

Mon deuxième bémol porte sur les instituts français et les alliances françaises. La stabilisation de leur budget risque de se heurter, dès les premiers mois de l’année 2023, à la dégradation de leur situation financière compte tenu de l’effet ciseaux provoqué par l’inflation. Des redéploiements de crédits vers les structures les plus fragilisées devront sans doute être envisagés.

Mon troisième et dernier point de vigilance a trait à l’Institut français de Paris, dont le modèle économique est en pleine évolution. La baisse puis la relative stabilisation des financements apportés par ses deux tutelles l’ont en effet contraint à diversifier ses ressources.

Dans ce contexte, il me semble important que le prochain contrat d’objectifs et de performance (COP) soit l’occasion de remettre à plat le subventionnement de l’Institut par ses tutelles, au regard des missions de service public qu’elles lui confient. Je déplore d’ores et déjà qu’un volet « moyens » ne soit pas à l’ordre du jour de ce nouveau COP. Madame la ministre, quelles sont vos intentions en la matière ?

Sous le bénéfice de ces observations, la commission de la culture a émis un avis favorable sur l’adoption des crédits du programme 185.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Mes chers collègues, je vous rappelle que le temps de parole attribué à chaque groupe pour chaque unité de discussion comprend le temps d’intervention générale et celui de l’explication de vote.

Par ailleurs, le Gouvernement dispose au total de quinze minutes pour intervenir.

Dans la suite de la discussion, la parole est à Mme Mélanie Vogel.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, à examiner les crédits demandés pour la mission budgétaire « Action extérieure de l’État », il peut sembler, à première vue, que l’on aille dans la bonne direction : pour la première fois en trente ans, l’administration du Quai d’Orsay va connaître une augmentation de personnel ; je salue cette orientation. Cette mission va connaître une hausse de ses moyens financiers d’environ 160 millions d’euros.

On ne peut évidemment que se réjouir d’une telle hausse… à ceci près qu’il s’agit pour l’essentiel d’un trompe-l’œil.

L’augmentation du budget, tout d’abord, permet à peine de contenir l’inflation actuelle. Elle s’explique d’ailleurs en partie par le renchérissement des contributions internationales de la France libellées en dollars, lui-même dû la faiblesse de l’euro, en partie par l’obligation de pourvoir à la revalorisation du point d’indice des fonctionnaires, en partie par l’augmentation du coût des indemnités de résidence à l’étranger.

Ainsi avons-nous un peu de mal à voir, dans cette mission budgétaire 2023, où sont les crédits supplémentaires indispensables à la réparation de notre réseau diplomatique et consulaire, qui est à bout de souffle.

Concernant, ensuite, l’augmentation du nombre d’ETP, on parle d’une centaine de nouveaux postes. C’est bien ! Mais ce ministère est certainement celui qui a le plus souffert, depuis dix ans, des cures d’austérité : plus du tiers de ses effectifs ont été perdus. Depuis 2018, plus de 200 postes ont été supprimés ; et je n’oublie pas les 500 postes en moins dans nos lycées français de l’étranger. Aussi la hausse de 100 postes prévue dans ce projet de budget ne compense-t-elle en rien les pertes précédentes.

Pis encore, on évoque la création d’une dizaine de postes seulement pour le réseau consulaire, soit une sorte de brigade volante composée de « pompiers » appelée à intervenir dans les consulats qui sont en sous-effectif chronique.

En réalité, il faudrait dix ou vingt fois plus de personnel pour soulager nos équipes consulaires, qui ont été en première ligne lors de la crise du covid-19 et dont nous continuons d’avoir besoin !

J’ai la chance de représenter au Sénat les Françaises et les Français qui vivent hors de France. Je suis témoin tous les jours – je dis bien tous les jours ! – du dysfonctionnement de l’État.

L’émission des actes de l’état civil, des passeports, des cartes d’identité met parfois plus de six mois, avec toutes les conséquences qu’impliquent de pareils délais ; et je ne dis rien des services de délivrance des visas…

L’État se désengage progressivement de notre réseau d’enseignement français à l’étranger. Quant à notre réseau diplomatique, il subit les ambitions présidentielles de chambouler le système et de diminuer le nombre des diplomates de carrière. Notre réseau culturel, enfin, alliances françaises et instituts français, se sent le plus souvent oublié par le Gouvernement – ses budgets sont stabilisés malgré l’inflation.

Oui, mes chers collègues, nous sommes inquiets de constater que les crédits de cette mission budgétaire ne sont pas à la hauteur des crises – environnementale, économique, géopolitique – que subissent nos concitoyennes et nos concitoyens.

Dans leur grande majorité, les Françaises et les Français de l’étranger ne sont pas des VRP de la start-up nation ! Ce sont des fonctionnaires, des employées et des employés, des étudiantes et des étudiants, des retraitées et des retraités, des chômeuses et des chômeurs. Un élément les relie toutes et tous : ce sont d’abord et avant tout des citoyennes et des citoyens, qui sont parfois dans des situations économiques compliquées, qui voient les frais de scolarité de leurs enfants exploser ou leurs retraites amputées au seul motif qu’elles ou ils ont passé une partie de leur carrière à l’étranger. Ce sont pourtant les premières ambassadrices et les premiers ambassadeurs de la France dans le monde !

Mais la présente mission budgétaire n’apporte pas de solution pérenne à leurs inquiétudes, pas plus qu’elle ne semble offrir, d’ailleurs, de vision à long terme de l’action extérieure de la France, et ce, peut-être, parce que le Quai d’Orsay est le seul grand ministère régalien à ne pas avoir de loi de programmation pluriannuelle, comme l’a fait remarquer notre collègue Aurélien Taché à l’Assemblée nationale.

Le groupe écologiste s’inquiète par ailleurs de constater qu’il n’y ait rien, ou si peu, dans cette mission budgétaire, concernant la transition écologique.

J’ai cherché, pourtant, dans les trois programmes qui constituent cette mission ; je n’ai pas vu grand-chose, sinon un saupoudrage superficiel, ici l’attribution de bourses estampillées « Make our planet great again » – OK… –, là un projet de mise aux normes environnementales des installations de climatisation dans nos emprises en Arabie Saoudite – dont acte : je ne suis pas contre !

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Il n’y a rien, dans les crédits de cette mission, qui prouve que le Gouvernement a réellement pris la mesure de l’urgence écologique. Celle-ci devrait pourtant être l’une des principales préoccupations s’agissant de déterminer et de financer les actions de l’État, y compris à l’étranger.

Pour toutes ces raisons, le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires ne votera pas les crédits de la mission budgétaire « Action extérieure de l’État ».

Applaudissements sur les travées du groupe GEST. – MM. Yan Chantrel et Jean-Yves Leconte applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Samantha Cazebonne

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je me réjouis d’intervenir au nom du groupe RDPI sur les crédits de la mission « Action extérieure de l’État ».

Le budget du Quai d’Orsay passe cette année encore la barre symbolique des 5 milliards d’euros ; il est en hausse, de surcroît, avec 6, 6 milliards d’euros pour 2023, dont 3, 2 milliards pour la mission « Action extérieure de l’État », dont les crédits sont eux-mêmes en hausse de plus de 5 %.

Ce budget est au service d’un objectif primordial, qu’a rappelé le Président de la République lors de la dernière conférence des ambassadeurs, en septembre : faire en sorte que la France demeure « une puissance d’équilibres », capable par ricochet d’appuyer l’autonomie stratégique de l’Europe, capable aussi d’agir efficacement en faveur du multilatéralisme et de trouver des voies diplomatiques de résolution des conflits.

Ce budget vient avant tout muscler notre action diplomatique en Europe et dans le monde, face aux nombreux défis qui nous préoccupent.

Comme vient de l’expliquer notre collègue rapporteur pour avis André Gattolin, la poursuite de la hausse de nos contributions volontaires aux organisations internationales y participera pleinement. Je m’en réjouis, car les efforts de ces dernières années produisent des résultats tangibles, aussi bien dans le domaine du maintien de la paix qu’en matière de sécurité internationale.

Pour la première fois depuis trente ans, ce budget en hausse s’accompagnera d’une création nette de 106 ETP, dont une partie reviendra au réseau consulaire. C’est inédit ! Ce souffle nouveau ne sera pas de trop, face à la multiplication des crises internationales.

C’est dans ce contexte que le budget du centre de crise et de soutien sera lui aussi rehaussé de 600 millions d’euros en 2023. Ses agents ne ménagent pas leurs efforts, auprès de nos postes diplomatiques, pour venir en aide à nos compatriotes en danger dans les zones de conflit. Je les salue !

J’aimerais d’ailleurs soulever un enjeu qui me paraît crucial et urgent : celui du renforcement de notre communication et de notre lutte contre la désinformation et la propagande hostile. Les menaces, en la matière, sont souvent d’origine russe, chinoise ou turque ; elles sont particulièrement présentes en Afrique et en Europe. Nous actons, dans ce projet de budget, la mobilisation de 2, 5 millions d’euros supplémentaires aux fins d’un tel renforcement. Nous resterons très vigilants, par ailleurs, quant à la sécurisation de nos emprises diplomatiques et consulaires, en particulier lorsqu’elles se situent dans des zones instables et sujettes à des risques d’attentat.

Ce budget poursuit, en outre, la traduction en actes de la « feuille de route de l’influence » lancée par votre prédécesseur, madame la ministre, une hausse de 13 millions d’euros étant demandée pour les crédits de la diplomatie culturelle et d’influence. L’enjeu est de taille, car, en la matière, bon nombre de nos rivaux mobilisent eux-mêmes des moyens substantiels, afin de remettre en cause notre action.

Nous serons donc attentifs à l’évolution de notre coopération universitaire et de recherche, à la promotion de l’influence culturelle et interculturelle française à l’étranger, au niveau de diffusion de la langue française et au développement de l’enseignement francophone.

À cet égard, je me félicite que la quasi-totalité des hausses de crédits du programme 185 aille à l’enseignement français à l’étranger, l’AEFE bénéficiant d’une augmentation de 30 millions d’euros de sa subvention.

Alors que vient d’être confirmée l’organisation tant attendue d’une grande consultation, qui permettra dès le mois prochain à l’ensemble des parties prenantes de faire des propositions sur ce que doivent être les modalités d’un développement qualitatif de notre réseau d’enseignement scolaire à l’étranger, je tenais à saluer cet abondement historique.

Je pense également aux associations Flam (français langue maternelle), qui permettent aux élèves français scolarisés dans des systèmes éducatifs étrangers de consolider leur maîtrise de la langue et de la culture françaises. Le Président de la République les a saluées dans le discours qu’il a prononcé voilà quelques jours devant la communauté française de Washington, qualifiant leurs initiatives de « priorité pour nos jeunesses ». J’espère d’ailleurs que les jeunes Français de l’étranger pourront bientôt bénéficier d’un « pass éducation langue française », qui leur donnerait l’occasion d’accéder aux activités du réseau.

Ce budget, enfin, est aussi au service des Français établis hors de France, que je représente aujourd’hui : une enveloppe de 141 millions d’euros leur est consacrée.

Je veux remercier nos agents qui sont au contact de nos concitoyens, établis hors de France ou seulement de passage ; ils les protègent et les accompagnent dans diverses situations de détresse.

Ces dernières années, plusieurs pays ont pris la décision de réduire la couverture de leurs réseaux consulaires dans le monde. Tel n’est pas le chemin qu’a emprunté la France. Mieux encore, nous avons choisi de lancer un vaste chantier de modernisation de notre action consulaire, afin d’améliorer l’accessibilité du service public consulaire.

Je pense par exemple au nouveau service d’information et de réponse aux appels et aux courriels des Français à l’étranger, dit service France Consulaire. Son expérimentation dans plusieurs pays européens depuis octobre 2021 est une réussite. Et son déploiement à l’ensemble des pays d’Europe dès cette fin d’année est attendu.

Autre bel exemple : le filet de sécurité et de solidarité exceptionnel lié au covid-19. Dès 2020, le Gouvernement s’est mobilisé pour les Français résidant hors du territoire national et ayant subi des pertes de revenus à cause de la crise sanitaire. Une aide mensuelle leur a ainsi été proposée pour qu’ils puissent faire face, comme leurs concitoyens en France, à cette situation unique. Je me félicite que cette aide ait d’ailleurs été reconduite en 2021 puis en 2022, tant elle était nécessaire.

Une attention toute particulière est de surcroît accordée, dans ce budget pour 2023, à l’aide sociale apportée aux Français de l’étranger les plus démunis, une enveloppe de 1 million d’euros étant mobilisée à cet effet.

Debut de section - PermalienPhoto de Samantha Cazebonne

Je me joins, de ce point de vue, aux inquiétudes formulées par notre collègue rapporteur pour avis Guillaume Gontard quant aux perspectives de récession et d’inflation dans certains pays – le groupe RDPI y sera attentif.

Debut de section - PermalienPhoto de Samantha Cazebonne

Mme Samantha Cazebonne. Nous voterons les crédits de cette mission.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Mes chers collègues, je vous remercie de respecter le temps de parole qui vous est imparti. Je vous rappelle que, pour cette mission, la durée maximale de la discussion, initialement fixée à trois heures, a été prolongée à trois heures trente et que nous aurons cinquante amendements à examiner. Si nous n’en avions pas terminé dans les délais, celle-ci se poursuivrait après l’examen des articles non rattachés, donc tard dans la nuit…

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la France a fait le choix d’un modèle que de nombreux pays nous envient et tentent d’imiter : celui d’un réseau complet, à la fois diplomatique, consulaire, éducatif, culturel et économique. C’est un héritage exceptionnel, que nous avons le devoir de préserver.

Madame la ministre, vous allez nous inviter à nous réjouir de l’augmentation des crédits et du nombre de postes. Il est vrai que cette inversion de la courbe budgétaire, que nous appelons de nos vœux depuis longtemps, est bienvenue.

Pourtant, l’augmentation de 5 % des crédits de la mission « Action extérieure de l’État » n’est malheureusement ni structurante pour l’avenir du ministère ni l’expression d’une volonté politique de changement, puisqu’elle sera en grande partie absorbée par l’inflation et par la dépréciation de l’euro. Par ailleurs, le saupoudrage des crédits ne permettra de financer aucune nouvelle mesure.

La création de 106 ETP, présentée comme le « réarmement » de la diplomatie française, est loin de compenser la suppression de 160 postes sur la seule année 2019.

L’« équipe France » que forment l’ensemble des personnels et nos conseillers des Français de l’étranger a fait preuve d’une grande résilience durant la pandémie et d’un élan spontané de solidarité à chaque crise, empêchant le tissu social de se déchirer. S’ils méritent notre reconnaissance, ils ont surtout besoin que les moyens humains et financiers qui leur sont alloués soient à la hauteur des missions qu’ils exercent.

J’en viens maintenant à notre action consulaire, en particulier à la qualité des services publics offerts aux Français de l’étranger et à notre politique des visas.

Les consulats devraient être les premiers lieux d’accueil de nos compatriotes à l’étranger, mais ils sont de moins en moins accessibles. Paradoxalement, les usagers parviennent très difficilement à obtenir un rendez-vous, faute de personnel. Quant à la dématérialisation, censée faciliter leurs démarches les plus élémentaires, elle prive une partie de la population d’accès aux services publics. Elle doit vraiment demeurer un outil additionnel, par ailleurs très utile, au lieu d’être utilisée comme le revers d’une politique de suppression de postes et d’économies.

Le choix de l’externalisation montre lui aussi ses limites : le service France Consulaire, mis en place pour pallier la suppression des accueils téléphoniques dans les consulats, nécessite en définitive des crédits importants, de l’ordre de 1, 9 million d’euros en 2023, et mobilise de surcroît des personnels du ministère à Paris. Est-il vraiment judicieux de continuer à supprimer des emplois dans les consulats pour les déployer ensuite à Paris ou à Nantes ?

Les consulats sont aussi des portes d’entrée pour qui souhaite se rendre en France ; mais quel accueil y reçoit-on ?

À l’occasion de mes déplacements, je constate que les consulats semblent tous en état de gestion de crise permanente, situation alimentée par les sous-effectifs chroniques dans tous les services, plus particulièrement dans les services des visas. La création de 18 ETP au sein du réseau consulaire, dont 7 en administration centrale et 11 à l’étranger, est de toute évidence très insuffisante. L’augmentation des délais de prise de rendez-vous a engendré la création de plateformes privées censées pallier les carences de l’État ou, pire, l’apparition de trafics illégaux de vente de rendez-vous ; certains sont si désespérés qu’ils paient jusqu’à 500 euros pour un service qui, en principe, est gratuit.

À ces difficultés s’est ajoutée une politique de réduction drastique des visas délivrés en Afrique du Nord, affectant majoritairement des publics francophones et francophiles. Au lieu que les visas soient l’outil de la politique d’accueil que l’on attend d’un pays comme le nôtre, nous en faisons un instrument sécuritaire, et ce au détriment de nos propres intérêts, comme je le montrerai en donnant deux exemples.

Premier exemple : lors d’un déplacement à Agadir, j’ai appris par le wali de la région que la France avait perdu, au profit de l’Autriche, l’appel d’offres lancé pour la construction du téléphérique après avoir refusé le visa de l’investisseur marocain qui devait venir signer le contrat à Paris, visa que les Autrichiens lui ont prestement accordé.

Second exemple : nous avons refusé un visa à un étudiant tunisien formé dans un de nos lycées français ; il est parti faire ses études supérieures au Canada… Il en conservera sans doute, comme beaucoup d’autres, une certaine rancœur envers notre pays, pareils refus étant souvent vécus comme des humiliations.

À l’instar de cette politique qui ternit l’image de notre pays à l’étranger, la réforme de la haute fonction publique abîme notre diplomatie professionnelle à l’heure où les grands bouleversements géopolitiques requièrent la plus grande expertise. Après avoir imposé cette réforme sans concertation, pourquoi ne pas utiliser les États généraux de la diplomatie pour présenter un projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Europe et des affaires étrangères ?

J’aimerais maintenant évoquer le deuxième pilier de notre présence à l’étranger : notre réseau éducatif et culturel.

En 2018, le Président de la République demandait à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger de doubler le nombre d’élèves en un temps record, et ce sans moyens, sans professeurs supplémentaires, sans ouverture de classes, le développement de l’AEFE étant toujours entravé faute de capacité d’emprunt.

Soit on croit au miracle, soit cette annonce cache une volonté de privatisation à marche forcée du réseau s’appuyant sur le développement des établissements partenaires. L’amendement que le Gouvernement a retenu dans le texte issu du 49.3 semble l’attester ; nous en demandons la suppression.

Ceux qui défendent ce tournant libéral devraient se souvenir qu’en pleine pandémie notre réseau a tenu le choc et qu’il le doit notamment à la puissance publique. Ledit réseau, faut-il le rappeler, demeure unique au monde puisqu’il est construit autour d’un noyau d’établissements en gestion directe ou conventionnés qui portent en eux la philosophie de l’école publique française, dont la mission est de défendre nos valeurs via l’enseignement de notre langue.

Les 30 millions d’euros supplémentaires prévus pour l’Agence en 2023 ne compenseront pas l’annulation de crédits de 33 millions d’euros subie en 2017. Cette augmentation de la subvention, très attendue par la communauté éducative, est en réalité un trompe-l’œil : 13 millions d’euros financeront l’augmentation du point d’indice ; 7 millions d’euros financeront la moitié du surcoût lié à la mise en place du nouveau statut de détaché d’enseignement, d’éducation et d’administration ; les 10 millions d’euros restants seront fléchés vers les établissements scolaires français au Liban, principalement gérés par la Mission laïque française.

Que reste-t-il alors pour les rémunérations de nos personnels, dont le pouvoir d’achat est amputé par l’inflation et par des taux de change très défavorables dans certains pays ? Quid de nos établissements, qui accumulent les difficultés ? Nombre d’entre eux souffrent d’un manque de trésorerie qui les contraint à augmenter les frais de scolarité, lesquels pèsent toujours plus sur les budgets des familles.

L’école de la République doit être accessible à tous ; mais qu’en sera-t-il pour les nombreuses familles, notamment des classes moyennes, qui subissent l’impact de la crise économique ?

La dotation allouée aux bourses scolaires est en hausse de 11 %, mais elle revient en réalité à son niveau de 2021. La conjugaison de la croissance du nombre d’élèves et de la crise économique prolongée engendre, de fait, une augmentation des demandes de bourses dans nos établissements.

Nous plaidons donc pour que l’enveloppe soit revue à la hausse afin d’assurer la mixité sociale, de préserver l’attractivité de notre réseau et de répondre à tous les besoins.

Il en va de même pour nos établissements culturels, dont les ressources propres ont été réduites par les confinements. Leur stabilisation budgétaire témoigne d’un manque d’ambition pour notre diplomatie culturelle.

Comment atteindre l’objectif fixé par le chef de l’État, celui d’ouvrir dix nouvelles alliances françaises chaque année, sans moyens supplémentaires ?

Nos instituts français auraient eux aussi mérité un soutien, alors qu’ils continuent de souffrir sur le terrain. D’une part, s’ils ont su se moderniser grâce à l’ouverture de cours en ligne, ils sont aujourd’hui fortement concurrencés par d’autres organismes. D’autre part, la suppression des postes des directeurs des instituts français de Fès, de Tanger et d’Agadir oblige nos consuls généraux à exercer à plein temps deux métiers différents et envoie un message plutôt négatif quant à la place que nous réservons à la culture dans ce pays encore très francophile.

Si nous saluons la décision d’allouer des crédits aux actions de communication absolument essentielles qui sont menées par le ministère, notamment sur le continent africain, nous ne pouvons que regretter que notre audiovisuel extérieur ne soit pas plus soutenu face à une concurrence internationale accrue.

Enfin, notre développement économique s’appuie sur un réseau formidable d’acteurs. Notre « équipe France », composée d’Atout France, des conseillers du commerce extérieur, de la Chambre de commerce internationale et de Business France, ne doit pas être oubliée.

En effet, nos entrepreneurs français sont des soutiens pour les exportations françaises vers leur pays de résidence, et beaucoup d’artisans développent localement les savoir-faire français, ce qui renforce l’image déjà plutôt positive dont bénéficie notre pays. Comme dans bien d’autres domaines, nous possédons les acteurs et les outils ; sans hésiter, donnons-leur les moyens d’être à la hauteur de notre ambition collective !

Nous espérions de ce budget pour 2023 qu’il procède au changement radical de politique publique qui paraissait s’annoncer après votre audition en commission, madame la ministre. Il est vrai que nous devrions nous féliciter que les crédits ne baissent pas, et chaque euro, chaque poste supplémentaire, est évidemment bienvenu.

C’est pourquoi nous ne nous opposerons pas aux crédits de cette mission. Mais entendez dans notre position, madame la ministre, la volonté que le budget de ce grand ministère soit renforcé afin de donner à celles et à ceux qui le font vivre les moyens de réussir dans l’exercice de leurs missions.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, en cette période de résurgence des conflits sur le continent européen et d’aggravation des crises de tous ordres au niveau mondial, la France se doit de disposer d’une action extérieure forte, d’un programme ambitieux de solidarité internationale et d’un réseau diplomatique à la hauteur de ces ambitions.

Nous accueillons favorablement l’augmentation des crédits alloués à la mission « Action extérieure de l’État », ainsi que le relèvement de 106 ETP du plafond d’emplois du ministère de l’Europe et des affaires étrangères.

Mais ces corrections, nous le savons tous, sont loin de réparer les dégâts subis sur une longue période par nos moyens d’action extérieure.

De surcroît, à l’insuffisance des moyens s’ajoute la rupture de confiance qu’a provoquée l’entêtement du Gouvernement à mettre en cause envers et contre tous – y compris le Sénat – le modèle de recrutement et le statut de notre corps diplomatique. Là encore, les corrections apportées n’effacent pas tout. Le Quai d’Orsay a connu, au mois de juin, une grève sans précédent, qui laisse des traces, tant elle a révélé l’ampleur du malaise : des personnels à bout, un réseau à l’os face à une explosion du nombre de missions que l’on demande à la diplomatie d’exercer, un recours trop important à des contrats courts ou locaux, des conditions d’emploi médiocres.

Le risque de fragilisation de la qualité de notre diplomatie reste réel, alors même que son excellence est largement saluée.

Au-delà de ces remarques budgétaires, je veux consacrer les quelques minutes qui me sont imparties à souligner le caractère stratégique de notre engagement diplomatique dans la prévention des conflits. Il s’agit de bien plus, en effet, que d’une question budgétaire.

Nous ne saurions nous contenter de préparer la guerre. Dans ce monde plein de convulsions, nous devons mettre au cœur de nos priorités la prévention de celle-ci et la recherche en toutes circonstances d’une solution – diplomatique, politique, économique – aux conflits qui menacent. L’asymétrie, sur le long terme, des trajectoires budgétaires respectives de nos moyens militaires et diplomatiques révèle à nos yeux une lecture faussée des enjeux géostratégiques actuels.

Explosion des inégalités mondiales, fractures croissantes, pauvretés endémiques constituent le terreau essentiel des conflits.

Face à une mondialisation hyperconcurrentielle, qui mine les solidarités et fait naître des insécurités globales, alimentaires, sanitaires, migratoires, sociales, énergétiques, nous devons élaborer une stratégie de sécurité humaine tout aussi globale, faute de quoi l’arme militaire sera non seulement impuissante, mais génératrice de chaos supplémentaire.

La diplomatie doit être la pièce maîtresse de notre stratégie de promotion d’une paix mondiale globale.

Je prendrai quelques exemples d’actualité.

Premier exemple : la guerre en Ukraine. Je ne reviendrai pas sur les sous-estimations, l’aveuglement et les échecs successifs qui ont conduit à négliger les accords de Minsk – comme l’avait été la piste d’une renégociation des accords de sécurité collective en Europe après la chute du mur de Berlin.

Je m’en tiendrai à l’actualité et aux déclarations du Président de la République ce week-end. Ce dernier a déclaré, à propos des solutions politiques qu’il nous faudra tôt ou tard explorer : « Il y a 10 000 formules différentes : des régions plus décentralisées comme prévu par les accords de Minsk, avec reconnaissance, par exemple, de la co-officialité de la langue russe, des territoires sous protection internationale, des formules d’autodétermination… »

Comment être utile à ce travail d’exploration sans un réseau diplomatique solide ?

Deuxième exemple : l’échec dramatique de la COP27, qui porte en germe nombre de conflits liés aux effets des dérèglements climatiques. Faisons-nous des COP un objectif de sécurité stratégique ? Le cas échéant, de quels moyens diplomatiques supplémentaires nous dotons-nous pour ne pas aller, de COP en COP, d’échec en échec ?

Troisième exemple : l’échec de Barkhane. Quelles conclusions en tirons-nous, au-delà des seuls aspects militaires ?

En effet, l’échec est avant tout politique et géostratégique. Qui redéfinira nos relations avec les pays du Sahel autrement qu’en s’enfonçant dans les ruptures actuelles, dont l’extinction de notre aide publique au développement au Mali constitue un si triste exemple ? Qui sinon un réseau diplomatique renforcé et aux missions redéfinies ?

Je pourrais multiplier les exemples. Rien ne se construira de sérieux en matière de sécurité collective sans de puissants efforts politiques et diplomatiques visant à relancer les initiatives internationales de la France dans tous les domaines : pour une solution politique aux conflits, mais, aussi et surtout, pour en éradiquer les racines ; pour un nouvel ordre économique ; pour une transition climatique juste ; pour la sécurité alimentaire ; pour les droits des femmes ; pour le respect d’un droit international qui ne soit plus régi par le « deux poids, deux mesures ».

Aussi considérons-nous que le relèvement des moyens est encore bien trop faible et qu’il devrait, je le répète, constituer la priorité stratégique de notre politique de sécurité mondiale.

Pour toutes ces raisons, nous ne pourrons voter en faveur des crédits de cette mission, mais notre vote contre exprimera surtout une exigence : celle de nous hisser au plus vite au niveau des besoins de diplomatie qu’appelle le monde actuel.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Cadic

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, la présidence française de l’Union européenne, au premier semestre, a été une grande réussite, grâce au professionnalisme et à l’engagement de nos diplomates, que je tiens à saluer dès le début de mon propos.

La France dispose du troisième réseau diplomatique mondial, mais celui-ci avait perdu 50 % de ses effectifs en trente ans. Jean-Yves Le Drian a donc eu raison de mettre un coup d’arrêt à la baisse continue des moyens du Quai d’Orsay.

En créant 106 ETP – une première depuis 1993 –, vous donnez, madame la ministre, un nouvel élan à la mission « Action extérieure de l’État », qui se traduit par une hausse des crédits – nous nous en réjouissons.

L’application de la réforme de la haute fonction publique au corps diplomatique a incité le Président de la République à organiser des États généraux de la diplomatie.

La semaine dernière, notre commission a rencontré l’ambassadeur Jérôme Bonnafont, rapporteur général des États généraux, et son équipe, qui nous ont affirmé que la modernisation des ressources humaines du Quai d’Orsay constitue le grand enjeu de cette réflexion. L’évolution des missions et des métiers diplomatiques et consulaires envisagée me paraît encourageante.

S’agissant du programme 185, « Diplomatie culturelle et d’influence », je répondrai aux détracteurs de l’ambition présidentielle de doubler la taille du réseau de l’enseignement français à l’étranger d’ici à 2030.

En 1990, lors de la création de l’AEFE, le réseau comptait 499 écoles. Trente ans plus tard, il n’en comptait plus que 470. Lorsqu’Emmanuel Macron a partagé sa volonté de développer le réseau en 2018, l’AEFE n’était toujours pas parvenue à recouvrer le nombre d’écoles qu’il comptait à l’origine. Le nouvel élan porté par le Gouvernement a permis de passer de 495 à 560 écoles françaises à l’étranger en quatre ans ; c’est historique.

Toutefois, comme je l’avais anticipé à cette tribune il y a deux ans et comme l’ont souligné les rapporteurs, la gouvernance actuelle du réseau ne permet pas d’obtenir la croissance nécessaire en nombre d’élèves pour respecter l’objectif présidentiel.

En effet, l’AEFE est confrontée à un conflit d’intérêts : il lui est demandé de développer un réseau destiné à faire concurrence aux 68 établissements qu’elle administre en gestion directe. Afin de sortir de cette injonction contradictoire, il faudrait transférer la gouvernance des établissements en gestion directe (EGD) à un autre opérateur, tel que la Mission laïque française, de sorte que l’AEFE se consacre exclusivement au développement et à la croissance du réseau.

Les 498 écoles privées mériteraient d’ailleurs d’être auditionnées par les rapporteurs du programme 185. En effet, qui n’entend qu’une cloche n’entend qu’un son. Aussi serais-je curieux, madame la ministre, que l’on m’explique, à l’heure de la Coupe du monde, comment il est possible d’être à la fois joueur et arbitre dans une compétition…

Ensuite, dans le programme 151, « Français à l’étranger et affaires consulaires », les consulats devraient être vus non pas comme des structures de coûts, mais plutôt comme des structures de services, qu’il convient de développer.

Une mission d’information sur la politique des visas, menée conjointement par M’jid El Guerrab et Sira Sylla, alors députés, a démontré l’inadéquation entre le nombre d’agents disponibles et le volume de dossiers à traiter : retards, refus inexplicables et frustrations légitimes abîment ainsi inutilement la relation avec le pays d’accueil.

Or un agent du service chargé des visas produit des revenus quatre fois supérieurs à son coût. Alors que les bureaux de Londres et Abidjan collectent 7 millions d’euros chacun cette année, il est prévu 1, 7 million d’euros dans le programme 151 pour faire face aux recours contre les refus de visa. Ne pourrions-nous pas suggérer à Bercy de corréler le nombre d’agents visas au montant des recettes collectées, comme le ferait une entreprise ?

Par ailleurs, je rends hommage à nos élus des Français de l’étranger engagés en matière de solidarité, ainsi qu’à la Fédération internationale des accueils français et francophones d’expatriés, la Fiafe, qui a été reconnue d’utilité publique le mois dernier. Les acteurs qui se sont mobilisés en faveur des réfugiés ukrainiens, comme j’ai pu l’observer avec l’Union des Français de l’étranger (UFE) et la French Tech en Pologne et en Roumanie, méritent tout autant d’être salués.

En ce qui concerne le programme 105, « Action de la France en Europe et dans le monde », qui regroupe les moyens de l’action diplomatique de la France, j’ai pu constater les effets positifs de la hausse des contributions volontaires de la France aux organisations internationales lors de la visite de la délégation parlementaire au siège de l’Organisation des Nations unies (ONU), que j’ai conduite au début du mois de novembre. Un rapport d’information sénatorial, publié en début d’année, soulignait le caractère stratégique ces contributions.

Si nous poursuivons ces efforts budgétaires en 2023, comme l’a souligné André Gattolin, certains de nos collègues n’ont manifestement pas compris leur aspect stratégique, à en juger par les amendements qui tendent à les diminuer – c’est pourtant la place de la France dans le monde, chère au général de Gaulle, qui se joue là. Peut-être les débats leur rappelleront-ils que l’influence ne se paie pas qu’en mots.

