Dans ce contexte, il est important de ne pas se laisser doubler par nos partenaires d’outre-Atlantique. À cette fin, le Green Deal Industrial Plan est capital, pour assouplir jusqu’en 2025 les règles sur les aides d’État.
Ensuite, il faut relever l’augmentation du nombre d’entreprises exportatrices. Lorsque nous avons lancé la stratégie Team France Export (TFE) en 2018, nous avions pris le pari d’augmenter leur nombre.
Or le pari est tenu : de 123 000 entreprises exportatrices en 2017, nous sommes passés à 144 000 actuellement, soit une augmentation de 21 000 unités ou de 17 %. La vie étant bien faite, les exportations augmentent, quant à elles, de 18 %. Une part de cette croissance est bien sûr liée aux prix, mais une autre revient bien à ces entreprises.
Il nous faut maintenant nous assurer que ces nouveaux exportateurs le restent dans la durée ; pour cela, le rôle du volontariat international en entreprise (VIE), véritable école d’application de l’export, est décisif, comme l’est celui de la TFE.
Je tiens ici à saluer l’engagement des régions, de Business France, des chambres de commerce et d’industrie France International (CCIFI), de Bpifrance, des conseillers du commerce extérieur, des opérateurs spécialisés du commerce international (OSCI), ainsi que des « Ambassadeurs » de la TFE. Une dynamique s’est mise en place, qui nous permettra d’aller de l’avant.
Il va falloir en effet faire encore plus et encore mieux, car les exportations mondiales croissent plus vite que les nôtres, ce qui tend à réduire notre part de marché.
De plus, nous devons continuer à mener une politique commerciale exigeante vis-à-vis de nos partenaires européens et internationaux. La réciprocité ou la souveraineté étaient encore il y a quelques années considérées comme de gros mots dans les antichambres bruxelloises, mais j’ai le sentiment que cela a évolué et que l’on va vers plus d’équité dans certains accords, notamment commerciaux.
En juin 2022, les ministres de l’agriculture se sont ainsi entendus sur le principe des clauses miroirs. Il faut maintenant que les acteurs du commerce au sein de la Commission prennent cela en compte, car certains accords modernisés, dits « de nouvelle génération », ne le sont pas suffisamment à nos yeux. Nous devons être encore plus volontaristes, afin que nos normes nationales s’imposent au niveau non seulement européen, mais aussi mondial.
J’en viens à la nécessaire relocalisation d’activités industrielles et à la planification que permet le plan France 2030. Il est vrai que l’on constate, à la suite de la crise de la covid-19, un ajustement dans les chaînes de valeur et des relocalisations à l’œuvre, auxquelles le Gouvernement donne une force d’impulsion. Cela concerne les microprocesseurs, mais on pourrait également évoquer les membranes d’électrolyseurs permettant de produire de l’hydrogène décarboné.
De même, l’attractivité du site France doit être soutenue. Certaines mesures en ce sens ont été prises depuis plusieurs années. Pour autant, ne soyons pas naïfs : nous devons étudier les investisseurs, car un filtrage est nécessaire, s’agissant notamment de certains investissements stratégiques.
Ajoutons que, dans le monde de rerégionalisation des échanges dans lequel nous vivons, nous bénéficions de la force que nous confèrent les filiales françaises établies à l’étranger. Le made in France doit ainsi être complété par le made by France, si j’ose dire. Tous ces entrepreneurs français établis hors de France participent à leur façon à notre présence à l’international, qui est très différente de celle de nos amis allemands ou italiens.
Enfin, nos exportations de services constituent un véritable atout, notamment dans le secteur du tourisme : notre solde des transactions courantes était positif en 2021 et il l’aurait été plus encore en 2022 sans le renchérissement de la facture énergétique, puisqu’il a été multiplié par deux, pour atteindre 17 milliards d’euros.