Avec ce projet de loi budgétaire, on bouscule en fait tout un édifice.
Nous avons examiné en janvier le projet de loi d’accélération des procédures liées à la construction de nouvelles installations nucléaires. Dans l’hypothèse où les débats publics et la future programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) acteraient la relance effective du nucléaire dans notre pays, la réussite de ce programme suppose deux conditions.
La première, c’est la confiance des populations qui habitent près des installations. Je ne m’étendrai pas sur ce point, mais je mentionne tout de même que le projet de démembrement de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), introduit par un amendement gouvernemental lors de la navette parlementaire, va altérer considérablement cette confiance et compliquer la concertation. L’art de se tirer une balle dans le pied !
La seconde condition, c’est la capacité à mobiliser les compétences. Et là, on se tire une balle dans l’autre pied !
Le Gouvernement semble ne pas avoir compris que la situation énergétique de notre pays est extrêmement grave. Il s’agit d’un enjeu stratégique national de souveraineté, de compétitivité pour nos entreprises, de confort pour nos concitoyens et de décarbonation de notre économie dans un contexte d’urgence climatique.
Un article publié dans L ’ Usine nouvelle de décembre dernier indique que, pour construire de nouveaux réacteurs en France, la filière nucléaire doit recruter au moins 10 000 personnes par an à partir de 2023, dont 3 000 pour les seuls besoins d’EDF. Aucune filière industrielle n’a de tels plans de charge devant elle.
Or que fait-on ? On réduit son attractivité ! Aussi, dans l’hypothèse où le régime spécial serait fermé, il est évident que, pour compenser ce manque d’attractivité, EDF devra offrir des augmentations salariales aux nouveaux entrants. Mais je ne pense pas que l’entreprise ait, en ce moment, les moyens de le faire…
Ce projet de loi va donc pénaliser la mise en œuvre de la future programmation pluriannuelle de l’énergie.