Intervention de Patricia Schillinger

Réunion du 11 janvier 2023 à 15h00
Crise du système de santé — Débat d'actualité

Photo de Patricia SchillingerPatricia Schillinger :

Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous nous la souhaitons en masse le 1er janvier, nous trinquons, étrangement d’ailleurs, en son nom, et nous nous rendons compte encore plus de son importance depuis trois ans. Nous savons à quel point elle nous est précieuse : oui, la santé est et doit demeurer au cœur de nos politiques publiques, car elle est au cœur de nos vies.

Nous l’avons déjà dit, mais il faut toujours le répéter, et la triple épidémie à laquelle nous faisons face nous le rappelle : les professionnels de santé sont essentiels à notre pays.

Leur importance est connue de tous, mais le constat demeure alarmant : trop de Français sont sans médecin traitant, et trop de professionnels de santé sont surmenés face à un flot de patients qui ne baisse pas. Trop de nos concitoyens vont aux urgences faute d’accès à un médecin de garde, et trop de services d’urgences sont surchargés par ces arrivées qui ne devraient pas être nécessaires.

Face à cette situation inquiétante, je souhaite rappeler ici que de nombreuses mesures ont déjà été prises, dont les 19 milliards d’euros investis à travers le Ségur, avec des revalorisations allant de 180 à 400 euros par mois, l’augmentation du nombre de places ouvertes aux infirmiers et aux infirmières, la mission flash sur les urgences et soins non programmés – qui concerne pour partie les difficultés des services d’urgences –, le renforcement des champs de compétences de plusieurs de nos professionnels de santé, ou encore la montée en puissance du parcours d’infirmier en pratique avancée (IPA).

Ces mesures ont ainsi, pour un temps, pansé les plaies de notre système, mais les mouvements de grève nous montrent qu’il reste encore beaucoup à faire.

Plusieurs chantiers nous attendent. Je souhaiterais ici m’arrêter tout particulièrement sur celui de l’égal accès aux soins sur l’ensemble de notre territoire. Cela suppose de répondre à un double enjeu : permettre à chacun de nos concitoyens d’être soigné près de chez lui dès qu’il en ressent le besoin tout en répondant au surmenage de nos professionnels de santé – un travail d’équilibriste, j’en conviens.

C’est ce sujet même qui avait motivé la présentation d’un rapport, rédigé avec mon collègue Philippe Mouiller, intitulé Les collectivités à l ’ épreuve des déserts médicaux : l ’ innovation territoriale en action. Nous y avions proposé des pistes de réflexion pour améliorer l’accès aux soins dans les territoires avec le concours des collectivités territoriales, car elles sont évidemment centrales dans la mise en œuvre d’une politique de santé ambitieuse. Ainsi, leurs élus sont parmi les premiers à constater et à subir les inégalités géographiques dans l’accès aux soins.

En dépit des moyens limités dont elles disposent en matière de santé, les collectivités sont nombreuses à prendre des initiatives afin de répondre aux difficultés d’accès aux soins de leurs administrés : création de centres de santé ou de maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), développement de la médecine ambulante et de la télémédecine. De fait, elles ne manquent pas d’imagination et de volonté pour apporter des solutions à ce problème.

Plusieurs mesures présentées par le Président de la République lors de ses vœux vont dans ce sens. Je pense ainsi à l’amélioration des conditions de vie de nos soignants, afin de renforcer l’attractivité de ces métiers dans tous nos territoires.

Je pense également à la suppression du plafond de 20 % pour les téléconsultations, car, sans être une solution universelle, ce nouveau mode de consultation est un outil indiscutable pour répondre à la pénurie de médecins, et notamment de spécialistes, dans certains de nos territoires.

Je pense enfin à l’engagement pris de permettre aux 600 000 patients atteints d’une maladie chronique d’avoir un médecin traitant attitré avant la fin de l’année.

Le Président a également annoncé vouloir travailler sur la question des rendez-vous non honorés. Je m’en félicite, car j’ai présenté des amendements allant dans ce sens lors du dernier projet de loi de financement de la sécurité sociale.

Le temps médical est précieux, et il n’est pas juste que certains de nos concitoyens le gâchent en ne respectant pas les rendez-vous pris.

Renforcer le temps médical de nos médecins implique aussi que l’on simplifie les différentes tâches administratives qui leur incombent ou encore qu’on leur apporte le soutien nécessaire.

Face à ces mesures, un enjeu d’importance perdure, et je sais qu’il concentre toute notre attention : la permanence des soins. Je crois profondément au rôle que pourront avoir les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) dans l’organisation de cette dernière. Je crois également que les professionnels de santé ont leur rôle à jouer à cet égard, en faisant en sorte de garantir à nos concitoyens, partout en France, un égal accès aux soins, chaque fois qu’ils en ont besoin.

Aucun Français ne devrait se sentir désemparé et seul lorsqu’il est question pour lui de préserver sa santé face à une pathologie ou à l’imprévu.

Des travaux sont en cours ; je pense évidemment aux nombreuses discussions qui ont pu avoir lieu au sein du Conseil national de la refondation en santé (CNR Santé) au niveau de nos territoires. Le dialogue, la coordination et la collaboration nous permettront de préparer les chantiers qui s’ouvrent à nous.

Madame la ministre, à la suite du CNR Santé et des concertations que j’ai évoquées, quelles sont les premières solutions que vous pourriez proposer pour assurer un égal accès aux soins, et plus particulièrement pour garantir la permanence des soins dans tous nos territoires ?

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