Dans un contexte de dérèglement climatique, la gestion de l'eau doit être une priorité, non seulement pour l'alimentation en eau potable, mais aussi pour la souveraineté alimentaire. On dresse beaucoup de constats, mais on ne transforme guère le verbe en action.
La ressource en eau est en danger, et il faut savoir que nous n'avons plus de politique de gestion de la ressource depuis plus de 30 ans, que ce soit sur le plan quantitatif ou sur le plan qualitatif.
En janvier dernier, lors d'un débat en séance publique au Sénat, un certain nombre d'entre nous a proposé des solutions. Peut-être viennent-elles tardivement, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire : politique de nouveaux barrages pour soutenir l'étiage de nos rivières, relance de l'hydroélectricité, développement des énergies renouvelables qui ne consomment pas d'eau, rechargement des nappes par injection, dont on parle très peu et qui peut constituer une solution, réutilisation des eaux usées traitées, qui pose problème car, sur le plan financier, les grandes agglomérations disposent d'un volume suffisant pour irriguer des cultures à proximité, mais le monde rural, qui compte peu d'habitants, va devoir réaliser des kilomètres de canalisations pour amener l'eau sur les cultures, ce qui génère des coûts énormes.
On peut évoquer la désalinisation et la simplification de la mise en place des réserves de substitution. On a vu ce que cela pouvait donner dans les Deux-Sèvres il y a quelque temps.
Il faut agir et pour cela des moyens financiers importants sont nécessaires. On voit que les agences de l'eau sont aujourd'hui limitées en termes d'investissement : elles ne sont plus en mesure d'apporter un certain nombre de financements. Avec le plafond mordant, les agences n'ont plus la capacité d'investir suffisamment alors que, dans le même temps, de nouvelles priorités émergent. Mon collègue évoquait le milliard de m3 d'eau traitée perdu dans les canalisations.
Il faut donc instaurer des priorités pour financer la réhabilitation progressive de ces canalisations. Cela nous permettrait de récupérer de l'eau potable, ce qui coûterait moins cher au contribuable, ainsi que de l'eau pour l'irrigation.
Il existe des solutions, avec des priorités et des exemples à suivre. Israël est dans ce domaine assez exceptionnel car, malgré la rareté de l'eau, ils font beaucoup de choses. On pourrait s'en inspirer. L'Espagne aussi - mais elle se heurte à présent à d'autres problèmes pour réaliser ses réserves.
Enfin, devons-nous légiférer à nouveau sur l'eau ? La dernière loi date de 2006. Ne faut-il pas revoir le cadre normatif dans ce domaine ? Je répète qu'en tout état de cause, l'investissement demeure prioritaire.