Enfin, la Première ministre Élisabeth Borne a appelé les ambassadeurs à renforcer leur relation avec les élus des Français de l’étranger et a fait de la simplification de la vie de nos compatriotes à l’étranger une priorité – je l’en remercie.

Le groupe Union Centriste votera les crédits de la mission « Action extérieure de l’État ».

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de André Guiol

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, pouvons-nous sérieusement aborder la discussion sur les programmes 185 et 105 – « Diplomatie culturelle et d’influence » et « Action de la France en Europe et dans le monde » – de la mission « Action extérieure de l’État » en nous contentant d’égrainer chiffres, avis et opinions ?

Nous ne pouvons faire comme si la guerre ne bousculait pas les équilibres européens, que nous espérions stables et consolidés depuis la Seconde Guerre mondiale.

Cette agression doit nous inciter à la prudence, à la modestie et à la vigilance. Après la pandémie, l’agression russe impose une nouvelle fois à l’Union européenne un devoir de solidarité. Il n’est pas question de faire profil bas ou, pire, de baisser la garde – bien au contraire !

Mes chers collègues, nous entendons les réserves émises sur le programme 185.

Les conclusions des rapporteurs soulignent que l’augmentation de 13 millions d’euros de l’enveloppe budgétaire consacrée à la diplomatie culturelle et d’influence n’est pas à la hauteur des ambitions affichées par l’exécutif.

Sans être adepte du « toujours plus », le groupe RDSE est bien conscient des effets de l’inflation, celle-ci demeurant plus sévère hors de nos frontières que dans l’Hexagone. La compenser intégralement serait une prouesse, puisque cela supposerait une adaptation pays par pays.

Toutefois, la hausse de 2 % des crédits alloués au programme 185, ainsi doté de 744 millions d’euros, permet, a minima, de maintenir le cap alors que la récession menace – ce n’est pas négligeable !

Nous ne pouvons pas nous en tenir aux objectifs volontaristes affichés par l’exécutif, qui ont des airs de vœux pieux ou d’incantations.

Mes chers collègues, le « toujours plus » qui est parfois de mise dans les discussions budgétaires est souvent une façon commode de se donner bonne conscience.

De même, la critique, acceptable quand elle est juste et raisonnable, se révèle vaine lorsqu’elle devient systématique. Aussi occulte-t-elle souvent les avancées positives que les perspectives budgétaires permettront de concrétiser.

Or les lignes tracées pour 2023, sans être flamboyantes, ont l’immense mérite d’être pragmatiques.

Ainsi, les deux tiers des 30 millions d’euros supplémentaires octroyés à l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger financeront la hausse du point d’indice des enseignants et compenseront en partie la mise en place du nouveau statut de détaché.

De plus, les 10 millions d’euros dédiés au soutien au réseau d’enseignement du français au Liban sont bien plus qu’un heureux coup de pouce, dans un pays fracturé.

Je ne cache pas que je me montrerai plus sévère avec la stratégie Bienvenue en France, destinée à l’accueil des étudiants étrangers. Celle-ci reste bien timide et souffre de la comparaison qui peut être dressée avec les initiatives prises outre-Rhin. Si la France occupait le quatrième rang des pays d’accueil en 2015, elle est désormais septième.

Nous consacrons 64 millions d’euros aux bourses étudiantes ; ce budget est trois fois supérieur en Allemagne et s’élève à 266 millions d’euros pour l’Australie. Ce n’est pas acceptable, et j’ose espérer qu’il ne s’agit pas d’un rétrécissement de nos horizons, le phare des Lumières, qui rayonnait sur le monde, risquant alors de se voir remplacé par la pâle lueur des tourments nationalistes…

Cette situation impose la modestie. Or il s’agit sans doute du maillon faible de cette politique, car c’est bien en accueillant et en formant les élites de demain que nous consoliderons notre influence future de manière durable.

Notre attractivité ne se résume pas au déroulement d’un tapis rouge pour les entreprises étrangères porteuses de capitaux. Elle passe aussi par un patient et discret travail d’influence, d’accueil et de formation.

Je tenais à rappeler ces quelques chiffres avant d’aborder le programme 105, qui est une priorité de la mission « Action extérieure de l’État ».

La progression de 6, 6 % de ses crédits traduit une volonté politique qu’il nous faut saluer. L’effort, réel, nous permettra, pour la première fois depuis 1993, de créer 106 emplois équivalents temps plein.

Là encore, les esprits chagrins mettront en avant les 3 000 postes perdus depuis 2007… Laissons-les se chagriner et félicitons-nous du changement de paradigme que constitue la création nette d’emplois.

Souvenons-nous que les agents animant le troisième réseau diplomatique mondial ont été sur le pont lors de la pandémie, favorisant le rapatriement de plus de 370 000 de nos ressortissants. Ils ont aussi facilité l’évacuation de 3 000 personnes d’Afghanistan, pays plongé dans un obscurantisme accablant.

Par ailleurs, nous n’ignorons pas les interrogations liées à la politique immobilière : elles ont fait l’objet de propositions sérieuses de la commission des affaires étrangères.

De même, n’hésitons pas évoquer l’épineuse question de la spécificité des parcours des diplomates, remise en cause par la disparition de l’École nationale d’administration (ENA). Comme vous tous, mes chers collègues, nous avons été sensibles aux inquiétudes provoquées par l’application de la réforme de l’encadrement supérieur de l’État au ministère des affaires étrangères.

Le groupe RDSE se félicite toutefois que le dialogue ait permis de lancer des États généraux de la diplomatie, qui devraient – du moins le souhaite-t-il – enrichir les mesures votées.

Malgré ces réserves, le groupe RDSE votera les crédits de cette mission.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

M. le président. La parole est à M. Christian Cambon.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Olivier Cigolotti applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, demain, la diplomatie sera plus nécessaire que jamais.

Ce constat, nourri par l’inquiétante marche du monde, voilà déjà longtemps que nous le faisons. L’année écoulée, loin de l’infirmer, aura néanmoins constitué une rupture, un basculement accéléré vers une nouvelle ère. Elle aura fait de notre conviction une évidence.

En effet, le réveil des ambitions impérialistes est désormais acté, le recours à la force désinhibé, et les cadres internationaux contestés. Une nouvelle géographie des tensions et des rapports de force se dessine, amplifiée par les défis de notre temps, qu’ils soient climatiques, énergétiques, alimentaires ou démographiques.

Ce débat a permis de rappeler que c’est précisément quand le monde devient plus instable, plus imprévisible et plus dangereux que la mission de nos diplomates se révèle plus essentielle encore. Dans le brouillard du nouveau désordre mondial, ceux-ci sont à la fois les éclaireurs et les porte-voix de notre pays. Permettez-moi, au nom tant du groupe Les Républicains que la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, de leur rendre un hommage particulier.

Nos diplomates méritent donc des moyens à la hauteur de la tâche qui leur incombe. Ceux qui relèvent de la mission « Action extérieure de l’État » progresseront de 5, 2 % en 2023, s’établissant à 3, 2 milliards d’euros. Naturellement, nous nous en réjouissons et vous remercions, madame la ministre, d’avoir obtenu cette avancée inédite.

Toutefois, il ne suffit pas d’approuver ces crédits, par ailleurs modestes au regard de ceux qui sont accordés à d’autres ministères. Nous devons surtout nous interroger sur les conséquences, pour notre politique étrangère, de la montée des périls et de l’essoufflement du multilatéralisme.

En effet, l’agression russe en Ukraine a agi comme le révélateur du nouvel état des relations internationales.

Bien sûr, le courage admirable et la détermination de la nation ukrainienne, comme d’ailleurs la contestation populaire en Iran ou en Chine, ébranlent les certitudes de ceux qui annonçaient déjà le triomphe des régimes autoritaires sur les démocraties.

Néanmoins, un constat s’impose : les autocrates, quelle que soit leur obédience, ne célèbrent plus seulement la primauté de la force sur le droit, ils la mettent en pratique. Le 24 février fut la violente affirmation de cette tendance de fond, qui nous interroge profondément.

Quelles conclusions devons-nous en tirer pour notre pays et pour notre diplomatie ? Les formats doivent-ils être adaptés ? La France a entrepris de concentrer ses personnels vers les zones de croissance en Indo-Pacifique. Doit-elle poursuivre dans cette voie et dans quelles conditions ? Ne doit-elle pas d’abord réexaminer l’état de ses forces en Europe ?

En quelques semaines, la guerre en Ukraine a balayé nos vieilles certitudes et mis un coup d’accélérateur aux recompositions géopolitiques qui couvaient. Les exemples ne manquent pas : hier, l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’Otan était inimaginable, elle est aujourd’hui quasiment actée.

La Russie s’est profondément et durablement éloignée de l’Europe pour se rapprocher de la Chine. Une Chine qui tire d’ailleurs consciencieusement tous les enseignements de cette guerre impliquant les pays occidentaux, même si ses plans sont également contrariés par les déboires de son partenaire russe, qui s’enferre dans son isolement.

Prenons garde toutefois, la condamnation de Moscou n’est pas unanime, tant s’en faut ! C’est une autre des leçons de la guerre en Ukraine qu’il nous faut regarder en face : le temps où les positions occidentales donnaient le la aux relations internationales est révolu. Les positions du G77 expriment la réticence et, parfois, le refus de soutenir les motions occidentales condamnant l’invasion russe.

La position de l’Inde, allié stratégique et ami, nous interpelle également. Elle regrette que cette guerre affaiblisse son allié russe en Asie, déplore les retards de livraison d’armement russe, mais tire aussi parti de l’affrontement en achetant en quantité un pétrole russe à prix cassé.

Enfin, l’humanité se montre toujours incapable d’apporter une réponse globale au changement climatique – quelle meilleure illustration de l’affaiblissement du multilatéralisme ? Les opinions publiques se mobilisent, les États sont jugés responsables et sont de plus en plus souvent condamnés par la justice… Et pourtant, la COP27 n’a guère convaincu.

En effet, le fonds pour les pertes et préjudices reste à construire et, faute d’élan, il a semblé nécessaire d’annoncer un sommet à Paris en 2023, avant la prochaine COP. Madame la ministre, vers quelles perspectives nous dirigeons-nous ?

Dans ces temps troubles, plus que jamais, la France a besoin d’une diplomatie forte.

Elle doit tout d’abord pouvoir tenir son rang. Nous sommes un État doté, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, disposant du troisième réseau diplomatique au monde. Membre fondateur de l’Union européenne, la France a un positionnement géographique stratégique, au cœur de l’Europe, qui fait d’elle un trait d’union entre les pays du Nord et le bassin méditerranéen.

Cette place nous oblige et nous donne une responsabilité particulière : celle de tenir le positionnement singulier qui a toujours été celui de notre pays.

Nous sommes tout à la fois un allié loyal, fiable et efficace au sein de l’Otan, et un promoteur de l’autonomie stratégique européenne. Sachons cultiver cette position équilibrée. La France parle à tout le monde, sans jamais renier ses valeurs – nous en avons fait l’expérience commune aux États-Unis ces derniers jours, madame la ministre. Elle répond au désir de France que les sénateurs constatent dans toutes leurs missions à l’étranger.

Face à tous ces enjeux, le PLF pour 2023 amorce la fin de l’éreintement. Mais les temps d’appauvrissement de notre diplomatie ont tant duré que cela ne peut être qu’une première étape.

Certes, l’attrition des personnels connaît un réel coup d’arrêt, avec 106 ETP créés. C’est un début, mais c’est encore trop peu, quand on les compare aux 3 000 postes que votre département a perdus depuis 2007. Surtout, on ne sait toujours pas comment ceux-ci seront répartis – vous nous éclairerez sur ce point, madame la ministre. On nous annonce un renforcement des capacités d’analyse politique et des implantations dans l’immense Indo-Pacifique.

Ne faudrait-il pas toutefois concentrer ces moyens sur une politique en particulier, pour garantir l’impact de l’effort consenti ? Je pense notamment au renforcement des équipes de nos consulats, qui ont tant souffert des restrictions budgétaires passées. Car, ne l’oublions pas, s’ils sont le guichet unique pour nos concitoyens vivant hors de France, ils le sont aussi pour les étrangers qui souhaitent s’y rendre.

Le traitement des demandes de visas constitue donc la première étape d’une politique migratoire plus efficace. À ce titre, la façon dont on a créé une différence de traitement entre l’Algérie et le Maroc en matière de visas continue de poser des problèmes, même si des évolutions sont en cours.

L’examen du PLF doit être un moment de clarification pour nos compatriotes : la France a plus que jamais besoin de diplomates et de moyens pour défendre ses intérêts, dans un monde devenu plus dangereux, plus difficile à anticiper et à comprendre – monde sur lequel nos leviers d’action pourraient, si l’on n’y prend pas garde, perdre de leur efficacité.

Pour toutes ces raisons, le Sénat attend des États généraux de la diplomatie qu’ils confortent le corps diplomatique, lui qui a été si meurtri par la réforme qui le vise et auquel nous rendons régulièrement un hommage appuyé. Il le mérite, ne serait-ce que pour son action en faveur du rapatriement de nos compatriotes pendant la pandémie, l’évacuation de Kaboul, ou la gestion du dossier nucléaire iranien.

Cette réforme du corps diplomatique a soulevé beaucoup d’hostilité contre elle, et même bien des moqueries de la part de nos compétiteurs stratégiques. Elle a parfois suscité la perplexité de nos alliés, qui, au contraire, renforcent dans le même temps leur diplomatie professionnelle. Si le Parlement avait eu voix au chapitre, peut-être aurions-nous évité la grève des personnels du Quai d’Orsay massivement suivie en juin dernier. Il s’agissait de la première depuis deux décennies – c’est dire le ressentiment de nos diplomates. C’est un signal pour nous tous.

Ainsi, il nous faut désormais apaiser ce trouble et trouver, malgré tout, les voies et moyens pour conforter notre outil diplomatique.

Dans leur rapport d’information sur l’avenir du corps diplomatique, nos collègues André Vallini et Jean-Pierre Grand offrent, parmi les huit recommandations qu’ils formulent, plusieurs pistes pour tenter de corriger les effets de bord de la réforme. Je n’en citerai qu’une, très importante : la consultation des commissions des affaires étrangères du Parlement avant la nomination aux postes d’ambassadeur les plus importants, par exemple dans les grands pays européens, à Pékin, Washington ou au Conseil de sécurité des Nations unies.

Il s’agirait en fait d’étendre le dispositif de l’article 13 de la Constitution, qui prévoit déjà la consultation des commissions parlementaires compétentes pour une cinquantaine de postes d’importance dans d’autres domaines – ce serait un signal en manière d’hommage à l’action du Parlement dans ce domaine.

En tout état de cause, soyez assurée, madame la ministre, que le Sénat restera vigilant et mobilisé sur ce sujet fondamental pour notre pays. Nous participerons à vos travaux ; nous vous tendons la main pour faire en sorte que l’apaisement suive l’orage.

Le groupe Les Républicains votera le budget de la mission « Action extérieure de l’État », conformément aux recommandations de nos rapporteurs. Nous sommes toutefois conscients que les temps qui viennent seront lourds de menaces et que nous aurons besoin, pour y faire face, d’un outil diplomatique conforté dans ses missions et dans ses moyens.

Nous le savons tous : la voix de la France est attendue, donnons-lui les moyens d’être entendue.

Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – MM. Joël Guerriau, André Guiol et Jean-Pierre Grand applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Joël Guerriau

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, après avoir connu une pandémie, le monde connaît à présent de grandes tensions.

Le 24 février dernier, la Russie a envahi l’Ukraine, ramenant la guerre sur notre continent. Ce conflit est l’affaire de tous les Européens. En plus de mettre en cause la liberté d’un peuple, il détériore significativement les conditions de notre prospérité.

Dans ce contexte troublé, et en sachant que des périodes difficiles nous attendent, comme l’a rappelé très justement Christian Cambon, par ailleurs président de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, il est essentiel que la France puisse faire entendre sa voix.

Elle l’a fait lors de la crise sanitaire, en contribuant à la mise en place d’un emprunt commun au sein de l’Union. Ce mécanisme a permis de donner corps à la solidarité européenne et a constitué une véritable avancée.

« Il y a un pacte vingt fois séculaire entre la grandeur de la France et la liberté du monde », nous disait le général de Gaulle. Notre pays est en effet porteur d’un idéal et de valeurs qui ont, plus d’une fois, influencé le cours de notre histoire : la liberté, bien sûr, mais également l’égalité femmes-hommes, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ou encore le destin commun des peuples européens.

Il faut préserver la capacité de notre pays à se faire entendre. D’autres pays investissent massivement dans leur diplomatie et se donnent ainsi les moyens de gagner en influence et de peser sur le cours des événements internationaux. La France ne doit pas se laisser distancer.

Les crédits que nous examinons contribuent à maintenir notre influence et revêtent donc une importance toute particulière.

À cet égard, nous nous réjouissons que les dépenses de personnel de la mission soient en hausse. La hausse des prix globale explique en partie cette augmentation. Le contexte inflationniste n’épargnant pas notre pays – ni aucun autre –, il fait progresser le coût des indemnités de résidence à l’étranger.

Il ne doit cependant pas masquer le renforcement des effectifs : 106 équivalents temps plein supplémentaires sont prévus pour 2023.

Ces personnels permettent à la France de savoir avec précision ce qui se passe à l’étranger, d’analyser, de comprendre, d’anticiper et d’agir en conséquence. Ils contribuent également à faire rayonner notre culture, nos valeurs, nos entreprises.

En effet, la France dispose de l’un des réseaux diplomatiques les plus étendus au monde ; c’est un atout qu’il faut préserver. Dans un monde où la désinformation est une arme redoutable en infectant les réseaux sociaux, il est important d’y voir clair par nous-mêmes. La représentation diplomatique est essentielle pour nous assurer d’une évaluation objective des situations à travers le monde.

Il nous faudra également continuer d’investir dans le parc immobilier. Le contexte économique pèse sur ces budgets comme sur ceux qui sont consacrés aux personnels : l’inflation érode l’ensemble des crédits. En outre, la remontée du cours du dollar aggrave encore cette situation, en raison de la position dominante de cette monnaie à l’international.

Ces augmentations de crédits se justifient amplement : l’influence fait pleinement partie des objectifs stratégiques de la France. Plus que le rayonnement de notre pays, cette capacité doit nous permettre de renforcer notre poids sur la scène internationale.

La diplomatie, en temps de crise, et a fortiori en temps de guerre, peut sembler accessoire à certains ; il n’en est rien. C’est à travers elle que les alliances se nouent et que les rapports de force évoluent, à condition d’y consacrer des moyens suffisants.

De son côté, la Chine ne s’y trompe pas. Elle consacre ainsi plus de 10 milliards de dollars par an au développement de son influence. La France et ses partenaires européens font face à de graves défis militaires, économiques et écologiques. Ces défis nous placent devant une alternative : y répondre collectivement ou bien céder à l’opportunisme de court terme.

Aucun État européen ne peut parvenir seul à l’indépendance stratégique. C’est par la coopération et la diplomatie que nous pourrons développer des solutions de long terme conformes à nos intérêts communs.

Le budget pour 2023 maintient globalement les fonds consacrés à ces capacités. Même s’il ne les accroît pas autant que nous le souhaiterions, le groupe Les Indépendants votera en faveur des crédits de cette mission.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre-Antoine Levi

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, le budget consacré à la diplomatie culturelle et d’influence en 2023 augmente de 40 millions d’euros à périmètre constant, pour un total de 671 millions d’euros.

Les moyens de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger sont renforcés à hauteur de 30 millions d’euros, tandis que ceux qui sont consacrés au réseau de coopération culturelle sont stables.

Comme cela a été rappelé par les orateurs précédents, en mars 2018, le Président de la République fixait pour objectif au réseau d’enseignement du français à l’étranger le doublement de ses effectifs à l’horizon 2030, soit une cible de 700 000 élèves. Cela correspond à une croissance moyenne de l’ordre de 7 % à 8 %.

Depuis cette annonce, et malgré la crise sanitaire qui a de facto ralenti le processus de développement, le réseau de l’AEFE a gagné 72 établissements et plus de 30 000 élèves.

Le rythme moyen de croissance annuelle des effectifs est toutefois loin d’être assez soutenu pour atteindre l’objectif présidentiel dans le calendrier imparti.

Cette ambition présidentielle se heurte notamment à trois enjeux structurels.

Le premier est celui des effectifs des personnels enseignants et de leur formation, question centrale pour garantir la qualité de l’offre éducative. Atteindre la cible de 700 000 élèves suppose de recruter 25 000 enseignants supplémentaires – les besoins sont donc importants. Sans enseignants bien formés en nombre suffisant, le plan ne pourra pas fonctionner.

Le deuxième enjeu est immobilier : pour se développer et faire face à la concurrence internationale, les établissements déjà membres du réseau ont besoin d’améliorer l’état de leur bâti, voire de l’agrandir.

Si un outil d’accompagnement existe pour les établissements conventionnés et partenaires, tel n’est pas le cas pour les EGD, qui éprouvent de grandes difficultés à financer leurs projets immobiliers. À l’heure de la définition du prochain schéma pluriannuel de stratégie immobilière (SPSI) pour les années 2023 à 2027, l’AEFE évalue le besoin de financement de l’immobilier des EGD à 300 millions d’euros pour les cinq prochaines années.

Le troisième enjeu concerne la régulation de la croissance du réseau, afin d’éviter la concurrence déloyale entre établissements anciennement membres et établissements nouvellement homologués.

À ces enjeux structurels s’ajoutent les crises conjoncturelles auxquelles le réseau peut être confronté : l’invasion de l’Ukraine a par exemple touché directement cinq établissements de la région.

La crise inflationniste n’épargne aucune zone géographique et suscite de très vives inquiétudes pour 2023. L’envolée des prix des fluides – le chauffage, l’électricité – renchérit directement les coûts de fonctionnement des établissements.

Les établissements en gestion directe du réseau ont reçu pour consigne de ne pas répercuter l’entièreté des surcoûts sur les familles et de trouver un équilibre entre hausse des droits d’écolage et économies de dépenses. En 2023, les droits de scolarité devraient augmenter en moyenne de 8 % dans les EGD. Dans certains établissements, la hausse pourrait même atteindre 10 %, voire 12 %, ce qui nourrit de fortes inquiétudes chez les parents d’élèves.

En conclusion, le groupe Union Centriste votera les crédits de la mission « Action extérieure de l’État », tout en restant attentif aux difficultés qui viennent d’être soulevées.

Applaudissements sur les travées du groupe UC et sur des travées du groupe Les Républicains.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, permettez-moi tout d’abord de saluer la qualité de vos interventions successives, qui reflètent bien l’intérêt que le Sénat porte au ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Cet intérêt s’est également traduit par un vote favorable des crédits de mon ministère par la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées comme par la commission des finances. Je vous en remercie.

Vous le savez, le contexte international n’a pas été aussi critique et dangereux depuis longtemps. Nous vivons en effet dans un monde en voie de fracturation, un monde plus brutal, plus instable, où les menaces globales se renforcent et où les crises se multiplient, comme vous l’avez rappelé, monsieur le président Cambon.

De plus, nous voyons que nos intérêts sont souvent contestés, qu’ils soient politiques ou économiques. Nous sommes confrontés à des menaces qui visent nos ressortissants et nos emprises, des menaces qui se déploient aussi dans le champ numérique ou informationnel, où nous sommes la cible d’opérations de propagande et de désinformation.

Cette tendance à ce qu’on a pu appeler la « brutalisation » du monde ne date certes pas d’hier, mais elle a pris une ampleur nouvelle il y a neuf mois, lorsque la Russie a choisi d’envahir et d’agresser militairement l’Ukraine, un pays voisin souverain, et ainsi de ramener la guerre sur le continent européen.

Du fait de cette agression, des situations de tension deviennent des situations de crises, énergétique ou alimentaire, par exemple, qui exacerbent les divisions et risquent de fragmenter plus encore la scène internationale.

Dans cet environnement stratégique dégradé, la diplomatie est plus que jamais nécessaire – merci à ceux d’entre vous qui l’ont rappelé. Une diplomatie d’action, une diplomatie combative a besoin de moyens pour être efficace.

Ces moyens, ce projet de budget nous les fournit. En 2023, il devrait en effet atteindre 6, 65 milliards d’euros en crédits de paiement pour l’ensemble des missions, en augmentation de 543 millions d’euros, soit une hausse de 9 % par rapport à la loi de finances initiale pour 2022. Cette hausse bénéficierait à hauteur de 160 millions d’euros supplémentaires à la mission « Action extérieure de l’État », dont les crédits atteindraient ainsi 3, 218 milliards d’euros. Il s’agit là d’une augmentation substantielle pour un ministère comme le nôtre.

Nos effectifs avaient baissé de 30 % au cours des deux dernières décennies. Je dis bien : 30 % ! Je ne connais aucun autre ministère régalien qui ait subi une telle attrition. Aussi, j’insisterai sur la hausse des moyens humains en 2023, pour la première fois depuis 1993. Cette hausse va nous permettre de disposer de 106 ETP de plus qu’en 2022. Je vous l’avais dit et je vous le confirme, la répartition de ces nouveaux effectifs concernera très majoritairement la mission « Action extérieure de l’État », prioritairement à l’étranger, pour les deux tiers d’entre eux, comme je l’avais annoncé en commission.

Grâce aux moyens de la mission « Action extérieure de l’État », nous pourrons maintenir un outil diplomatique universel, capable de se déployer partout dans le monde et d’agir dans la quasi-totalité des organisations internationales et régionales.

La France dispose – dois-je le rappeler ? – du troisième réseau diplomatique mondial : celui-ci compte 163 ambassades, 16 représentations permanentes et 90 consulats généraux. Cette universalité nous permet d’être présents partout et nous met en mesure de parler à tout le monde. C’est essentiel pour promouvoir le dialogue politique entre États, construire des partenariats et renforcer nos coopérations dans tous les domaines.

À cet égard, madame la sénatrice Vogel, je vous rappelle que les crédits consacrés à la transition écologique sont inscrits dans la mission « Aide publique au développement », que nous examinerons en fin d’après-midi.

Notre outil universel est aussi un atout majeur pour bâtir les coalitions d’action dont nous avons besoin pour agir, à l’ONU et dans les organisations internationales. C’est enfin un outil puissant au service de nos ressortissants, que nous avons ainsi pu aider partout dans le monde lors de la pandémie, comme vous avez bien voulu le rappeler, monsieur le sénateur Guiol.

À cet égard, permettez-moi de revenir sur la hausse des crédits de personnels évoquée par M. le rapporteur spécial. Cette hausse est bien évidemment liée à la création des nouveaux postes à l’étranger dont notre diplomatie a tant besoin, mais beaucoup également à l’inflation mondiale, qui est supérieure à celle que nous connaissons en France en règle générale. Elle est liée, enfin, à la baisse de l’euro.

Dans un contexte de persistance et souvent d’aggravation de la menace en Afrique – on l’a encore vu au Burkina Faso – ou encore en Ukraine – tout le pays est frappé par des bombes, aujourd’hui encore –, les moyens nouveaux du programme 105 concerneront d’abord la sécurité. Ils permettront de sécuriser nos ambassades là où nos agents sont le plus exposés à des situations de crise ou d’instabilité. Nous proposons d’y consacrer 5 millions d’euros en autorisations d’engagement et 3 millions d’euros en crédits de paiement.

La progression des crédits du programme 105 bénéficiera à une autre priorité : le numérique. Nous continuerons à consentir des investissements soutenus afin d’améliorer l’efficacité de nos outils, de pallier les inégalités de déploiement selon les pays et de renforcer la cybersécurité de notre réseau. Nous souhaitons allouer une enveloppe de 52 millions d’euros à cette priorité, soit une hausse de 4, 4 millions d’euros par rapport à l’année dernière.

La communication stratégique est un autre enjeu, de plus en plus important alors que nous sommes confrontés à des opérations hostiles de désinformation et de propagande, souvent d’origine russe, mais pas exclusivement, qui visent à attiser les discours antifrançais sur les réseaux sociaux, notamment en Afrique ou en Europe.

Afin de mieux lutter contre ces pratiques, nous souhaitons augmenter de 2, 5 millions d’euros les moyens de la direction de la communication et de la presse. Dans son discours de Toulon du 9 novembre, le Président de la République déclarait en effet : « l’influence sera désormais une fonction stratégique, dotée de moyens substantiels […] avec, pour sa déclinaison internationale, un rôle central du ministère de l’Europe et des affaires étrangères ».

Enfin, l’éducation en français, et à la française, sera une autre priorité. L’AEFE, qui compte 566 établissements dans 138 pays et près de 390 000 élèves, poursuivra son plan de développement avec des moyens renforcés à hauteur de 30 millions d’euros. J’ajoute que le nombre d’élèves connaît une augmentation à bon rythme, après deux années de ralentissement dues au covid-19, lesquelles ont faussé les projections.

Pour poursuivre à bon rythme, il faut des moyens, monsieur le rapporteur pour avis Claude Kern. Comme nous ne pouvons pas avoir recours à l’emprunt, nous cherchons des solutions et réfléchissons à une possible utilisation des subventions pour charges d’investissement.

Mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, ces priorités s’accompagneront d’une préoccupation constante : aider et protéger les Français de l’étranger, car le Quai d’Orsay est aussi le grand service public des Français à l’étranger.

En 2023, notre action consulaire, portée par le programme 151, pourrait être dotée de 141, 1 millions d’euros. Alors que nos compatriotes sont confrontés dans de nombreux pays à des contextes économiques dégradés, ils pourront continuer de compter sur une gamme d’aides sociales inégalées chez nos partenaires.

Les bourses scolaires, destinées aux enfants français de nos établissements scolaires, retrouveraient leur niveau de 2021, le budget qui y est consacré atteignant 105, 8 millions d’euros. Nous solliciterons moins la soulte. Soyez assurés que chaque enfant répondant aux critères d’attribution d’une bourse en percevra une.

Afin de répondre aux besoins accrus de la communauté française à l’étranger, des crédits supplémentaires seront aussi alloués au titre de l’aide sociale : 16, 2 millions d’euros en 2023, soit 1 million d’euros de plus par rapport à l’année 2022. Toutes ces aides seront distribuées en lien avec les élus consulaires, qui constituent pour nous un précieux relais des besoins des Français de l’étranger et de nos actions.

Telles sont, en quelques mots, mesdames les sénatrices, messieurs les sénateurs, les observations que je tenais à faire après vous avoir entendus et avant d’examiner les amendements portant sur les crédits de la mission.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – MM. Olivier Cadic et Hugues Saury applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Mes chers collègues, il est seize heures onze. Je vous rappelle que, pour cette mission, la conférence des présidents avait fixé la durée maximale de la discussion à trois heures trente. Avec l’accord de la commission des finances, la durée d’examen a été prolongée de trente minutes.

En conséquence, si nous n’avions pas terminé l’examen de cette mission à dix-huit heures, je suspendrai la séance pour voir avec le président de la commission des finances à quel moment pourrait être reporté l’examen de cette mission : probablement cette nuit, avant ou après la discussion des articles non rattachés.

Nous allons procéder à l’examen des crédits de la mission « Action extérieure de l’État », figurant à l’état B.

En euros

Mission / Programme

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action extérieure de l’État

Action de la France en Europe et dans le monde

Dont titre 2

774 711 573

774 711 573

Diplomatie culturelle et d’influence

Dont titre 2

72 584 671

72 584 671

Français à l’étranger et affaires consulaires

Dont titre 2

250 332 832

250 332 832

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1275, présenté par Mme M. Vogel, MM. Gontard, Benarroche, Breuiller, Dantec, Dossus, Fernique et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisationsd’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Il n’est pas besoin de rappeler l’importance considérable de l’éducation pour les générations de demain. Or les Françaises et les Français de l’étranger doivent, eux aussi, pouvoir accéder à un enseignement de qualité à un coût raisonnable.

Le problème, c’est que, après correction de l’inflation, le budget alloué à l’enseignement français à l’étranger a baissé de 11, 5 % depuis 2012. Au total, 500 postes ont été supprimés dans nos lycées. Cette politique a des conséquences concrètes : les Françaises et les Français de l’étranger voient les frais de scolarité exploser. Nos établissements comptent de plus en plus d’élèves, notamment en raison de la politique du chiffre d’Emmanuel Macron, qui veut doubler le nombre de ces derniers, mais, proportionnellement, avec de moins en moins d’enseignants et de personnels pour s’en occuper.

Ce désengagement de l’État profite évidemment au secteur privé, on en fait le constat partout au sein de notre réseau. Or il faut donner à l’AEFE les moyens de fonctionner autrement que par des hausses répétées des frais de scolarité, lesquels frappent les Français de l’étranger en période de crise.

Par cet amendement, je vous propose donc de revenir au montant qui était alloué à l’AEFE il y a dix ans et d’augmenter le budget de l’Agence de 60 millions d’euros.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Les besoins de l’AEFE sont très importants, nul ne peut le nier. Cela étant, les crédits de l’Agence augmenteront de près de 30 millions d’euros l’année prochaine.

