Pour ce qui est du modèle économique et du choix de stades métropolitains, je précise qu'une décision purement économique aurait conduit à n'organiser les matchs qu'au Stade de France et à Marseille, les seuls à dépasser les 60 000 spectateurs ; mais le but est de réunir autant de fans que possible. Nous avons choisi d'organiser des matchs dans neuf stades hôtes au total, y compris dans des terres qui ne sont pas de rugby, et dans des stades qui n'ont pas été modernisés récemment. Nous aurions pu ne retenir que les stades utilisés pendant l'Euro 2016 ; nous avons préféré permettre aux supporters de toute la France de venir voir des matchs. C'est un choix fort, de compromis.
Nous n'avons pas écarté les territoires : les camps de base sont répartis sur l'ensemble du territoire ou presque. Il est vrai que le Grand Est reste le grand oublié, pour des raisons qui sont liées à la faiblesse de la présence du rugby dans cette région. Mais la Bretagne n'est pas négligée : le camp de base de l'équipe chilienne sera situé à Perros-Guirec, le Rugby Club de Vannes participe activement à l'animation du territoire et la Bretagne va accueillir la coupe du monde militaire de rugby.
La recherche d'un bénéfice n'est pas guidée par la volonté d'assurer la rentabilité économique de l'événement - cela n'aurait aucun sens : nous sommes délégataires d'une mission d'intérêt général -, mais par l'objectif de dégager des enveloppes qui serviront à développer le rugby sur tout le territoire. Il s'agit de trouver l'équilibre entre cette exigence et celle qui consiste à assurer l'excellence de l'organisation de l'événement conformément aux meilleurs standards internationaux, et ce sans réinventer la poudre.
Nous travaillons étroitement avec World Rugby - ce qui ne veut pas dire, d'ailleurs, que nous sommes les valets des Anglais - et avec tous les professionnels du secteur. Et les bénéfices de l'organisation de cette coupe du monde vont profiter aussi à d'autres nations de rugby.
Cet équilibre-là n'est pas facile à trouver ; c'est pourquoi nous rendons compte régulièrement à nos instances. Dans notre conseil d'administration siègent la FFR, l'État et le CNOSF, avec voix délibératives, mais aussi des personnalités qualifiées, dont les représentants des collectivités locales, avec voix consultative.
Au-delà des territoires à « ADN rugby », qui sont au coeur de notre stratégie, il faut intéresser aussi les jeunes des banlieues des grandes villes à ce sport. À cet égard, nous sommes en relation avec des collectivités comme le département de la Seine-Saint-Denis et la ville de Saint-Denis. Et nous allons lancer, avec le soutien de la métropole de Lyon, un tournoi national des quartiers, au pied des tours ; les équipes gagnantes iront jouer la finale à Marcoussis pendant la Coupe du monde - c'est une petite pierre à l'édifice. En équipe de France, les jeunes issus de ces territoires sont de plus en plus nombreux : ce sont des exemples.
Concernant les dispositifs de sécurité, nous cherchons à coopérer avec tous les acteurs concernés, étant entendu que les supporters du rugby ne sont pas organisés comme ceux du football. Nous travaillons plutôt avec les acteurs institutionnalisés que sont les fédérations, en nous inspirant des pratiques qui sont mises en place à l'occasion des matchs importants organisés chaque week-end en Ligue 1 et en Top 14 et en capitalisant sur la bonne expérience de l'Euro 2016. Quelque 4 500 volontaires ont été sélectionnés et seront mobilisés sur tous les territoires ; en complément, les collectivités hôtes mobiliseront elles aussi des volontaires : des passionnés de rugby seront en contact avec d'autres passionnés de rugby, évidemment en lien étroit avec les forces de sécurité intérieure.
Je précise en outre que nous avons adapté les dispositifs de sécurité en fonction de la taille et de la jauge des stades : nous mobilisons jusqu'à 1 000 agents de sécurité autour du Stade de France, pour 300 à La Beaujoire.