Intervention de Véronique Bédague

Commission des affaires économiques — Réunion du 18 janvier 2023 à 9h30
Audition de Mme Véronique Bédague présidente-directrice générale de nexity

Véronique Bédague, présidente-directrice générale de Nexity :

Mon parcours au sein de l'État, d'une collectivité territoriale et d'une entreprise, m'a offert l'occasion de disposer de plusieurs regards. Ce matin, j'interviendrai en tant que praticienne du logement s'exprimant sur les politiques publiques.

Nexity rassemble plusieurs métiers. Nous souhaitons devenir un opérateur global de l'immobilier, car nous disposons d'une structure spécifique. Notre premier métier est celui d'aménageur, pour lequel nous disposons de la certification ISO 4001 depuis 2004. Nous sommes aussi un promoteur : nous avons lancé la construction de 20 000 logements neufs ou rénovés. L'année dernière, j'ai participé à l'inauguration de 120 logements neufs au Havre ; en fait, il s'agissait de la rénovation d'une ancienne caserne de pompiers. Nos métiers changent : ainsi, nous sommes de grands transformateurs de parkings en silo voire de bureaux en logements. Nous avons créé une filiale spécialisée dans la transformation de bâtiments existants. Cette philosophie imprègne l'action de l'ensemble du groupe : en 2026, 10 % de notre production sera réalisée à partir de bâtiments existants.

Nexity est également un prestataire de services - il est rare de cumuler ces deux fonctions. Le syndic est un métier complexe. Nous pratiquons aussi la transaction et la location de biens. Nous exploitons des logements destinés à des personnes âgées, notamment au sein du groupe Aegide-Domitys, ou encore des résidences étudiantes ou de « co-living » ; ces activités sont plébiscitées par nos clients. On compte 75 000 logements neufs produits chaque année, sur un stock total de 36 millions : le regard sur les programmes neufs et la rénovation se transforme actuellement.

Alain Dinin était très attaché à la ville inclusive. C'est là un engagement fort du groupe : les logements sociaux comptent pour un tiers de notre production. En accord avec les maires qui le souhaitent, nous créons aussi des pensions de famille. Cette activité n'est pas lucrative pour le groupe : il s'agit de la contribution de Nexity en faveur du logement pour tous. D'ici à 2026, nous aurons ainsi créé 1 000 logements de ce type : cela paraît peu, mais c'est beaucoup pour des personnes à la rue.

Notre fondation, très active, se tourne de plus en plus vers les jeunes. J'ai décidé d'ouvrir l'entreprise aux élèves de troisième devant effectuer un stage. C'est l'occasion pour eux de découvrir nos métiers. Chaque année, quelque 80 jeunes sortent de nos deux centres de formation d'apprentis (CFA) ; ils sont ensuite recrutés au sein de l'entreprise.

J'ai à coeur de multiplier les actions en faveur du développement durable depuis mon arrivée au sein du groupe. Il ne s'agit pas d'une contrainte : c'est bien le chemin dans lequel nous nous sommes engagés en vue de disposer d'un avantage comparatif sur le marché. Nous sommes ainsi le premier promoteur bas-carbone de France. Lors de notre dernière assemblée générale, nous avons adopté une trajectoire ambitieuse : nous visons chaque année une progression de 10 % par rapport à la réglementation environnementale 2020, dite RE2020. Cela dit, il n'est pas toujours facile d'innover. À Lyon, dans le quartier Confluence, nous construisons un immeuble de logements sans chauffage ni climatisation. Pour ce faire, nous avons obtenu un permis d'innover. La réglementation interdit toutefois de vendre un logement sans chauffage : nous avons donc l'obligation de mettre en place une petite installation dans chaque logement, même si, en l'espèce, cela ne servira à rien. À nous de montrer que l'on pourra s'en passer à l'avenir. Je précise que les élus locaux et le préfet nous soutenaient, mais la loi est la loi.

Nous accordons une attention particulière à la protection de la biodiversité. Mais c'est une question complexe. Nous abordons les choses de manière pragmatique et travaillons pour déjà préserver l'existant.

Tous nos collaborateurs sont aussi actionnaires de l'entreprise. Nous bénéficions de la certification Great Place to work, ce qui n'est pas si simple pour un groupe de 8 200 personnes. Nous disposons d'une organisation décentralisée, avec 60 patrons présents sur le territoire. Nous favorisons l'innovation et l'initiative au niveau local. En témoigne un projet que j'ai récemment inauguré à Lyon, sur lequel le chef de chantier avait apposé sa patte.

Nexity, ce sont 200 agences sur tout le territoire métropolitain. C'est un réseau très dense.

Mon rêve serait que les maires franchissent le seuil de nos agences pour exprimer des critiques ou formuler des conseils. Pour l'heure, ils n'ont pas ce réflexe, car ils pensent que nos agences ne font que du syndic.

Nos clients sont à 50 % des particuliers et à 50 % des institutionnels. Ces dernières années, on a notamment assisté au retour prudent des assureurs sur le marché de l'immobilier.

Nous avons un problème d'offres actuellement, avec une baisse du nombre de permis de construire. Il y a une vraie réticence de nos concitoyens, donc nous devons nous efforcer de rendre notre offre et la ville dense désirables. Comme le disait François Rebsamen, il faut « réhabiliter l'acte de construire ».

En parallèle, la hausse des taux d'intérêt a entraîné une contraction de la demande. L'incertitude sur la facture énergétique contribue également à différer le choix d'achat. Avec l'inflation, il faut savoir que nos concitoyens ont perdu 7 à 8 mètres carrés en moyenne depuis début 2022. Ajoutez les dernières décisions du Conseil de stabilité financière, qui ont rendu les banques frileuses, et vous aurez toutes les conditions d'un marché en difficulté : - 50 % sur les maisons individuelles au second semestre 2022 ; en ce qui nous concerne, on peut estimer une baisse d'un tiers du marché pour le collectif.

Est-il du devoir de l'État de dire combien il faut de logements et de mener une politique du logement, en coordination avec les collectivités locales ? Pour ma part, je ne crois pas à la main invisible complète du marché. La question est plutôt : y a-t-il assez de logements en France ? Certains disent que oui, mais, de là où je suis, je constate le contraire. Dans nos agences, depuis le covid, il y a deux fois moins d'offres à la location, alors que les demandes ont été multipliées par 1,5. On a aussi pu assister à un phénomène nouveau l'an dernier : les étudiants ont gardé leur logement pendant l'été, preuve qu'ils anticipaient des problèmes pour se reloger à la rentrée.

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