Intervention de Didier Samuel

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 26 janvier 2023 à 10h30
Audition de M. Didier Samuel candidat proposé par le président de la république aux fonctions de président de l'institut national de la santé et de la recherche médicale

Didier Samuel, candidat proposé par le Président de la République aux fonctions de président de l'Inserm :

En ce qui concerne l'état de la recherche biomédicale en France, vous avez noté que nous dressons, avec Alain Fischer, des constats assez proches. On a assisté à un désinvestissement dans le domaine de la recherche en biologie-santé pendant une quinzaine d'années. La loi de programmation de la recherche pour les années 2021-2030 marque une nouvelle impulsion. J'étais d'ailleurs favorable à réduire l'horizon de 10 à 7 ans, afin de rattraper le retard plus vite. L'effort prévu n'est pas suffisant, même si ce texte traduit un réenclenchement de la marche en avant attendu depuis bien longtemps dans ce domaine. Le financement de l'Inserm augmentera pour la première fois. Son budget a stagné pendant dix ans, ce qui signifie en fait qu'il a diminué en termes réels, et cela s'est traduit dans les unités de recherche par une baisse du nombre d'ingénieurs et de techniciens. On a fait reposer davantage la recherche sur les doctorants et on a beaucoup moins de techniciens et d'ingénieurs.

J'ai été membre d'une commission scientifique spécialisée pendant cinq ans à l'Inserm. J'ai été choqué de constater que nous recrutions des jeunes, qui avaient déjà une trentaine d'années, qui avaient fait une thèse de doctorat, un « post-doc », travaillé souvent plusieurs années à l'étranger, qui avaient déjà à leur crédit plusieurs publications scientifiques importantes, etc., par le biais de concours très sélectifs, puisque il y a souvent dix candidats pour un poste, à des salaires pas tout à fait au niveau des attentes... Il ne faut pas s'étonner dans ces conditions que les meilleurs partent. Il est essentiel de revaloriser les carrières, et de réinvestir, car nous avons décroché par rapport à nos voisins comme l'Allemagne, la Grande-Bretagne, et même l'Espagne ou Italie. Nous sommes encore compétitifs, mais il est temps de réenclencher la marche en avant.

Pour la première fois, nous disposons de chaires de professeur junior. L'Inserm en a une petite dizaine. Nous pourrons recruter aussi 180 équivalents temps plein (ETP) en cinq ans, ce n'est pas beaucoup, mais il s'agit d'un progrès. J'espère pouvoir convaincre le Gouvernement d'amplifier cet effort.

Le plan Innovation Santé 2030, annoncé par le Président de la République, ne concerne certes pas la recherche pure en tant que telle, mais il met l'accent sur l'innovation, et voilà longtemps qu'on attendait cela.

Quant au manque de stratégie nationale, au déficit de gouvernance pendant la crise de la covid...

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion