Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, je voudrais tout d’abord saluer le travail des soignants, que ce soit en ville, en médico-social ou à l’hôpital. Ils réalisent un travail remarquable dans des conditions très difficiles.
Depuis de nombreuses années maintenant, le monde de la santé fait face à de graves difficultés. La pandémie a révélé et aggravé les contraintes qui pèsent sur notre système de santé, malgré une augmentation importante de l’Ondam de 4 % cette année et de 57 milliards d’euros depuis 2017.
Nous sommes maintenant à un tournant. Nous ne pouvons plus laisser notre système de santé se dégrader davantage. Avec vous, madame la ministre, nous devons trouver des solutions pour remédier à la situation.
À la croisée des nombreuses difficultés que connaît notre système de soins se trouvent les services d’urgence. Leur état d’engorgement est alarmant, comme le soulignera mon propos.
Alors que l’État doit pouvoir garantir de disposer de soins sur l’ensemble du territoire, les urgences sont aujourd’hui devenues le dernier rempart médical pour un nombre important de nos concitoyens.
Il est cependant essentiel que ces services restent focalisés sur les cas graves et qu’ils ne soient pas « embolisés » simplement par des soins non programmés, qui n’ont pas pu être prodigués faute de médecins.
Pour qu’ils puissent accomplir au mieux leur mission, les services d’urgence doivent tout d’abord être préservés, en amont, par une régulation efficace. En Corrèze, le nombre de personnes qui se sont rendues aux urgences au cours de l’année 2022 a augmenté de 10 %, soit un doublement en vingt ans. La régulation doit permettre de distinguer ce qui relève de l’urgence de ce qui n’en relève pas.
Une bonne régulation doit aussi réorienter. À cet égard, il me semble indispensable que les médecins de ville, qui auront à leur disposition des IPA et des assistants médicaux afin de libérer du temps médical, acceptent de réaliser davantage de soins non programmés, notamment ceux qui sont destinés aux patients qui auront été réorientés depuis les services d’accès aux soins, qui sont aux côtés du médecin régulateur.
Ces soins pourraient être assurés dans le cadre d’une communauté professionnelle territoriale de santé avec des maisons de santé pluriprofessionnelles, qui pourraient être de garde à tour de rôle afin de prendre en charge les soins non programmés.
Il convient ensuite de soulager les services d’urgence également en aval. Une fois la situation médicale du patient stabilisée, il doit être transféré hors des urgences. Un problème se pose alors. En effet, il est très fréquent que les autres services hospitaliers, devenus hyperspécialisés, refusent d’accueillir un patient qui ne relève pas de leur spécialité.
Les services d’urgence n’ont pourtant pas les moyens de conserver ces patients sans mettre en péril l’exercice de leur mission. Il faudrait mettre en place, en aval, des services de soins polyvalents destinés à accueillir les patients qui doivent être hospitalisés.
Pour cela, madame la ministre, il faudra trouver les moyens de rouvrir des lits. Ces dernières années, beaucoup de lits ont été fermés en raison d’un manque de personnel. Pour les médecins, la suppression du numerus clausus – je n’en parlerai pas – aura des effets seulement en 2030.
Actuellement, des mesures peuvent être prises afin de disposer de davantage d’infirmières et d’aides-soignantes. Ce besoin ne fera d’ailleurs que croître avec le temps, au fur et à mesure que la population deviendra de plus en plus dépendante, en raison notamment de son augmentation entre 2020 et 2030.
La prévention sera nécessaire, tout comme la prise en charge de nos aînés. Or, à ce jour, cette dernière est minutée dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ce qui décourage les soignants. Le plan Grand Âge doit être rapidement mis en place, avec les 50 000 emplois annoncés par le ministre Jean-Christophe Combe.
Un plan massif de formation est aussi nécessaire. La validation des acquis de l’expérience semble être une bonne piste.
Par ailleurs, aux termes du dernier PLFSS, les étudiants devront effectuer une quatrième année d’internat auprès d’un médecin maître de stage ; or il n’y en a pas partout. Je suggère que les six derniers mois puissent être réalisés auprès d’un médecin référent pour irriguer l’ensemble des territoires. Le médecin référent connaît bien la patientèle et est apte à conseiller ainsi qu’à orienter. Un médecin senior, en dixième année et détenteur d’une thèse, doit être payé comme un remplaçant, c’est-à-dire dix consultations par jour minimum.
Les défis que nous devons relever sont nombreux. Madame la ministre, nous devons ensemble, le plus rapidement possible, résoudre les problèmes situés en amont et en aval des urgences, ainsi qu’embaucher massivement des infirmières et des aides-soignantes, afin de prendre en charge les personnes arrivant dans ces services.
Un aménagement de la quatrième année est obligatoire pour irriguer tout le territoire, mais aussi, comme cela a été dit, pour aider les collectivités à embaucher des médecins salariés. La téléconsultation peut également rendre quelques services.