Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 16 novembre 2022 à 9h35
Projet de loi de finances pour 2023 — Audition du général d'armée aérienne stéphane mille chef d'état-major de l'armée de l'air et de l'espace

Photo de Christian CambonChristian Cambon, président :

Le système israélien que nous avions vu lors de notre mission correspond à l'étroitesse du territoire et permet de contrer les attaques de roquettes. Les missiles balistiques sont encore un autre sujet.

Général d'armée aérienne Stéphane Mille. - Notre stock de munitions est nominal sur les obus, satisfaisant sur les munitions simples et juste suffisant pour les munitions complexes. Nous allons donc porter l'effort sur la remontée des stocks de munitions complexes, qui mettent un certain temps à être reconstruits. C'est un sujet de longue durée. Je suis gêné pour répondre sur notre capacité à durer. Je ne sais pas dire la physionomie qu'aura une guerre. Tous les jours d'un conflit ne sont pas identiques au premier. Le jour d'un conflit de haute intensité, on peut imaginer que l'on aura progressivement essoufflé l'adversaire. La violence et le nombre de tirs diminuera alors avec le temps. C'est ce que l'on observe en Ukraine, où le nombre de tirs se réduit, avec des sursauts ponctuels. Il est donc impossible de réaliser des modélisations de manière précise sur notre capacité à durer en fonction de nos stocks.

Recruter, former et fidéliser sont des sujets majeurs. La fidélisation ne se résume pas aux aspects de rémunération. On fidélise par l'intérêt de la mission ou encore par l'accompagnement des familles. Le Plan famille a été un des axes majeurs de la LPM en cours. Il existe tout un faisceau de paramètres qui permettent de fidéliser nos militaires.

La Chine a en effet un besoin de former des pilotes. Tous les trois ans, l'aviation chinoise augmente de l'équivalent de l'armée de l'air et de l'espace française. Elle recrute donc tous azimuts. Des pilotes français ont effectivement été approchés. Il s'agit d'un sujet d'importance, de manière à bien faire comprendre à tous nos pilotes que ce n'est pas de bonne politique que de penser que cela peut être une filière d'avenir pour eux.

Je n'ai pas de données précises sur les investissements de l'armée de l'air et de l'espace dans le Grand Est. Je rappelle que l'armée de l'air opère pratiquement d'où elle veut. En revanche, le nombre de plateformes dont elle dispose doit être suffisant. J'illustrerai cette nécessité en revenant sur les évènements de cet été. En juillet, les incendies touchant le sud-ouest se sont approchés de la base aérienne de Cazaux, obligeant à l'évacuation de la totalité des avions. S'est alors posée la question de savoir où nous pourrions déployer ces avions. La base de Mont-de-Marsan était en travaux et celle de Bordeaux avait des capacités de recueil limitées, la priorité ayant été donnée aux Singapouriens. Nous avons dû repousser beaucoup plus loin l'ensemble des aéronefs pour pouvoir les mettre en sécurité.

La déflation d'effectifs a en effet conduit à la fermeture de nombreuses bases. Pendant plusieurs années, une base était fermée chaque année. Or, une bonne partie de ces bases se trouvait dans le Grand Est. L'hémorragie est aujourd'hui maitrisée. Désormais, toute emprise nous paraît utile dans une logique à la fois d'opération et de dispersion des moyens si besoin était.

S'agissant des systèmes PARADE, nous souhaiterions en avoir davantage et pouvoir en déployer sur chacune des bases pour éviter un survol de drones. Je voudrais néanmoins souligner que la capacité va se construire au fur et à mesure du temps. Par ailleurs, ce ne serait pas de bonne politique que d'acheter 100 systèmes PARADE d'un coup alors que ce domaine évolue très vite. Dans deux ans, nos besoins seront différents. Il nous faut garder agilité et flexibilité.

Je vous remercie mon général pour toutes ces explications. Les derniers évènements montrent bien que nous sommes en pleine recomposition géopolitique et géostratégique, ce qui aura des incidences sur l'armée de l'air et de l'espace. Nous avons d'ailleurs bien vu que la défense de l'espace aérien était une composante essentielle de l'agression contre l'Ukraine.

A l'approche de la LPM, il nous faudra conjuguer réponses aux menaces actuelles et projections sur l'avenir. Je rappelle que la prochaine LPM est censée aller jusqu'en 2030. Il nous faut projeter une vision pour l'armée de l'air et de l'espace. Il s'agit de choix du temps long, comme nous le voyons s'agissant du SCAF, pour lequel nous vous réinviterons.

Mon général, dans le cadre du travail sur la LPM, nous aurons besoin d'un véritable dialogue avec vous, pour connaitre vos analyses et bien cerner les besoins.

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