Dès lors, et même si l’AEFE a peut-être des besoins bien supérieurs, la commission est défavorable à un abondement supplémentaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Je l’ai dit, la subvention de l’AEFE devrait cette année augmenter de 30 millions d’euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2022. C’est un effort significatif. Le soutien de l’État dans ce programme est à la hauteur des enjeux de développement de l’enseignement du français à l’étranger.

En outre, réduire les crédits du programme 105 au profit de l’action n° 05 du programme 185 irait à l’encontre de besoins dont je crois avoir tenté de vous faire comprendre combien ils étaient importants.

J’émets donc le même avis que la commission.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de trois amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° II-1237, présenté par MM. Leconte et Chantrel, Mme Conway-Mouret, MM. Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisationsd’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Jean-Yves Leconte.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

Cet amendement vise à augmenter les crédits alloués aux bourses scolaires. Vous avez évoqué dans votre intervention, madame la ministre, les critères d’attribution.

Or nous constatons que les critères ne sont pas satisfaisants aujourd’hui. En effet, un certain nombre de pays connaissent une hyperinflation ; les taux de change sont très variables. En outre, il existe dans de nombreux pays des taux de change parallèles, qui rendent inadéquate l’utilisation du taux de change de chancellerie pour le calcul du barème. Enfin, nous constatons une baisse du cours de l’euro par rapport au dollar. De ce fait, sans la hausse des crédits de 20 millions d’euros que nous proposons, les capacités d’action du programme seront amoindries. Telles sont les raisons pour lesquelles nous proposons cette augmentation, madame la ministre.

Nous souhaitons savoir comment, dans une période d’hyperinflation, alors que les taux de change évoluent constamment, nous pourrons servir les familles l’année prochaine en tenant compte de leur situation au mois d’avril. C’est juste impossible !

Comment revoir le barème des bourses en cette période d’hyperinflation et de variabilité des taux de change ?

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1225, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisationsd’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Cet amendement est légèrement différent du précédent. Je ne reviendrai pas sur les arguments de mon collègue. Si nos estimations sont un peu différentes, nous sommes d’accord sur la nécessité d’augmenter les crédits alloués aux bourses et de prévoir une aide pour les familles.

J’insiste sur l’aspect social, et non pas uniquement comptable, des bonnes décisions qui sont prises dans les conseils consulaires, lesquelles devraient être respectées par la Commission nationale des bourses.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1273, présenté par Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisationsd’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

La question des bourses revient chaque année. Elle est évidemment extrêmement importante et très sensible.

La commission émet toutefois un avis défavorable sur ces trois amendements.

J’ai moi-même évoqué dans mon propos liminaire cette question sensible pour 2023, en raison à la fois de l’évolution de l’inflation, notamment dans certains pays, et de l’épuisement programmé de la soulte de l’AEFE.

Je pense donc, madame la ministre, qu’il nous faudra revenir sur cette question, si c’est nécessaire, en cours d’année dans le cadre d’un projet de loi de finances rectificative, en raison de l’évolution de l’inflation mondiale. L’année prochaine, la soulte ne sera plus une solution. Nous serons donc attentifs à cette question.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Pour 2023, le projet de loi de finances prévoit 104, 4 millions d’euros pour les bourses scolaires, soit une augmentation de 10, 2 millions d’euros par rapport à 2022. Nous en revenons donc au socle budgétaire.

Pour l’année qui vient, il reste un reliquat de la soulte, lequel pourrait s’établir à 7, 5 millions d’euros. Il permettrait à l’opérateur de compléter, si cela était nécessaire, la dotation versée au titre du programme 151, compte tenu du contexte inflationniste que beaucoup d’entre vous ont rappelé.

Pour ces raisons, le Gouvernement émet un avis défavorable sur ces trois amendements.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de trois amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° II-1242, présenté par M. Chantrel, Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisationsd’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

15 000 000

15 000 000

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Yan Chantrel.

Debut de section - PermalienPhoto de Yan Chantrel

Plusieurs collègues ont évoqué la situation de nos postes consulaires, qui sont sous tension en raison de la baisse constante des effectifs ces dernières années, laquelle a provoqué, comme nous l’avons constaté sur le terrain dans différents postes consulaires, une dégradation du service.

Les personnels ne sont pas en cause ; au contraire, ils sont victimes de la situation. Ils ont été soumis à une forte tension tout au long de la pandémie, sans soutien supplémentaire, ce qui a entraîné une dégradation de leur état de santé, allant parfois jusqu’au burn-out. Or il faut prendre soin des personnes qui administrent le service public. À cet effet, il est fondamental d’augmenter les effectifs de manière significative.

J’ai consulté votre ministère, madame la ministre, pour savoir combien d’effectifs supplémentaires seraient nécessaires, ne serait-ce que pour boucher les trous et mettre en œuvre un véritable service public. Il faudrait 300 ETP supplémentaires dans le seul secteur consulaire, soit à peu près le nombre d’ETP que vous avez supprimés ces dernières années.

La création d’une centaine de postes est certes prévue, mais seuls 11 d’entre eux sont affectés au réseau consulaire. C’est une goutte d’eau ! Il nous faut 300 postes.

Cet amendement vise à prévoir la création, dès 2023, d’autant de postes que ceux que vous avez supprimés au cours des dernières années afin de venir en aide au personnel consulaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1272, présenté par Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisationsd’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Mon collègue l’a très bien dit, notre réseau consulaire est à l’os et nos agentes et nos agents sont partout dans le monde dans l’incapacité, même s’ils font leur travail du mieux qu’ils peuvent, d’exercer leurs tâches. Cela a parfois des conséquences problématiques sur les droits fondamentaux de nos compatriotes à l’étranger.

C’est très bien de prévoir 100 ETP supplémentaires, mais, comme l’a souligné Yan Chantrel, seuls 11 d’entre eux sont réservés au réseau consulaire. C’est très loin de ce qui est nécessaire.

Par cet amendement, nous demandons la création de 300 ETP supplémentaires pour le réseau consulaire. Il s’agit ni plus ni moins de permettre à nos compatriotes de l’étranger d’accéder aux services publics.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1215 rectifié, présenté par MM. Le Gleut, Frassa et Bascher, Mme Belrhiti, M. Bouchet, Mme V. Boyer, M. Charon, Mme L. Darcos et MM. D. Laurent, Mouiller, Perrin, Rietmann, Saury et Somon, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisationsd’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Ronan Le Gleut.

Debut de section - PermalienPhoto de Ronan Le Gleut

Nos consulats souffrent. Les Français qui vivent à l’étranger ne parviennent plus à joindre leur consulat par téléphone ; c’est impossible ! Prendre un rendez-vous pour renouveler un passeport ou une carte d’identité prend un temps considérable. Telle est la réalité dans notre réseau consulaire aujourd’hui.

Partout où nous nous déplaçons à l’étranger, la communauté française nous livre le même témoignage : nos services consulaires ne fonctionnent plus.

Le nombre d’agents du réseau est en baisse depuis 1993 – depuis 1993 ! –, alors que, sur la même période, le nombre de Français vivant à l’étranger n’a cessé d’augmenter. Aujourd’hui, le réseau ne peut plus fonctionner.

Cet amendement vise donc à augmenter les effectifs du service public consulaire, qui fait face à une hausse du nombre des tâches qui lui sont confiées sans avoir les moyens de les assumer dans de bonnes conditions.

Cette situation met en péril à la fois la santé des agents concernés, qui font pourtant preuve d’un dévouement exceptionnel – la multiplication des cas de burn-out doit nous alerter – et la qualité du service. Les délais de traitement des demandes ont connu une dégradation qui n’est plus soutenable aujourd’hui.

Il faut donc redonner de l’oxygène au service public consulaire et aux agents de qualité qui le portent.

Une augmentation de 11 ETP est prévue dans le projet de loi de finances. Ce n’est absolument pas suffisant compte tenu de la situation incendiaire de nos services consulaires à travers le monde.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Je pense en effet que nos services consulaires sont ceux qui ont le plus souffert des réductions d’emplois publics à l’étranger ces dernières années. Chacun le constate. C’est d’ailleurs ce qui explique que trois amendements allant dans le même sens aient été déposés.

Je rappelle néanmoins que le projet de loi de finances prévoit une augmentation des crédits du programme « Français à l’étranger et affaires consulaires » de 15 millions d’euros en 2023. Je précise qu’une partie de la centaine de postes créés pour le ministère des affaires étrangères est destinée aux services consulaires, même si cela ne suffira pas pour répondre à l’ensemble des besoins.

Enfin, ces amendements posent un problème technique. Ils tendent à allouer des crédits supplémentaires sans pour autant prévoir une modification des plafonds d’emplois, ce qui les rend inopérants.

La commission émet donc un avis défavorable sur ces amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Je rappelle que nous émettons cette année moins de visas qu’en 2019. Si des tensions apparaissent dans certains consulats, il faut en analyser les causes et voir comment améliorer la situation, mais on ne peut pas dire que le nombre de tâches a augmenté entre 2019 et 2022. En fonction des résultats, nous verrons quels correctifs seront nécessaires.

Par ailleurs, j’ai annoncé lors de la conférence des ambassadrices et des ambassadeurs la création d’un centre de soutien au réseau consulaire afin de nous permettre d’intervenir là où des tensions se font sentir.

Je vais également examiner, en lien avec le ministère de l’intérieur, ce qui peut être amélioré dans le fonctionnement de nos consulats.

Le Gouvernement émet donc également un avis défavorable sur ces amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Jean-Yves Leconte, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

Il est absolument essentiel de mieux doter nos consulats en personnel. Un certain nombre de postes consulaires ont une activité très soutenue en matière de délivrance de visas. La situation y est de plus en plus compliquée, comme vous me l’avez d’ailleurs rappelé dans un courrier la semaine dernière, madame la ministre. Quant à l’activité passeport, elle est particulièrement soutenue par rapport aux années précédentes.

Madame la ministre, j’attire votre attention sur la mise en place l’année prochaine d’Etias, le système européen d’information et d’autorisation concernant les voyages : un certain nombre de binationaux qui n’ont pas de passeport français et qui ont l’habitude de venir en Europe ne pourront plus le faire. Il faut dès à présent prévoir un plan de communication pour un certain nombre de nos consulats, ce qui ne semble pas être le cas pour l’instant. Pour cette raison également, des moyens supplémentaires sont nécessaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Olivier Cadic, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Cadic

J’apprécie que le Sénat s’inquiète de la baisse des effectifs du ministère. Je rappelle que, en trente ans, les effectifs ont diminué de 50 %. Réclamer aujourd’hui plus d’argent et plus d’agents paraît un peu décalé.

Il faut revoir notre organisation : il faut, comme dans une entreprise, lier les recettes et les dépenses. Or on fait comme si les deux étaient totalement déconnectées. Ensuite, quand on a des clients, il faut mettre en face des gens pour assurer le service.

Voilà ce qu’il faut changer dans notre système !

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° II-1233 est présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

L’amendement n° II-1274 est présenté par Mme M. Vogel, MM. Gontard, Benarroche, Breuiller, Dantec, Dossus, Fernique et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret, pour présenter l’amendement n° II-1233.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Dans le plan de relance, 4 milliards d’euros sont consacrés à la rénovation énergétique des bâtiments publics implantés sur le territoire national. Le parc immobilier de l’État à l’étranger, lui, n’est pas concerné.

Pourtant, lorsque je fais le tour de nos emprises lors de mes déplacements à l’étranger, je constate que certains bâtiments sont de véritables passoires thermiques ou qu’ils ne sont pas adaptés aux aléas du climat.

Alors que les coûts de l’énergie augmentent de manière exponentielle dans la majorité des pays, il devient essentiel d’utiliser davantage les énergies renouvelables et d’essayer d’éviter de gaspiller de l’énergie.

Il s’agit donc de rénover l’ancien, mais aussi d’inclure les critères énergétiques dans les plans de construction actuels, ce qui, par exemple, n’a pas été le cas pour les nouveaux bâtiments du lycée français de Tunis.

Pour faire baisser la facture énergétique et lutter contre le changement climatique, nous ne pouvons pas compter uniquement sur les efforts individuels de nos compatriotes. Nous devons être collectivement responsables et faire les bons choix pour nos équipements. Il y va des conditions de travail de nos personnels et de l’environnement scolaire de nos enfants.

Cet amendement vise à consacrer 15 millions d’euros à cet effort.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour présenter l’amendement n° II-1274.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement est la reprise d’un amendement de mes collègues écologistes à l’Assemblée nationale.

La France est en effet en retard en matière de rénovation des bâtiments ; ce n’est pas nouveau. Un plan de rénovation thermique des bâtiments publics en métropole a été lancé pour atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Il est très loin d’être suffisant pour faire face à la catastrophe écologique, mais il a au moins le mérite d’exister.

En revanche, les bâtiments français à l’étranger ne sont pas concernés, soit au total 163 ambassades, 19 consulats généraux, 3 bureaux consulaires, un consulat en Europe, 96 instituts français, mais aussi, évidemment, l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger.

Je vous propose donc un plan de 15 millions d’euros pour lancer la rénovation énergétique des bâtiments publics français à l’étranger.

Ce n’est pas grand-chose, 15 millions d’euros, surtout si l’on rapproche ce chiffre des économies de long terme que généreront ces rénovations. Il s’agit d’ailleurs d’une estimation de la direction des immeubles et de la logistique du ministère de l’Europe et des affaires étrangères. Je pense donc que notre proposition est raisonnable.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Ces deux amendements identiques visent à augmenter les crédits consacrés à l’amélioration de la performance énergétique et environnementale des bâtiments.

Le contrôle budgétaire que nous avons réalisé sur l’immobilier du ministère nous a montré que les besoins recensés en matière de performance environnementale n’étaient pas couverts par le budget.

Ces rénovations doivent s’inscrire dans un plan global, toutefois. C’est la raison pour laquelle nous demandons l’avis du Gouvernement. Pouvez-vous nous décrire, madame la ministre, l’ampleur des besoins budgétaires du ministère en la matière et la manière dont vous entendez les financer à moyen terme ?

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Ce montant de 15 millions d’euros correspond précisément à l’augmentation que nous avons prévue pour le montant de nos investissements immobiliers à l’étranger en 2023. Nous avons lancé il y a longtemps déjà, avant même la COP21, le projet « Ambassade verte », qui donne de bons résultats. Enfin, nous participons cette année à l’effort gouvernemental de sobriété énergétique.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur ces deux amendements identiques.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je mets aux voix les amendements identiques n° II-1233 et II-1274.

Les amendements ne sont pas adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° II-1149 rectifié bis est présenté par MM. Le Gleut, Frassa et Bascher, Mme Belrhiti, M. Bouchet, Mme V. Boyer, M. Charon, Mme L. Darcos et MM. D. Laurent, Mouiller, Perrin, Rietmann, Saury et Somon.

L’amendement n° II-1227 est présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

I. - Créer le programme :

Fonds d’urgence pour les Français de l’étranger

II. - En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

Fonds d’urgence pour les Français de l’étranger

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Ronan Le Gleut, pour présenter l’amendement n° II-1149 rectifié bis.

Debut de section - PermalienPhoto de Ronan Le Gleut

Dans cet hémicycle, le 30 juin 2020, le Sénat a adopté à l’unanimité une proposition de loi portant création d’un fonds d’urgence pour les Français de l’étranger victimes de catastrophes naturelles ou d’événements politiques majeurs. On pense à un tsunami, un tremblement de terre ou, sur le plan politique, aux événements actuels au Burkina Faso, où l’Institut français a été incendié, ou à la guerre en Ukraine – ou encore à une catastrophe sanitaire.

La création de ce fonds d’urgence nécessite l’ouverture d’un quatrième programme au sein de la mission « Action extérieure de l’État ». Le but est d’avoir les moyens de faire face à des situations pouvant mettre en danger nos compatriotes qui vivent à l’étranger.

Puisque le Sénat a adopté ce texte à l’unanimité, nous déposons cet amendement afin de créer un tel fonds d’urgence.

Notre commission des finances, examinant cette proposition de loi, avait estimé que ce fonds d’urgence « renforcerait la sincérité des comptes de la mission “Action extérieure de l’État” » et que les crédits alloués à ce fonds « pourraient être, pour partie, ouverts en loi de finances initiales ».

Cet amendement vise donc à créer un nouveau programme au sein de la mission « Action extérieure de l’État ».

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret, pour présenter l’amendement n° II-1227.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

En effet, nous avons voté différents textes proposant l’institution d’un fonds d’urgence pour les Français de l’étranger, jusqu’à cette proposition de loi, adoptée en 2020. Les catastrophes naturelles, sanitaires et politiques se sont multipliées dans le monde, et leur gravité est croissante.

La création d’un tel programme budgétaire, doté de 10 millions d’euros, traduirait en actes la volonté du Sénat en donnant aux services de l’État les moyens nécessaires pour venir en aide à nos compatriotes confrontés à de telles situations.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

En effet, dans le contexte de la crise sanitaire, en juin 2020, le Sénat avait adopté une proposition de loi, déposée par le président Retailleau, portant création d’un fonds d’urgence pour les Français de l’étranger.

L’analyse qui avait présidé à ce vote pourrait changer, car la diversité des crises qui sont intervenues depuis a fait évoluer très fortement les modalités d’action du ministère de l’Europe et des affaires étrangères : ses moyens et instruments d’intervention en situation de crise ont été sensiblement renforcés.

En tout état de cause, la création d’un programme budgétaire au sein de la mission « Action extérieure de l’État » ne répond pas à la demande des auteurs de la proposition de loi ni au sens du vote du Sénat. L’objectif était en effet de constituer un fonds présentant des garanties d’autonomie, dont les crédits auraient été détachés de ceux de la mission « Action extérieure de l’État » et ne seraient pas pilotés par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères.

Nous comprenons bien qu’il s’agit d’un amendement d’appel, et nous en demandons donc le retrait. À défaut, notre avis serait défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Les crises sont par définition imprévisibles. Nous avons pu, chaque fois qu’il le fallait, trouver les crédits nécessaires. Il ne paraît donc pas indispensable de créer cette année un nouveau fonds, alors que les moyens mis à la disposition des Français de l’étranger augmentent dans ce PLF, qui prévoit une hausse de 1 million d’euros du budget des affaires sociales, et de plus de 10 millions d’euros de l’aide à la scolarité, sans parler de la réserve de crise du centre de crise et de soutien (CDCS).

Le Gouvernement émet donc le même avis que la commission.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je mets aux voix les amendements identiques n° II-1149 rectifié bis et II-1227.

Les amendements ne sont pas adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1236, présenté par M. Temal, Mme Conway-Mouret, M. Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Leconte, Chantrel, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Rachid Temal.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Il s’agit d’un amendement de solidarité avec le peuple ukrainien. Son objet est d’abonder les crédits de la Facilité européenne pour la paix (FEP), qui sont en baisse de 6 %. La France doit se montrer à la hauteur des efforts demandés.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

La FEP est un instrument de l’Union européenne financé par les États membres, qui prend en charge des actions relevant de la politique étrangère et de sécurité commune, parmi lesquelles des opérations d’aide au maintien de la paix en Afrique ou, depuis cette année, en Ukraine.

Au début de la discussion budgétaire, les crédits demandés pour financer la quote-part de la France à la FEP s’élevaient à 67, 8 millions d’euros, soit presque 10 millions d’euros de moins qu’en 2022. Ce chiffre est appelé à évoluer puisque, au moment du dépôt du PLF, le montant précis de la quote-part française n’était pas connu.

Nous demandons donc l’avis du Gouvernement sur cet amendement : quelles sont les estimations les plus récentes du montant de la quote-part française ?

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Je rappelle que mon ministère ne contribue à la FEP que pour la part non létale. Les mesures d’assistance relevant du domaine militaire sont très largement imputées au budget du ministère des armées. Je veux rassurer le sénateur Rachid Temal, des discussions sont en cours entre États membres pour abonder la FEP si nécessaire dès la fin de cette année ou début 2023.

Avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Jean-Yves Leconte, pour explication de vote. Je rappelle toutefois que nous devons terminer l’examen de la mission à dix-huit heures.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

Nous faisons de notre mieux, monsieur le président. Mais certaines paroles balayent des milliards, balayent l’engagement de dizaines d’agents du Quai d’Orsay, de centaines de Français qui se mobilisent pour l’Ukraine.

Lorsque le Président de la République parle de donner des garanties de sécurité à la Russie à un moment où celle-ci bombarde l’Ukraine, quels que soient les efforts mobilisés, nous serons, avec ce type de paroles, au fond du panier, madame la ministre, et nous n’arriverons jamais à nous montrer à la hauteur de ce qu’attendent nos partenaires en ce qui concerne la solidarité avec l’Ukraine.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1228, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Actuellement, 7 millions d’euros sont prévus pour compenser la moitié du surcoût lié à la mise en place d’un nouveau statut pour les personnels détachés dans notre réseau scolaire. Madame la ministre, vous avez indiqué que l’autre moitié de ce surcoût serait financée par un reliquat de crédits alloués aux bourses scolaires. Mais ces crédits seront intégralement consommés avant la fin de l’année, puisque cette soulte, vous venez de le dire, doit être mobilisée pour faire face à l’inflation.

C’est donc bien l’AEFE qui devra assumer le reste à charge en 2023, en plus des revalorisations salariales qui seront sans doute nécessaires pour tenir compte de l’inflation et de l’évolution défavorable des taux de change. Résultat : les établissements seront contraints d’augmenter encore les frais de scolarité l’année prochaine.

Cet amendement vise donc à doubler ces crédits afin de couvrir l’intégralité du surcoût à la charge de l’AEFE. Cette prise en charge totale lui offrirait un vrai bol d’air. La trésorerie ainsi constituée pourrait financer des projets immobiliers, car elle n’a pas de capacité d’emprunt, ou bien les contributions patronales de retraite, qu’elle prend en charge seule depuis 2010.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Cet amendement augmente de 7 millions d’euros le montant de la subvention versée à l’AEFE, pour que l’État prenne en charge l’intégralité du coût de la réforme du statut des personnels résidents. Jusqu’à cette réforme, l’AEFE pouvait recruter un agent de l’éducation nationale en position de résident et non de personnel expatrié. La justice administrative en a décidé autrement, ce qui occasionne à l’AEFE un coût d’environ 14 millions d’euros en 2023.

L’AEFE et le ministère ont décidé de se partager ce coût. Nous ne proposons pas de revenir sur cet accord. Les 7 millions d’euros concernés sont compris dans l’augmentation de la subvention à l’AEFE, même si je comprends bien que ces crédits supplémentaires doivent servir plusieurs finalités en cette période d’inflation importante.

La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de quatre amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° II-1234, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Dans tous les pays du monde, nos compatriotes subissent la crise économique plus ou moins fortement et constatent la baisse de leur pouvoir d’achat. Cette crise n’épargne personne et affecte malheureusement les plus vulnérables.

Les élus des Français l’étranger se sont mobilisés dans les conseils consulaires pour demander des augmentations à hauteur du niveau de vie dans les pays de résidence. Ils ont demandé, par exemple, de passer de 310 à 450 euros par mois au Cambodge et de 357 à 557 euros en Argentine. D’autres, à Londres par exemple, ont voté à l’unanimité des motions en conseil consulaire demandant la revalorisation urgente des taux de base.

Nous pouvons déjà anticiper que, malgré l’augmentation des crédits prévue en 2023, l’ensemble des besoins ne pourront être satisfaits. Les estimations de tous les acteurs sociaux et des associations d’entraide locale nous démontrent que cette enveloppe est trop limitée. Alors que la situation est critique pour certaines familles, nous ne pourrons pas procéder à des ajustements à la baisse.

Où irons-nous chercher les crédits s’ils n’ont pas été fléchés ? Nous avons donc déposé cet amendement, pour être dans l’anticipation et non la réaction, afin de répondre au mieux à la crise économique qui nous frappe et à la paupérisation de nos compatriotes à l’étranger.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1280, présenté par Mme M. Vogel, MM. Gontard, Benarroche, Breuiller, Dantec, Dossus, Fernique et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

En effet, le pouvoir d’achat baisse, l’inflation est galopante et les situations de détresse se multiplient pour les Françaises et les Français de l’étranger. Notre réponse doit toujours être la protection et la justice sociale.

C’est donc au nom des Françaises et des Français de l’étranger les plus précarisés que j’ai déposé cet amendement. Celui-ci vise à proposer l’adoption d’un véritable plan de protection à leur endroit, doté de 5 millions d’euros. Ces crédits serviraient à compenser les variations de taux de change dans les aides sociales attribuées par les conseils consulaires pour la protection et l’action sociale (CCPAS), ainsi que les effets de l’inflation.

Ils permettraient aussi de mettre en place un véritable mécanisme de transition pour ceux qui, allocataires de l’aide exceptionnelle SOS covid jusqu’à l’été 2022, n’ont pas pu retrouver de situation financière stable.

Ils financeraient enfin le passage de 80 % à 50 % du taux d’incapacité pour être éligible aux aides dispensées par les CCPAS, afin d’aligner ce taux sur celui qui prévaut pour l’allocation aux adultes handicapés (AAH) sur le territoire national.

Ces mesures semblent être un minimum pour qu’aucun Français et qu’aucune Française de l’étranger ne soient abandonnés à leur sort en ces temps difficiles.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1238, présenté par M. Leconte, Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Jean-Yves Leconte.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

M. Jean-Yves Leconte. Il a été parfaitement défendu, monsieur le président, et j’aimerais vous voir un peu plus enthousiaste !

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1142, présenté par Mme Renaud-Garabedian et M. Bansard, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Évelyne Renaud-Garabedian.

Debut de section - PermalienPhoto de Évelyne Renaud-Garabedian

J’ajoute à ce qui vient d’être dit à propos des amendements précédents que, entre 2021 et 2022, les crédits d’aide sociale ont baissé de 1 million d’euros. La hausse prévue par le PLF n’est donc qu’un rattrapage. Encore sera-t-elle entièrement absorbée par l’inflation de 2022, sans qu’il soit tenu compte de celle de 2023.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Il est défavorable sur les quatre amendements, même si ceux-ci portent sur des montants différents. Nous sortons cette année du dispositif SOS covid, ce qui peut donner l’impression que les crédits baissent. Pourtant, mis à part ce dispositif, ceux-ci seront de 16, 2 millions d’euros en 2023, en hausse de 1, 2 million d’euros et de 8 %, supérieure à l’inflation donc. Ils devront être abondés en cours d’année, si la situation sociale le justifie, et non pas a priori.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1279, présenté par Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Autonomie et dépendance des Français établis hors de France

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

Autonomie et dépendance des Français établis hors de France

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

En 2021, le Gouvernement a créé une nouvelle branche de la sécurité sociale pour mieux protéger les politiques publiques de l’autonomie, alors que fusaient les scandales et que nos aînés payaient le prix fort pendant la crise du covid-19. J’aimerais vous proposer l’équivalent pour les Françaises et les Français de l’étranger.

Cet amendement vise donc à créer un nouveau programme consacré à l’accompagnement et à la prise en charge de la perte d’autonomie des Françaises et des Français de l’étranger, pour un coût de 5 millions d’euros.

Certes, de nombreuses Françaises et de nombreux Français de l’étranger sont affiliés à la Caisse des Français de l’étranger (CFE), mais beaucoup sont encore attachés à la sécurité sociale. Leurs dépenses de santé peuvent ainsi être couvertes, mais pas leur perte d’autonomie.

Imaginez un vieil homme qui a effectué la moitié de sa carrière à l’étranger, sans être forcément bien rémunéré, et qui souhaite pour sa retraite couler des jours heureux hors de France. S’il développe une pathologie comme la maladie de Parkinson, par exemple, il aura besoin d’être soigné sur place, pas d’être rapatrié en France dans un Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes). Les consulats devraient être formés à ces problématiques et savoir aiguiller nos concitoyens et concitoyennes expatriés. Aucune personne en perte d’autonomie ne devrait être laissée sur le carreau.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Cet amendement tend à anticiper les leçons qui seront tirées de la mise en œuvre de la branche autonomie de la sécurité sociale. La réforme de la prise en charge des Français de l’étranger doit, sur ce point, faire l’objet d’une réflexion plus approfondie que ne le permet l’examen d’un amendement de 5 millions d’euros en discussion budgétaire.

Avis défavorable.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1240, présenté par M. Leconte, Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Assemblée des Français de l’étranger

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

150 000

150 000

Assemblée des Français de l’étranger

dont titre 2

150 000

150 000

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Jean-Yves Leconte.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

Cet amendement vise à créer un nouveau programme, « Assemblée des Français de l’étranger », doté de moyens qui sont actuellement consacrés au programme 151.

En effet, il n’est pas normal que les moyens prévus pour le fonctionnement de l’Assemblée des Français de l’étranger, pour les conseillers des Français de l’étranger et pour le dispositif de soutien au tissu associatif des Français à l’étranger (Stafe) soient inscrits dans le programme 151.

Nous constatons un étiolement : il n’y a plus de personnel affecté exclusivement au fonctionnement de l’Assemblée des Français de l’étranger. Les personnes en question figurent simplement dans l’organigramme de la direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire (DFAE).

Le personnel prévu au départ en remplacement de la réserve parlementaire pour servir l’ensemble des activités associatives des Français vivant à l’étranger en est réduit aux moyens et aux objectifs du programme 151.

Pour dire stop, nous souhaitons, en créant un programme spécifique, donner un budget à l’Assemblée des Français de l’étranger et élargir le dispositif Stafe.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Deux raisons conduisent la commission à émettre un avis défavorable sur cet amendement.

D’une part, la création de ce nouveau programme ne répond pas entièrement au souhait exprimé par Jean-Yves Leconte. Les crédits de ce nouveau programme resteraient à la main du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, qui pourrait les affecter à d’autres programmes – même si, j’en conviens, cela introduirait une certaine rigidité dans l’organisation des services du ministère et de la DFAE.

D’autre part, l’article 7 de la Lolf dispose qu’un programme doit concourir à une politique publique définie. Serait-ce bien le cas ? Je n’en suis pas certain. En réalité, l’objectif visé par l’amendement, pour légitime qu’il soit, ne serait pas atteint par l’adoption d’un amendement en loi de finances.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

À périmètre budgétaire constant, la modification de la nomenclature des programmes n’aurait pas d’incidence sur les actions déjà conduites au profit de l’Assemblée des Français de l’étranger. Elle compliquerait beaucoup leur gestion, en la rigidifiant.

Le Gouvernement émet un avis défavorable sur cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1243, présenté par M. Chantrel, Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Yan Chantrel.

Debut de section - PermalienPhoto de Yan Chantrel

Cet amendement vise à créer un pass Culture pour les jeunes Français de l’étranger.

Contrairement aux collégiens et lycéens de France, les jeunes Français établis hors de France n’ont pas accès au pass Culture. Ce dispositif, depuis 2017, favorise l’accès à la culture afin de renforcer et de diversifier les pratiques culturelles des jeunes tout en révélant la richesse culturelle des territoires.

Or, il est essentiel d’entretenir chez les jeunes Français de 15 à 18 ans établis hors de France des liens forts avec la culture française et francophone, à laquelle ils sont, par définition, moins exposés qu’à la culture du pays d’accueil.

Le dispositif du pass Culture pour les jeunes Français de l’étranger doit être ciblé vers des acteurs culturels français établis hors de France, qui en seraient partenaires : alliances françaises, instituts français bien sûr, mais aussi librairies françaises, galeries françaises ou cinémas français.

La création de ce pass Culture pour les jeunes Français de l’étranger vise donc un double objectif : encourager les pratiques culturelles en autonomie des jeunes Français établis hors de France et promouvoir les acteurs culturels français établis hors de France, qui favorisent le rayonnement de notre langue et de notre patrimoine culturel à l’étranger.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Nous comprenons parfaitement l’objectif de cet amendement. Le montant du pass Culture est de 300 euros, et ce dispositif concerne les jeunes de 15 à 18 ans. Ceux-ci sont 100 000 à vivre à l’étranger. Le coût serait donc de 30 millions d’euros, soit dix fois le montant retenu dans cet amendement… Il faudrait préciser les besoins, et se demander si ces crédits devraient être gérés par le ministère de l’Europe et des affaires étrangères ou par le ministère de la culture.

Compte tenu des nombreuses questions encore en suspens, la commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

M. Rachid Temal. J’ai presque cru que l’avis serait favorable, pour une fois…

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Il émet également un avis défavorable tout en rappelant que, pour les jeunes Français à l’étranger, notre réseau culturel, les ambassades, les instituts, les alliances françaises, entre autres, offrent déjà une gamme de services probablement sans équivalent dans le monde, qu’il s’agisse de spectacle vivant ou d’autres domaines – je pense notamment aux très nombreuses médiathèques et bibliothèques que nous aidons.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1241, présenté par M. Chantrel, Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Yan Chantrel.

Debut de section - PermalienPhoto de Yan Chantrel

La multiplication des crises internationales, entre l’épidémie de covid-19 et la crise de l’énergie liée à l’invasion de l’Ukraine, a conduit de nombreuses familles à travers le monde à repenser leurs priorités. Cela n’a pas été sans conséquence sur la mobilité internationale des étudiants. L’attractivité des établissements d’enseignement supérieur français est mise à mal, alors qu’elle avait déjà baissé depuis 2019 avec le décuplement des frais universitaires pour les étudiants extracommunautaires.

Face à ces difficultés, Campus France a plus que jamais besoin de moyens supplémentaires pour attirer davantage et mieux accueillir les étudiants étrangers dans les établissements d’enseignement supérieur français.

C’est pourquoi cet amendement tend à abonder le programme « Diplomatie culturelle et d’influence » de 3 millions d’euros.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

S’il faut accueillir davantage d’étudiants étrangers, il faut d’abord le faire en consommant les crédits de la mission. Or les crédits non consommés, à ce stade de l’année, atteignent un montant supérieur aux 3 millions d’euros demandés – je pense que Mme la ministre le confirmera.

La commission émet donc un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Même avis : en effet, on observe une légère sous-consommation de ces crédits.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° II-1219 rectifié bis, présenté par MM. Le Gleut, Retailleau, Frassa et Bascher, Mme Belrhiti, M. Bouchet, Mme V. Boyer, M. Charon, Mme L. Darcos et MM. D. Laurent, Mouiller, Perrin, Rietmann, Saury et Somon, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Fonds de soutien pour le développement des Chambres de Commerce internationales

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

Fonds de soutien pour le développement des Chambres de Commerce internationales

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Ronan Le Gleut.

Debut de section - PermalienPhoto de Ronan Le Gleut

L’organisation CCI France International regroupe et anime 125 chambres de commerce et d’industrie (CCI) françaises dans 95 pays. Elle est garante de l’appellation « chambres de commerce et d’industrie françaises à l’international » et a pour mission de rassembler, représenter, coordonner et développer le réseau des CCI françaises à l’étranger.

Il s’agit aujourd’hui de renforcer son action et ses moyens, pour en faire le véritable bras armé de notre pays à l’international. Dans un contexte économique tendu, la France se doit de conserver un réseau fort à l’étranger pour accompagner nos entreprises, pour favoriser la coopération et le transfert de savoir-faire entre elles, pour poursuivre un travail de structuration et de consolidation des communautés d’affaires à l’étranger et pour développer la formation de ses collaborateurs.

Pour ce faire, nous proposons, par cet amendement, de créer un fonds de soutien pour le développement du réseau des chambres de commerce et d’industrie françaises à l’international.

L’objectif est de permettre aux directeurs de CCI à l’étranger de bénéficier de formations conformes aux objectifs de la « Team France Export » et visant à renforcer la convergence des méthodes du réseau, de recruter des volontaires internationaux en administration pour renforcer les coordinations régionales, de promouvoir la digitalisation du réseau CCI France International à l’étranger et de favoriser la mise en relation des communautés d’affaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1255, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Fonds de soutien pour le développement des Chambres de Commerce internationales

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

Fonds de soutien pour le développement des Chambres de Commerce internationales

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Lors de mes déplacements, je rencontre systématiquement les représentants des CCI françaises à l’étranger. Ces acteurs économiques sont de véritables soutiens de notre commerce extérieur, qui en a bien besoin, et d’excellents relais de notre équipe France à l’étranger.

Leur réseau pourrait être soutenu, car il subit localement une concurrence très forte, venant souvent de pays amis. Localement, il s’agit souvent des chambres de commerce très anciennes, bien implantées. Elles aident nos entreprises françaises sur les marchés internationaux, par la mise à disposition de locaux ainsi que d’un soutien logistique et administratif, sans parler des missions de formation et d’aide à l’emploi menées auprès des Français de l’étranger et des collaborateurs locaux.

Dans un contexte de plus en plus concurrentiel, où certains de nos partenaires sont également nos adversaires économiques les plus sérieux, cet amendement vise à renforcer notre réseau afin de lui donner les moyens de se développer.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Ces deux amendements visent à créer un programme doté de 2, 5 millions d’euros pour le développement des CCI à l’international.

La commission émet un avis défavorable, pour deux raisons.

D’abord, l’article 7 de la Lolf dispose que les programmes doivent correspondre à des politiques publiques définies. Or la création d’un fonds de soutien ne constitue pas, en elle-même, une politique publique.

La deuxième raison est que ces compétences ne relèvent plus de la mission « Action extérieure de l’État ». Tant la compétence économie, via Business France, que la compétence tourisme, via Atout France, relèvent aujourd’hui de la mission « Économie » et aucune raison ne justifie que les crédits de la diplomatie soient mis à contribution pour financer ce qui relève de la politique économique et d’exportation de la France.

D’où l’avis défavorable de la commission sur ces amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je mets aux voix l’amendement n° II-1219 rectifié bis.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1231, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Au travers de cet amendement, il est proposé d’allouer 2, 5 millions d’euros à notre poste diplomatique à Ouagadougou, afin de reconstruire et de sécuriser les locaux. L’estimation du coût des travaux émane de la direction des immeubles et de la logistique du ministère.

Lorsque notre ambassade et notre institut situés au Burkina Faso ont été attaqués, c’est bien sûr l’image de la France qui était visée, mais c’est aussi le lieu de travail de nos agents qui a été dégradé.

Ces crédits permettraient de garantir à notre personnel des conditions de travail sereines et surtout sécurisées.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

La hausse des crédits demandée n’est pas nécessaire. Le coût des travaux évoqués a été pris en compte dans l’enveloppe des crédits demandés pour l’entretien lourd à l’étranger en 2023.

L’amendement est donc satisfait. Demande de retrait et, à défaut, avis défavorable.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° II-1239, présenté par M. Leconte, Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Jean-Yves Leconte.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Yves Leconte

Cet amendement important vise à doter le programme 151 de 1, 5 million d’euros supplémentaires afin de faciliter l’accès à la Caisse des Français de l’étranger.

La Caisse des Français de l’étranger coûte cher, mais les crédits d’aide sociale sont trop faibles pour pouvoir financer la mesure que je soutiens.

En 2019, le Gouvernement a exclu du droit à la carte Vitale les retraités n’ayant pas cotisé pendant au moins quinze ans en France. En conséquence, de très nombreux Français vivant à l’étranger, notamment des retraités, ne sont plus couverts par l’assurance maladie lorsqu’ils reviennent en France.

Pour un certain nombre de personnes aux revenus trop faibles, l’accès à la Caisse des Français de l’étranger est trop cher. C’est pourquoi, voilà maintenant à peu près vingt ans, la CFE a créé la catégorie aidée, l’État s’engageant alors à financer la moitié de l’effort que cela représentait. Depuis quelques années, il ne le fait plus.

Cet amendement tend à contraindre l’État à poursuivre son accompagnement de la CFE dans sa politique d’ouverture et de financement de la catégorie aidée.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1277, présenté par Mme M. Vogel, MM. Gontard, Benarroche, Breuiller, Dantec, Dossus, Fernique et Labbé, Mme de Marco, MM. Parigi et Salmon et Mme Poncet Monge, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement va dans le même sens. Comme l’a dit Jean-Yves Leconte, l’État prend en charge, au travers de la catégorie aidée de la Caisse des Français de l’étranger, une partie des cotisations des personnes les plus précaires.

Néanmoins, il y a plusieurs problèmes.

D’une part, l’État subventionne très faiblement la CFE, si bien que cette dernière ne peut aider les expatriés précaires. Le PLF prévoit en effet un financement de la CFE par l’État à hauteur de 380 000 euros. C’est ridicule ! Dois-je vous rappeler que la contribution de l’État atteignait 2, 6 millions d’euros il y a quinze ans ? Une somme de 380 000 euros, cela correspond par exemple au prix d’un appartement de 70 mètres carrés à Marseille. Voilà ce que représente la sécurité sociale pour les Français de l’étranger les plus précaires !

D’autre part, si ce montant est ridicule en soi, il l’est encore plus au regard des coûts généraux de la CFE, de l’inflation qui augmente et de la précarisation accrue du public concerné. L’année dernière, 2 156 personnes ont bénéficié de la catégorie aidée de la CFE et le nombre de personnes éligibles devrait encore augmenter en 2023. En gros, cela signifie que cette aide coûte 1 855 euros par personne aidée et que, sur cette somme, le financement de l’État s’élève à 176 euros.

Dans contexte, le présent amendement vise à augmenter le financement de la CFE par l’État, afin de faire face à la hausse du coût de la catégorie aidée. L’État doit renforcer son intervention moyenne par personne aidée, les aides doivent être adaptées à l’inflation et, tout simplement, l’État doit tenir ses engagements.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

La Caisse des Français de l’étranger est une caisse de sécurité sociale, c’est-à-dire un organisme privé assurant une mission de service public.

Depuis 2002, la CFE assure la prise en charge des Français résidant hors de l’espace européen dont les revenus sont inférieurs à 50 % du plafond de la sécurité sociale.

Ce dispositif fait l’objet d’un abondement de 380 000 euros de la part de l’État. Les auteurs des amendements proposent de multiplier cet abondement par cinq. Cela nous paraît excessif.

La commission émet donc un avis défavorable sur ces amendements.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1226, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Cet amendement vise à doubler les crédits alloués aux organismes locaux d’entraide et de solidarité (Oles).

En 2023, 91 associations locales bénéficieront d’une dotation de 1, 4 million d’euros, identique à celle de 2022. Nous le savons d’ores et déjà, cette dotation n’est pas suffisante, pour deux raisons.

D’une part, l’expérience le montre : les consommations de crédits se sont élevées à 2, 17 millions d’euros en 2020 et à 1, 7 million d’euros en 2021.

D’autre part, on peut prévoir que l’extinction du dispositif de secours occasionnel de solidarité, versé par les conseils consulaires pour la protection et l’action sociale pendant la pandémie, entraînera le report des demandeurs d’aide sociale vers les Oles. En outre, il faut anticiper l’inflation et la baisse du cours de l’euro, sur lequel reposent les aides sociales.

Je viens de faire la démonstration, je crois, que ces crédits étaient insuffisants. Nous proposons de les doubler pour obtenir non pas une enveloppe a minima, dans laquelle nous essayerions de faire entrer les besoins des familles, mais une enveloppe qui réponde effectivement à ces besoins.

Nous avons soutenu nos compatriotes pendant la crise sanitaire. Nous ne pouvons les abandonner face à la crise économique mondiale qui en résulte.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Sur cet amendement, l’avis de la commission sera identique à ceux qui ont été émis sur les autres amendements relatifs à l’aide sociale.

Sur l’enveloppe de 1, 4 million d’euros prévue pour 2022, 1, 2 million d’euros avaient été consommés au 1er décembre 2022 ; les crédits paraissent donc suffisants.

Cela étant dit, les crédits d’aide sociale, qu’ils relèvent des Oles ou non, mériteraient d’être réexaminés dans le courant de l’année 2023 au regard de la situation sociale réelle dans le monde, à l’occasion d’un éventuel projet de loi de finances rectificative. Ils pourraient être, ainsi, adaptés à la réalité des besoins.

Avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Même avis : les crédits ont été suffisants en 2022 et le nombre de demandes de subvention a diminué cette année, avec 103 demandes contre 149 l’année précédente.

Avis défavorable.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1229, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Yan Chantrel.

Debut de section - PermalienPhoto de Yan Chantrel

Cet amendement vise à soutenir, à hauteur de 1 million d’euros supplémentaires, nos alliances françaises, qui subissent encore fortement les effets de la crise sanitaire, à laquelle s’ajoute désormais la crise économique et énergétique.

Les alliances françaises sont, vous le savez, des associations de droit local privé, autofinancées à 90 % par des cours de français. Elles bénéficient également de subventions publiques pour l’organisation d’événements culturels.

Après les confinements successifs, leurs ressources propres ont été affaiblies, à tel point que la survie de certains établissements s’en trouve menacée.

En outre, les alliances sont aujourd’hui en situation de concurrence avec des organismes d’enseignement en ligne, qui sont nés et se sont multipliés pendant les confinements.

Avant de penser éventuellement au développement de nouvelles alliances, ne devrions-nous pas aider et consolider celles qui existent déjà, traversent des difficultés et tentent de survivre ?

C’est pourquoi nous proposons de flécher 1 million d’euros de crédits supplémentaires vers les alliances françaises.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Cet amendement tend à augmenter de 1 million d’euros les crédits en faveur des alliances françaises.

Or, pour le moment, les crédits de 2022, d’un montant égal à ceux qui sont prévus pour 2023, sont loin d’avoir été consommés entièrement : au 1er décembre 2022, sur les 4, 5 millions d’euros engagés, seuls 3, 9 millions d’euros avaient été consommés.

Il ne nous semble donc pas nécessaire d’augmenter de 1 million d’euros les crédits des alliances françaises ; il faudrait déjà consommer l’ensemble des crédits budgétés.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1230, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Avec 28 millions d’euros, la subvention allouée à l’Institut français en 2023 est stable.

Si cet établissement n’a pas la responsabilité de l’animation du réseau culturel français à l’étranger, il apporte son concours aux 94 instituts répartis dans le monde pour l’organisation des événements culturels à l’étranger.

Or ces organismes ont été fortement affectés par les crises sanitaire et économique. Les confinements ont eu pour conséquence une baisse de leur activité d’enseignement, qui a pesé sur les ressources propres. À cela s’ajoutent des factures énergétiques en hausse, qui risquent d’aggraver des trésoreries déjà fortement fragilisées.

Le soutien de l’Institut français, à Paris, ne pourra que renforcer les activités culturelles et l’image des instituts locaux, et attirer de nouveau des publics dont ils ont grand besoin. De plus, depuis la sortie de la pandémie, l’augmentation de la demande dans le secteur culturel et artistique est exponentielle. Les artistes français ont été empêchés de travailler pendant de longs mois. Or, pour beaucoup, aller à l’étranger fait partie de leur mission.

Cette subvention exceptionnelle permettrait à la fois d’accroître la visibilité des artistes français à l’échelle internationale et de soutenir l’activité culturelle locale, en mettant en lumière le travail des artistes locaux. La scène française participe, dans le monde entier, à la promotion de nos valeurs, telles que la liberté d’expression et de circulation, dont nous avons grandement besoin aujourd’hui.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Le présent amendement tend à augmenter la subvention en faveur de l’Institut français et de l’ensemble des instituts du réseau.

Autant il ne nous paraît pas nécessaire d’augmenter la subvention de l’Institut français par rapport au projet de budget, la stratégie étant plutôt d’inciter cet organisme à développer ses ressources propres, autant la question de la dotation de fonctionnement des instituts français à travers le monde se pose. En effet, nous avons vu que, malgré des recettes qui progressent de manière dynamique, ces établissements enregistrent des déficits qui doivent susciter notre vigilance, sont confrontés à l’inflation et font face à des charges de personnel en hausse.

Aussi, nous souhaitons connaître l’avis du Gouvernement sur les risques financiers auxquels sont exposés ces instituts ainsi que sur l’opportunité d’augmenter de 1 million d’euros les crédits qui leur sont consacrés.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

La trésorerie des instituts français constitue effectivement un point de vigilance. Elle a souffert, un peu partout dans le monde, de deux années de pandémie, qui ont bien souvent réduit les activités de ces organismes, les empêchant d’engranger leurs recettes habituelles.

Néanmoins, la tendance est désormais meilleure, les recettes étant reparties à la hausse, avec notamment un recours plus systématique au numérique.

Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement, mais il suivra ce dossier avec une vigilance particulière.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1235, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

La France bénéficie d’un vivier important de volontaires internationaux en administration (VIA), qui font un service civique auprès des services de l’État français à l’étranger : consulats, ambassades, missions économiques ou services de coopération et d’action culturelle.

Pour ces jeunes de 18 à 28 ans, qui bénéficient ainsi d’une première et solide expérience professionnelle à l’étranger, il s’agit souvent d’une très belle opportunité, mais, avec la crise économique, le pouvoir d’achat de ces volontaires, notamment en Amérique du Nord, est affecté par l’inflation et des taux de change très défavorables.

Il devient très difficile pour ces VIA de se loger, de se nourrir, de se chauffer, de se déplacer. Certains sont forcés de déménager dans des quartiers lointains, où la sécurité n’est pas optimale, ce qui engendre en outre des frais de déplacement supplémentaires. Le moral s’en ressent, avec une perte de motivation et l’arrêt prématuré de certains contrats, ce qui déséquilibre le travail des services.

Si l’indemnité supplémentaire des volontaires internationaux a été revalorisée le 1er octobre dernier en Amérique du Nord, elle semble encore insuffisante. La proposition de réévaluation du barème des VIA et des volontariats internationaux en entreprise (VIE) figurant dans ce projet de loi de finances est une bonne mesure, mais cette réévaluation devrait être encore plus soutenue encore.

Tel est l’objet de cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

La rémunération d’un volontaire international en administration est composée de deux éléments : une part fixe et une part variable, laquelle est réévaluée tous les trois mois en fonction de la nature de la mission, du taux de change et de l’inflation.

Cet amendement est donc satisfait par le droit en vigueur. Avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Nous avons revalorisé ces crédits de 1, 6 million d’euros cette année, pour tenir compte précisément de la hausse de l’inflation et, souvent, du coût du logement. Avis défavorable également.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de trois amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

Les deux premiers sont identiques.

L’amendement n° II-1217 rectifié est présenté par MM. Le Gleut, Frassa et Bascher, Mme Belrhiti, M. Bouchet, Mme V. Boyer, M. Charon, Mme L. Darcos et MM. D. Laurent, Mouiller, Perrin, Rietmann, Saury et Somon.

L’amendement n° II-1276 rectifié est présenté par Mme M. Vogel, MM. Gontard, Benarroche, Breuiller, Dantec, Dossus, Fernique et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Ronan Le Gleut, pour présenter l’amendement n° II-1217 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Ronan Le Gleut

Les conseillers des Français de l’étranger et les conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger sont élus au suffrage universel. Ils ne touchent pas d’indemnité, ils sont bénévoles.

Seulement, voilà : dans l’exercice de leur mandat, ils supportent évidemment des frais de déplacements, ne serait-ce que pour participer à un conseil d’école dans un lycée français à l’étranger. Une partie modique de ces frais de mandat est couverte.

L’inflation actuelle est tellement absurde que, parce que les frais de déplacement et les nuitées d’hôtel ne sont pas couverts, certains conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger, donc élus au suffrage universel, qui sont appelés à siéger à Paris deux fois par an – en général, pendant une semaine au mois de mars et pendant une semaine au mois d’octobre –, refusent de faire le déplacement, alors qu’ils sont élus pour cela ! C’est une absurdité démocratique !

C’est pourquoi cet amendement vise à permettre à ces représentants d’exercer le mandat pour lequel ils ont été élus démocratiquement, en prévoyant que la République prend en charge, par exemple, leurs billets d’avion.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à Mme Mélanie Vogel, pour présenter l’amendement n° II-1276 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Je partage les propos de mon collègue Ronan Le Gleut.

J’ajouterai que le fait de rendre possible l’exercice du mandat par les élus est aussi une question de justice sociale et d’égalité devant la capacité à concourir à des mandats électifs.

Si le dédommagement ne couvre pas les frais, si, quand il faut s’absenter une semaine deux fois dans l’année, l’indemnisation n’est pas satisfaisante, alors seulement quelques personnes – celles qui ont des revenus très importants, qui bénéficient de conditions socio-économiques qui le permettent, celles qui n’ont pas de travail, pas de famille ou qui peuvent demander à un tiers de prendre soin de leurs enfants – pourront candidater aux élections et représenter les Français de l’étranger.

Or nos compatriotes à l’étranger élisent des personnes diverses qui les représentent dans leur diversité, des personnes issues de tous les milieux et de toutes les catégories socioprofessionnelles.

C’est une question d’égalité devant la démocratie, c’est un principe républicain que de permettre à toute personne élue d’exercer son mandat convenablement.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1143, présenté par M. Bansard et Mme Renaud-Garabedian, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Évelyne Renaud-Garabedian.

Debut de section - PermalienPhoto de Évelyne Renaud-Garabedian

J’ajoute aux propos de mes collègues qu’un rapport a été publié récemment par Mme Warda Souihi à l’Assemblée des Français de l’étranger sur les moyens et les conditions de travail des conseillers des Français de l’étranger. Il précise que ces conseillers sont les seuls élus de la République à se trouver dans cette situation.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Les auteurs de ces amendements évoquent la situation dans laquelle le niveau des indemnités de déplacement serait trop faible pour couvrir les frais véritablement engagés par des élus bénévoles.

D’une part, cette situation ne saurait concerner que les conseillers membres de l’Assemblée des Français de l’étranger, puisque les conseillers consulaires disposent, le cas échéant, d’une dotation complémentaire qui permet de rembourser la différence entre les frais de déplacement engagés et un taux forfaitaire fixé par décret.

D’autre part, cette situation, si elle existe, doit être relativement marginale. En tout état de cause, elle ne saurait justifier à elle seule d’augmenter de 535 000 euros les crédits dédiés aux indemnités, ce qui correspond à une augmentation de 25 % des crédits demandés.

Par ailleurs, les modalités d’indemnisation des conseillers des Français de l’étranger relèvent formellement du domaine réglementaire. Aussi, l’amendement, s’il était adopté, n’aurait pas directement pour effet d’augmenter le montant des indemnités.

Pour toutes ces raisons, l’avis de la commission est défavorable sur ces trois amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je mets aux voix les amendements identiques n° II-1217 rectifié et II-1276 rectifié.

Les amendements sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

En conséquence, l’amendement n° II-1143 n’a plus d’objet.

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° II-1141, présenté par Mme Renaud-Garabedian et M. Bansard, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Évelyne Renaud-Garabedian.

Debut de section - PermalienPhoto de Évelyne Renaud-Garabedian

Les Françaises vivant à l’étranger qui sont victimes de violences conjugales ne bénéficient d’aucune aide financière et sont orientées par les consulats vers des structures d’accueil, qui sont liées à des associations.

Il faut se garder des idées reçues sur le confort des expatriés : l’éloignement géographique peut être un déclencheur des violences conjugales. En effet, il accroît l’isolement économique et social : absence de compte bancaire personnel, dépendance financière, éloignement des amis, de la famille et des proches, méconnaissance de la langue locale… Dans certains cas, ces femmes n’ont pas le droit de travailler, faute de visa.

Le présent amendement vise ainsi à créer une aide à destination des victimes françaises de violences conjugales à l’étranger. Une telle aide leur permettrait de quitter le domicile conjugal et de rebondir localement s’il est impossible de quitter le pays, par exemple du fait des enfants ou d’une procédure judiciaire en cours, ou bien de regagner la France, en finançant le billet d’avion pour elles et leurs enfants.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1269, présenté par Mme M. Vogel, MM. Gontard, Benarroche, Breuiller, Dantec, Dossus, Fernique et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Soutien aux femmes victimes de violences conjugales et formation

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

Soutien aux femmes victimes de violences conjugales et formation

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement va dans le même sens. Il tend à doter de 500 000 euros un fonds à destination des victimes de violences conjugales à l’étranger.

Les Françaises qui vivent à l’étranger et qui sont victimes de violences conjugales se retrouvent dans des situations de précarité encore plus importantes que celles qui vivent en France.

Quand elles sont mariées à un ressortissant du pays, qui maîtrise le droit, qui est capable de les forcer à rester sur place, qui peut obtenir la garde des enfants si elles n’ont pas accès à un avocat, quand elles ne parlent pas la langue du pays, elles vivent des situations dramatiques. Certaines femmes, victimes de violences, sont ainsi parfois contraintes de rester dans le pays dans lequel elles vivent, faute de pouvoir rapatrier leurs enfants avec elles. Un conseil juridique leur fait cruellement défaut.

Pour toutes ces raisons, nous considérons que cette ligne budgétaire est importante. La lutte contre les violences conjugales fait partie des priorités affichées du Gouvernement pour la France métropolitaine. Les Françaises qui vivent à l’étranger méritent la même attention.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Le sujet soulevé par les auteurs de ces amendements représente une préoccupation majeure.

Néanmoins, nous nous interrogeons sur les marges de manœuvre concrètes dont disposent aujourd’hui les postes consulaires pour financer de telles opérations. Les membres de la commission des finances ne sont pas omniscients. Sur cette question, nous sollicitons l’avis du Gouvernement.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

L’avis du Gouvernement sera défavorable pour plusieurs raisons.

Premièrement, des aides sociales sont d’ores et déjà attribuées, sous conditions de ressources, à toute personne en difficulté à l’étranger. Je pense notamment à l’allocation à durée indéterminée, qui peut être octroyée à nos ressortissants en difficulté à la suite d’une séparation résultant d’un conflit familial lié ou non à des violences intrafamiliales. Un secours mensuel peut également être accordé aux enfants.

Deuxièmement, les Françaises et Français en situation de difficulté à l’étranger peuvent solliciter les Oles.

Troisièmement, lorsque la situation le nécessite, le pôle rapatriement intervient, en lien avec le bureau de la protection des mineurs et de la famille, pour faciliter le retour en France et la réinsertion des personnes victimes de violences conjugales et intrafamiliales.

Enfin, pour ce qui concerne la difficulté pour les victimes de financer leur retour en France, le soutien de mon ministère se traduit par la prise en charge financière des titres de transport et des formalités administratives de retour pour la victime, le cas échéant accompagnée de ses enfants, lorsque toutes les autres solutions recherchées ont été infructueuses.

Pour toutes ces raisons, je le répète, avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à Mme Évelyne Renaud-Garabedian, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Évelyne Renaud-Garabedian

Madame la ministre, j’entends ce que vous dites, mais je vous mets au défi de me présenter une femme en difficulté, victime de violences familiales, qui aurait réussi à obtenir un billet d’avion pour rentrer en France avec ses enfants ou qui aurait touché une aide quelconque, susceptible de l’aider à subvenir à ses besoins ainsi qu’à ceux de sa famille.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

En conséquence, l’amendement n° II-1269 n’a plus d’objet.

L’amendement n° II-1278, présenté par Mme M. Vogel, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Accompagnement des Français établis hors de France face à la dématérialisation

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

Accompagnement des Français établis hors de France face à la dématérialisation

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Cet amendement vise à créer un programme pour accompagner les Français établis hors de France face à la dématérialisation des services consulaires.

Ne vous méprenez pas, je ne suis pas opposée à la dématérialisation, bien au contraire : cette modernisation permet, entre autres, un meilleur accès de tous aux services proposés. Pour les expatriés et les personnes qui vivent à l’étranger, il peut être très utile, c’est vrai, d’effectuer des demandes en ligne rapidement et efficacement ; cela peut éviter de longs déplacements, jusqu’à des postes qui sont parfois très éloignés du logement.

Nous devons veiller néanmoins à ce que cette dématérialisation ne soit pas un facteur d’exclusion. En tant que sénatrice des Français de l’étranger, j’entends de nombreuses personnes me faire part de leurs problèmes et de leurs craintes, et j’échange avec elles. Parmi elles, les personnes âgées qui ne maîtrisent pas les nouvelles technologies, qui ont du mal à se connecter ou qui vivent éloignées des postes principaux sont particulièrement vulnérables si la dématérialisation ne fait pas l’objet d’un programme d’accompagnement à leur attention.

Notre proposition est donc simple : il s’agit de créer un programme « Accompagnement des Français établis hors de France face à la dématérialisation », afin que les personnes qui souhaitent se rendre physiquement dans les consulats, quelle qu’en soit la raison, puissent trouver une assistance.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

C’est un sujet majeur. Sur le territoire national, nombre de dispositifs tiennent compte de la nécessité d’accompagner nos compatriotes dans leurs démarches dématérialisées.

Toutefois, nous sommes défavorables à cet amendement pour deux raisons.

La première est que la création d’un tel programme n’est pas conforme à l’article 7 de la Lolf, selon lequel un programme doit porter sur une politique publique définie, ce qui n’est pas le cas en l’occurrence.

La seconde est que le ministère dispose déjà de toute latitude pour mettre en œuvre des opérations visant à renforcer l’inclusion numérique des Français établis hors de France. Bien sûr, il peut toujours amplifier ses dispositifs et ses interventions – nous l’invitons d’ailleurs à le faire –, mais, pour ces deux raisons, la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Le Gouvernement est également défavorable à cette proposition.

Nous sommes évidemment attachés à rendre accessibles nos services consulaires à tous les publics. C’est d’ailleurs ce que nous faisons : d’abord, nous mettons en place de France Consulaire, un service de réponse téléphonique qui se déploie progressivement dans un nombre croissant de pays ; ensuite, un service d’accueil téléphonique et des bornes informatiques sont en place dans de nombreux consulats et nous renforçons ces dispositifs ; enfin, dans la plupart des consulats, il est possible de prendre des rendez-vous, lorsqu’une personne a besoin d’un accueil particulier ou d’un accompagnement personnalisé.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1271, présenté par Mme M. Vogel, MM. Gontard, Benarroche, Breuiller, Dantec, Dossus, Fernique et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Rapatriements d’urgence pour les interruptions volontaires de grossesse

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

Rapatriements d’urgence pour les interruptions volontaires de grossesse

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Encore quinze États dans le monde interdisent complètement l’accès à l’interruption volontaire de grossesse (IVG). Dans de nombreux autres, y compris en Europe, cet accès est limité à certains cas : viol, inceste, malformation du fœtus ou danger pour la vie de la mère. En outre, même lorsque l’avortement est légal, certains professionnels de santé refusent de pratiquer l’IVG pour des raisons religieuses, morales ou autres – je pense en particulier à l’Italie –, ce qui laisse des milliers de femmes dans un état de détresse.

Il faut savoir que 72 % des personnes ayant avorté étaient sous contraception et qu’une femme ou personne menstruée sur trois a avorté ou avortera dans sa vie, que ce soit en France ou à l’étranger.

Les Françaises qui vivent à l’étranger doivent pouvoir être rapatriées en France en cas d’urgence afin de pouvoir bénéficier de leur droit fondamental à disposer de leur corps.

Imaginez qu’on laisse une Française au Brésil à douze semaines de grossesse sans aucune aide et dans l’impossibilité de payer un billet d’avion à un prix exorbitant pour respecter le délai de quatorze semaines. Cela n’est pas acceptable.

C’est pourquoi je vous propose de prévoir un budget de 500 000 euros pour assurer le rapatriement sanitaire exceptionnel de toute personne française résidant à l’étranger qui le demande afin de réaliser une interruption volontaire de grossesse en France.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Cet amendement vise à créer un programme pour financer le rapatriement de femmes de nationalité française qui veulent réaliser une IVG, quand ce n’est pas possible dans leur pays de résidence.

Je pense que la question doit être prise très au sérieux, en particulier dans le contexte actuel où beaucoup de pays débattent de l’accès à l’interruption volontaire de grossesse.

Néanmoins, faut-il créer un programme budgétaire pour cela, sachant que la Lolf prévoit qu’un programme doit correspondre à une politique publique spécifique et que cette manière de faire pourrait révéler aux autorités du pays de résidence le motif du rapatriement ?

Les moyens dont disposent les postes diplomatiques pour accompagner les personnes nécessitant un rapatriement d’urgence suffisent-ils ou devraient-ils être abondés sans que soit pour autant créé un programme spécifique indiquant le motif du rapatriement ?

La commission demande l’avis du Gouvernement sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Je rappelle en préambule que la règle en matière de rapatriement est de rechercher le financement par l’intéressé ou ses proches, ou de verser une avance remboursable.

Pour mémoire, sur la page 32 du passeport français figure ceci : « Les postes diplomatiques et consulaires français ne prennent pas en charge les frais de séjour et de rapatriement. »

Je comprends ce qui motive cet amendement, mais il serait particulièrement inéquitable de réserver de nouvelles dispositions aux personnes qui recherchent un rapatriement pour interruption volontaire de grossesse et de ne pas faire de même pour des compatriotes atteints de pathologies graves qui pourraient également avoir besoin de se faire soigner en France.

Le dispositif actuel nous paraît suffisant. La mise en place d’un rapatriement sanitaire d’urgence est possible, bien qu’exceptionnelle, et est décidée après instruction du dossier sur une base individuelle au regard de la situation médicale du patient. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement est défavorable à cet amendement.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1216 rectifié, présenté par MM. Le Gleut, Frassa et Bascher, Mme Belrhiti, M. Bouchet, Mme V. Boyer, M. Charon, Mme L. Darcos et MM. D. Laurent, Mouiller, Perrin, Rietmann, Saury et Somon, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Ronan Le Gleut.

Debut de section - PermalienPhoto de Ronan Le Gleut

L’Assemblée des Français de l’étranger ne dispose pas d’un budget suffisant pour fonctionner correctement.

Cet amendement a donc trois objets principaux.

Tout d’abord, améliorer les conditions de travail des conseillers à l’Assemblée des Français de l’étranger, en renforçant le secrétariat d’icelle. Il conviendrait que chaque commission de l’AFE dispose d’un secrétariat chargé des rapports et des études sur les sujets qui les concernent.

