Madame la ministre, je me fais aujourd’hui l’écho auprès de vous de l’inquiétude, voire du désarroi des boulangers de Seine-Maritime, qui sont confrontés à une explosion du montant de leur facture d’électricité. Ainsi, 60 % des 3 000 boulangeries que compte le département sont au tarif jaune et voient leur facture augmenter. Celles qui renouvellent leur contrat connaissent des augmentations considérables qui ruinent leurs marges.
Les dispositifs d’aide que vous leur proposez n’apaisent pas leurs craintes. Pire, ils suscitent souvent de la colère, les artisans ayant le sentiment de ne pas être entendus. Le bouclier tarifaire limite, certes, à 15 % la hausse du prix de l’électricité en 2023, mais son bénéfice est subordonné au nombre de salariés – moins de dix –, et à la puissance du compteur électrique. Or les boulangeries ont, pour 80 % d’entre elles, des compteurs supérieurs à 36 kilovoltampères, et n’y sont donc pas éligibles. Les solutions alternatives, à savoir l’amortisseur électricité pour cette puissance de compteur, à condition que plus de 3 % de leur chiffre d’affaires soit dépensé en énergie, ou la garantie que le prix du mégawattheure ne dépassera pas 280 euros, ne répondent pas aux difficultés.
Ces dispositifs ne sont pas à la hauteur, d’autant que les boulangers sont par ailleurs touchés par une envolée du prix des matières premières : + 14 % pour la farine, + 30 % pour le beurre, + 25 % pour le sucre, etc.
Les conséquences de cette situation sont doubles.
D’une part, une augmentation du prix de la baguette est à venir, ce qui frappera le pouvoir d’achat des ménages et contribuera à l’inflation.
D’autre part, nous sommes face à des risques de suppressions d’emplois – certains l’ont déjà fait –, et de disparition d’un grand nombre de commerces, sachant que le boulanger est, dans bon nombre de nos communes rurales, le dernier à être ouvert. Madame la ministre, quelles dispositions nouvelles comptez-vous prendre pour sauver nos boulangeries et la baguette, patrimoine mondial de l’Unesco ?