il est vrai sans doute que nous aurions pu faire mieux, mais il faut reconnaître que nous n'étions pas prêts à affronter une pandémie de ce type, ni sur le plan de la recherche, ni sur le plan organisationnel. Nous avons raté le virage des technologies à ARN messager et nous n'avons pas été en mesure de concevoir des vaccins de ce type, mais on a aussi mis du temps à concevoir des vaccins classiques. Nous avons eu des retards à tous les niveaux : pour le séquençage du virus, la mise en place des tests, etc. Si je suis nommé président, je souhaite que l'Inserm soit en première ligne en matière de lutte sanitaire. C'est aussi le rôle de l'ANRS Maladies infectieuses émergentes d'être réactive, d'agir sur le plan de la prévention et d'élaborer une stratégie de réponse en cas de crise sanitaire.
La recherche fondamentale est très importante. On ne peut pas lutter contre la covid si nous ne sommes pas capables de séquencer le virus. Il est difficile de développer des traitements ciblés si l'on ne sait pas comment le virus rentre dans les cellules, ni comment la protéine Spike interagit avec les récepteurs cellulaires. De même, il est difficile de fabriquer des vaccins à ARN messager si l'on n'a pas travaillé pendant des années en amont sur les technologies ARN, ni appris à couper l'ADN et à l'incorporer dans des couches de nanolipides. Ce n'est pas parce que je suis un clinicien que je ne crois pas à la recherche fondamentale.
Vous avez aussi évoqué des tensions entre les CHU et l'Inserm. Je pense que le choix de proposer la candidature à la présidence de l'Inserm d'un hospitalo-universitaire, qui a essayé, au CNCR, de rapprocher les CHU, les universités, l'Inserm, etc., est aussi un signe. Si chacun continue à mener sa stratégie de son côté, cela ne peut pas fonctionner. J'ai toujours cherché à fédérer dans toutes mes actions, et je continuerai à le faire si je suis nommé, avec l'espoir de faire avancer les dossiers dans le bon sens et ensemble.
J'ai oublié, en effet - erreur de ma part -, d'évoquer les associations de patients. J'ai travaillé pendant 10 ans à l'Agence nationale de recherches sur le sida et les hépatites virales, avant la création de l'ANRS Maladies infectieuses émergentes. J'ai constaté que les associations de patients participaient activement aux décisions sur la mise en place des protocoles de recherche, formulaient toujours des propositions sur les protocoles de soins, la protection des patients, l'éthique de la recherche, etc.
La question des relations entre les UMR et les universités figure dans la lettre de mission du professeur Gillet. Beaucoup a déjà été fait. Je pense par exemple aux programmes d'investissements d'avenir (PIA) : la création des instituts hospitalo-universitaires et la mise en place de plans de recherches hospitalo-universitaires en santé (RHU) ont rapproché l'Inserm et le CNRS des universités. Les plans quinquennaux sont aussi maintenant conçus en cotutelle avec les universités. Le rôle de ces dernières au niveau local s'est renforcé, certaines ont un niveau très élevé en recherche et ont la volonté de s'impliquer dans la politique de site. Nous devons travailler ensemble, avec les universités et avec les hôpitaux, pour construire un triangle efficace.