Ensuite, il s’agit de dégager un budget plus important pour la formation des conseillers à l’AFE et des conseillers des Français de l’étranger.

Enfin, il s’agit d’offrir une cellule d’expertise et d’assistance pour les conseillers des Français de l’étranger.

Cette augmentation de crédits permettra aux élus représentant les Français établis hors de France d’effectuer leur mission de représentation dans de bien meilleures conditions qu’à l’heure actuelle.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

La commission est défavorable à cet amendement, parce que l’augmentation ainsi proposée correspond à une multiplication par 2, 5 des crédits de fonctionnement de l’Assemblée des Français de l’étranger. Une telle augmentation nous paraît constituer un changement d’échelle qui relève davantage d’un débat sur cette assemblée que d’une loi de finances.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Le Gouvernement est également défavorable à cet amendement.

Je tiens à rappeler que la formation des élus est assurée au moyen d’initiatives prises par la direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire et des services de formation du ministère de l’Europe et des affaires étrangères et qu’il n’y a pas à ce jour de difficultés connues de financement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1270, présenté par Mme M. Vogel, MM. Gontard, Benarroche, Breuiller, Dantec, Dossus, Fernique et Labbé, Mme de Marco, M. Parigi, Mme Poncet Monge et M. Salmon, est ainsi libellé :

I. – Créer le programme :

Kits d’information pour les personnes LGBT+

II. – En conséquence, modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

Kits d’information pour les personnes LGBT+

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Mélanie Vogel.

Debut de section - PermalienPhoto de Mélanie Vogel

Dans 69 pays sur 193, l’homosexualité est interdite. Si l’on est gay, lesbienne, bisexuel, transgenre ou intersexe, ce qui est le cas d’un certain nombre de nos compatriotes à l’étranger, on risque des amendes, la prison, des thérapies forcées, de la violence, voire, dans de nombreux pays, la peine de mort.

Lorsque l’on ne risque pas sa sécurité ou la mort, on subit de nombreuses discriminations – interdiction de se marier, non-reconnaissance du mariage ou du lien parental avec ses enfants, etc. En Russie, en Pologne, en Hongrie, dans certains États des États-Unis et ailleurs, il est parfois simplement interdit d’évoquer son existence.

Cela conduit de nombreux Français vivant hors de France à cacher le fait qu’ils font partie de la communauté LGBTQIA+ afin de ne pas vivre ces discriminations et ces violences.

La France se doit de protéger tous ses citoyens et de prendre en compte leurs besoins spécifiques. Aujourd’hui, les Français LGBTQIA+ s’expatriant doivent se renseigner par eux-mêmes pour savoir s’ils pourront être accueillis dignement, si leur identité est considérée comme illégale, si leur partenaire pourra être inscrit sur le contrat de location, si leur conjoint pourra être enregistré au consulat ou encore s’ils peuvent faire état de leur situation devant les services d’immigration – autant de questions de la vie quotidienne.

Ces informations ne sont pas disponibles dans les consulats, ce qui n’est pas normal.

C’est pourquoi cet amendement tend à financer la mise à disposition d’un kit d’information pour les Français de l’étranger qui en ont besoin.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Cet amendement vise à créer un programme. Or il nous semble que les actions proposées présentent un caractère très ponctuel et circonscrit et, dès lors, ne peuvent pas être regardées comme constituant une politique publique au sens de l’article 7 de la Lolf – nous avons déjà évoqué cette question.

Par ailleurs, l’action prévue – élaborer un kit d’information par pays – nous paraît largement finançable par le ministère dans le cadre de son budget.

L’avis de la commission est donc défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

La politique des droits de l’homme de mon ministère réserve une place importante à la défense des droits des LGBT+. D’ailleurs, comme vous le savez, madame la sénatrice, je viens de nommer un ambassadeur spécifiquement chargé de cette question.

Je précise également que des fiches de conseils aux voyageurs sont disponibles et accessibles à tous sur France Diplomatie. Ces fiches contiennent systématiquement l’ensemble des informations nécessaires sur le statut des personnes, les éventuelles difficultés qui peuvent exister et les restrictions que pratiquent certains pays.

Avis défavorable également.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1005 rectifié bis, présenté par M. Cadic, Mme Billon, MM. Canévet et Chasseing, Mmes Garriaud-Maylam, Guidez et Herzog, MM. Hingray, Laugier, Lemoyne, Le Nay, Levi et Moga et Mmes Perrot, Ract-Madoux, Saint-Pé et Sollogoub, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Olivier Cadic.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1005 rectifié bis est retiré.

L’amendement n° II-1232, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Action de la France en Europe et dans le monde

dont titre 2

Diplomatie culturelle et d’influence

dont titre 2

Français à l’étranger et affaires consulaires

dont titre 2

TOTAL

SOLDE

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Cet amendement vise à apporter une aide exceptionnelle à l’AEFE pour soutenir les deux établissements scolaires français du Burkina Faso.

Compte tenu de la situation sécuritaire de ce pays, qui s’est dégradée depuis le coup d’État militaire, la situation est de plus en plus difficile pour nos ressortissants. La diffusion de RFI a même été interdite.

Il faut donc anticiper une éventuelle baisse des effectifs des établissements scolaires, baisse qui ferait supporter aux autres familles une augmentation des frais de scolarité, ce qui serait inconcevable.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

La commission est défavorable à cet amendement.

Sans nier la situation très particulière du Burkina Faso, il nous semble que, si une aide est nécessaire, le budget de l’AEFE pourra absorber un montant si faible ; on parle de 100 000 euros. Un amendement spécifique nous paraît donc inutile.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

L’avis du Gouvernement est également défavorable.

Je sais que Mme Conway-Mouret se préoccupe des besoins immobiliers des établissements scolaires et des ambassades. Je souhaite l’en remercier, mais aussi la rassurer : nous avons identifié les dégâts et le ministère et l’AEFE ont déjà pris des mesures pour les réparer. Nous continuerons de le faire avec les moyens habituels de gestion de crise.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Action extérieure de l’État », figurant à l’état B

Je n’ai été saisi d’aucune demande d’explication de vote avant l’expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits, modifiés.

Les crédits sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Nous allons procéder à l’examen de l’amendement portant sur les objectifs et indicateurs de performance de la mission « Action extérieure de l’État », figurant à l’état G.

Action extérieure de l’État

Promouvoir le multilatéralisme et agir pour une Europe souveraine, unie, démocratique (105)

Optimiser l’effort français en faveur du maintien de la paix (105)

Renforcer la qualité et l’efficience du service consulaire (151)

Délais de traitement des documents administratifs et des demandes de titres (151)

105 - Action de la France en Europe et dans le monde

Assurer un service diplomatique efficient et de qualité

Efficience de la fonction achat

Efficience de la gestion immobilière

Respect des coûts et délais des grands projets d’investissement

Promouvoir le multilatéralisme et agir pour une Europe souveraine, unie, démocratique [Stratégique]

Dossiers préparés dans le cadre des échéances européennes et des échanges bilatéraux

Optimiser l’effort français en faveur du maintien de la paix [Stratégique]

Promouvoir les objectifs environnementaux à l’international

Renforcer la sécurité internationale et la sécurité des Français

Accroître la sécurité de la France au travers de celle de nos partenaires

Veiller à la sécurité des Français à l’étranger

151 - Français à l’étranger et affaires consulaires

Renforcer la qualité et l’efficience du service consulaire [Stratégique]

Délais de traitement des documents administratifs et des demandes de titres [Stratégique]

Nombre de documents délivrés par ETPT

Simplifier les démarches administratives

Dématérialisation des services consulaires

185 - Diplomatie culturelle et d’influence

Accroître la performance du dispositif d’aide à l’export

Accompagnement des acteurs économiques

Développer l’attractivité de la France

Attractivité de l’enseignement supérieur et de la recherche

Attractivité de la France en termes d’investissements

Dynamiser les ressources externes

Autofinancement et partenariats

Renforcer l’influence culturelle, linguistique et éducative de la France

Diffusion de la langue française

Enseignement français et coopération éducative

Présence de la culture et des idées françaises à l’étranger

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1246, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 21

Insérer un alinéa ainsi rédigé :

Déploiement du service « France Consulaire »

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Pour compenser la suppression des standards téléphoniques dans les postes consulaires, le Gouvernement a fait le choix de l’externalisation, via la création de la plateforme de réponse aux appels et courriels France Consulaire.

Durant la phase d’expérimentation, l’outil semble avoir donné satisfaction, mais il reste perfectible, car le retour d’expérience fait état de certaines réponses inexactes données par les téléconseillers du prestataire, faute de formation suffisante.

Le déploiement prévu de ce service dans tous les pays de l’Union européenne nécessite de s’assurer de sa qualité, puisqu’il sera demain le seul moyen pour les usagers d’obtenir des réponses à leurs questions.

Cet amendement vise donc à créer un nouvel indicateur intitulé « Déploiement du service France Consulaire » pour relater précisément la durée moyenne de réponse aux appels et aux courriels, le taux de transmission des questions au deuxième pôle d’encadrement, ainsi que le taux de satisfaction au regard de l’exactitude des renseignements prodigués.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Le service France Consulaire est une expérimentation récente, qui semble donner satisfaction, même si son déploiement dans l’ensemble des pays d’Europe pose quelques difficultés.

La création d’un indicateur nous paraît tout à fait pertinente : cela contribuerait à l’information du Gouvernement et du Parlement.

La commission est donc favorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Le Gouvernement est défavorable à cet amendement.

Le service France Consulaire couvre aujourd’hui seize pays et il se déploiera dans six nouveaux pays d’ici à la fin de l’année, après intégration et formation d’effectifs complémentaires.

Toutefois, ce service ne constitue pas le seul moyen de répondre aux questions des usagers, bien au contraire. France Consulaire permettra d’ailleurs aux agents des consulats de dégager du temps, ce qui améliorera leur accessibilité. Souhaitons-le pour nos compatriotes.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Baptiste Lemoyne

En ce qui concerne cet amendement, je crois que l’indicateur qui est proposé est intéressant et que nous pouvons d’autant plus l’insérer dans le projet de loi que les résultats sont bons !

Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour dire que les prochains mois devront nous permettre de mettre en œuvre les engagements pris par le Président de la République pendant la campagne électorale vis-à-vis des Français de l’étranger. Je pense notamment au pass Culture, au passe pour la langue française – l’amendement qu’Olivier Cadic vient de retirer pour ne pas allonger nos débats allait dans ce sens – ou à la résidence de repli ou d’attache, selon le terme que chacun préférera utiliser.

Il me semble important que nous progressions sur ces sujets dans la perspective du PLF pour 2024.

Pour cela, nous devrons peut-être faire évoluer certaines organisations. Je crois en tout cas que nous devons développer une vision interministérielle de tous ces sujets. La direction des Français à l’étranger et de l’administration consulaire est d’ailleurs chargée, selon le décret portant organisation de l’administration centrale du ministère, de veiller à la protection des droits et des intérêts des Français hors de France et de concourir à la définition et à la mise en œuvre des règles de droit qui leur sont applicables, notamment en matière fiscale ou sociale. Cette direction a donc tout son rôle à jouer dans les chantiers que j’évoquais à l’instant.

Enfin, je crois que nous devons faire pleinement confiance aux élus des Français de l’étranger, notamment en ce qui concerne le dispositif de soutien au tissu associatif des Français à l’étranger : ce sont des atouts, non des contraintes environnementales…

En tout cas, je voterai cet amendement.

MM. Olivier Cadic et André Gattolin applaudissent.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Mes chers collègues, si nous voulons respecter les durées de discussion prévues par la conférence des présidents, je vous demande de vous en tenir, lors de vos explications de vote, au sujet des amendements en discussion…

La parole est à M. le rapporteur pour avis.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Sido

Nous avons interrogé les services du ministère sur la mise en œuvre de France Consulaire. C’est certes un grand succès, mais ce service ne pourra se développer qu’en fonction du budget qui lui sera alloué ; c’est ce qui nous a été indiqué…

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

J’appelle en discussion l’article 41 A, qui est rattaché pour son examen aux crédits de la mission « Action extérieure de l’État », ainsi que les amendements portant articles additionnels avant et après cet article.

Action extérieure de l ’ État

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1245, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Avant l’article 41 A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Gouvernement remet au Parlement, avant le 30 septembre 2023, un rapport évaluant les besoins du parc immobilier de l’État à l’étranger en matière de rénovation énergétique. Il estime le coût pluriannuel du respect des obligations fixées par le décret n° 2019-771 du 23 juillet 2019 relatif aux obligations d’actions de réduction de la consommation d’énergie finale dans des bâtiments à usage tertiaire.

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Je sais que le Sénat n’aime pas beaucoup les demandes de rapport, mais il s’agit d’un sujet important.

La rénovation énergétique de notre parc immobilier à l’étranger est un angle mort du plan de relance, qui a pourtant alloué 4 milliards d’euros aux bâtiments de l’État.

Le rapport que je demande sera l’occasion pour le ministère de rassembler toutes les données et de mener un travail de prospective sur les besoins. Ce travail se révélera très utile quand il faudra procéder à la rénovation énergétique du parc immobilier de l’État à l’étranger.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Delahaye

Cet amendement sera satisfait par le travail de contrôle que Rémi Féraud et moi-même réalisons sur l’immobilier de l’État à l’étranger. Nous regarderons particulièrement ce sujet.

En tout cas, conformément à la « jurisprudence » du Sénat sur les demandes de rapport, l’avis de la commission est défavorable sur cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Madame Conway-Mouret, l’amendement n° II-1245 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1245 est retiré.

L’amendement n° II-1247, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Avant l’article 41 A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Gouvernement remet au Parlement, avant le 30 septembre 2023, un rapport relatif à la clarification des critères d’attribution des subventions dans le cadre du dispositif de soutien au tissu associatif des Français à l’étranger.

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

La réserve parlementaire, qui permettait de venir en aide à des associations à hauteur de 3 millions d’euros, a été remplacée en catimini par le dispositif de soutien au tissu associatif des Français de l’étranger (Stafe).

Ce système a vite démontré ses limites, puisque ses crédits, réduits à 2 millions d’euros, n’ont jamais été pleinement utilisés du fait de critères trop restrictifs. En outre, la commission nationale outrepasse largement ses prérogatives, en retoquant la moitié des dossiers qui émanent du terrain.

De fait, nous observons une démotivation des associations chargées du travail de sélection en amont, ce qui aboutit à une diminution significative du nombre de demandes de subvention : il est passé de 368 en 2019 à 242 en 2022.

Un groupe de travail sur les critères d’éligibilité au Stafe a été créé avec les conseillers du Français de l’étranger, il s’est réuni une première fois au début du mois de septembre 2022.

Cet amendement a pour objet de compléter ce travail, en demandant au Gouvernement de présenter au Parlement un rapport élaboré sur la base des remontées de l’ensemble des conseillers des Français de l’étranger et des associations les représentant. Un tel rapport permettrait de clarifier les critères d’éligibilité à ces subventions et de mettre en place un système dans lequel le pouvoir décisionnel revient à ceux qui connaissent le mieux les associations, c’est-à-dire les conseils consulaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

S’agissant d’une demande de rapport, l’avis de la commission est défavorable.

Néanmoins, le dispositif Stafe, mis en place à la suite de la suppression de la réserve parlementaire, a maintenant quelques années d’existence. Par conséquent, un contrôle parlementaire portant sur sa mise en œuvre serait tout à fait opportun. Ce serait une formule préférable à celle d’un rapport du Gouvernement au Parlement.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Le groupe de travail sur les critères d’éligibilité au dispositif Stafe vient de commencer ses travaux ; il va les poursuivre afin d’explorer les possibilités d’évolution de ces critères en vue d’une prise en compte pour la campagne 2024.

C’est pourquoi le Gouvernement est défavorable à cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Yan Chantrel, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Yan Chantrel

Madame la ministre, j’ai siégé à la commission nationale d’attribution du Stafe, je peux donc vous soumettre quelques idées…

La réserve parlementaire pouvait conduire à des dérives clientélistes et à de possibles conflits d’intérêts. J’étais donc favorable à sa suppression. Néanmoins, elle permettait une certaine souplesse, que nous avons perdue avec le nouveau dispositif, qui ressemble beaucoup à une usine à gaz.

J’aurais envie de dire aux membres du groupe de travail que vous avez mis en place de faire confiance au terrain, à l’échelon local. Aujourd’hui, les conseils consulaires, où siège l’administration, valident, à l’échelon local, des dossiers qui sont ensuite refusés à l’échelon national – la moitié des propositions des conseils consulaires a ainsi été retoquée en 2022 !

Pourtant, l’ensemble des dossiers validés localement en 2022 entraient parfaitement dans l’enveloppe financière globale de 2, 1 millions, alors même que celle-ci avait été amputée de 1 million d’euros comme l’a indiqué Hélène Conway-Mouret.

Vous devez faire confiance au niveau local, madame la ministre, aux gens qui sont sur le terrain et qui savent ce qui s’y passe. Nul besoin d’ajouter des strates et des strates !

La réforme à faire est donc très facile : il faut juste définir des critères simples et larges, et laisser les élus de terrain et l’administration consulaire sélectionner les dossiers. Le niveau national ne devrait retoquer des dossiers que si l’enveloppe budgétaire globale est dépassée.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

L’article L. 452-3 du code de l’éducation est ainsi modifié :

1° Le premier alinéa est ainsi modifié :

a) Après le mot : « lesquels », la fin de la première phrase est ainsi rédigée : «, afin de couvrir les engagements qu’il assume, elle reçoit : » ;

b) Les deux dernières phrases sont supprimées ;

2° Après le même premier alinéa, sont insérés onze alinéas ainsi rédigés :

« 1° Des écolages des familles des élèves inscrits dans ces seuls établissements ;

« 2° Des aides d’entreprises ou d’autres organismes privés, affectées directement et exclusivement à l’un de ces établissements ou aux élèves qui y sont scolarisés ;

« 3° Des aides d’organismes de droit local du pays d’accueil, publics ou privés, affectées directement à l’un de ces établissements ou aux élèves qui y sont scolarisés ;

« 4° Des dons, affectés directement à l’un de ces établissements ou aux élèves qui y sont scolarisés ;

« 5° Des crédits de l’État.

« Il est créé un comité de gestion de ces établissements en gestion directe. Ce comité de gestion des établissements en gestion directe :

« a) Assume l’ensemble des responsabilités de gestion et de direction des établissements placés en gestion directe. Il fixe en particulier les règles d’inscription et les écolages de ces établissements ;

« b) Est gouverné par une instance contrôlée à 60 % au moins par l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger et à 25 % au moins par les représentants des parents des élèves inscrits dans les établissements en gestion directe ;

« c) Est indépendant juridiquement, financièrement et comptablement de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger, avec laquelle il signe une convention de collaboration ; il n’est pas inscrit sur la liste des organismes divers d’administration centrale ; ses membres ne reçoivent aucune rétribution.

« Le comité de gestion est mis en place au plus tard le 1er janvier 2024.

« L’agence gère également des instituts régionaux de formation, situés à l’étranger et placés en gestion directe, qui assurent la formation de personnels exerçant ou ayant vocation à exercer dans les établissements d’enseignement français à l’étranger et qui peuvent assurer des missions de formation au bénéfice de personnels exerçant dans les systèmes éducatifs étrangers au titre de la mission de coopération éducative définie au 2° de l’article L. 452-2. La liste des établissements et des instituts régionaux de formation placés en gestion directe est établie par arrêté conjoint du ministre des affaires étrangères et des ministres chargés des finances et de la coopération. »

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de quatre amendements identiques.

L’amendement n° II-1 est présenté par MM. Delahaye et Féraud, au nom de la commission des finances.

L’amendement n° II-211 est présenté par MM. Le Gleut et Vallini, au nom de la commission des affaires étrangères.

L’amendement n° II-358 est présenté par M. Kern, au nom de la commission de la culture.

L’amendement n° II-1254 rectifié est présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Chantrel, Leconte, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.

Ces quatre amendements sont ainsi libellés :

Supprimer cet article.

La parole est à M. le rapporteur spécial, pour présenter l’amendement n° II-1.

Debut de section - PermalienPhoto de Rémi Féraud

Cet amendement vise à supprimer l’article 41 A.

Cet article, introduit par le Gouvernement, lorsqu’il a engagé sa responsabilité via le recours au 49.3, à l’Assemblée nationale, institue un comité de gestion chargé de gérer et de diriger les établissements scolaires actuellement placés en gestion directe par l’AEFE.

Il a suscité une certaine émotion ces dernières semaines et nous proposons de le supprimer pour deux raisons.

D’une part, pour une raison de fond : nous estimons que le dispositif proposé aurait des effets extrêmement importants sur la gestion de l’enseignement français à l’étranger et sur l’équilibre entre les établissements en gestion directe et l’Agence elle-même. En outre, même si cette évolution était opportune, je ne pense pas qu’il soit indiqué d’en décider par le biais d’un article d’une loi de finances non discuté par l’Assemblée nationale et, qui plus est, sans aucune concertation préalable avec les acteurs concernés.

D’autre part, il y a une raison plus juridique. Ce dispositif se borne à réviser les modalités de la gouvernance de l’AEFE et de ses relations financières avec les établissements. C’est donc sans incidence sur les dépenses de l’État, si bien que le Conseil constitutionnel pourrait censurer cet article comme n’ayant aucun lien avec le domaine des lois de finances.

Voilà pourquoi nous proposons de supprimer l’article 41 A.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l’amendement n° II-211.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. le rapporteur pour avis, pour présenter l’amendement n° II-358.

Debut de section - PermalienPhoto de Claude Kern

La commission de la culture rejoint la position de la commission des finances et de la commission des affaires étrangères sur ce point.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret, pour présenter l’amendement n° II-1254 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

Le cœur de notre réseau est constitué aujourd’hui par les établissements placés en gestion directe et par les établissements conventionnés. Il n’est aucunement nécessaire de changer les règles pour agrandir le réseau et atteindre l’objectif de doublement des apprenants, parce que cela se fait au gré des besoins et de la création d’établissements partenaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Le Gouvernement s’en remet à la sagesse de la Haute Assemblée sur cet amendement.

Je note effectivement que la forme du comité de gestion proposé est fragile juridiquement. Les établissements en gestion directe ne disposent pas de la personnalité morale, ils font donc juridiquement partie de l’AEFE et il n’est pas possible de prévoir que certains services de l’AEFE soient gérés par une structure qui lui serait extérieure.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Olivier Cadic, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Olivier Cadic

Je voterai contre ces amendements.

Les comptes des établissements en gestion directe sont consolidés, lorsqu’ils sont présentés au conseil d’administration.

L’article 41 A permet de faire la transparence sur les flux financiers au sein de ces établissements ; et nous parlons de centaines de millions d’euros ! Il permet ainsi de garantir le contrôle de l’action du Gouvernement, ce qui est bien au cœur de nos missions.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je mets aux voix les amendements identiques n° II-1, II-211, II-358 et II-1254 rectifié.

Les amendements sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1244, présenté par Mme Conway-Mouret, MM. Leconte, Chantrel, Temal et Kanner, Mmes Carlotti et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard, Gillé et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’article 41 A

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Le Gouvernement remet au Parlement, avant le 1er juin 2023, un rapport portant sur les possibilités d’autoriser l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger à recourir à l’emprunt pour le financement de ses projets immobiliers.

La parole est à Mme Hélène Conway-Mouret.

Debut de section - PermalienPhoto de Hélène Conway-Mouret

L’un des principaux obstacles au développement de notre réseau éducatif à l’étranger réside dans l’incapacité de l’AEFE à emprunter pour financer ses investissements immobiliers. À cela s’est ajoutée en 2017 la suppression de la garantie de l’État ; c’est donc la double peine !

Pour accueillir davantage d’élèves, comme le souhaite le Président de la République, les établissements auront besoin d’ouvrir des classes et donc d’agrandir les bâtiments.

Or l’AEFE est soumise à la loi de programmation des finances publiques, qui interdit aux organismes divers d’administration centrale de recourir à des emprunts de plus de douze mois, et au contrat d’objectifs et de moyens 2021-2023, qui prévoit la fin de la possibilité pour l’opérateur de recourir aux avances de l’Agence France Trésor à partir de 2023.

Plusieurs pistes permettraient de financer les opérations immobilières de l’AEFE et d’étendre ainsi le réseau d’enseignement français à l’étranger. Cet amendement tend à demander au Gouvernement de présenter un rapport sur ce sujet.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Nous avons achevé l’examen des crédits de la mission « Action extérieure de l’État ».

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Le Sénat va examiner les crédits de la mission « Aide publique au développement », ainsi que du compte de concours financiers « Prêts à des États étrangers ».

La parole est à M. le rapporteur spécial.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, nous examinons à présent les crédits de la mission « Aide publique au développement ».

Avant d’entrer dans le détail, je souhaite rappeler quelques éléments d’ordre général. Les crédits demandés – environ 8 milliards d’euros en autorisations d’engagement et 5, 9 milliards d’euros en crédits de paiement – ne représentent qu’une partie de l’aide publique au développement. En 2022, la France se situe au cinquième rang des pays donateurs après les États-Unis, l’Allemagne, le Japon et le Royaume-Uni. Le montant global de l’aide, qui s’élève à 13, 1 milliards d’euros, représente 0, 51 % de notre revenu national brut (RNB).

Pour mémoire, la loi de programmation du 4 août 2021 relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales fixe pour ce poste de dépenses un objectif de 0, 7 % du RNB en 2025. Il nous faudra sans doute revoir cet objectif, devenu trop ambitieux au regard des contraintes qui pèsent désormais sur nos finances publiques. En effet, pour atteindre un tel niveau, nous devrions accroître l’aide publique au développement de 10 milliards d’euros en deux ans, ce qui semble trop élevé. Je note d’ailleurs que le Gouvernement semble avoir lui-même révisé ses ambitions, comme Mme la ministre s’en est ouverte auprès de nos collègues de la commission des affaires étrangères.

En ce qui concerne les pays bénéficiaires, l’aide publique au développement de la France est principalement tournée vers l’Afrique. Je profite de cette occasion pour indiquer que, désormais, la France n’engage plus de crédits comptabilisés comme de l’aide publique au développement en Chine, comme c’était encore le cas naguère. De plus, si la Turquie perçoit 41, 4 millions d’euros, il s’agit de crédits versés pour financer le mécanisme d’accueil des réfugiés syriens.

Vous le savez, le principal opérateur de l’aide publique au développement en France est l’Agence française de développement (AFD), dont le portefeuille d’activités correspond à un montant d’environ 12 milliards d’euros.

Cet opérateur ne perçoit pas de subventions de fonctionnement de la part de l’État, mais il perçoit des crédits qui compensent à la fois la part concessionnelle des prêts accordés et les subventions versées sans contrepartie.

L’AFD et ses tutelles négocient en ce moment le prochain contrat d’objectifs et de moyens (COM), dont l’un des buts principaux sera de resserrer le nombre des indicateurs de suivi, afin de rendre le pilotage plus stratégique ; cette idée nous semble intéressante.

Par ailleurs, notre rapport présente pour la première fois quelques développements sur l’aide engagée par les collectivités territoriales. Si elle reste encore modeste, avec un montant d’environ 145 millions d’euros, cette aide est en progression depuis 2018.

Mon collègue Jean-Claude Requier, qui va me succéder à cette tribune, dira quelques mots pour présenter plus précisément les crédits des programmes qui composent cette mission et le compte de concours financiers « Prêts à des États étrangers ».

Toutefois, je souhaite vous rappeler qu’au nom de la commission des finances nous porterons un amendement visant à réduire de 200 millions d’euros crédits de la mission « Aide publique au développement ». Nous préciserons davantage notre intention au moment de la discussion de cet amendement, mais je souhaite dire dès à présent que notre objectif est d’assurer la participation de la mission à la maîtrise des comptes publics.

L’aide publique au développement est, certes, une politique de puissance, mais elle est, avant tout, une politique de solidarité, dont la philosophie repose sur le désintéressement. Ainsi, l’APD, au sens où l’entend l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ne peut pas être liée à l’obtention de faveurs de la part des États que nous aidons.

Le contexte budgétaire qui est le nôtre nous oblige à prioriser nos efforts afin de privilégier nos concitoyens et nos intérêts en tant que puissance. Pour cette raison, si nous devons préserver les moyens de la sécurité, de la défense, de la diplomatie, de la santé et de l’éducation, nous devons en tirer les conséquences sur l’ampleur de la politique de solidarité que nous menons à l’égard du reste du monde.

Sous réserve de l’adoption de l’amendement de la commission, je vous invite à adopter les crédits de la mission « Aide publique au développement » et ceux du compte de concours financiers « Prêts à des États étrangers ».

Applaudissements sur les travées du groupe UC. – M. François Bonhomme applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

M. le président. La parole est à M. le rapporteur spécial.

Applaudissements sur les travées des groupes RDSE et UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Requier

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, mon collègue Michel Canévet vient de l’indiquer, les crédits de la mission « Aide publique au développement » s’élèvent à 8 milliards d’euros en autorisations d’engagement et à 5, 9 milliards d’euros en crédits de paiement.

En 2023, ce budget augmente très fortement. En effet, les autorisations d’engagement connaissent une hausse de 1, 4 milliard d’euros et les crédits de paiement de plus de 819 millions d’euros.

Le programme 209, « Solidarité à l’égard des pays en développement », qui relève du ministère des affaires étrangères, concentre les hausses les plus importantes. Ainsi, le montant des crédits demandés augmente de 837 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 383, 1 millions d’euros en crédits de paiement, afin notamment de renforcer les capacités de gestion de crise et de soutenir les politiques de santé au niveau mondial, comme cela était déjà le cas en 2022.

En matière de santé, les crédits augmentent de 336, 4 millions d’euros en autorisation d’engagement, en raison de la mobilisation de 256, 7 millions d’euros pour la reconstitution du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, et du financement consacré à l’alliance Gavi, à hauteur de 94, 7 millions d’euros.

Par ailleurs, la création d’un mécanisme de réserve pour les crises majeures explique une hausse de 270 millions d’euros des crédits demandés sur ce programme. Cette enveloppe viendra compléter les 460 millions d’euros en autorisations d’engagement et crédits de paiement déjà consacrés aux opérations de gestion et de sortie de crise. La création de ce mécanisme de réserve paraît bienvenue, puisqu’elle permettra de donner aux responsables de programmes des marges de manœuvre pour financer des dispositifs d’urgence sans mettre en cause le financement d’opérations déjà engagées.

Toutefois, nous nous interrogeons sur les garanties qui seront apportées par le Gouvernement pour que ces crédits ne constituent pas une réserve de budgétisation par temps calme et qu’ils donnent bien lieu à des annulations ou à des reports en fin de gestion. En outre, nous estimons que le montant demandé est relativement élevé compte tenu des autres crédits disponibles pour faire face à l’urgence.

Pour cette raison, et afin de financer les mesures d’économies demandées à la mission, l’amendement de la commission des finances, que nous présenterons tout à l’heure, vise à diminuer de 100 millions d’euros les crédits de cette enveloppe.

Sur le programme 110, qui, lui, relève du ministère de l’économie et des finances, le montant des crédits demandés pour 2023 connaît une forte augmentation, de 632 millions d’euros en autorisations d’engagement et de 475 millions d’euros en crédits de paiement. Cette hausse s’explique surtout par la persistance d’un important besoin de crédits pour participer aux cycles de refinancement des fonds internationaux. Par ailleurs, les effets de la hausse des taux d’intérêt sur le coût des opérations de bonification de prêts jouent aussi un rôle.

En effet, afin de permettre à l’AFD de prêter à des taux concessionnels aux bénéficiaires de l’aide au développement, l’État prend en charge, par le versement de crédits de bonification, la différence entre le coût de financement de l’AFD et le taux auquel elle prête à ces pays.

Or, dans le contexte de remontée des taux d’intérêt mondiaux, les coûts de financement de l’AFD ont augmenté, alors même que, pour être considérés comme concessionnels, les taux proposés doivent rester inférieurs à un seuil fixé par l’OCDE.

Ainsi, afin de maintenir le niveau d’aide publique au développement permis par les prêts de l’AFD, le ministre de l’économie et des finances a pris la décision d’accroître le montant des crédits affectés à la bonification des prêts de 390 millions d’euros en 2023. En outre, des crédits importants sont demandés au titre du programme 110, afin de participer à la reconstitution des ressources de divers fonds internationaux, tels que le Fonds vert pour le climat.

Enfin, le programme 365 est consacré à la recapitalisation de l’AFD. Comme l’année dernière, les 190 millions d’euros demandés correspondent à une opération de conversion de ressources financières de l’AFD en crédits budgétaires. Cette opération est totalement neutre pour les finances publiques en comptabilité nationale. Il ne s’agit ni d’accroître les engagements de l’État envers l’AFD ni de lui permettre d’augmenter son volume d’activité, figé à 12 milliards d’euros.

