Je réponds tout d'abord sur la gouvernance : il y a les problèmes de gouvernance de la Fédération française de rugby et il y a les problèmes de gouvernance du GIP, les événements de l'été nous ayant conduits à remplacer le précédent directeur général.
Les gens doivent bien comprendre que la préparation d'une coupe du monde de rugby est de la responsabilité d'un comité d'organisation, que je préside, structure indépendante qui a pris la forme d'un GIP. Cette entreprise compte trois membres fondateurs : le CNOSF, pour 1 % des droits de vote, la Fédération française de rugby, pour 67 % des droits de vote, et l'État, pour 32 % des droits de vote. Nos deux actionnaires principaux sont donc l'État et la FFR.
Les problèmes médiatico-juridiques de la Fédération française de rugby n'ont pas eu d'effet sur le comité d'organisation : nous avons continué de travailler et de prendre des décisions et nos instances ont fonctionné, conseil d'administration, assemblées générales, comités régaliens. Il y a certes eu un « buzz » négatif pour le rugby, mais nous n'avons pris aucun retard sur notre trajectoire : tous les indicateurs sont au vert. L'événement est tellement fort que ces problèmes de gouvernance n'ont pas eu de conséquences sur son organisation.
Concernant nos propres problèmes de gouvernance, l'histoire a démarré avec des articles de presse qui ont fait état de problèmes de management. Dans la foulée, la ministre des sports a réagi en saisissant le comité d'éthique du GIP et l'inspection du travail : deux missions ont été lancées.
Le comité d'éthique, présidé par un haut magistrat retraité, M. Alain Pichon, qui présida la Cour des comptes, a auditionné dix-neuf personnes et produit un rapport remis le 19 août dernier, confirmant les allégations de pratiques managériales alarmantes. Nous avons donc pris nos responsabilités et mis à pied le directeur général à titre conservatoire, le 29 août, dans l'attente du rapport définitif de l'inspection du travail, remis quant à lui en octobre, deuxième étape à l'issue de laquelle nous l'avons licencié pour faute grave - la formule juridique a été la rupture anticipée de son contrat de travail, qui était un contrat à durée déterminée.
C'est donc une approche tout à fait rationnelle qui a été adoptée ; il est satisfaisant de constater que les instances propres à la gouvernance du GIP ont bien fonctionné. La procédure a été conforme au droit du travail et au droit public : nous avons fait les choses dans l'ordre et en toute transparence, pour aboutir à une décision unanime.
À la suite de ce départ, j'ai été amené à proposer un plan d'action : j'ai proposé une gouvernance collégiale associant un président qui, jusqu'alors non exécutif, devenait plus opérationnel, un directeur général et une directrice générale adjointe pilotant plus particulièrement l'organisation du tournoi, Martine Nemecek. Nous n'avons pris aucun retard, je le répète, tous les acteurs sont mobilisés et les ingrédients sont réunis pour faire de cet événement un succès.
Un mot sur le résultat financier de l'événement : après revue budgétaire approfondie, nous sommes capables d'affirmer qu'il se situera entre 45 et 50 millions d'euros, chiffre nettement positif. Les meilleures références, en la matière, sont la coupe du monde qui fut organisée en France en 2007 et celle qui eut lieu en Angleterre et au Pays de Galles en 2015 : dans les deux cas, le résultat fut de 36 millions d'euros de l'époque. La Coupe du monde sera donc très profitable.
L'actionnaire que nous rémunérons, c'est le rugby français : le résultat - c'est le sujet de l'héritage - sera redistribué à l'euro près à la famille du rugby français, mais aussi aux collectivités qui auront été parties prenantes dans l'opération.