N'oublions pas que nous présentons un rapport de la délégation à la prospective, qui ne donne pas lieu directement à une proposition de loi, mais a plutôt vocation à nourrir la réflexion dans les commissions permanentes.
La mobilisation de la ressource est une question fondamentale. Il faut toujours s'interroger sur l'équilibre, y compris financier. Le gaspillage n'est pas acceptable, que l'on soit dans une économie planifiée ou dans une économie de marché.
La désalinisation de l'eau de mer n'est pas rentable : notre pays ne manque pas d'eau en soi. Cette technologie devrait donc être réservée aux zones littorales, où les besoins augmentent fortement pendant la saison touristique, et à nos outre-mer. Considérons les réalités territoriales avant de décider ici de la construction d'une retenue ou là de la réutilisation des eaux usées... Aujourd'hui, les intercommunalités rendent les eaux usées au milieu après traitement ; ne pourrait-on pas imaginer de les réutiliser, sachant qu'elles y reviennent de toute façon in fine ? Dans nos zones de montagne, des retenues d'eau servent, en hiver, à l'enneigement artificiel et sont utiles, en été, pour abreuver les troupeaux. Doit-on rejeter en bloc l'enneigement artificiel ou considérer que le tapis neigeux est protecteur pour le milieu, qu'il permet de retarder et de rendre plus progressif le retour de la sécheresse ? Il faut examiner ces questions territoire par territoire.
Il faut effectivement conserver une logique de solidarité entre les bassins. À la fin des années 1940, dans la Loire, nous avons construit un système qui repose sur la conviction que le Massif central était le château d'eau de la France - ce qu'il est de moins en moins. Faut-il aujourd'hui continuer à transférer de l'eau du bassin de la Loire vers celui du Rhône, via l'Ardèche ? La question de l'avenir du complexe de Montpezat se pose. Il n'y a qu'à lire les titres de la presse chaque été pour s'en convaincre : la Haute-Loire n'a pas d'eau, mais les Ardéchois en ont...
Sans revenir aux moines, une partie du paysage français a, en effet, été construite par les interventions humaines dosées, de qualité, ayant parfois permis de lutter contre les maladies, grâce à l'assèchement.
Je partage les propos d'Alain Richard sur les citernes. Il y a beaucoup de pédagogie à faire. C'est aussi cela qui permettra d'éviter les recours intempestifs devant le juge administratif. Comment se fait-il que Didier Guillaume, alors ministre de l'agriculture, ait autorisé des retenues, mais qu'aucune n'ait finalement vu le jour ?
La citerne individuelle est une réponse, mais n'oublions pas que l'eau est aussi un défi collectif, un bien commun. Le grand cycle de l'eau se gérera collectivement.