Comme l’a indiqué notre collègue Michel Canévet, sous réserve de l’adoption de l’amendement que nous vous présenterons, la commission des finances, par la voix de ses rapporteurs spéciaux, vous invite à adopter les crédits de la mission « Aide publique au développement » et ceux du compte de concours financiers « Prêts à des États étrangers ».

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE. – Mme Sylvie Vermeillet et M. Marc Laménie, ainsi que M. Michel Canévet, rapporteur pour avis, applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Hugues Saury

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, il y a en réalité deux aspects dans cette importante augmentation des crédits de la mission « Aide publique au développement » soulignée par les orateurs précédents.

D’un côté, cette hausse reflète la volonté, manifestée à l’unanimité lors du vote de la loi du 4 août 2021, de faire de la solidarité internationale une composante à part entière de notre action extérieure, au même titre que notre diplomatie et notre défense. La finalité en est simple : lutter de manière préventive contre les causes profondes des désordres mondiaux que sont les crises, les conflits ou encore les déplacements de populations.

La progression des crédits en dons de l’Agence française de développement permettra ainsi de renforcer cette indispensable politique de solidarité internationale. Concrètement, ce sont des crédits supplémentaires pour l’éducation, pour la santé, ou encore pour l’agriculture, avec une concentration sur les pays d’Afrique subsaharienne.

D’un autre côté, la progression des crédits est aussi à la mesure d’une situation mondiale qui se dégrade fortement, avec de multiples crises politiques, sociales et alimentaires, de l’Afrique subsaharienne à l’Afghanistan, en passant par le Moyen-Orient. D’où la forte augmentation de l’enveloppe budgétaire « Gestion et sortie de crise », qui passe de 297 millions en 2022 à 730 millions d’euros en 2023. Il s’agit d’un effort de rattrapage salutaire, car, malgré cette évolution considérable, la France ne figure qu’au septième rang des vingt-sept bailleurs européens.

Il faut souligner que nos instruments d’aide humanitaire et d’aide au développement sont également mis en œuvre en Europe dans la crise actuelle. Outre notre aide humanitaire, l’Ukraine a ainsi bénéficié d’un prêt de 300 millions d’euros de l’AFD dès avril 2022. Il faut se féliciter de cette réactivité, qui montre que l’Agence peut être un instrument politique capable de mettre en œuvre rapidement les priorités du Gouvernement. L’AFD a d’ailleurs également apporté une aide significative à la Moldavie. Les crédits en hausse nous permettront donc de poursuivre ce soutien aux États européens agressés par la Russie.

L’augmentation de ces différents budgets peut paraître excessive à un moment où il nous est demandé de faire des économies, mais la politique d’aide au développement est un élément majeur de notre action extérieure et de l’influence française. Son rôle premier est, certes, de venir en aide et au soutien de peuples défavorisés, mais elle a aussi pour objectif d’offrir des perspectives locales là où l’aspiration des populations est de rejoindre nos économies pourtant fragilisées.

Au total, ce budget de l’APD pour 2023 devrait donc permettre à notre pays de montrer son meilleur visage sur la scène internationale. Vouloir le réduire considérablement serait révélateur d’une vision étriquée là où nous devons, au contraire, nous déployer. Au moment où nos adversaires attaquent notre image par tous les moyens et sur tous les continents, l’APD nous donne un point d’appui pour développer un contre-discours offensif.

Cette approbation globale ne doit cependant pas nous empêcher d’être vigilants sur certains sujets, en particulier la mise en œuvre complète des orientations de la loi du 4 août 2021, qui sera évoquée plus précisément par mon collègue rapporteur pour avis Rachid Temal.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, les crédits de la mission « Aide publique au développement » s’inscrivent dans la continuité de la loi du 4 août 2021 d’orientation et de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales.

Cette loi doit beaucoup au travail et à l’engagement du Sénat. Il est temps d’en tirer un premier bilan. Pour ce faire, je concentrerai mon propos sur quatre points.

D’abord, je dois signaler que le Gouvernement a fait le choix de modifier la trajectoire budgétaire et financière adoptée dans le texte. En effet, l’objectif des 0, 7 % du revenu national brut, prévu en 2025, est reporté à 2030. Il serait intéressant d’en connaître les raisons, mais aussi les conséquences sur les programmes d’action.

Ensuite, je veux insister sur la gouvernance. Nous lançons là un véritable SOS pour le comité interministériel de la coopération internationale et du développement (Cicid), tant de fois annoncé, mais jamais réuni depuis février 2018. Cette situation est inacceptable et elle empêche toute discussion parlementaire sur le contrat d’objectifs et de moyens de l’AFD pour la période 2023-2025. Rappelons que le dernier COM a été validé six mois avant la fin du précédent…

Par ailleurs, je m’interroge sur des dispositions qui sont au cœur de la volonté du législateur et dont l’application est encore parfois « brumeuse ». Je pense par exemple aux droits et à la protection de l’enfance, disposition législative, qui, je le rappelle, n’est pas une option. Je pense aussi aux objectifs fixés en matière de rapport dons-prêts, de part d’aide bilatérale et de concentration de l’aide programmable sur les pays prioritaires : le compte n’y est toujours pas.

Nous regrettons également que, cette année encore, moins d’un tiers de la taxe sur les transactions financières soit consacré au développement, qui est pourtant la raison d’être de cette taxe. En revanche, nous nous félicitons des avancées concernant les biens mal acquis. La ligne budgétaire y relative sera prochainement abondée, avec notamment le règlement des affaires relatives à la Guinée équatoriale et à Rifaat al-Assad.

Enfin, je terminerai par la commission d’évaluation, qui a été l’objet de longues discussions avec l’Assemblée nationale. Je note avec satisfaction que le Gouvernement a déposé un amendement à ce sujet. La raison l’a enfin emporté, puisque le dernier point de blocage, qui concernait la présidence, a sauté. Je rappelle que la dévolution de cette fonction au Premier président de la Cour des comptes était la position de mon groupe, et d’autres, dès 2021. Que de temps perdu !

Madame la ministre, sous réserve de ces quelques remarques, et compte tenu de l’effort budgétaire accompli, la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées est favorable à l’adoption des crédits de cette mission.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Dans la suite de notre discussion, je vous rappelle que le temps de parole attribué à chaque groupe pour chaque unité de discussion comprend le temps d’intervention générale et celui de l’explication de vote.

Par ailleurs, le Gouvernement dispose au total de dix minutes pour intervenir.

Dans la suite de la discussion, la parole est à Mme Nicole Duranton.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. François Bonhomme applaudit également.

Debut de section - PermalienPhoto de Nicole Duranton

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, l’aide publique au développement se compose de deux programmes principaux : le programme 110, « Aide économique et financière au développement », placé sous la responsabilité du ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique ; le programme 209, « Solidarité à l’égard des pays en développement », qui, lui, est piloté par le ministre de l’Europe et des affaires étrangères.

Conformément à la trajectoire financière tracée, les crédits de paiement affectés à ces deux programmes sont en augmentation de plus de 17 % par rapport à la loi du 30 décembre 2021 de finances pour 2022 et atteignent 5, 9 milliards d’euros.

Cette augmentation, qui intervient dans une période post-crise sanitaire, durant laquelle la maîtrise des dépenses de l’État est redevenue une priorité, témoigne de la volonté de la France de rester un soutien fort et fiable des pays en voie de développement. Ce choix est rendu nécessaire par le contexte international, mais c’est aussi un choix politiquement courageux au regard du contexte politique national que l’on connaît.

Oui, la France a ses propres enjeux, ses propres urgences et, sans doute, une partie de nos compatriotes voudraient voir se tarir et même disparaître ces crédits vers l’étranger ; c’est du moins ce que laissent penser les résultats des dernières élections, mais il faut combattre cette tentation du repli et de l’indifférence. Il s’agit non pas simplement d’approuver l’augmentation des crédits de l’APD, mais de la revendiquer.

La hausse de 46 % de l’aide économique et financière au développement va permettre à la France de continuer à accorder des taux d’emprunt très bas aux pays en développement.

Certains reprochent au Gouvernement ce choix de préférer les prêts plutôt que les dons ou les subventions, mais il importe de responsabiliser les États, car il n’y a pas d’« argent magique », pour reprendre une formule du Président de la République.

Pour autant, l’engagement de la France dans l’aide internationale doit rester financièrement soutenable. Le périmètre « OCDE » de l’APD s’élève en 2022 à 14, 8 milliards d’euros, soit à environ 0, 55 % du revenu national brut. Soyons réalistes : vu l’inflation, il sera impossible de tenir l’objectif de 0, 7 % pour 2025, comme il est recommandé par l’ONU. En effet, cela se traduirait par une hausse de 6, 6 milliards d’euros par rapport à 2022.

Aussi, ce texte vise une cible intermédiaire de 0, 61 %, qui semble adaptée. Cela n’enlève rien à la volonté de contribution de la France, comme en témoigne la hausse spectaculaire des crédits de « gestion et sortie de crise », qui passent à 730 millions d’euros, soit une augmentation de 146 %. Voilà un chiffre éloquent !

Il faut aussi souligner l’augmentation des fonds consacrés à l’aide humanitaire, qui atteignent 642 millions d’euros, contre 500 millions d’euros l’an passé.

Soyons donc fiers de ce budget, qui est, certes, davantage tourné vers l’aide humanitaire que vers le développement, mais qui a le mérite de s’adapter véritablement aux besoins de l’instant.

Notre aide humanitaire programmée va en effet atteindre 635 millions d’euros : 200 millions d’euros mis en œuvre via le fonds d’urgence et de stabilisation, notamment pour l’Irak – je m’en réjouis en tant que présidente du groupe d’amitié France-Irak –, mais aussi pour la Syrie, la Libye, le Yémen, l’Afghanistan ou encore la zone subsaharienne ; 160 millions d’euros pour l’aide alimentaire programmée ; 200 millions d’euros affectés aux contributions humanitaires volontaires aux Nations unies ; 75 millions d’euros pour le Food and A griculture R esilience M ission (Farm), qui doit répondre spécifiquement aux problèmes alimentaires mondiaux provoqués par le conflit ukrainien. Autant d’efforts budgétaires qui permettent à la France d’occuper la septième place parmi les vingt-sept pays de l’Union européenne en matière d’aide humanitaire.

Pour que la France maintienne un niveau d’engagement qui lui permette de peser dans les arbitrages et de faire entendre sa voix dans le concert européen et international, le groupe RDPI est favorable à l’adoption des crédits de cette mission.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – MM. Olivier Cadic et Claude Kern applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

M. le président. La parole est à M. Jean-Marc Todeschini.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Todeschini

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, l’aide publique au développement est un pilier de la politique étrangère de la France et contribue à assurer la paix et la sécurité dans le monde.

Cette définition résulte de la loi du 4 août 2021 relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, pour laquelle le Sénat, et plus particulièrement les membres de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées, s’est grandement mobilisé. C’est notamment le cas de ma collègue Marie-Arlette Carlotti, qui représente aujourd’hui le Sénat à l’Assemblée parlementaire de l’Otan, et que j’associe à mon intervention.

Le Sénat a permis de nombreuses avancées, bien que notre groupe eût souhaité, sur beaucoup de points, une position plus ambitieuse.

Cette loi propose notamment la création d’un mécanisme de restitution des biens mal acquis. Les socialistes ont beaucoup œuvré dans ce sens et je tiens tout particulièrement à rendre hommage au travail réalisé sur cette question par notre collègue Jean-Pierre Sueur. Bien d’autres engagements ont été pris dans cette loi. Nous attendons désormais que chacun d’entre eux soit suivi d’effet…

Sur la trajectoire financière de l’aide publique au développement, une position de compromis avait été trouvée lors des débats. Nous souhaitons que celle-ci soit respectée. Or, à bien y regarder, la trajectoire française semble remise en cause, l’objectif de 0, 7 % étant reporté à 2030, alors que la loi de programmation votée par le Parlement prévoyait 2025. Mesdames les ministres, pouvons-nous compter malgré tout sur vous pour tenir l’engagement initial ?

Pourquoi le Gouvernement refuse-t-il tout financement innovant ? L’augmentation de la taxe sur les transactions financières ou l’élargissement de son assiette aurait été un signal fort en faveur de l’aide publique au développement, une première marche à franchir pour atteindre l’objectif de 0, 7 %. C’est un combat que nous rappellerons chaque fois que le débat le permettra.

Si l’Agence française de développement a pour mission de financer des projets de développement par des dons, elle accorde également une grande part de ses financements au travers de prêts bancaires. Nous soutenons la proposition de nos deux rapporteurs pour avis, Hugues Saury et Rachid Temal, consistant à bien distinguer clairement les deux activités, l’AFD devant rester en priorité l’outil de la solidarité de la France envers les pays les plus pauvres. Telle était sa mission lors de sa création.

La loi précitée a ciblé des pays prioritaires, à savoir les dix-neuf pays les moins avancés, selon l’OCDE, c’est-à-dire les pays les plus pauvres, pour lesquels la solidarité par les dons doit être prioritaire par rapport à la solidarité par les prêts bancaires. En effet, de nombreux pays qui bénéficient de prêts se trouvent dans des situations proches du surendettement.

Nous regrettons qu’une fois de plus le projet de loi de finances ne rééquilibre pas la part entre ces deux piliers : les prêts et les dons. La solidarité française ne doit pas être monnayée. La situation économique mondiale plaide, plus que jamais, pour l’octroi de dons plus importants.

L’aide publique au développement a aussi pour objectif d’éradiquer la pauvreté, de lutter contre les inégalités, de promouvoir les droits humains et de renforcer l’État de droit. À nos yeux, la promotion de l’enregistrement des naissances et la mise en place d’états civils fiables doivent être une priorité de la politique de développement solidaire de la France. Aujourd’hui, de nombreux pays n’ont pas d’état civil. Les conséquences sont dramatiques pour les personnes qui sont privées d’identité juridique. Comme ils n’existent pas juridiquement, ils sont très vulnérables.

En 2019, un rapport de l’Unicef soulignait qu’un enfant de moins de 5 ans sur quatre n’était pas enregistré à la naissance et que ce ratio s’accentuait en Asie du Sud et en Afrique. Pour ces enfants, qui deviendront des adultes invisibles, sans état civil, il n’y aura aucun accès aux droits les plus élémentaires. Ils seront à la merci de trafics en tout genre, des mariages forcés, de la prostitution.

Nous attendons de la France qu’elle ait une position ambitieuse dans la promotion de la constitution d’états civils fiables, qu’elle contribue au fonds du groupe de travail pour l’identité juridique et nous entendons que le Gouvernement consente enfin à nous communiquer le montant de sa contribution.

Enfin, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, permettez-moi d’avoir une pensée pour chacun des acteurs qui œuvrent au Mali, qu’ils interviennent pour l’AFD ou pour des organisations de la société civile. Ce pays, qui fut un modèle de démocratie en Afrique, vit aujourd’hui une situation très grave. La junte met en scène le rejet de la France, manipule ses opinions publiques et laisse des pans entiers de son pays aux mains des terroristes ou des milices de Wagner.

Face à cette situation, le Quai d’Orsay aurait décidé d’arrêter le financement d’associations notoirement anti-françaises. Mesdames les ministres, sur quels critères appuyez-vous cette décision ? Quelles sont ces associations ?

Cette situation nous inquiète doublement, d’autant que le gouvernement malien, même s’il est peu crédible, a, en guise de réponse, déclaré « interdire, avec effet immédiat, toutes les activités menées par les associations, les organisations non gouvernementales et assimilées opérant sur le territoire de la République du Mali, sur financement ou avec l’appui matériel ou technique de la France ».

D’une part, nous ne serons jamais favorables à la rupture de tout lien avec des associations engagées sur le terrain, sur des projets qui contribuent le plus souvent à maintenir à flot un embryon de démocratie.

D’autre part, de nombreuses collectivités territoriales s’interrogent sur le futur de leur coopération décentralisée. Elles ont besoin d’être éclairées, voire confortées. Mesdames les ministres, je souhaite que ce débat vous donne l’occasion de nous apporter toutes les réponses à ces questions.

Malgré les efforts qui restent à faire sur le financement de l’aide publique au développement, le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain votera en faveur des crédits de cette mission, parce que nous ne poursuivons qu’un seul but : éradiquer la pauvreté dans le monde.

Applaudissements sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, cette année, le budget de l’aide publique au développement augmente de 800 millions d’euros. Nous progressons, certes, mais lentement, trop lentement, au point de repousser dès cette année l’objectif de 0, 7 %, faute d’avoir pu sanctuariser une véritable programmation budgétaire lors du débat, en 2021, sur le projet de loi qui contenait pourtant dans son titre le substantif prometteur de « programmation »…

Par ailleurs, on persiste à ne pas corriger au fond la partie inadaptée de cette aide publique, ces contenus trop souvent conçus non pour aider les pays destinataires à s’émanciper durablement de leurs dépendances, mais d’abord pour préserver les intérêts français dans les régions concernées.

La répartition de l’augmentation des crédits entre les prêts et les dons reste manifestement déséquilibrée au profit des premiers, même si ce déséquilibre commence à être corrigé, alors que l’on recommandait, sur toutes les travées du Sénat, d’inverser ce rapport, afin de concentrer l’aide vers les pays les plus fragiles. Nous proposerons, au travers de l’amendement n° II-1258, de modifier cette répartition.

Nous avons également déposé un amendement n° II-1259 visant à modifier le mode de calcul des quotes-parts de droits de tirage spéciaux (DTS) et de leurs bonifications – je prends souvent la parole sur cette question – afin d’en augmenter le volume au profit des pays les plus pauvres, ceux qui en ont le plus besoin, tandis que certains pays plus riches et mieux dotés en DTS ne les utilisent pas tous.

Une autre injustice continue de nous scandaliser. Alors que le produit de la taxe sur les transactions financières (TTF) devrait atteindre le niveau record de 2, 24 milliards d’euros en 2023, la part de ces recettes affectée au fonds de solidarité pour le développement plafonne à 528 millions d’euros.

L’objet initial de cette taxe était pourtant de participer à la solidarité internationale. Or voici que 1, 7 milliard d’euros sont subtilisés au détriment de l’aide publique au développement, pour servir à rembourser une dette créée par notre pays. L’argent ira donc dans la poche de créanciers qui vivent des intérêts de cette dette, ceux-là mêmes qui participent au racket organisé par la dette sur le dos des pays pauvres. Il s’agit d’un véritable détournement !

Pendant ce temps, selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), la crise alimentaire mondiale pourrait menacer de famine 11 millions à 19 millions de personnes supplémentaires, alors que, pour la première fois depuis 1990, l’extrême pauvreté augmente et que l’indice de développement humain global diminue pour la deuxième année consécutive. Madame la ministre, comment peut-on continuer à justifier une telle indécence dans l’utilisation de la TTF ? Ce n’est pas possible ! La France doit donc prendre ses responsabilités et augmenter massivement le volume de son fonds de solidarité pour le développement.

Nous proposons ainsi de rehausser le taux de la TTF, de 0, 3 % à 0, 7 %, ce qui permettrait d’octroyer près de 1, 5 milliard d’euros supplémentaires à l’aide publique au développement ; nous proposons également d’en élargir l’assiette pour que plus d’entreprises y soient éligibles.

Enfin, nous voulons continuer à alerter sur les problèmes de sens, de critères, de ciblage, de pilotage et de transparence de l’aide publique au développement. Le pilotage de cette politique doit être démocratisé. Son efficacité en termes de développement endogène des pays destinataires doit être mieux évaluée.

Dans une communication adressée en février 2020 à notre commission des finances, la Cour des comptes lançait l’alerte sur le manque de transparence dans la mise en œuvre de cette politique. Or la commission d’évaluation instaurée par la loi du 4 août 2021, où doivent siéger des parlementaires, tarde toujours à être mise en place. À cela s’ajoutent tous les problèmes relatifs au contenu de cette aide.

Je terminerai mon propos en évoquant la suspension des financements d’aide publique au développement destinés au Mali. Cette décision irresponsable scandalise, à juste titre, le monde humanitaire et associatif au Mali, mais aussi en France. Faire ainsi payer les frais des désaccords politiques entre nos deux gouvernements à l’une des populations les plus pauvres du monde, c’est une faute ! Cela revient malheureusement à faire droit à une demande formulée par Marine Le Pen le 31 janvier dernier, après l’expulsion du Mali de l’ambassadeur français. Cette décision doit être revue au plus vite. Nous appelons à la reprise du dialogue, car l’engrenage actuel est catastrophique pour les deux pays.

Pour toutes ces raisons, le groupe communiste républicain citoyen et écologiste ne sera pas en mesure de voter les crédits de cette mission, qui progressent trop faiblement à ses yeux et ne prennent pas en compte les changements de conception que la politique de développement mondial appelle de toute urgence.

Applaudissements sur les travées du groupe CRCE.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Jacques Le Nay

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, en 2023, les crédits de la mission « Aide publique au développement » augmenteront de 21, 4 % en autorisations d’engagement et de 16 % en crédits de paiement.

Avec ce projet de loi de finances, l’objectif, annoncé par le Président de la République en 2017, de porter à 0, 55 % la part de notre revenu national brut consacrée à l’aide publique au développement est atteint. Nous avions entériné cet objectif l’an dernier, au travers de la loi du 4 août 2021 ; nous saluons donc le respect de cet engagement. La cible de 0, 7 % du RNB, fixée depuis 1970 par l’ONU, sera quant à elle repoussée de 2025 à 2030 en raison de la crise économique actuelle.

Néanmoins, dans ce contexte, nous ne pouvons que saluer la forte augmentation des crédits dédiés à l’aide humanitaire et, tout particulièrement, de ceux d’entre eux qui sont alloués au Fonds d’urgence humanitaire. Ces crédits vont permettre une action approfondie dans les trois zones de l’Afrique du Nord, du Moyen-Orient et du Sahel. En tant que président du groupe interparlementaire d’amitié France-Afghanistan et que membre du groupe France-Ukraine, je ne peux que souscrire à la création d’enveloppes dédiées à ces deux pays qui se trouvent dans des situations extrêmement difficiles.

Dans le cadre de la guerre en Ukraine, l’Agence française de développement apporte sa pierre à l’aide humanitaire, mais aussi à l’aide au développement, non seulement en Ukraine, mais encore en Moldavie et en Roumanie. Cette adaptabilité du groupe AFD aux changements de contexte international doit être soulignée ; nous ne pouvons que nous en féliciter.

Plus largement, ce sont tous les crédits de la mission qui augmentent en 2023, avec 1, 4 milliard d’euros supplémentaires en autorisations d’engagement et 819 millions en crédits de paiement. Cette augmentation correspond aux ambitions et orientations fixées l’an dernier dans la loi de programmation de notre aide publique au développement.

Toutefois, même s’il est encore difficile d’apprécier réellement l’atteinte des objectifs chiffrés, le taux d’aide bilatérale, fixé dans cette loi à 65 %, au minimum, de l’aide totale, n’a pas été atteint en 2021, année où il s’élevait à 60 %.

Le report de la cible de 0, 7 % du RNB, évoqué au début de mon intervention, pose également question : le Parlement sera-t-il associé à la réactualisation nécessaire de la programmation financière prévue par la loi ?

De la même manière, la création, dans ce projet de loi de finances, d’un mécanisme de réserve pour crise majeure, doté de 270 millions d’euros, est bienvenue pour renforcer le dynamisme et la réactivité de l’aide humanitaire française, mais ce mécanisme ne doit pas devenir une réserve de budgétisation.

La loi de programmation a également mis en avant le besoin de transparence de notre aide au développement. Nous nous réjouissons donc de la récente mise en ligne, par le ministre de l’économie et le ministre de l’Europe et des affaires étrangères, d’une base de données ouvertes visant à regrouper les informations relatives à l’APD de notre pays. Ce travail sur la transparence a déjà été reconnu par le gain de cinq places enregistré par l’AFD dans le classement de l’ONG Publish What You Fund, qui analyse la transparence des principales agences de développement dans le monde.

En revanche, il faut tout de même souligner que la mise en place de la commission d’évaluation de l’aide publique au développement se fait attendre, alors qu’elle doit devenir un véritable instrument de transparence et d’efficacité de notre politique de développement solidaire et de lutte contre les inégalités mondiales.

Debut de section - PermalienPhoto de Jacques Le Nay

Alors que la France vit une crise d’influence, notamment en Afrique, continent prioritaire de notre politique de développement, il est nécessaire de renforcer encore davantage cette transparence. Il est aussi indispensable de mettre en avant notre politique de développement et notre apport à la solidarité internationale par des actions de communication à destination des populations bénéficiant des projets, notamment les jeunes générations. L’augmentation de l’aide bilatérale doit aller de pair avec une lutte contre la désinformation à l’encontre de la France.

Cette affirmation est particulièrement vraie au Sahel, où la stratégie 3D – défense, diplomatie, développement – a mal fonctionné, notamment en matière de coordination entre la défense et le développement, et où nos efforts politico-militaires ont été refoulés, comme l’illustre aujourd’hui la crise profonde avec les autorités maliennes. Le 16 novembre dernier, tous les projets de développement français ont été suspendus au Mali, pour éviter tout risque de détournement. On peut s’interroger sur la suite des événements : que vont devenir les projets en cours et les financements prévus ?

Le Sénat restera attentif aux orientations données à la politique de développement française, tout particulièrement lors de la prochaine réunion du comité interministériel de la coopération internationale et du développement, qui devrait se tenir au début de l’année prochaine.

Estimant tout de même que l’augmentation des crédits de la mission « Aide publique au développement » suit les orientations exprimées dans la loi du 4 août 2021, le groupe Union Centriste votera ces crédits.

Applaudissements sur les travées du groupe UC.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, un de ses départements – Mayotte – est en proie à la guerre civile, son gouvernement annonce la fermeture des écoles en raison de coupures d’électricité, sa dette atteint 3 000 milliards d’euros, son système de santé est au bord de la faillite, son quotidien s’ensauvage, son ministre de l’économie déclare être « à l’euro près » : le premier pays « tiers-mondisé » que la France devrait aider, c’est précisément la France !

Les crédits de paiement de cette mission d’aide publique aux pays en développement connaissent cependant une hausse de 16 % pour l’année à venir.

Sans renoncer à notre politique d’influence humanitaire à l’étranger et à un nécessaire soft power à la française, nous devrions ajuster ce budget au contexte national de tension financière exceptionnelle.

Il m’est impossible de soutenir le projet contesté d’un nouveau siège pour l’Agence française de développement, qui coûterait 1 milliard d’euros au contribuable français. Cette somme, c’est précisément ce qu’Emmanuel Macron a refusé d’investir en 2019 pour financer le nucléaire du futur, sacrifiant ainsi notre indépendance énergétique…

Je dénonce également les 41 millions d’euros versés à la Turquie dans le cadre du mécanisme d’accueil des réfugiés syriens, alors que le sultan Erdogan ne se prive pas de faire du chantage aux clandestins à nos frontières européennes et de soutenir l’invasion de l’Arménie par l’Azerbaïdjan.

Mme Nathalie Goulet s ’ exclame.

Debut de section - PermalienPhoto de Stéphane Ravier

Par ailleurs, je vois mal l’intérêt de financer de l’aide humanitaire dans un Afghanistan totalement sous l’emprise des talibans, car nous n’avons aucun contrôle sur la destination de ces fonds.

Cependant, nous ne devons pas seulement nous demander combien nous dépensons, mais aussi comment nous dépensons.

En effet, le retour sur investissement de cette dépense publique est gravement mis en cause. Pour avoir tiré la sonnette d’alarme chaque année, je peux vous dire que je regrette chaque euro dépensé pour le Mali, qui nous aura offert en retour la haine, de sa population comme de son gouvernement, à l’égard de la France. Cela doit nous servir de leçon !

L’aide publique au développement doit être conditionnée à nos intérêts, afin de garantir la sécurité de notre territoire en contrôlant les trafics et les flux humains bien en amont. Elle doit être conditionnée à l’acceptation automatique, par les États bénéficiaires, de leurs étrangers expulsés de notre territoire national.

N’ayant pas de consignes claires quant à la conduite à tenir, l’AFD ne se soucie pas de soutenir les entreprises et l’industrie françaises lorsqu’elle finance un projet à l’étranger. C’est tout à fait déplorable !

En outre, le Président de la République vient de déclarer que la France allait débloquer une enveloppe de 1 milliard d’euros pour aider l’Afrique du Sud à sortir du charbon, alors que les choix de ce même Président ont entraîné la réouverture de centrales à charbon sur notre sol. Regardons la poutre qui est dans notre œil plutôt que le charbon dans celui du voisin ! Il y a tant à faire dans notre pays en matière de développement…

Il faut que chaque euro dépensé à l’étranger serve au développement du pays en savoir-faire et en infrastructure, afin que les populations se fixent, deviennent autonomes et prospèrent.

En définitive, favorable à la réduction de la dépense publique, je voterai contre les crédits de cette mission, qui réserve la générosité nationale aux autres plutôt qu’aux nôtres !

Debut de section - PermalienPhoto de André Guiol

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, cette mission s’inscrit au cœur des valeurs que la France défend, celles de solidarité et de respect des droits humains, des valeurs que tous ne semblent pas partager…

En tant que pays développé, pour ne pas dire riche, nous avons le devoir de préserver une aide au développement ambitieuse, en faveur du droit à une vie digne pour tous.

Nos rapporteurs spéciaux ont exposé les chiffres qui confirment la hausse du soutien de la France : les crédits de la mission « Aide publique au développement » augmenteront de 16, 04 % en 2023.

Avec un montant total d’aide de 14, 8 milliards d’euros selon les critères de l’OCDE, on peut se réjouir que notre pays ait rempli, en 2022, son objectif d’une aide portée à 0, 55 % du revenu national brut, conformément à la loi de programmation du 4 août 2021.

Toutefois, comme pour les autres missions budgétaires, l’inflation, hélas ! imprime sa marque. En effet, en raison de la situation économique actuelle, l’objectif de 0, 7 % du RNB est reporté de 2025 à 2030.

C’est bien entendu regrettable, mais on peut espérer qu’il sera possible de réinscrire, au plus vite, nos moyens dans une trajectoire plus dynamique. En attendant, il me semble essentiel que les crédits proposés se concentrent sur les zones prioritaires définies par le comité interministériel de la coopération internationale et du développement en 2018 et réaffirmées depuis lors.

À cet égard, madame la ministre, notre politique de développement solidaire est-elle bien concentrée sur les 19 pays prioritaires identifiés, quasiment tous situés en Afrique ?

Le Sénat a souvent souligné la difficulté à transcrire les priorités géographiques dans les faits ; de fait, il n’y a pas si longtemps, les pays les plus pauvres ne recevaient que 15 % de notre aide publique au développement. Pourtant, aux termes de l’article 2 de la loi du 4 août 2021, 25 % de l’aide programmable devra bénéficier à ces pays en 2025. C’est le choix de la France, que mon groupe partage.

Cela dit, ne cachons pas que certains de ces choix sont parfois amers. Je pense à ce qui se passe au Mali, pays dans lequel l’image de la France est injustement abîmée.

Il convient toutefois de ne pas renoncer. Ne mettons pas en avant nos liens passés avec le continent africain, ce qui a parfois tendance à irriter. Voyons plutôt l’Afrique pour ce qu’elle est aujourd’hui : le cœur de tous les défis, démographiques, économiques et climatiques.

C’est un continent où les vulnérabilités socio-économiques sont structurelles dans la plupart des États. Néanmoins, beaucoup de pays africains ont une formidable capacité de résilience, similaire à celle que l’on observe actuellement au Bangladesh.

C’est dans un esprit de partenariat que nous devons accompagner ces pays dans leur développement, sur le fondement d’une coopération plus moderne, qu’il faut sans doute mieux expliquer aux populations, à l’aide de nos outils d’influence.

L’urgence, aujourd’hui, c’est de ne pas laisser ces populations s’enfoncer dans la crise alimentaire. L’agression russe en Ukraine a créé une situation dramatique, en particulier au Sahel et dans la Corne de l’Afrique. Je salue donc la hausse des crédits destinés à l’aide alimentaire au sein de cette mission.

Enfin, mes chers collègues, je rappelle que faire preuve de solidarité pour le développement, ce n’est pas faire œuvre de charité. C’est une responsabilité que nous avons en tant que pays du Nord, eu égard à notre modèle de développement qui – il faut bien le dire – a mis la planète en danger.

Aussi, je me réjouis de l’avancée de la COP27 sur le fonds « pertes et dommages » destiné aux pays du Sud touchés par les dégâts dus au dérèglement climatique. Le RDSE compte sur vous, madame la ministre, pour que ce projet ne reste pas une coquille vide ; sinon, la gestion des conflits verts deviendra un défi imminent.

Le groupe du RDSE votera les crédits de la mission « Aide publique au développement ».

Applaudissements sur les travées du groupe RDSE.

Debut de section - PermalienPhoto de Bruno Sido

Pandémie de covid-19 ; changement climatique accéléré ; insécurité alimentaire grandissante ; terrorisme ; guerres et regain des tensions internationales ; choc énergétique ; surendettement ; inflation : la liste des crises qui secouent le monde ces dernières années semble ne pas devoir s’arrêter de croître.

