Madame la sénatrice, vous m’interrogez sur la situation de la filière porcine biologique sur le territoire national, plus particulièrement en Bretagne.
Rien n’indique qu’atteindre l’objectif de 20 % de produits bio servis en restauration collective augmenterait de façon significative les achats de porc bio. En effet, les restaurants collectifs n’auraient pas l’obligation de servir de la viande de porc bio et pourraient toujours retenir d’autres productions sous label biologique ou de la viande de porc vendue sous d’autres labels, voire dépourvue de label.
La principale difficulté de la filière porcine biologique réside dans les problèmes qu’elle rencontre en s’efforçant de mieux valoriser ses produits, notamment toute la carcasse du porc. À ce jour, dans la majorité des cas, seule une partie de la carcasse, notamment les jambons, est valorisée en agriculture biologique ; le reste intègre des circuits conventionnels.
Une deuxième difficulté provient des surcoûts importants générés par les bâtiments d’élevage et l’organisation de production spécifiques que nécessite la production de porc bio. Cela rend impossible de déclasser transitoirement les viandes en produits conventionnels, alors que d’autres filières peuvent se le permettre, car les pertes financières seraient vite intenables.
Le ministre de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire a annoncé le 6 décembre 2022, aux assises de l’agriculture et de l’alimentation biologiques, un projet de structuration de la filière porcine biologique ; le travail a été engagé avec l’agence Bio et les représentants de la filière.
Il a également annoncé un abondement supplémentaire du fonds Avenir Bio, à hauteur de 2 millions d’euros, à destination des filières biologiques les plus touchées, dont la filière porcine, ainsi qu’une campagne de communication à destination du grand public, dotée de 750 000 euros, pour augmenter la demande, réitération de la campagne #BioRéflexe de 2022.
Enfin, une campagne de communication sera lancée en 2023, grâce aux financements du programme européen de promotion de la filière, de manière à stimuler la consommation de produits bio en restauration commerciale.
Par ailleurs, le ministère a ouvert aux régions qui le souhaitent la possibilité de mobiliser les reliquats du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) 2014-2022 pour mettre en place en 2023 une aide au maintien à l’agriculture biologique. La région Bretagne l’a fait.
Par ailleurs, le futur programme Ambition Bio sera l’occasion de construire, avec les filières et les acteurs de l’agriculture et de l’alimentation biologiques, une véritable stratégie renouvelée d’accompagnement et de structuration de ces filières de qualité tenant compte des résultats des études prospectives en cours, qui seront d’ailleurs l’occasion de mieux équilibrer l’offre et la demande.