Intervention de Laurence Cohen

Réunion du 4 mars 2023 à 21h30
Loi de financement rectificative de la sécurité sociale pour 2023 — Article 1er

Photo de Laurence CohenLaurence Cohen :

Le fin mot de la suppression de ces régimes spéciaux, c’est qu’il faut tirer tout le monde vers le bas en faisant travailler les uns et les autres plus longtemps : tel est l’horizon proposé par ce gouvernement avec le soutien de la droite.

Monsieur le rapporteur, vous nous l’avez dit vous-même : voilà cinq ans que vous travaillez sur ce projet de loi. On comprend, dès lors, la connivence entre le Gouvernement et les travées de la droite…

Reste la question suivante : peut-on réellement repousser l’âge légal à 64, voire à 67 ans, quand on sait que le taux d’emploi des seniors n’était, selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares), que de 56 % en 2021 ?

Faut-il vous rappeler que, en 2011, au lendemain de la précédente réforme, qui avait porté l’âge légal de la retraite à 62 ans, le temps de chômage des plus de 55 ans a bondi de 23 % ? Un nouveau recul de l’âge légal pourrait avoir pour conséquence d’accroître encore le chômage des seniors.

Comme le souligne l’économiste Michaël Zemmour, en se fondant sur les travaux de la direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) et sur ceux de la Dares, le coût social du décalage de l’âge minimum de la retraite à 64 ans, ce serait, peu ou prou, 100 000 allocataires de minima sociaux supplémentaires et 120 000 nouvelles pensions d’invalidité, auxquels il faudrait ajouter la hausse du nombre de chômeurs indemnisés et de personnes sans emploi, mais n’ayant droit à aucune prestation spécifique.

Le tout représenterait environ 300 000 personnes de plus maintenues dans la précarité, entre emploi et retraite.

Enfin, vous répétez à l’envi que les régimes spéciaux coûtent 1, 8 milliard d’euros au contribuable. Mais que dire de la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF), qui, lui, a coûté près de 4 milliards d’euros ? Du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE), qui a englouti près de 20 milliards d’euros de cotisations sociales ? Ou encore des aides publiques aux entreprises, versées sans aucune contrepartie sociale ou environnementale, qui pèsent quant à elles 256 milliards d’euros ?

Cela fait beaucoup d’argent manquant. Voilà une note que je vous offre sur un plateau…

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