Inévitablement, leurs conséquences humaines s’alourdissent et rendent plus que jamais nécessaire l’aide internationale en faveur des pays les plus fragiles. La France, qui se classe au cinquième rang mondial des bailleurs de fonds, a d’ailleurs consenti depuis dix ans des efforts considérables pour se hisser à la hauteur cet enjeu.

Souvenons-nous qu’en 2014 le volume global de ses engagements au titre de l’aide publique au développement était de 8 milliards d’euros, soit 0, 37 % de son revenu national brut. En 2022, il est passé, selon nos rapporteurs spéciaux, à 13 milliards d’euros, soit 0, 51 % du RNB. L’année prochaine, cette montée en puissance sera une nouvelle fois intensifiée pour dépasser les 15 milliards d’euros et s’établir à 0, 55 % du RNB.

Les crédits de la mission budgétaire « Aide publique au développement » ne constituent qu’une partie, certes substantielle, de ce vaste ensemble. Pour 2023, le Gouvernement propose de les augmenter de manière très appréciable : la hausse est de quelque 16 % en crédits de paiement.

Si le groupe Les Républicains n’approuve pas tout à fait le volume de cette hausse – j’y reviendrai –, il en soutient toutefois le principe.

Il le soutient, tout d’abord, parce que c’est précisément dans la tourmente que notre contribution au développement et notre solidarité en matière humanitaire sont les plus essentielles.

En effet, les pays les plus fragiles sont largement, voire parfois totalement dépourvus des moyens nécessaires pour amortir les effets des crises. Leurs populations, qui sont déjà les plus vulnérables, sont donc, de fait, les plus menacées. Les soutenir face aux soubresauts qui agitent le monde, comme nous le faisons par exemple en Ukraine, est donc une exigence morale à laquelle nous ne pouvons nous soustraire.

Mais permettez-moi, mes chers collègues, de souligner qu’il s’agit aussi de notre intérêt. Dans une économie globalisée, la prospérité des uns ne peut aller durablement de pair avec la paupérisation des autres. En stimulant la vitalité économique des pays en développement et la hausse du niveau de vie de leurs populations, nous favorisons aussi des partenariats, nous créons les conditions d’un échange économique plus soutenu avec la France.

En outre, ne sous-estimons pas le fait que l’aide au développement est également une contribution apportée à la sécurité internationale.

C’est particulièrement vrai en Afrique subsaharienne, qui est à la fois la zone d’action prioritaire de l’AFD et le théâtre principal des opérations extérieures que nous avons engagées au cours des dix dernières années. Y aider les populations à satisfaire leurs besoins fondamentaux – se nourrir, se soigner, s’éduquer – et contribuer à ce qu’elles bénéficient de perspectives économiques, c’est en partie assécher le terreau sur lequel se développent les mouvements djihadistes, contre lesquels nos soldats continuent de lutter. C’est aussi, ne l’oublions pas, contribuer à dessiner un avenir qui ne passe pas automatiquement par les routes migratoires.

Au moment où l’opération Barkhane s’achève officiellement, de nombreux enseignements doivent toutefois être tirés de l’action de notre pays dans la région. Le bilan de cette opération, s’il est plus qu’honorable d’un point de vue militaire, est en revanche politiquement calamiteux. Jamais la France n’a été tant critiquée, tant contestée, tant rejetée !

Tel est le cas bien au-delà du Mali, du Burkina Faso et du Sahel entier : c’est dans l’ensemble de l’Afrique que la France perd progressivement pied. Face à ce recul, qui ne cesse de s’accélérer, la redéfinition d’une politique africaine globale est désormais urgente. Elle devra nécessairement inclure une nouvelle réflexion sur les résultats de la politique d’aide au développement que nous y menons.

C’est d’autant plus essentiel que le volume, les modalités et les objectifs de l’aide économique revêtent une dimension stratégique qui ne fait que s’affirmer. Cette aide est devenue, en particulier sur le continent africain, un enjeu à part entière dans la lutte d’influence à laquelle se livrent les grandes puissances, dont certaines ne ménagent pas leurs efforts pour nous concurrencer, voire nous évincer. Une aide au développement revisitée doit donc nous permettre de retrouver, dans cette partie du monde, les leviers d’action qui nous échappent peu à peu.

Voilà, brossées à grands traits, les raisons qui amènent notre groupe à soutenir, malgré l’extrême difficulté du contexte économique, un nouveau renforcement des crédits de la mission « Aide publique au développement ».

Cette aide, c’est une réponse aux risques créés par des crises qui se multiplient et se combinent. Cette aide, c’est aussi un instrument du rayonnement et de l’influence de la France. Cette aide, c’est enfin l’expression des orientations définies dans la loi de programmation du 4 août 2021, que le Sénat avait adoptée à la quasi-unanimité.

Cette loi exprimait notamment l’ambition d’engager, à partir de 2025, une aide d’un montant équivalent à 0, 7 % du RNB. Mais cet objectif semble désormais hors de portée, compte tenu des évolutions radicales de la conjoncture intervenues depuis le vote de ce texte, et le Gouvernement a décidé d’en reporter la réalisation à 2030.

Concernant l’annuité qui nous intéresse aujourd’hui, celle de 2023, la cible initialement fixée à 0, 61 % du RNB a en conséquence été ramenée à un niveau plus soutenable de 0, 55 %. La dégradation importante de nos comptes publics, l’impact de l’inflation et le risque de récession, de plus en plus prégnant, ne laissaient, à la vérité, pas d’alternative.

Il n’en reste pas moins que le Gouvernement propose, en crédits de paiement, de mobiliser 818 millions d’euros supplémentaires au bénéfice de cette mission, qui disposerait ainsi de 5, 9 milliards d’euros au total en 2023.

Cette augmentation s’inscrit dans un cadre général, que le Gouvernement a exposé dans son projet de loi de programmation des finances publiques. Or la majorité sénatoriale a contesté, il y a un mois, l’économie générale de ce texte, estimant qu’il ne permettrait pas de réduire le déficit public dans des délais satisfaisants.

Le budget général pour 2023, construit sur cette base, doit donc être révisé pour être conforme à la trajectoire de maîtrise des dépenses retenue par la Haute Assemblée.

En conséquence, même si nous considérons que les crédits de la mission « Aide publique au développement » doivent rester orientés à la hausse, il nous paraît qu’ils peuvent être raisonnablement mis à contribution.

C’est pourquoi, dans le cadre d’une approche globale et cohérente, notre groupe proposera, par voie d’amendement, de fixer leur progression à 618 millions d’euros l’année prochaine.

Il s’agit, nous semble-t-il, d’une voie équilibrée, qui permet de satisfaire à deux exigences en apparence peu conciliables : d’un côté, réaffirmer notre engagement à faire plus pour la solidarité internationale, de l’autre, agir résolument pour restaurer la responsabilité et la crédibilité budgétaires de notre pays.

Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.

Debut de section - PermalienPhoto de Joël Guerriau

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, depuis des années, la France figure parmi les premiers pays contributeurs à l’aide au développement dans le monde. Elle y consacre des sommes importantes, pour améliorer le sort des pays les moins avancés.

Cette aide fait une énorme différence pour ceux qui la reçoivent. C’est évidemment le cas de l’aide d’urgence : délivrée dans un contexte de crise humanitaire, elle permet de sauver des vies. Dans des contextes moins tendus, l’aide permet à des populations d’améliorer leurs conditions de vie en construisant des infrastructures essentielles. Enfin, l’aide de la France permet à de nombreux pays de développer leur économie en encourageant la création d’entreprises.

Cette aide est bien plus que de la philanthropie, dans la mesure où elle contribue à la sécurité des populations. Les zones les plus défavorisées sont en effet les plus sujettes au développement de conflits armés. Ceux qui n’ont rien n’ont rien à perdre !

Si cette action est utile et si elle est tout à l’honneur de notre pays, elle a un coût. En 2022, la France lui a consacré 13 milliards d’euros, soit 0, 51 % de son revenu national brut. Il s’agit d’un effort important, particulièrement dans un contexte économiquement difficile.

Si la France, je le répète, est le cinquième contributeur mondial à l’aide au développement, elle n’est plus la cinquième puissance économique. Devancés par l’Inde, nous sommes à présent septièmes.

Alors que nous visons toujours l’objectif de consacrer 0, 7 % de notre RNB à l’aide au développement, la question des moyens se pose. Comme l’a rappelé notre rapporteur spécial Michel Canévet, il sera très difficile d’atteindre cet objectif. La plupart des économistes s’accordent à dire que la croissance mondiale sera faible dans les années à venir. La France sera, elle aussi, confrontée à de sérieuses difficultés économiques : très endettée, elle est particulièrement affectée par la remontée des taux d’intérêt.

La question de la soutenabilité de cette aide se pose donc, mais on peut aussi s’interroger sur les objectifs de l’aide apportée par la France.

Nous avons été plusieurs à souligner que cette aide doit être destinée aux pays qui en ont le plus besoin. Elle doit aussi être orientée vers des projets qui servent nos intérêts. Au cours des dernières années, la France a fait l’objet de campagnes hybrides visant à nuire à son image. Force est de constater que ces campagnes ont eu un certain effet…

Il nous paraît essentiel que l’aide publique au développement financée par le contribuable français fasse l’objet d’un contrôle strict et n’aille pas renforcer la gouvernance de pays qui font montre d’hostilité à l’égard de la France.

Au côté de l’État, nos collectivités territoriales contribuent de plus en plus à l’aide publique apportée par notre pays. Elles le font, notamment, au travers de projets centrés sur leurs compétences, comme la gestion de l’eau. Les collectivités consacrent également plusieurs dizaines de millions d’euros à l’aide apportée aux demandeurs d’asile et aux réfugiés, qui s’ajoute à l’aide médicale de l’État (AME) qui permet à toute personne présente sur le sol français de bénéficier de soins gratuits.

La France, dans toutes ses composantes, contribue donc beaucoup à l’aide au développement. Elle doit continuer de le faire, selon ses moyens et au bénéfice de projets qui servent ses intérêts.

C’est pourquoi le groupe Les Indépendants – République et Territoires votera en faveur de l’adoption des crédits de cette mission.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

M. le président. La parole est à M. Guillaume Gontard.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Gontard

Monsieur le président, madame la ministre, madame la secrétaire d’État, mes chers collègues, nous concluons ce marathon budgétaire sur une note plus positive.

La mission « Aide publique au développement » enregistre une des plus fortes hausses de ce projet de budget, avec près de 17 % de crédits supplémentaires.

Certes, l’effort ne permet pas d’atteindre l’objectif consistant à consacrer 0, 61 % du RNB à l’aide au développement, ainsi que le prévoyait la trajectoire inscrite dans la loi de programmation du 4 août 2021. Certes, l’objectif d’atteindre – enfin ! – le niveau de 0, 7 % du RNB en 2025 semble largement compromis.

Néanmoins, je ne partage pas le choix de nos rapporteurs spéciaux de réviser dès à présent cette trajectoire. Même si la marche est haute, la France doit tout faire pour tenir cet objectif qui, rappelons-le, est une promesse non tenue depuis plus d’un demi-siècle ; il convient, à tout le moins, de s’en approcher au plus près.

Au vu du contexte géopolitique et économique qui succède à la pandémie, ne tenons pas rigueur au Gouvernement de ne pas avoir respecté cette trajectoire. En effet, l’augmentation brute de 1, 4 milliard d’euros en autorisations d’engagement et de 819 millions d’euros en crédits de paiement constitue déjà un signal positif.

Dans le détail, le programme 110 augmente de 390 millions d’euros, l’État ayant fait le choix de bonifier les prêts de l’AFD pour faire face à la remontée des taux d’intérêt. C’était nécessaire, mais cela soulève encore et toujours les mêmes questions sur le recours trop important, au sein de notre APD, aux prêts au détriment des dons.

Le programme 209 relatif à la solidarité avec les pays en développement augmente de 433 millions d’euros, dont 270 millions d’euros consacrés à la création d’un fonds d’urgence pour faire face aux crises : cela semble particulièrement opportun dans le climat actuel.

Si d’aventure ces crédits n’étaient pas consommés, je ne verrais pas de difficulté, contrairement à nos rapporteurs spéciaux, à ce qu’ils constituent une réserve budgétaire pour d’autres actions du programme. Je m’oppose d’ailleurs avec force à leur amendement visant à réduire de 200 millions d’euros les crédits du programme 209. Nous sommes déjà en retard par rapport à la trajectoire budgétaire que la Haute Assemblée a adoptée à la quasi-unanimité : il serait totalement incohérent de réduire l’enveloppe aujourd’hui.

Je salue, en revanche, la priorité accordée, dans les actions de la mission, aux besoins prioritaires que sont l’éducation et la santé, avec des augmentations de crédits de 122 millions et 336, 4 millions d’euros destinées à respecter les engagements de la France pour le partenariat mondial pour l’éducation et à reconstituer le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Seulement 18 % de notre APD sont aujourd’hui tournés vers les services sociaux de base ; cet effort est appelé à être massivement amplifié.

Le présent projet de budget affecte près de 1 milliard d’euros au Fonds vert pour le climat, afin de permettre à la France de tenir, à la dernière minute, la promesse formulée par Emmanuel Macron en 2019 au G7 de Biarritz d’abonder ce fonds de 1, 5 milliard d’euros sur la période 2019-2023. C’est un pas en avant ; il faudra poursuivre sur cette lancée.

COP après COP, les discussions achoppent sur la solidarité des pays industrialisés avec les pays en développement. Nous nous apprêtons enfin, en 2023, à tenir la promesse de 100 milliards par an faite à Copenhague en 2009. Alors que la COP27 a accouché dans la douleur d’un petit dernier, un judicieux fonds « pertes et préjudices » à destination les pays vulnérables, mais qui demeure intégralement à construire – il faut le faire rapidement –, nous espérons que la France sera motrice, dès le prochain projet de loi de finances, pour donner une consistance sonnante et trébuchante à ce fonds.

Madame la ministre, le groupe Écologiste – Solidarité et Territoires votera les crédits de cette mission, en appelant le Quai d’Orsay à la plus grande vigilance sur les projets financés par l’AFD et Proparco, afin d’éviter, comme nous avons failli le faire à Kahuzi-Biega en République démocratique du Congo (RDC), de nous rendre complices d’atrocités, et en continuant de plaider pour que notre aide publique prenne davantage la forme de dons, priorise les pays cibles, les services sociaux de base, la lutte contre le réchauffement climatique et respecte les populations locales, notamment les peuples autochtones.

Applaudissements sur les travées du groupe GEST.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, je ne reviendrai pas sur la situation internationale que j’ai évoquée lors de mon intervention sur la mission « Action extérieure de l’État ».

Je me félicite que l’augmentation de nos moyens budgétaires se concentre largement sur la mission « Aide publique au développement ». Vous l’avez rappelé, monsieur le rapporteur spécial, cette mission se compose de deux programmes : le programme 110, « Aide économique et financière au développement », porté par le ministre de l’économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, et le programme 209, « Solidarité à l’égard des pays en développement », qui relève du Quai d’Orsay.

Le programme 209 bénéficierait d’une augmentation de 383, 1 millions d’euros et atteindrait 3, 436 milliards d’euros ; il deviendrait donc prépondérant dans le budget du ministère : c’est une bonne chose.

Les deux programmes cumulés de la mission « Aide publique au développement », qui est pilotée par mon ministère et regroupe les programmes 209 et 110, atteindraient 5, 77 milliards d’euros. Cela représente une hausse de 17 % par rapport à 2022, soit un doublement des crédits budgétaires de cette mission par rapport à 2017. C’est une source de fierté pour notre pays.

Avec ces moyens supplémentaires, le Quai d’Orsay va pouvoir poursuivre deux objectifs majeurs : la participation de la France à la gestion des enjeux globaux et sa contribution à la réduction des fractures qui déstabilisent le monde.

Pour ce qui concerne les enjeux globaux, la France entend continuer de contribuer activement à la définition et à la mise en œuvre des réponses internationales à leur apporter.

Évoquons d’abord le climat, défi absolu comme l’a montré la COP27 qui s’est achevée il y a quelques jours. La France devrait y consacrer 6 milliards d’euros par an sur la période 2021-2025, dont un tiers pour l’adaptation au changement climatique.

Dans le cadre de cet effort, la France a augmenté massivement sa contribution au Fonds pour l’environnement mondial, passant de 217 millions à près de 300 millions d’euros par an sur le prochain cycle 2023-2026. Comme l’a annoncé le Président de la République au G20, nous accueillerons aussi en juin 2023 un sommet sur le nouveau pacte financier avec le Sud, qui sera très largement consacré à la question de la finance climat.

En outre, alors que se tiendra dans quelques jours la COP15 consacrée à la biodiversité à Montréal, la France souhaite renforcer sa mobilisation pour la protection de la nature. D’ici à 2030, 30 % de l’ensemble des financements bilatéraux français pour le climat auront aussi un impact bénéfique sur la biodiversité : le Président de la République s’y est engagé lors du One Planet Summit de janvier 2021.

Je signale, enfin, que la deuxième reconstitution du Fonds vert pour le climat interviendra en 2023. Une nouvelle hausse de notre contribution permettrait de préserver le rang de la France et de marquer la priorité donnée à l’action climatique. Des moyens ont d’ores et déjà été prévus sur le programme 110.

J’en viens à la santé, qui reste le premier poste de l’APD française. La France est résolument engagée dans le renforcement de l’architecture multilatérale de la santé avec ses partenaires européens, que ce soit dans un cadre multilatéral, en particulier avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ou dans un cadre bilatéral, principalement en Afrique.

Sur ce point, je signale que la nouvelle contribution française au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme s’élève pour 2023-2025 à 1, 6 milliard d’euros, soit une hausse de 23 % par rapport à 2019.

Pour ce qui a trait à l’alimentation, le problème de la faim, qui touche 10 % de la population mondiale, est aggravé par l’invasion de l’Ukraine. En 2022, 205 millions de personnes seraient en situation de crise alimentaire dans quarante-cinq pays, en particulier en Afrique de l’Ouest. Afin de répondre à cette situation, la France compte mobiliser en 2023 des moyens supplémentaires, via le canal de l’aide alimentaire programmée, laquelle passerait de 118 millions d’euros en 2022 à 160 millions d’euros en 2023. Nous souhaitons également renouveler notre contribution à l’initiative Food and Agriculture Resilience Mission (Farm).

Notre contribution à la réduction des fractures passera largement par l’aide humanitaire. Notre capacité à répondre aux crises humanitaires, rendues encore plus graves par la guerre en Ukraine, est aujourd’hui un enjeu majeur.

Notre aide humanitaire pourrait atteindre 642 millions d’euros au travers de trois canaux principaux : outre l’enveloppe d’aide alimentaire programmée et le soutien à hauteur de 75 millions d’euros à l’initiative Farm, que je viens de mentionner, 200 millions d’euros passeraient par le fonds d’urgence et de stabilisation piloté par le centre de crise et mis en place par des ONG, et 200 millions d’euros seraient consacrés aux contributions volontaires humanitaires, aux organisations internationales et aux Nations unies, soit une hausse de 19, 5 millions d’euros.

Afin de nous permettre d’être le plus réactifs possible, cette programmation s’est doublée de la constitution d’une « provision pour crises majeures », que nous proposons de décupler – c’est un geste fort – en la portant de 23 millions d’euros en 2022 à 270 millions d’euros en 2023. Au total, ce sont donc potentiellement 912 millions d’euros qui pourraient être consacrés à l’aide humanitaire en 2023. Il s’agit là aussi d’une source de fierté pour notre pays.

Mesdames, messieurs les sénateurs, si vous votez ce projet de budget, notre diplomatie aura les moyens de ses ambitions. Ce budget reflète les fortes attentes à l’égard de notre diplomatie, mais aussi la confiance que lui témoignent nos plus hautes autorités. C’est une confiance qui doit beaucoup, pour ne pas dire tout, au sens de l’intérêt général que les agents de mes services ont chevillé au corps, ce dont ils apportent chaque jour la preuve, en France comme à l’étranger. Qu’il me soit permis aujourd’hui de les en remercier dans cet hémicycle.

Applaudissements sur les travées du groupe RDPI. – M. André Guiol applaudit également.

Debut de section - Permalien
Chrysoula Zacharopoulou

Monsieur le président, messieurs les rapporteurs, mesdames, messieurs les sénateurs, le budget que nous avons l’honneur de vous présenter souligne une chose : notre politique de développement constitue une véritable priorité politique du Gouvernement.

En cinq ans, nous avons doublé les crédits de la mission « Aide publique au développement ». Cela représente une hausse historique de 2, 5 milliards d’euros. Surtout, nous allons tenir l’engagement pris par le Président de la République en 2018, en consacrant 0, 55 % de notre revenu national à l’APD en 2022.

Comme vous le voyez, nous investissons donc plus, mais surtout nous investissons mieux.

Notre APD comprend désormais davantage d’aides bilatérales et de dons. Ces dons sont dirigés vers les pays les plus vulnérables – particulièrement les pays du continent africain – et ils sont concentrés sur les secteurs du développement humain, tels que l’éducation et la santé.

Nous investissons aussi mieux. En renforçant l’expertise technique, nous renforçons en même temps les liens humains entre notre pays et les pays partenaires. En donnant plus de moyens à nos ambassades, nous leur permettons de promouvoir des projets concrets et visibles, au plus près des besoins des populations.

Depuis cinq ans, nous ne faisons pas seulement plus et mieux, nous employons surtout une nouvelle méthode. Désormais, nous veillons à travailler avec les pays du Sud pour soutenir leurs initiatives et répondre à leurs besoins. Il s’agit pour nous d’accompagner ces pays pour relever ensemble les grands défis globaux qu’évoquait Mme la ministre Colonna.

Je pense, par exemple, à ce que nous avons fait durant la pandémie pour la vaccination des pays du Sud. Nous avons su nous réunir, en Européens, pour appuyer le renforcement des capacités africaines de production de vaccins. Je pense, aussi, au projet de la « grande muraille verte », soutenu par les pays du Sahel pour renforcer leur résilience climatique et agricole face au changement climatique.

Nous demandons à chacun de nos opérateurs, notamment à l’Agence française de développement, de mettre en œuvre cette approche.

Pour chaque Français, cette politique de développement doit être une fierté. Elle fait rayonner nos idéaux de solidarité.

Toutefois, au-delà de cette fierté, mesdames et messieurs les sénateurs, cette politique de développement nous permet directement de protéger les Français et leurs intérêts.

Nous vivons dans un monde interdépendant. Lorsque nous renforçons les systèmes de santé des pays du Sud, c’est la santé de nos concitoyens que nous protégeons. Lorsque nous protégeons les forêts du bassin du Congo, c’est notre climat aussi que nous préservons.

Investir dans le développement, trouver de nouveaux alliés est la meilleure manière de faire peser notre vision du monde : celle de la coopération, du multilatéralisme, du respect de la souveraineté de chacun. Cette vision, c’est celle de la France, c’est celle de l’Europe, mais c’est aussi la vision que le Parlement a approuvée à l’unanimité en adoptant la loi du 4 août 2021.

Mesdames, messieurs les sénateurs, en votant ce budget, nous renforcerons les moyens de cette ambition collective.

Applaudissements sur les travées des groupes RDPI et RDSE. – MM. Christian Cambon, Pascal Allizard et Bruno Sido applaudissent également.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Nous allons procéder à l’examen des crédits de la mission « Aide publique au développement », figurant à l’état B.

En euros

Mission / Programme

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Aide publique au développement

Aide économique et financière au développement

Renforcement des fonds propres de l’Agence française de développement

Solidarité à l’égard des pays en développement

Dont titre 2

161 428 965

161 428 965

Restitution des “biens mal acquis”

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de deux amendements identiques.

L’amendement n° II-4 est présenté par MM. Canévet et Requier, au nom de la commission des finances.

L’amendement n° II-499 rectifié est présenté par MM. Bascher, Retailleau, Allizard, Babary, Bacci, Bazin et Belin, Mmes Bellurot, Belrhiti et Berthet, MM. E. Blanc, Bonne et Bonnus, Mme Borchio Fontimp, MM. Bouchet et Bouloux, Mme V. Boyer, MM. Brisson et Calvet, Mme Canayer, M. Cardoux, Mme Chain-Larché, MM. Chaize, Charon et Chatillon, Mmes Chauvin et de Cidrac, MM. Courtial et Cuypers, Mmes Demas, Deseyne, Di Folco, Dumas et Dumont, M. Duplomb, Mmes Estrosi Sassone et Eustache-Brinio, MM. Favreau et Frassa, Mmes F. Gerbaud, Gosselin, Gruny, Imbert et Joseph, MM. Karoutchi, Klinger et D. Laurent, Mme Lavarde, MM. Lefèvre, de Legge, H. Leroy et Longuet, Mme Malet, M. Meignen, Mme M. Mercier, MM. Milon, Mouiller, Nougein et Paul, Mmes Primas et Puissat, MM. Rapin, Rojouan, Sautarel, Savary, Savin, Somon et Tabarot, Mmes Thomas et Ventalon et MM. C. Vial et J.P. Vogel.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Aide économique et financière au développement

Renforcement des fonds propres de l’Agence française de développement

Solidarité à l’égard des pays en développement

dont titre 2

Restitution des « biens mal acquis »

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. le rapporteur spécial, pour présenter l’amendement n° II-4.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Cela a été rappelé par plusieurs orateurs pendant la discussion générale, les crédits de l’aide publique au développement augmentent assez significativement. On le constate, bien sûr, depuis l’année dernière, mais aussi en examinant les crédits pour 2022 ainsi que l’évolution proposée pour 2023.

Il ne vous aura néanmoins pas échappé, mes chers collègues, que la commission des finances du Sénat est sensible à l’état des finances publiques. Nous l’avons rappelé lors de l’examen du projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027, mais nous l’avons répété également en différentes circonstances lors de l’examen du présent projet de loi : il est nécessaire, à notre sens, de réaliser un effort important pour essayer de réduire nos dépenses publiques.

Il nous paraît ainsi logique qu’une mission augmentant significativement ses moyens participe également à cette volonté de maîtrise de la dépense publique. C’est la raison pour laquelle la commission des finances vous propose un amendement visant à réduire de 200 millions d’euros les crédits dédiés à l’aide publique au développement.

Plus particulièrement, il tend à réduire de 100 millions d’euros les crédits de l’aide-projet, ce qui maintiendrait toutefois ses crédits à 930 millions d’euros, car ils ont augmenté significativement entre 2021 et 2022. Par ailleurs, il tend également à réduire de 100 millions d’euros les crédits dits « d’urgence », dotés néanmoins de 170 millions d’euros à mettre en regard des 630 millions d’euros de crédits demeurant ouverts au total pour pouvoir faire face aux différentes crises.

Nous devons avoir une maîtrise la plus proche possible des perspectives budgétaires, comme nous le proposons au travers de cet amendement, tout en conservant une politique volontariste en matière d’aide publique au développement.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Jean-François Rapin, pour présenter l’amendement n° II-499 rectifié.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Rapin

Cet amendement est identique au précédent. La commission des finances s’est fixé un objectif de réduction du déficit public à 3 % du PIB dès 2025. Cet effort doit commencer dès maintenant.

Pour les raisons qui ont été avancées par M. le rapporteur spécial, nous proposons de diminuer de 200 millions d’euros les crédits de cette mission. Cela grève certes nos ambitions en matière d’APD, mais pas tant que cela, puisque, malgré l’effort demandé, les crédits resteront en augmentation.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Le Gouvernement est bien évidemment défavorable à cet amendement. Cette baisse des crédits irait à contre-courant de la dynamique d’augmentation de la part du RNB consacré à l’APD.

De plus, remettre en question dès 2023 l’objectif fixé, notamment avec l’assentiment de la Haute Assemblée, serait contradictoire avec la loi du 4 août 2021.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Nous vivons ce soir un moment assez particulier, car nous avons adopté à la quasi-unanimité la loi du 4 août 2021. Je crois, d’ailleurs, que tout le monde en était fier puisque la France, même si nous aurions pu faire davantage, retrouvait ainsi sa place au niveau international.

Je rappelle qu’être une grande puissance, cela passe certes par la politique de défense – on l’a vu ce matin –, mais cela passe aussi par la promotion du développement, dans l’esprit de la stratégie défense-diplomatie-développement (3D).

La France a pris des engagements internationaux bilatéraux. Les sous-entendus de notre collègue Stéphane Ravier étaient clairs : on a suffisamment à faire chez nous, donc n’aidons pas les autres. C’est un vieux débat, qui est d’ailleurs assez dangereux et je trouve inquiétant que certains invoquent cet après-midi la situation des finances publiques françaises pour moins aider les autres…

Vous proposez aujourd’hui un coup de rabot de 200 millions d’euros au motif que nous aiderions déjà suffisamment les autres. Mais c’est oublier un peu vite que nous nous sommes engagés à alimenter un certain nombre de fonds et que nous avons signé des accords bilatéraux ! Pour ma part, je plaide même pour l’accroissement de la part des dons !

Je trouve donc ces deux amendements très dangereux.

Par ailleurs, j’aurais aimé – je me permets de le dire – que la commission des finances et la commission des affaires étrangères puissent dialoguer entre elles à leur sujet. Il est un peu déconcertant de découvrir à la dernière minute ces amendements alors qu’Hugues Saury et moi-même, en tant que rapporteurs pour avis, travaillons depuis longtemps sur ces sujets, que nous avons fait notre maximum pour avancer sur les questions d’APD et que nous avons appuyé une commission d’évaluation et de contrôle !

Enfin, j’ai le sentiment que des enjeux autres que ceux qui sont liés à l’APD cherchent à primer ce soir. J’appelle donc au retrait ou au rejet de ces amendements. Nous ne sommes pas opposés à un débat sur la trajectoire financière de la France, même si, pour ma part, je plaide en faveur du maintien de l’objectif fixé à 0, 7 % du revenu national brut. Vous voulez tout faire pour réduire ce seuil, mais il faut savoir raison garder. Votre famille politique est en train de vivre une période particulière, mes chers collègues, mais je vous invite à ne pas voter cet amendement.

M. Jean-François Rapin proteste. – MM. Jean-Marc Todeschini et Guillaume Gontard applaudissent.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Alain Joyandet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Alain Joyandet

J’avoue être très gêné par ces amendements identiques, soutenus par une grande partie de mes collègues de la majorité. En tout état de cause, je n’y suis pas favorable, et ce pour plusieurs raisons.

Premièrement, on ne peut pas dire tout et son contraire en si peu de temps. On ne peut pas regretter de ne pas atteindre les objectifs en pourcentage et ensuite gratter 200 millions d’euros proposés par le Gouvernement.

Deuxièmement, on ne peut pas regretter de faire trop de prêts et pas assez de dons pour supprimer ensuite 200 millions prélevés sur les dons, pis : sur les projets ! Avec 200 millions d’euros en Afrique, mes chers collègues, on peut réaliser des choses colossales !

Je comprends que la commission des finances cherche à réaliser des économies. J’ai d’ailleurs suivi ses recommandations pour l’AME, qui concerne les immigrés en situation irrégulière et j’avais moi-même défendu il y a quelques années un amendement visant à réduire de 500 millions d’euros les crédits de l’AME. La commission a proposé une baisse de 350 millions d’euros : soit, mais trouvons ailleurs ces 200 millions d’euros que vous voulez supprimer aujourd’hui à l’APD.

Je le dis en conscience, j’aurais beaucoup de mal à voter de tels amendements, d’autant qu’il nous faudra à l’avenir dépenser beaucoup plus d’argent dans l’intérêt de l’Europe et de la France au vu de ce qui va se passer en Afrique. Dois-je rappeler que 80 % de ces 200 millions que vous voulez supprimer iront certainement à l’Afrique ?

J’anticipe un peu sur les amendements qui vous seront présentés ultérieurement, mes chers collègues, mais vous regrettez qu’il y ait trop de prêts et pas assez de dons et d’APD. Or les prêts comptent dans le pourcentage d’APD : vous imaginez-vous le nombre de prêts que 200 millions de dons permettront, puisqu’on ne compte dans les prêts que la bonification d’intérêts ?

J’ai beau chercher une cohérence dans toutes vos explications, je n’en trouve pas. Pour avoir beaucoup travaillé sur ces sujets, je suis au regret de ne pouvoir voter de tels amendements, qui sont contraires aux objectifs de la France !

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Jean-François Rapin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-François Rapin

Je ne peux pas laisser dire que cet amendement serait en lien avec une quelconque situation politique au sein de notre famille politique, c’est inimaginable ! Cet amendement a été cosigné par près soixante-dix parlementaires, on ne saurait nous accuser de quoi que ce soit !

Par ailleurs, il s’est passé beaucoup de choses sur le plan financier depuis la loi de programmation d’août 2021. Nous avons à présent quelques soucis à régler, nous le savons tous. Le Gouvernement n’a-t-il pas été amené lui aussi à refuser plusieurs de nos amendements au motif qu’ils entraîneraient une hausse des dépenses ?

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Vincent Segouin, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Vincent Segouin

Rachid Temal évoque un « coup de rabot », mais, s’agissant d’une économie de seulement 1, 5 %, cette expression est-elle appropriée ?

Par ailleurs, madame la ministre, vous nous dites que ces amendements sont contradictoires avec la loi du 4 août 2021, mais que faites-vous du traité de Maastricht ? Pendant combien de temps encore allons-nous nous dispenser de respecter la règle selon laquelle le déficit public annuel ne doit pas dépasser 3 % du produit intérieur brut et la dette publique doit être limitée à 60 % maximum du PIB ? Nous avons de moins en moins de crédibilité au sein de l’Europe, mais nous continuons…

D’aucuns préféreraient raboter 200 millions d’euros ailleurs que dans les crédits de cette mission. Allons-nous continuer longtemps à jouer les bons samaritains ? Alain Joyandet est heureux et fier de prêter aux pays étrangers, mais nous le faisons à crédit et sans bénéfices.

M. Rachid Temal proteste.

Debut de section - PermalienPhoto de Hugues Saury

Comme mon collègue Alain Joyandet, je ne comprends pas bien ce qui justifie l’ampleur de ces deux amendements, pour des raisons à la fois de cohérence et d’efficacité de notre politique extérieure.

Pour des raisons de cohérence d’abord, car nous avons voté à l’unanimité, il n’y a pas si longtemps, une loi, promulguée le 4 août 2021. Nous avions défini une trajectoire que le Gouvernement a déjà infléchie pour tenir compte de la situation économique actuelle. Pourquoi le Sénat reprendrait-il lui aussi de son côté une partie importante de ces crédits ? Il s’agit bien d’un coup de rabot puisque cette diminution représente à peu près 5 % de l’effort demandé par le Sénat.

Pour des raisons d’efficacité de notre politique ensuite, car j’ai souvent entendu dire que la France était le cinquième pays contributeur en matière d’aide publique au développement, mais ce n’est pas tout à fait exact. En réalité, nous sommes le cinquième des pays de l’OCDE. Or la Russie et la Chine, qui n’en sont pas membres, ont également une action extrêmement forte à l’extérieur. Il me semble donc absolument indispensable que notre pays, même si sa situation a changé du point de vue de l’économie, des conflits, des guerres et des difficultés, joue son rôle dans ce domaine-là.

C’est pourquoi je m’abstiendrai sur ces amendements.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Pierre Laurent, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Pour une fois, je suis d’accord avec le Gouvernement : il convient de maintenir en l’état ces crédits. Ces deux amendements sont hors de propos par rapport à notre débat sur ces questions depuis l’adoption, il y a un peu plus d’un an, de la loi de 2021.

Certains collègues affirment que la baisse demandée de 200 millions n’est pas si importante par rapport aux crédits totaux, mais il s’agit d’un effort considérable par rapport à la hausse prévue pour cette année, qui se trouverait ainsi réduite dans des proportions très significatives. Il ne s’agit donc pas du tout d’amendements anodins !

De plus, ralentir la trajectoire et décider de ne pas atteindre l’objectif de 0, 7 % du revenu national brut pose beaucoup de problèmes. Cela mériterait un débat plus approfondi.

Enfin, si des sénateurs et des groupes cherchent des idées pour faire des économies, je pourrais leur en donner…

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Daniel Salmon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Daniel Salmon

La principale dette, c’est la dette climatique, dont les pays développés sont responsables pour une large part !

Avec 200 millions d’euros, il est effectivement possible de conduire des actions fantastiques dans les pays en voie de développement afin d’éviter qu’ils passent par la case des énergies fossiles. Nous pourrions les aider à entrer dans une vraie économie décarbonée. Ce n’est surtout pas cette mission qu’il faut raboter de 200 millions. C’est même mesquin et complètement déplacé, voire anachronique, à l’heure où nous avons un engagement planétaire à tenir. Les pays en voie de développement ont besoin de cet argent.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Jean-Marc Todeschini, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Todeschini

Je suis vraiment surpris de ces amendements et du silence de certains membres de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Nous avons beaucoup travaillé, nous avons soutenu nos deux rapporteurs, quel sens cela a-t-il de terminer ce soir avec des amendements comme ces deux-là ?

Je pense que mon ami Rachid Temal a raison : ces amendements s’expliquent par un certain contexte politique. C’est un peu décevant, car les dons et les prêts vont s’en trouver réduits, ce qui aura aussi une incidence sur un certain nombre d’entreprises françaises. Tout cela passera par pertes et profits pour des problèmes internes à un parti politique !

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Je veux dire aux deux rapporteurs pour avis de la commission des affaires étrangères que la loi de programmation du 4 août 2021 prévoyait des perspectives budgétaires jusqu’à 2022, mais rien au-delà.

Il faut être raisonnable. En réalité, malgré un contexte budgétaire tendu, les crédits consacrés à cette mission sont en augmentation de 10 % si l’on ne tient pas compte des 200 millions d’euros.

M. Rachid Temal proteste. – M. Vincent Segouin acquiesce.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Il est temps de revenir à la raison : nous n’allons pas pouvoir continuer à financer l’action publique en ayant systématiquement recours à la dette ! À un moment donné, on est rattrapé par la patrouille ! Je le répète, il faut être raisonnable…

Nous pensons que ces crédits, qui sont pour l’essentiel en réserve, augmentent suffisamment et qu’il faut pouvoir les utiliser. Pour ce faire, l’ensemble de nos opérateurs doivent démontrer qu’ils sont en mesure de le faire. C’est une chose de prévoir des crédits, mais si l’on n’est pas capable de les dépenser, cela ne sert à rien !

Mes chers collègues, l’objectif de 0, 7 % du RNB que nous nous sommes fixé représente une augmentation de 6 milliards d’euros. Il va falloir les trouver !

MM. Vincent Segouin et Dominique de Legge applaudissent.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je mets aux voix les amendements identiques n° II-4 et II-499 rectifié.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Je rappelle que l’avis de la commission est favorable et que celui du Gouvernement est défavorable.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 91 :

Le Sénat a adopté.

L’amendement n° II-1259, présenté par M. P. Laurent, Mme Gréaume et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Aide économique et financière au développement

Renforcement des fonds propres de l’Agence française de développement

Solidarité à l’égard des pays en développement

dont titre 2

Restitution des « biens mal acquis »

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Pierre Laurent.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Cet amendement vise à doubler les crédits supplémentaires accordés au compte de bonification, afin de réduire le taux de bonification des DTS et d’augmenter ainsi la possibilité d’accès aux DTS des pays les plus pauvres.

Aujourd’hui, chaque membre du Fonds monétaire international (FMI) se voit attribuer une quote-part de DTS en fonction de sa position relative dans l’économie mondiale, mais le mode de calcul actuel des quotes-parts – une moyenne pondérée en fonction du PIB, pour 50 %, du degré d’ouverture de l’économie, pour 30 %, des variations économiques, pour 15 %, et des réserves officielles de change, pour 5 % – désavantage les pays pauvres, alors que ce sont eux qui en ont le plus besoin.

Il serait en effet souhaitable que, dans la situation actuelle, les pays pauvres soient prioritaires pour l’accès à ces financements, d’autant qu’ils sont les plus touchés par les chocs économiques, climatiques ou autres.

Pour toutes ces raisons, nous proposons de doubler les crédits supplémentaires accordés au compte de bonification, ce qui permettrait de réduire le taux de bonification des DTS.

Il s’agit de doubler le prêt de DTS de la Banque de France, afin qu’il atteigne 6 milliards d’euros. Pour ce faire, il faut alimenter le compte de bonification afin de réduire le taux d’intérêt du DTS de 1, 5 point. Pour accorder des prêts à taux zéro (PTZ), il faut compenser ce montant, d’où l’intérêt du compte de bonification.

Il est tout à fait possible de mettre en œuvre cette technique, que nous soumettons à votre approbation au travers de cet amendement. Le directeur général du Trésor, que notre commission avait entendu en audition, nous en avait d’ailleurs expliqué la mécanique. C’est en l’écoutant que nous avons eu l’idée de cette proposition, qui permettrait d’élargir l’accès aux DTS des pays en ayant le plus besoin.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Requier

Cet amendement, d’ordre technique, vise à augmenter de 260 millions d’euros les crédits destinés à la bonification des prêts accordés par la Banque de France sous forme de droits de tirage spéciaux, l’unité de compte internationale utilisée par le FMI.

Les auteurs de l’amendement visent les crédits destinés à la bonification des prêts accordés par la Banque de France dans le cadre de la facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance (FRPC), c’est-à-dire la facilité de crédit du FMI, dotée de 130 millions d’euros en 2023.

Cet amendement vise à augmenter le montant de l’encours de prêts à taux zéro accordés par la Banque de France, qui bénéficient de la garantie de l’État en vertu des dispositions de la loi de finances pour 2022.

En premier lieu, le montant de l’encours des prêts concessionnels accordés par la Banque de France dans le cadre de la FRPC résulte, d’une part, de la trajectoire de participation de la France à l’augmentation des moyens de ce fonds, et, d’autre part, du montant de la garantie accordée par l’État. Or le présent amendement ne tend pas à modifier le montant de la garantie accordée par l’État ; par conséquent, cette mesure ne permettra pas, à notre avis, de réaliser l’objectif de ses auteurs.

En second lieu, nous sommes défavorables à une hausse de cette ampleur des crédits de la mission, considérant que l’intention des auteurs est que le Gouvernement lève le gage. Pour mémoire, nous venons de réduire de 200 millions d’euros les crédits de la mission…

Enfin, nous observons que les auteurs ne visent pas la bonne action du programme 110, puisqu’ils proposent d’abonder les crédits de la coopération financière bilatérale, alors que la FRPC est financée au titre de la coopération financière multilatérale.

Pour ces raisons, l’avis de la commission est défavorable.

Debut de section - Permalien
Chrysoula Zacharopoulou

La France est pleinement engagée dans le mouvement de réallocation des DTS aux pays les plus pauvres. Vous le savez, le Président de la République avait lancé cette idée en 2021, lors du sommet sur le financement des économies africaines (SFEA).

Au-delà de l’objectif des 20 % fixé par le G20, la France s’est engagée à réallouer jusqu’à 30 % des DTS. Dans le cadre du budget 2022-2023, la France y contribue à hauteur de 5 milliards d’euros, ce qui correspond à notre engagement de 20 %, et nous sommes en discussion avec le FMI pour voir comment nous pouvons atteindre 30 %.

Les besoins de bonification qui accompagnent cette réallocation sont bien pris en compte dans les crédits du programme 110, avec 40 millions d’euros consacrés à la FRPC et 80 millions d’euros au Fonds mondial pour la résilience. Ces montants sont jugés suffisants par le FMI.

Enfin, une telle réduction des crédits du programme 209 serait en totale contradiction avec la priorité que nous souhaitons tous accorder à notre action sous forme de dons.

Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je suis saisi de deux amendements faisant l’objet d’une discussion commune.

L’amendement n° II-1221, présenté par M. Temal, Mme Carlotti, M. Kanner, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Aide économique et financière au développement

Renforcement des fonds propres de l’Agence française de développement

Solidarité à l’égard des pays en développement

dont titre 2

Restitution des « biens mal acquis »

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Rachid Temal.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1221 est retiré.

L’amendement n° II-1258, présenté par M. P. Laurent, Mme Gréaume et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :

Modifier ainsi les crédits des programmes :

En euros

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Programmes

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Aide économique et financière au développement

Renforcement des fonds propres de l’Agence française de développement

Solidarité à l’égard des pays en développement

dont titre 2

Restitution des « biens mal acquis »

TOTAL

SOLDE

La parole est à M. Pierre Laurent.

Debut de section - PermalienPhoto de Pierre Laurent

Cet amendement vise à rééquilibrer la proportion des prêts et des dons au sein de l’APD française.

Tandis que le projet de budget prévoit une augmentation plus importante pour les crédits du programme 110, « Bonifications de prêts dans les États étrangers », que pour ceux du programme 209, « Coopération bilatérale sous forme de subventions », nous proposons, pour notre part, de transférer 46, 5 millions d’euros vers le programme 209.

Notre proposition rendrait possibles une augmentation équivalente des deux programmes, une plus forte concentration de moyens et une accentuation de la trajectoire vers l’augmentation des dons, lesquels, on le sait, vont prioritairement vers les pays les plus pauvres – ceux qui en ont le plus besoin –, profitant ainsi aux populations les plus vulnérables et aux secteurs sociaux qui constituent la base du développement.

La France est l’un des pays qui orientent le moins leur aide vers les services sociaux de base. Nous pouvons améliorer cette situation. Seul un quart de notre APD bénéficie aux pays les moins avancés (PMA) et notre aide est allouée pour seulement 14 % aux 19 pays prioritaires de l’aide française, alors qu’ils font tous partie de la catégorie des PMA.

Nous devons accélérer le mouvement engagé vers une politique de dons supplémentaires.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

L’amendement de notre collègue Laurent va dans le sens inverse des amendements identiques n° II-4 et II-499 rectifié que nous avons précédemment adoptés.

Je rappelle que, depuis 2018, les dons pour les aides aux projets ont augmenté de 60 %, tandis que les prêts ayant le même objet n’ont augmenté que de 40 %. Le rééquilibrage vers les dons a donc déjà eu lieu.

L’amendement étant satisfait, la commission y est défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Cet amendement n’est pas nécessaire.

Conformément à la loi du 4 août 2021 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales – car il s’agit bien d’une loi ! –, la part des dons dans l’APD française doit représenter au moins 70 % du montant total de notre aide. Nous en sommes aujourd’hui à 78 % ; tout au moins, nous étions à ce niveau avant l’adoption des amendements visant à réduire de 200 millions d’euros le programme 209…

Avis défavorable.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Nous allons procéder au vote des crédits de la mission « Aide publique au développement », figurant à l’état B.

Je n’ai été saisi d’aucune demande d’explication de vote avant l’expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits, modifiés.

J’ai été saisi d’une demande de scrutin public émanant du groupe Les Républicains.

Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l’article 56 du règlement.

Le scrutin est ouvert.

Le scrutin a lieu.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Personne ne demande plus à voter ?…

Le scrutin est clos.

J’invite Mmes et MM. les secrétaires à constater le résultat du scrutin.

Mmes et MM. les secrétaires constatent le résultat du scrutin.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Voici, compte tenu de l’ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 92 :

Le Sénat a adopté.

Nous allons procéder à l’examen de l’amendement portant sur les objectifs et indicateurs de performance de la mission « Aide publique au développement », figurant à l’état G.

Aide publique au développement

Renforcer l’évaluation et la redevabilité de l’action en matière de développement

Efficience de l’aide bilatérale

110 - Aide économique et financière au développement

Assurer une gestion efficace et rigoureuse des crédits octroyés à l’aide au développement

Capacité des fonds multilatéraux à mener avec succès des projets compatibles avec la réalisation de leurs objectifs de développement

Effet de levier de l’activité de prêts de l’AFD

Frais de gestion du programme 110

Contribuer à la mise en œuvre des ODD, en concentrant l’aide sur les pays prioritaires et les priorités stratégiques françaises

Part des prêts de l’AFD qui sont affectés aux priorités thématiques du CICID

Part des ressources subventionnées des fonds multilatéraux qui sont affectées aux priorités thématiques du CICID

Part des ressources subventionnées des fonds multilatéraux qui sont affectées aux zones géographiques prioritaires

Part, dans le coût pour l’État des prêts mis en œuvre par l’AFD, des coûts des prêts à destination des priorités géographiques du CICID

209 - Solidarité à l’égard des pays en développement

Améliorer la redevabilité et l’efficacité de l’aide

Frais de gestion du programme 209

Part de la rémunération sur les projets gérés par l’AFD

Contribuer à la mise en œuvre des ODD, en renforçant la composante bilatérale et en concentrant l’aide sur les pays prioritaires

Part des crédits bilatéraux du programme et des taxes dédiés aux priorités du CICID

Part des crédits du programme et des taxes destinés à des pays prioritaires

Part des crédits multilatéraux du programme et des taxes dédiés aux priorités sectorielles du CICID

Faire valoir les priorités stratégiques françaises dans l’aide publique acheminée par les canaux européens

Part des versements du FED sur les priorités stratégiques françaises

Renforcer les partenariats

Évolution de l’APD support transitant par les collectivités territoriales françaises

Part de l’APD bilatérale française transitant par la société civile dans l’APD bilatérale française totale

Volume de l’activité des opérateurs AFD et Expertise France en gestion déléguée par l’Union européenne

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1222, présenté par M. Temal, Mme Carlotti, M. Kanner, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

Après l’alinéa 168

Insérer les deux alinéas ainsi rédigés :

Part des prêts et des dons dans l’aide bilatérale et multilatérale française

Part des prêts et des dons affectés aux pays prioritaires

La parole est à M. Rachid Temal.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

M. Rachid Temal. Je veux rassurer la partie droite de l’hémicycle : il n’est pas question ici d’argent en plus ou en moins…

Sourires sur les travées du groupe SER.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Il s’agit d’améliorer le pilotage de l’APD, en créant deux indicateurs : d’une part, la répartition entre prêts et dons tant pour l’aide bilatérale que pour l’aide multilatérale ; d’autre part, la répartition des prêts et dons affectés aux 19 pays prioritaires.

Il me semble important, dans un souci d’efficacité et d’amélioration du pilotage, de procéder à cet ajout.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Requier

Cet amendement a pour objet de créer un nouvel indicateur de performance, qui permettrait de mieux identifier la part de l’APD accordée sous forme de prêts ou de dons.

S’agissant de renforcer l’information du Parlement, la commission y est favorable.

Debut de section - Permalien
Chrysoula Zacharopoulou

Le Gouvernement est défavorable à cet amendement pour des raisons de technicité liées à la mesure de l’APD.

Les objectifs et les indicateurs de performance permettant d’évaluer l’efficacité de la mission « Aide publique au développement » ont déjà été profondément révisés pour tenir compte des nouvelles orientations décisives de février 2018.

Il est vrai qu’aucun indicateur ne permet actuellement de rendre compte de la part des prêts et des dons alloués aux 19 pays prioritaires pour notre aide tant bilatérale que multilatérale, de manière générale. Cela s’explique par des difficultés inhérentes à la mesure de l’APD.

Je rappelle que la mesure statistique de l’APD est très différente de la mesure de notre effort budgétaire. Il n’est pas facile d’établir de lien entre notre APD, déclarée a posteriori, et le budget que vous votez a priori.

Le ministère a mis en place, depuis 2018, une traçabilité de l’APD par programme budgétaire, mais ce n’est pas le cas de l’Agence française de développement (AFD), pour laquelle c’est plus difficile puisqu’elle intervient aussi en accordant des prêts.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

J’appelle en discussion les amendements portant articles additionnels qui sont rattachés pour leur examen aux crédits de la mission « Aide publique au développement ».

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

L’amendement n° II-1268, présenté par le Gouvernement, est ainsi libellé :

I. – Après l’article 41 D

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

L’article 12 de la loi n° 2021-1031 du 4 août 2021 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales est ainsi modifié :

1° Le deuxième alinéa du I est complété par les mots : « et du Parlement sur les financements publics mobilisés » ;

2° Après le I, il est inséré un paragraphe ainsi rédigé :

« I bis. – La commission est présidée par le premier président de la Cour des comptes. » ;

3° Le cinquième alinéa du III est supprimé.

4° La première phrase du IV est complétée par les mots : «, sous réserve du V du présent article ».

II. – En conséquence, faire précéder cet article d’une division additionnelle et de son intitulé ainsi rédigés :

Aide publique au développement

La parole est à Mme la ministre.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Par cet amendement, le Gouvernement propose de clarifier l’organisation de la commission d’évaluation de l’aide publique au développement, en prévoyant explicitement que cette commission sera présidée par le Premier président de la Cour des comptes.

L’amendement vise également à préciser les modalités d’information du Parlement.

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

La commission des finances regrette que la commission d’évaluation de l’aide publique au développement n’ait pas été mise en place et qu’elle ne fonctionne pas encore.

Le Gouvernement avait fait diligence sur un grand nombre de dispositions qui figuraient dans la loi du 4 août 2021, en prévoyant notamment des rapports destinés à informer le Parlement, ce qui nous satisfait. En revanche, il ne nous paraît pas souhaitable que le Premier président de la Cour des comptes préside systématiquement toutes les commissions dont le secrétariat a été confié à la Cour…

En l’occurrence, il n’est pas nécessaire que cette commission, composée notamment de parlementaires, soit présidée par le Premier président de la Cour des comptes.

Par ailleurs, nous ne pensons pas que la loi de finances soit le véhicule législatif approprié pour une telle désignation, laquelle relève néanmoins du domaine législatif. Ainsi, le Conseil constitutionnel pourrait censurer cet article si cet amendement était adopté.

Enfin, il est prévu que les membres de la commission d’évaluation déposent une déclaration d’intérêts auprès du secrétariat du Premier président de la Cour des comptes. Or il ne nous paraît pas souhaitable que le récipiendaire de ces déclarations soit aussi celui qui préside la commission. Il faut une juste répartition des choses. La commission juge donc cette proposition inopportune.

Avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Guillaume Gontard, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Guillaume Gontard

Je tiens à souligner le caractère quelque peu cavalier de cet amendement.

Si son premier objectif ne pose pas de problème, le second suscite des interrogations nombreuses. Pourquoi le Gouvernement veut-il faire voter, au détour d’une fin de projet de loi de finances, une modification de la loi du 4 août 2021 de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales ?

Cela a été rappelé, vous voulez, madame la ministre, modifier la présidence de la commission indépendante chargée d’évaluer l’efficacité et la destination de l’aide publique française pour placer ladite commission sous la présidence du Premier président de la Cour des comptes.

Vous invoquez la difficulté, au regard de la composition de cette commission, de choisir un président, mais cette commission n’est même pas constituée et, plus d’un an après le vote de la loi précitée, elle n’a jamais été réunie… Il est hors de question de modifier l’intention du législateur sans même l’avoir éprouvée !

Je profite de cette occasion pour vous demander, puisque vous avez ouvert le débat sur ce sujet, quand cette commission indépendante sera réunie pour la première fois. Sa mise en œuvre nous permettrait d’éviter les financements problématiques que j’évoquais précédemment, comme celui destiné au parc national de Kahuzi-Biega.

Aurons-nous, comme cela est prévu par la loi, un débat parlementaire portant sur le rapport du Gouvernement relatif à la politique de solidarité internationale, publié en juin dernier ?

Quand le rapport relatif à l’utilisation de la taxe sur les transactions financières sera-t-il publié ?

Quand le ciblage qualitatif permettant un déploiement genré de notre aide publique sera-t-il opérationnel ?

Madame la ministre, avant de modifier la loi du 4 août 2021 précitée, peut-être faudrait-il commencer par l’appliquer !

Nous voterons contre cet amendement.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Christian Cambon, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

Je ferai deux observations, l’une sur la forme et l’autre sur le fond.

Sur la forme, d’abord : il est évident que la manière dont le Gouvernement a procédé, avec du reste beaucoup de gêne, est tout à fait critiquable ; moi-même, je n’ai été avisé qu’il y a quarante-huit heures de ce projet d’amendement, dont j’ai immédiatement référé aux présidents de groupe que j’ai pu contacter.

Sur le fond, ensuite : lorsque nous avons négocié en commission mixte paritaire la loi d’orientation et de programmation sur le développement solidaire, le Sénat avait souhaité confier la présidence de la commission d’évaluation au Premier président de la Cour des comptes, laquelle cour – je le rappelle – héberge cette commission.

Il ne nous semblait donc pas contraire au fonctionnement de la future commission d’en confier la présidence au Premier président de la Cour des comptes, sachant qu’il fallait choisir entre lui et un expert dont personne ne connaît le nom ; en effet, les experts ne sont même pas encore nommés…

On peut reprendre les arguments de Guillaume Gontard, pour tenir le raisonnement inverse.

Il est vrai que cette commission ne s’est jamais réunie, comme nous ne cessons de le dire et comme je l’ai indiqué aux différents ministres concernés. C’est une vraie difficulté ! Nous avons beaucoup travaillé sur cette loi, qui est censée améliorer le dispositif d’aide au développement. Il est donc absolument nécessaire que le Parlement soit consulté sur l’utilisation des dépenses considérables sur lesquelles la Haute Assemblée va voter dans quelques instants.

Notre appréciation, plutôt constructive, était la suivante : si confier la présidence de la commission au Premier président de la Cour des comptes devait avoir pour effet de faire fonctionner ladite commission, alors nous accepterions cette proposition.

Pour autant, je souhaite savoir si le Gouvernement souhaite véritablement mettre en place cette commission, qui est absolument nécessaire et a été voulue par le législateur en commission mixte paritaire.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à M. Rachid Temal, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Rachid Temal

Il faut rappeler la genèse de cette commission d’évaluation. Nous nous interrogions alors sur notre APD, sur son portage et son contrôle politiques. Puis, est apparue dans le débat l’idée de créer une commission d’évaluation.

Après beaucoup d’atermoiements, nous avons abouti à un accord. Nous étions convenus à l’époque, dans cet hémicycle et en commission mixte paritaire, qu’il ne fallait pas être grand clerc, dès lors que l’on adossait cette structure à la Cour des comptes, pour prévoir la suite de l’opération, que l’on soit d’accord ou non avec la création de cette commission.

Il est vrai aussi qu’un ancien député de la majorité présidentielle avait beaucoup œuvré pour que cela n’avance pas…

Force est de constater que, un an et demi plus tard, cette commission n’existe toujours pas. C’est l’histoire de l’œuf et de la poule, et l’on pourrait tous continuer à attendre…

Il faut être sérieux ! Monsieur le rapporteur spécial, on ne peut pas dire, d’un côté, qu’il faut respecter la loi de programmation, et, de l’autre, que l’on peut retirer des crédits et modifier la trajectoire prévue. Il faut choisir ses arguments…

Pour ma part, de la même façon que j’ai été cohérent sur la partie budgétaire, je le serai sur la proposition qui nous est faite, en rappelant simplement au Gouvernement qu’il n’a jamais réuni cette commission. J’ai précédemment évoqué la question du Cicid, et je pourrais citer d’autres griefs, mais il faut prendre la situation telle qu’elle est. La question est donc : comment avançons-nous ?

Si vous en êtes d’accord, madame la ministre, votre amendement pourrait être sous-amendé. Il convient en effet de préciser que le Parlement, puis nos concitoyens doivent être informés sur les financements publics mobilisés ; il faudrait inverser l’ordre de la communication de cette commission, qui s’adresse d’abord aux parlementaires.

Soyons sérieux et cohérents en adoptant cet amendement, même s’il y a beaucoup à dire sur la forme. Encore une fois, il faut avancer !

Debut de section - PermalienPhoto de Michel Canevet

Outre le risque constitutionnel que j’ai évoqué, cette disposition pose un autre problème : le Premier président de la Cour des comptes dirige une juridiction dont la mission est de procéder à des évaluations de politiques publiques, notamment celles qui sont liées à l’aide au développement.

Si nous avons voulu que soit créée une commission dite « indépendante », c’est pour qu’elle soit effectivement indépendante ! Or, si celle-ci dépend des desiderata du Premier président de la Cour des comptes, on n’atteindra pas l’objectif que nous nous étions fixé dans la loi du 4 août 2021. Je vous appelle à bien y réfléchir, mes chers collègues !

Debut de section - PermalienPhoto de Christian Cambon

M. Christian Cambon. Il ne fallait pas prévoir, alors, que la Cour des comptes en assure le secrétariat !

M. Rachid Temal renchérit.

L ’ amendement est adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 41 D.

L’amendement n° II-1224, présenté par Mme Carlotti, MM. Temal et Kanner, Mmes Conway-Mouret et G. Jourda, MM. Roger, Todeschini, M. Vallet, Vallini, Vaugrenard et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :

I. – Après l’article 41 D

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Avant le 1er juin de chaque année, le Gouvernement remet un rapport au Parlement sur les actions de développement en faveur de la constitution d’états civils fiables. Il est également indiqué le montant de la contribution volontaire de la France au fonds créé par le Groupe de travail pour l’agenda sur l’identité juridique de l’Organisation des Nations unies.

II. – En conséquence, faire précéder cet article d’une division additionnelle et de son intitulé ainsi rédigés :

Aide publique au développement

La parole est à M. Jean-Marc Todeschini.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Marc Todeschini

Cet amendement vise à prévoir que le Gouvernement remet un rapport annuel au Parlement sur les actions de développement en faveur de la constitution d’états civils fiables.

Je ne reprendrai pas l’argumentation que j’ai développée lors de mon intervention liminaire, mais, selon nous, la loi du 4 août 2021 aurait dû être l’occasion de placer l’objectif de l’enregistrement des naissances et de la mise en place d’états civils fiables au rang des priorités de la politique de développement de la France.

Je ne citerai pas non plus, de nouveau, le rapport de l’Unicef de 2019 ; simplement, je rappelle que l’Asie du Sud et l’Afrique subsaharienne concentrent 87 % des enfants de moins de 5 ans non enregistrés. Les conséquences en sont dramatiques pour ces enfants, qui deviendront des adultes invisibles. En effet, sans enregistrement à l’état civil, il n’y a pas – ou il y a peu – d’accès à l’éducation, à la santé, aux droits sociaux, aux droits électoraux.

Cet amendement devrait être l’occasion pour le Gouvernement de rendre compte des actions de la France en faveur de la promotion de la constitution d’états civils fiables, ainsi que de l’enregistrement des naissances et de la délivrance d’actes de naissance.

Debut de section - PermalienPhoto de Jean-Claude Requier

M. Jean-Claude Requier, rapporteur spécial. Au vu de l’appétence du Sénat pour les rapports, la commission a émis un avis défavorable sur cet amendement.

Sourires.

Debut de section - PermalienPhoto de Catherine Conconne

Il existe déjà des mécanismes d’évaluation dans ce domaine ; nous vous avons donc donné satisfaction avant l’heure…

La France a adopté en juin 2021 une feuille de route pour renforcer son action internationale en matière d’état civil, dont les trois objectifs sont les suivants : accroître la mobilisation internationale en faveur de l’état civil ; renforcer cette prise en compte dans l’aide publique au développement ; obtenir une meilleure communication sur les enjeux en la matière. Ces trois indicateurs font l’objet d’un rapport tous les deux ans et le premier de ces rapports doit être publié d’ici au mois de juin 2023.

Avis défavorable.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Monsieur Todeschini, l’amendement n° II-1224 est-il maintenu ?

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour explication de vote.

Debut de section - PermalienPhoto de Nathalie Goulet

Les travaux que nous avons menés avec André Reichardt, qui préside le groupe interparlementaire d’amitié France-Afrique de l’Ouest, nous ont conduits à constater qu’il y avait en Afrique de l’Ouest, comme dans d’autres parties du monde, des millions d’« enfants fantômes », ce qui pose des problèmes pour le développement, mais aussi pour notre sécurité.

En effet, ces personnes qui n’ont pas d’identité fiable vont voyager et arriveront en Europe ou ailleurs… Or des questions se posent d’ores et déjà en termes de sécurité des actes d’état civil et, notamment en France, de fraude à l’état civil.

Les problèmes d’état civil, qu’ils concernent les pays d’origine ou ceux d’arrivée, sont liés. Nous avions d’ailleurs demandé, l’année dernière, que l’on nous fournisse une liste des pays non fiables au regard des pièces d’identité, et qu’elle soit transmise aux services d’immigration français.

On risque de s’adresser, pour obtenir des certificats de validité ou des certificats de naissance, à des entités qui ne sont absolument pas fiables. Peut-être un rapport nous sera-t-il transmis dans six mois ; mais voter cet amendement aujourd’hui constituerait un signal.

Nous n’en faisons pas assez sur ce sujet et il nous faut absolument y travailler. Ce problème est essentiel tant pour le développement que pour la sécurité et la fraude documentaire.

Je soutiens donc cet amendement.

L ’ amendement n ’ est pas adopté.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Nous allons procéder au vote des crédits du compte de concours financiers « Prêts à des États étrangers », figurant à l’état D.

En euros

Mission / Programme

Autorisations d’engagement

Crédits de paiement

Prêts à des États étrangers

Prêts du Trésor à des États étrangers en vue de faciliter la vente de biens et de services concourant au développement du commerce extérieur de la France

Prêts à des États étrangers pour consolidation de dettes envers la France

Prêts à l’Agence française de développement en vue de favoriser le développement économique et social dans des États étrangers

Prêts aux États membres de l’Union européenne dont la monnaie est l’euro

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Je n’ai été saisi d’aucune demande d’explication de vote avant l’expiration du délai limite.

Je mets aux voix ces crédits.

Les crédits sont adoptés.

Debut de section - PermalienPhoto de Roger Karoutchi

Nous avons achevé l’examen des crédits de la mission « Aide publique au développement » et du compte de concours financiers « Prêts à des États étrangers ».

La séance est suspendue.

La séance, suspendue à vingt heures, est reprise à vingt-et-une heures trente, sous la présidence de Mme Laurence Rossignol.