Intervention de Mélanie Vogel

Réunion du 1er février 2023 à 14h30
Droit fondamental à l'interruption volontaire de grossesse — Discussion générale

Photo de Mélanie VogelMélanie Vogel :

Monsieur le président, monsieur le garde des sceaux, mes chers collègues, alors que nous nous prononçons aujourd’hui de nouveau sur l’introduction du droit à l’IVG dans la Constitution, je souhaite d’abord saluer le travail de l’Assemblée nationale – ce vote qui a rendu si fiers les Françaises et les Français – et le sens de l’intérêt général qui a été celui de Mathilde Panot, d’Aurore Bergé et de toutes celles et tous ceux qui, à gauche comme à droite, ont su se rassembler autour d’un impératif bien plus grand que nos désaccords politiques.

La loi Veil, que tant d’entre nous ont évoquée ici, et dont il sera encore question au cours du débat, point de départ de l’accès des femmes au droit à l’avortement en France, a nécessité, comme tant d’autres victoires politiques, la réunion de trois éléments.

Le premier est la mobilisation des féministes qui, comme toujours, des années durant et depuis des décennies, ont battu le pavé et mis leur vie en danger pour sauver tant d’autres de l’horreur et pour imposer la reconnaissance de ce dû le plus fondamental, celui que nous avons à disposer de nos corps, à contrôler notre fécondité et, plus largement, à maîtriser nos vies.

Le deuxième élément est la détermination et la responsabilité de la gauche, une gauche qui a su, à un moment donné de l’histoire et quand bien même la loi Veil était loin, bien loin, de notre idéal rendre possible l’imparfaite, mais nécessaire victoire.

Le troisième élément – et c’est profondément de cela, au fond, dont il est question aujourd’hui – est la dignité d’une certaine partie de la droite qui, en dépit des pressions, du conservatisme et de l’idéologie violemment sexiste et misogyne qui pétrissaient alors une bonne partie de ses rangs, s’est alliée à un combat dont aucun digne représentant de la Nation ne pouvait continuer à freiner l’aboutissement.

Nous sommes, aujourd’hui, dans une situation foncièrement similaire.

Parce qu’elle est tant attachée à ce qui constitue l’une des conditions les plus fondamentales de l’égal accès à la citoyenneté, la population française, à hauteur de 86 %, souhaite voir le droit à l’IVG entrer dans la Constitution.

Parmi ces 86 % se trouvent nombre de vos filles, de vos petites-filles et de leurs amis. Ce sont toutes celles et tous ceux qui savent dans leur chair que, quand il s’agit d’IVG, aucune protection n’est superflue et qu’il vaut toujours mieux trembler d’une main pour protéger des droits que se tétaniser pour refuser de le faire. §Pas pour le symbole ou l’esthétique, mais en raison de la responsabilité immense conférée par la conscience aiguë que nous avons des menaces qui planent toujours sur les droits des femmes et de la force de ce message d’espérance que la France peut aujourd’hui envoyer au monde entier.

Si la France n’est pas un pays magique, protégé de la marche du monde, immunisé contre les reculs, elle est aujourd’hui un pays tout particulier.

Un pays que regardent non pas seulement les Américaines, mais aussi les Polonaises, les Maltaises, les Hongroises, les Allemandes, les Italiennes, les Iraniennes, les Chiliennes.

Un pays qui peut, dans cette période si sombre pour les droits des femmes, tracer enfin un chemin d’espoir et de progrès.

Je ne sais pas, mes chers collègues, combien d’entre vous choisiront tel ou tel camp. Mais je sais profondément une chose, comme beaucoup le savent ici intimement : ceux qui voteront aujourd’hui en faveur de l’inscription du droit à l’avortement dans la Constitution n’auront jamais honte de leur vote, …

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