Intervention de Dominique Estrosi Sassone

Délégation aux Collectivités territoriales et à la décentralisation — Réunion du 17 novembre 2022 à 9h30
Communication de mesdames viviane artigalas et dominique estrosi sassone relative au rapport d'information n° 800 2021-2022 « la politique de la ville un tremplin pour les habitants »

Photo de Dominique Estrosi SassoneDominique Estrosi Sassone :

J'en viens au dernier volet de notre travail qui portait sur l'entrepreneuriat.

Nous avons bien conscience que tous les habitants des QPV ne vont pas devenir entrepreneurs et que l'on ne transforme pas un jeune NEET, sans emploi, études ou formation, en PDG de licorne. Cependant, la promotion de modèles de réussite accessible a un vrai impact dans les quartiers. Elle rencontre l'aspiration de plus d'un tiers des habitants. C'est donc un levier pertinent. Le programme Entrepreneuriat pour tous de Bpifrance a par exemple permis la création de 5 000 entreprises les deux dernières années. Ces entreprises ne sont pas toutes des pépites technologiques. Elles ne sont pas toutes, non plus, des autoentreprises de chauffeurs Uber ou de restauration ethnique. Elles sont diversifiées. Les secteurs classiques sont bien représentés. C'est pourquoi la Française des jeux et BNP sont présents auprès d'un fonds d'investissement. Ce fonds appuie l'installation de franchisés et de buralistes. Comme nous a dit son dirigeant, « ce n'est pas révolutionnaire, mais ça change des vies, ça crée de l'emploi et ça anime les quartiers ».

Nous souhaitons ensuite qu'un effort particulier soit porté sur l'entrepreneuriat au féminin dans les quartiers de la politique de la ville, comme c'est le cas au niveau national dans les actions de Bpifrance. Les femmes des quartiers sont aussi intéressées que les hommes par la création d'entreprise. Cependant, souvent à la tête d'une famille monoparentale, moins soutenues financièrement et victimes de barrières sociales, elles concrétisent leur projet moins souvent que les hommes.

Enfin, nous souhaitons que l'entrepreneuriat et l'accompagnement dans la durée des jeunes pousses des quartiers deviennent un enjeu territorial en vue de leur insertion dans le tissu économique. Dans ce but, l'entrepreneuriat devrait être plus souvent inclus dans les contrats de ville. Cela demeure exceptionnel aujourd'hui.

Madame la Présidente, mes chers collègues, voici donc les principales conclusions et propositions de notre rapport. Je vous invite à le lire dans son entièreté. Nous voulons mettre en lumière et soutenir les réussites et les dynamiques que vient initier ou appuyer la politique de la ville.

Comme l'Association des maires de France, dans sa contribution pour la présidentielle, nous pensons qu'il « se joue dans ces territoires une partie de l'avenir de la France, en particulier de sa jeunesse » et que « ces territoires, s'ils cumulent des difficultés, sont aussi des ressources de vitalité et d'initiatives ».

Nous n'avons pas mis sous le boisseau toutes les difficultés. Nous n'en sommes que trop conscientes. Mais nous pensons qu'une partie des solutions se trouve dans ces dynamiques de terrain qu'il faut essayer d'amplifier et d'accompagner. Au cours de nos auditions et de nos visites, nous avons recueilli beaucoup de témoignages d'élus et d'habitants. Ils nous ont dit que c'était grâce à la politique de la ville qu'ils étaient aujourd'hui maires, dirigeants d'association ou, tout simplement, qu'ils s'en étaient sortis. Certains ont quitté leur quartier d'origine, d'autres non. Selon l'expression de Mohamed Haddou, fondateur des Entrepreneurs affranchis, il faut « non seulement aider les gens à réussir, mais aussi aider les gens à enraciner la réussite ».

Si la politique de la ville pouvait demain mieux qu'aujourd'hui porter cette ambition pour chacun, ne serait-elle pas à la hauteur de la « promesse républicaine » ?

Nous vous remercions de votre attention.

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