Intervention de Julien Collette

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 15 février 2023 à 9h30
Audition de M. Jacques Rivoal président et de M. Julien Collette directeur général du groupement d'intérêt public france 2023 chargé d'organiser la coupe du monde de rugby en france

Julien Collette, directeur général du GIP France 2023 :

Le bénéfice d'exploitation des opérations d'organisation du tournoi va être supérieur à 60 millions d'euros ; les 45 ou 50 millions d'euros dont parle Jacques Rivoal correspondent au résultat après prise en compte de l'économie de Campus 2023, qui, par définition, n'était pas prévu dans le dossier de candidature, qui, je le rappelle, affichait un résultat de 68 millions d'euros, sans anticiper les effets de l'inflation actuelle. Autrement dit, cet événement va être très profitable.

Comme le prévoit la convention constitutive, la totalité du « bonus de liquidation » du GIP ira à des actions de développement du rugby sur tout le territoire, et non à des frais de fonctionnement de la Fédération française de rugby ou de la Ligue nationale de rugby. Parmi ces actions, 9 millions d'euros sont déjà fléchés vers des aides à l'emploi destinées à pérenniser 250 emplois d'apprentis de Campus 2023, sachant que l'Agence nationale du sport va débloquer la même somme pour pérenniser 250 autres emplois d'apprentis. Quelque 15 millions d'euros doivent être consacrés à l'aide aux centres de formation des clubs professionnels, qui constituent une réserve pour le XV de France et permettent à de jeunes passionnés de faire valoir leurs performances tout en poursuivant leurs études dans le cadre d'un double projet. Le solde sera réparti entre les collectivités locales à hauteur de 30 % du montant. Par ailleurs, des aides iront directement aux clubs amateurs pour des projets qu'ils développeront eux-mêmes. Les clubs amateurs sont très rarement propriétaires des infrastructures, des équipements, voire des matériels : ce sont les collectivités, communes et établissements publics de coopération intercommunale (EPCI), qui porteront ces projets et bénéficieront en premier lieu de ces aides. Un « comité héritage » est en cours de constitution et rendra un avis préalable sur chaque projet, comme le fera le comité d'éthique.

À l'heure actuelle, les instances du groupement d'intérêt public se réunissent tous les mois et demi : nous avons « parlementarisé » le fonctionnement du GIP.

Concernant le projet de faire rester des équipes perdantes sur le territoire français jusqu'à la fin du tournoi, c'était une belle promesse, mais elle fut prise, malheureusement, sans consulter ni World Rugby ni les fédérations nationales, dont les joueurs devront rejoindre leurs championnats nationaux au plus vite. Nous n'avons pas donné suite à cette proposition qui, par ailleurs, n'était pas financée.

Concernant la billetterie, nous avons créé une plateforme officielle de revente, la seule qui garantisse aux détenteurs de billets de les revendre de manière légale et qui garantisse aux acheteurs d'acheter d'authentiques billets. Cette plateforme n'autorise la revente qu'au prix facial de vente, avec application d'une participation aux frais de 10 %. Nous avons mis en place un système de suivi des plateformes du type Viagogo. Nous les poursuivons en justice dès lors que nous détectons des transactions anormales.

De ce point de vue, notre maîtrise de la billetterie nous permet de garantir des conditions optimales de sécurité : nous maîtrisons les données de nos clients, ce qui nous permet de n'éditer que des billets électroniques et d'accroître la cybersécurité de l'événement, menace majeure qui pèse sur son organisation. Nous travaillons très étroitement avec le centre de renseignement olympique, rattaché à la CNSJ - ses fonctionnaires de police ont identifié le risque cyber comme menace principale, davantage que les risques d'attaque terroriste ou de délinquance - et avec l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi). Nous faisons aussi appel à un prestataire spécialisé pour éviter les failles éventuelles de sécurité dans la gestion de nos systèmes d'information, sachant que le système qui mérite une attention particulière est le système de contrôle des accès aux stades. Nous concentrons nos efforts sur la sécurisation de ce système ; cela nous aide grandement, à cet égard, de maîtriser la billetterie en amont. Des audits sont pilotés par l'Anssi sur chaque système d'information. Pendant le tournoi sera créé un centre des opérations de sécurité, et notamment de cybersécurité ; nous sommes en veille permanente.

Il existe quelques groupes de supporters organisés, mais telle n'est pas la culture du rugby. Nous avons des relations avec les fédérations nationales, notamment celles des îles britanniques, dont sont originaires beaucoup de fans. Nous savons aussi, par le biais de sondages effectués auprès des détenteurs de billets, que ceux-ci passeront plusieurs jours en France, en famille ou entre amis, avec un budget élevé. La logique ne sera donc pas celle de déplacements sur une période très courte de supporters fréquentant une « rue de la soif » sans même passer une nuit à l'hôtel et sans séjourner en France de manière durable ; cela nous permet de cibler les risques de débordement de manière fiable. Pour ce qui est des supporters français, nous sommes en lien avec les clubs professionnels : dans chaque ville hôte, ou presque, il existe un club de rugby qui connaît bien son public.

Quant à la sécurisation des zones de célébration et des « rues de la soif », elle est de la responsabilité des collectivités locales, en lien avec les forces de sécurité intérieure. De ce point de vue, la coordination des acteurs est assurée. Cela étant, les collectivités ont un débat assez classique avec l'État sur le coût de prise en charge de la sécurité des fan zones.

Concernant les autres zones de célébration, les préfets sont très attentifs à ce que les villages rugby soient les zones principales de célébration, plus faciles à sécuriser que des zones disséminées. Les préfets souhaitent en effet privilégier les zones officielles, ce qui n'interdit pas aux fans de se rendre dans les bars, les pubs et les restaurants, les plus fréquentés étant bien connus et identifiés.

La passation des appels d'offres est en cours de finalisation ; c'est une histoire de jours. Nous avons identifié quelques fragilités, mais nous ne sommes pas inquiets. Le nombre d'agents dont nous avons besoin est assez usuel sur le marché de la sécurité privée en France. Se pose toutefois un problème de mobilisation d'agents femmes : nous ne sommes pas encore certains de disposer d'agents femmes en nombre suffisant pour contrôler les 20 % de détentrices de billets, mais nous y travaillons avec la filière. Par ailleurs, nous avons identifié deux métropoles, dont Nantes, où, compte tenu des spécificités locales, il nous faudra prolonger l'appel d'offres de gré à gré.

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