C'est un grand plaisir de parler de ballon ovale dans cette commission où règne un lobby du ballon rond ! (Sourires.) Mon intervention n'est empreinte d'aucune nostalgie - ou si peu... - du « rugby cassoulet » et des troisièmes mi-temps. En nombre d'achats de billets, je suis élu du premier département qui n'abrite pas de métropole.
Mes collègues ont beaucoup parlé de sécurité. Sécuriser la Coupe du monde est en effet une nécessité, mais je peux vous dire, car il se trouve que j'ai fréquenté de nombreux matchs nationaux et internationaux, qu'en période de matchs de rugby les forces de sécurité sont particulièrement décontractées et plutôt débonnaires... Il faut garder en tête ce qu'est le public du rugby ! Il n'y a pas plus beau public que le public irlandais, par exemple. Dans ma ville de Biarritz, au lendemain d'un match de coupe d'Europe, dieu sait si les brasseurs étaient heureux, mais dieu sait également si Max Brisson, adjoint au maire chargé de l'espace public, était satisfait... (Nouveaux sourires.)
Nous souhaitons de beaux résultats à l'équipe d'Antoine Dupont. Vous avez évoqué la dimension mondiale du rugby, mais je voudrais poser une question politique : le rugby que vous avez décrit, côté face, entre dans la modernité, forme les talents, possède de magnifiques centres de performance ; mais, côté pile, dans le rugby des sous-préfectures et des chefs-lieux de canton, on connaît une véritable hémorragie du nombre de licenciés et de clubs. Dans une terre comme la mienne, le Pays basque, on assiste à des fusions de clubs ; et le public vieillit, vous l'avez dit vous-même.
La question vous a été posée des retombées de la Coupe du monde sur le rugby amateur et sur le tissu sportif. On observe néanmoins que votre focale et votre déploiement sont profondément métropolitains. Je sais que le business du rugby s'accommode mieux des métropoles ; mais ne croyez-vous pas qu'à terme on est en train de scier la branche sur laquelle on est assis en renonçant à ce tissu de formation que constituaient les clubs amateurs des chefs-lieux de canton et des petites communes ? Se creuse un écart entre le rugby moderne, que vous avez parfaitement exposé, et la réalité du rugby amateur : les choix que vous avez faits présentent un risque, celui de priver le rugby de sang nouveau.