Intervention de Stéphane Piednoir

Réunion du 12 janvier 2023 à 14h30
Sortir le système électrique des mécanismes concurrentiels — Rejet d'une proposition de résolution

Photo de Stéphane PiednoirStéphane Piednoir :

Il n’est pas judicieux de remettre en cause le mécano énergétique que j’ai décrit. Ce marché unique de l’énergie est en plein accord avec les principes fondamentaux de la construction européenne. On peut même admettre que cela constitue un certain équilibre dans un réseau ainsi interconnecté, du fait de logiques différentes dans la production faisant appel à des sources d’approvisionnement diversifiées.

Mais c’est ailleurs que le bât blesse : marché unique ne signifie pas tarification unique ! À quel moment avons-nous accepté de fixer nos coûts de production sur ceux, nettement moins avantageux, de pays certes partenaires, mais qui doivent pouvoir assumer seuls leurs propres stratégies ? À quel moment a-t-on accepté de lier les destins électriques de pays aux orientations divergentes en se basant sur les moins vertueux ?

S’il y a bien une chose que l’on n’attend pas de la construction européenne, c’est qu’elle mette à mal des stratégies industrielles nationales ou qu’elle sacrifie un avantage concurrentiel. C’est pourtant exactement ce qui a été scellé, certes de manière discrète, mais néanmoins sournoise, avec la tarification européenne de l’énergie.

En indexant le coût de l’électricité sur celui du gaz, au motif qu’il s’agirait de la dernière énergie capable de produire notre électricité en cas de pénurie, on bafoue complètement notre souveraineté, savamment construite par le président Pompidou dans les années 1970. C’est un peu comme si le prix des agrumes était indexé sur le coût de production dans les pays baltes au seul motif qu’il s’agirait d’une main-d’œuvre plus facilement mobilisable en dernier recours, sans considération particulière quant à la météo dans ces pays. C’est absurde !

Ce mécanisme de calcul intègre le coût sur le marché de gros, soumis à de fortes fluctuations depuis l’automne 2021, et de manière encore plus aiguë depuis le conflit en Ukraine, dont l’une des conséquences est l’envolée du prix du gaz, liée à l’arrêt de l’approvisionnement russe. De surcroît, ce tarif calculé n’est absolument pas capé, d’où des cours instantanés totalement délirants jusqu’à 2 000 euros le mégawattheure ! Cette situation n’est d’ailleurs pas sans rappeler les prêts structurés, dits toxiques, qui ont tant mis en difficulté les collectivités locales ayant fait confiance à une formule basée sur la parité entre l’euro et dollar, laquelle ne devait en aucun cas pouvoir s’inverser… Jusqu’à la crise des subprimes.

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